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Accueil du site > Actualités > International > Les bonzes et la jeunesse birmanes : l’énergie du désespoir

Les bonzes et la jeunesse birmanes : l’énergie du désespoir

La « révolte safran » couleur de la toge des bonzes en colère qui secoue la Birmanie depuis le 18 août pourrait être le début d’importants bouleversements dans la situation politico-stratégique du Sud-Est asiatique.

Le monde occidental assiste, de loin, à une version asiatique de la lutte du "goupillon" contre « l’épée et le bouclier  ». Les 500 000 bonzes du bouddhisme birman, suivis par la jeunesse de ce pays représentent une véritable armée dont la puissance réside dans l’inflexible volonté que leur apportent la pratique de la méditation et l’enseignement hérité d’un homme qui devint le Bouddha, né sous le nom de Siddartha Gautama, dans le nord de l’Inde, il y a plus de deux mille cinq cents ans...

Mais déjà en ces derniers jours de septembre 2007, le crépitement des armes automatiques, les explosions de grenades lacrymogènes ont retenti dans le centre de Rangoon, aux pieds de la pagode de la Shwedagon, couverte de d’or et symboles millénaires du bouddhisme birman et à Mandalay, l’antique ville impériale de la dynastie d’Ava dont le déclin et la disparition ont été provoqués par l’irruption de l’armée des Indes britanniques dans le but de mettre fin - sous le prétexte d’éradiquer les débauches et les actes de cruautés de leur dernier empereur - à ses projets d’entente avec les Français désireux d’étendre vers l’Ouest leurs colonies d’Indochine.

Fait intéressant : alors que les journalistes ne peuvent entrer en Birmanie, la généralisation de l’usage de téléphones-caméras permet de lancer, à travers le monde, toutes les images essentielles de la révolte en transformant ainsi la jeunesse de Rangoon et de Mandalay en un peuple de "paparazzi" résistants et utiles.

Déjà le monde entier a pu voir ce que la censure militaire voulait cacher.

C’est la première fois depuis vingt ans qu’est lancé un tel mouvement de révolte dont on ne peut pas dire qu’il ait pu prendre par surprise les généraux de la Junte. Dans une Birmanie apparemment soumise, décrite comme le pays des temples d’or, par les portails publicitaires des agences officielles de tourisme, on ne peut oublier dans les temples, les villes ou les campagnes que la junte a fait tuer, il y a vingt ans, sans état d’âme, trois mille jeunes gens et moines. Leur seul crime avait été d’avoir osé contester le pouvoir de l’Etat militaire, après l’annulation d’élections générales dont les résultats avaient consacré la victoire du mouvement démocrate birman, conduit par Mme Aung Suu Kyi. En les rejetant dans la minorité ces résultats avaient ridiculisé et fait perdre la face aux généraux qui avaient tenter d’imposer au peuple un rapprochement « démocratique » à leur manière, après l’évincement du vieux général Ne Win, celui qui avait imposé sa dictature aux peuples de la fédération et son pouvoir, après l’annulation des élections générales dont les résultats avait consacré la victoire du mouvement démocrate birman, conduit par Mme Aung Suu Kyi. En les rejetant dans la minorité ces résultats avaient ridiculisé et fait perdre la face aux militaires qui avaient un rapprochement «  démocratique » à leur manière après avoir évincé le général Ne Win, qui avait imposé pendant vingt-six ans une dictature sans partage aux peuples de la Fédération en chassant le pacifique président U Nu.

Depuis quarante-cinq ans les peuples de Birmanie sont prisonniers de ce régime militaire impitoyable fondé en mars 1962 par ce général pro japonais issu de la résistance anti-britannique durant la Seconde Guerre mondiale.

En une nuit, les Birmans étaient passés de la gouvernance parlementaire momentanément tranquille du président U. Nu à une dictature ubuesque bien pire que n’avait été avant la conquête coloniale anglaise le règne fou de l’empereur alcoolique Tibaw.

En quelques mois une junte de généraux prétendit ouvrir « la voie conduisant au socialisme birman » un mélange harmonieux, selon eux, mais surréaliste, de bouddhisme et de national communisme. Cela avait été plus long que prévu, mais au cours des mois et années suivantes, les membres de la junte avaient nationalisé, c’est-à-dire mis la main, sur tous moyens de production du pays. D’abord la culture du riz, son industrie de décorticage et son commerce national et international, ensuite tout le réseau bancaire, puis l’ensemble du commerce, allant de la boutique mobile des marchandes de soupe aux coins des rues à la grande distribution internationale dont l’administration et les directions furent confiées à des colonels inexpérimentés. Ensuite la monnaie, par un changement de billets qui ruina les deux tiers du pays tandis que les Etats de la fédération, dans leur majorité (Shan, Karen Kachin, etc.) refusaient de reconnaître la constitution fédérative birmane créée au moment de l’indépendance et entraient en dissidence.

Une première révolte des étudiants de l’université de Rangoon, en mai 1962, fut noyée dans le sang. La « Sangha » ainsi que l’on nomme l’assemblée des hautes autorités monacales eut beau organiser sur les lieux de cette tuerie des cérémonies propitiatoires, dans le but de calmer les milliers « d’âmes errantes » des jeunes gens victimes de la cruauté des militaires, rien n’y fit et le pays de mois en mois, d’année en année sombra dans la plus profonde et sinistre des dictatures. Jusqu’au moment ou le général Ne Win, usé par l’âge et les excès, fut écarté du pouvoir par des généraux plus jeunes que lui et dont certains qualifiés de « modérés » avaient imaginé qu’en organisant des élections générales que tout le peuple attendait, ils pourraient établir sous leur direction un régime pseudo-démocrate qui leur aurait permis de durer indéfiniment.

Les résultats de cette consultation populaire furent tels que la junte au pouvoir en 1988, ainsi ridiculisée, ayant perdu la face, décida de les considérer comme nuls et non avenus.

On prétend que le pouvoir rend fou et aveugle. La richesse également, depuis janvier 2005. On a constaté en effet depuis la découverte à cette époque, de gisements de gaz extrêmement importants dans le Nord, en off shore, à l’extrémité du golfe de Bengale, la Birmanie est devenue une des nations potentiellement les plus riches du Sud-Est Asiatiques. L’énorme potentiel d’exploitation qui est désormais à sa disposition, avec la présence de compagnies pétrolières françaises, indiennes ou internationales, a provoqué chez les généraux une sorte de folie des grandeurs entretenue par de grandes puissances telles que la Russie et la Chine ou incontournables comme l’Inde, le Pakistan et l’Indonésie. Ou prudentes comme celles de l’ASEAN.

Les Russes dont les bonnes relations avec Rangoon sont traditionnelles depuis les années 50, et renforcées depuis le coup d’État de mars 1962, y ont vu l’occasion de poursuivre leur progression stratégique, diplomatique et économique vers les mers chaudes d’Asie, selon le vieux rêve de la Grande Catherine. Ils ont vu dans la découverte du pactole pétrolier, qui a donné des moyens financiers illimités à la junte des généraux, l’occasion de renforcer ces liens par des accords industriels, nucléaires, commerciaux et des conventions de coopération militaire entre le gouvernement de M. Vladimir Poutine et la junte. Ces accords ont notamment porté sur la fourniture d’équipement neuf, des chasseurs bombardiers à l’armée birmane et surtout l’inauguration d’une coopération nucléaire avec Rangoon pour la construction d’une centrale et l’établissement de laboratoires de recherche nucléaire médicale.

C’est probablement pourquoi, à Moscou, on ne s’est pas ému au sujet de la « révolte safran », en préconisant un règlement prudent de cette crise.

Alors que les États-Unis et l’Union européenne ont appelé l’ONU à envisager des sanctions contre le Myanmar, après la répression des manifestations d’opposants au régime, le ministère russe des Affaires étrangères a déconseillé mercredi "de profiter des derniers événements pour exercer des pressions ou se livrer à des ingérences dans les affaires intérieures" de la Birmanie. La Russie continue "à penser que les événements au Myanmar ne sont une menace ni pour la paix internationale et régionale ni pour la sécurité", poursuit le communiqué, qui appelle néanmoins Rangoon et l’opposition à "faire preuve de retenue".

Quant à la Chine, dans la perspective des jeux Olympique, elle paraît fort embarrassée, au point que son ministre des Affaires étrangères
- fait rarissime - a "recommandé" à la junte de résoudre "pacifiquement" cette crise.

En fait Pékin, manifeste trois préoccupations :

- la nécessité de compter sur un fournisseur constant de produits énergétiques indispensables pour la poursuite de son développement industriel et économique ;

- assurer ses arrières le long d’une frontière de mille cinq cents kilomètres ;

- éviter de se laisser entraîner dans une aventure diplomatique au moment où elle prépare le grand show des jeux Olympiques.

De leur côté, l’Inde et la Thaïlande espèrent continuer à acheter du gaz et du pétrole birmans et, en Extrême-Orient, la Corée du Nord souhaite maintenir de bonnes relations avec le Nyanmar. Elles n’ont aucun intérêt pour l’instant voir un chaos s’installer chez leur fournisseur ou partenaire. Ce déséquilibre risquerait de provoquer une crise majeure dans cette région.

En Asie, tout est atrocement compliqué. Et pourtant la mise en scène actuelle comportant trois acteurs principaux est relativement simple. Logique en tout cas, mais périlleuse pour ses initiateurs.

D’un côté l’armée birmane, « Tatmadaw » dont les effectifs sont supérieurs à 400 000 hommes, biens armés et dont les généraux, au moins ceux qui composent la junte, se sont partagé un butin composé essentiellement des richesses produites par l’exploitation des gisements gaziers et pétroliers, celles des mines de Mogok où l’on extrait les saphirs, les rubis, les jades considérés comme les plus beaux du monde. Sans parler naturellement de la vente de millions de tonnes de riz et de bois précieux.

De l’autre, « le Sangha » qui compte quelque 500 000 bonzes du « petit véhicule » (toge safran). Ils peuvent tenir tête aux militaires avec l’aide du monde bouddhiste extérieur. Il se pourrait qu’il existe un commun accord entre les pays bouddhistes de la région du Sud-Est asiatique.

Pour la première fois depuis le début de leur révolte le 18 août dernier, les moines ont invité la population à les rejoindre dans leur « campagne pacifique pour faire tomber la dictature militaire néfaste ».

Les manifestations de Yangoon (Rangoon) et Mandalay ont confirmé que l’ampleur de la révolte en cours est sans précédent depuis celles de 1988 qui avaient été écrasées dans le sang par les généraux birmans.

« Nous décrétons "ennemi commun" de tous nos citoyens, le despotisme militaire qui "appauvrit et paupérise les gens de toutes conditions, y compris le clergé", a déclaré sur internet une "Nouvelle Alliance nationale des moines birmans" ».

Parmi les causes immédiates de cette révolte figure la hausse du prix de l’essence et du coût journalier de la vie. Ce furent les premiers prétextes du soulèvement, Mais ce qui a pu avoir toutes apparences d’une « fronde sans lendemain » est en train de se transformer en une révolte puissante contre le régime.

Que la population ait été exaspérée par ces augmentations de prix. Cela ne fait pas de doute, d’autant que l’enrichissement spectaculaire des militaires n’avait pas empêché la misère de s’installer dans un pays qui - en dépit de son économie vivrière - ne souffrait pas de la faim. Il y a certainement d’autres bonnes raisons : faut-il les chercher du côté pétrolier ? Ou doit-on considérer ces événements comme le début d’un "containment" de la Chine ? Cela vient-il des membres de l’ASEAN ? Autant de questions auxquelles il est difficile de répondre.

Ou bien l’arrogance des généraux a-t-elle fini par incommoder leurs voisins qui ont vu dans le mécontentement à peine dissimulé d’une population lasse de près d’un demi-siècle de dictature des risques de déstabilisation d’une des régions les plus sensibles du Sud-Est asiatique.

Maintenant qu’ils se sont réfugiés dans leur niz d’aigle par crainte des étudiants, des bonzes et des civils en général de Rangoon, l’ancienne capitale, que vont faire les généraux ?

- faire tirer sur les manifestants pour mettre un terme à ce qu’ils qualifient de « désordres provoqués par les ennemis du peuple » ;

- transiger ? Les Birmans démocrates en exil en doutent fort ;

- céder aux pressions internationales ? Encore moins. Comment accepteraient-ils de le faire alors qu’ils savent que la Chine et la Russie n’approuveront pas les sanctions décidées au sein du Conseil de sécurité des Nations unies ?

Pour le reste, wait and see. Mais il paraît probable et à craindre que les militaires ne se servent d’Aung Sand Suu Kyui, la « Dame de Birmanie » comme otage en face d’un peuple et d’un clergé bouddhiste venus prier devant sa porte, mais réduits à l’impuissance, tandis que la démocratie une fois de plus, ne leur paraîtra que le leurre trompeur d’un monde occidental invertébré ?


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19 réactions à cet article    


  • LE CHAT LE CHAT 27 septembre 2007 10:03

    Article intéressant , il est normal de voir les bonzes monter au créneau pour la défense du pouvoir d’achat , les bons comptes font les bonzes amis smiley

    y’a des chances que ça aboutisse à quelque chose , les chinois auront du mal à aider ce gouvernement répressif un an avant les jeux de pékin ( beijing) , et qui n’a même pas de bombinette nucléaire comme la corée du nord ; les birmans sont pas cons , ils commencent à voir l’ecart de niveau de vie qui devient abyssal avec leurs voisins thailandais , et se posent les bonnes questions . La majorité des militaires compte des onzes parmi leurs proches , l’essentiel du pognon est détourné par seulement une petite élite de la junte au pouvoir , quand s’enfuieront t -ils au petit matin dans un avion vers un éxil doré , telle est la question ...


    • Avatar 27 septembre 2007 10:04

      A l’auteur,

      Article excellent et concis qui retrace objectivement l’histoire de ce pays et de ce peuple qui a tant souffert depuis la fin de la deuxième guerre mondiale.

      Merci.

      N’oublions pas que Total a des intérêts sérieux dans le pays et que la Chine et l’Inde peuvent tirer qq ficelles mais au risque d’affaiblir leur approvisionnement en énergie...

      D’ailleurs ces 2 grands ne verraient pas trop d’un bon oeil une ingérence US ou CEE en cette région.


      • Christophe Christophe 27 septembre 2007 12:23

        @L’auteur,

        Si il est évident que la Russie et la Chine ont défendu jusqu’alors la junte militaire qui sévit en Birmanie, la France ne peut être considérée comme toute blanche dans cette affaire ; elle y a des intérêts économiques non négligeables.

        Il est vrai aussi que la situation actuelle ne permettra pas à la France de soutenir le régime de Rangoon ouvertement ou devrais-je dire publiquement. Mais les tractations politiques vont bon train dans les couloirs des instances internationales, et tant que la Chine et la Russie tiendront une position favorable à la France, elle n’a aucun intérêt à avancer découverte sur un terrain miné.

        Le peuple birman s’engage dans le sens de la démocratie ; accepterait-il une ingérence pour imposer la démocratie (enfin la conception occidentale s’entend) ? Rien n’est moins sûr.


        • cianfr 27 septembre 2007 16:14

          En attendant, il faut aider les personnes sur place à continuer de faire entendre leur voix. Il leur sera binetôt impossible d’acceder au peu de réseau web qui était encore ouvert , idem pour les communications via les téléphones portables. Quelqu’un connait il un moyen de monter des radios clandestines discrètes et simples à mettre en oeuvre et qui puissent être relayées de Birmanie afin que l’informations puisse sortir hors de Birmanie ? Les gens sur place sont demandeurs d’aide pour les aider à continuer de se faire entendre à l’extèrieur.


        • seigneur_canard seigneur_canard 27 septembre 2007 23:36

          J’ai vraiment très peur que ça finisse dans le sang cette affaire... Et seulement le sang des innocents. La seule manière, à mon humble avis, de renverser le régime, serait que les militaires et les policier de grades intermédiaires se joignent à la population. Cela peut se faire spontanément. Si par exemple, la tension entre la religiosité des birmans et les ordres d’en haut est trop forte (massacre de moines par exemple). autre solution, une ingérence en sous main des pays occidentaux. En gros, acheter certains officiers...


          • jay 28 septembre 2007 04:59

            J’ai passé du temps en asie du sud est et il y a quelques années (pas loin de 10 ans) j’ai eu l’occasion d’aller en birmanie par une petite ville thaïlandaise du sud, à la frontière birmane, près de ranong. A l’époque, les soldats des deux pays laissaient passer les petites barques des thaïlandais qui allaient acheter des meubles en birmanie le matin et revenaient en soirée. En passant par là, inconscience de l’extrême jeunesse, on pouvait rester dans ce pays sans être suivi par des « guides » et sans avoir à faire checker ses permis. Pas plus de quelques jours quand même, et sans trop s’éloigner de la frontière.

            et là, on a vraiment un aperçu de ce qui se passe dans ce pays. Non seulement la population est réduite en esclavage (et je pèse mes mots), mais en plus, on se rend compte que les personne au pouvoir sont des malades mentaux. Je suis plutôt dans le relativisme culturel, mais là, c’est bien autre chose. Ceux qui dirigent ce pays seraient probablement soignés à coup de médocs chez nous. Et les chinois, qui ont des relations avec eux en ont bien conscience. ils ont bien conscience qu’aucune pression ne peut être fait sur ces gens car ils ne sont pas dans le consensus de réalité que nous partageons tous, (plus ou moins). Pour dire les choses crûment, vous faîtes quelque chose, ils en voient une autre, vous leur dîtes quelque chose, ils en entendent une autre. Comme pour beaucoup de paranoïaques, cela n’empêche ni l’intelligence, ni une certaine forme de sociabilité, mais il n’en reste pas moins qu’ils sont imperméables à tout ce qui paraît comme allant de soi à nous tous, culturellement différents et névrosés. Ce sont des psychotiques. Alors l’agitation que l’on voit actuellement n’est que du vent. Les analyste qui nous racontent que « peut-être nous pourrions faire pression sur la chine pour qu’elle fasse pression sur les généraux » - je ne parle pas de l’auteur qui à écrit un excellent article- nous racontent des inepties, soit intentionnellement, soit qu’ils n’y ont jamais mis les pieds.

            Finalement, je suis, presque, plus écoeurée par ce que l’on entend actuellement de la part de nos dirigeants et des instances internationales qui profitent de cette situation pour se faire mousser et pour détourner notre attention, que de ces tarés de généraux !!


            • jay 28 septembre 2007 05:05

              @ seigneur canard : votre humble avis me semble très pertinent, sauf pour le « spontanément » peut-être ; les massacres de moines sont choses assez courantes malheureusement.


            • grandjacques 28 septembre 2007 09:43

              Je pense que seule la Chine peut infléchir la politique en Birmanie. Pour l’inciter à intervenir les occidentaux devraient brandir la menace du boycott des jeux olympiques, c’est pour l’instant le seul levier que nous possédions vis à vis de la Chine.


              • teuteu 28 septembre 2007 10:14

                ouai cela fait peur une armee de 400 000 soldat pour 500 000 moine avec une moyenne d’une trentaine de balles dans chaque arme de chaque soldat sa fait beaucoup de balle qui ne vont pas que sifler.......


                • Blabla 28 septembre 2007 11:18

                  Cet article est un bon dépoussiérage de la situation actuelle en Birmanie. Mais, il y a malheureusement beaucoup d’erreurs et de clichés comme dans tout ce que l’on peut lire sur la Birmanie. Espérons que les événements actuels pousseront les gens à s’intéresser au pays, se renseigner un peu plus et à aller voir sur place, avant de raconter des bêtises.

                  Voici quelques petites corrections, en espérant que les personnes qui écrivent des articles essaieront de se renseigner un peu plus à l’avenir avant de faire « sha shi de » (donner des leçons)comme on dit en birman.

                  Tout d’abord : tous les moines ne sont pas membres du clergé à vie et ne respectent pas forcément à la lettre le Dhamma (enseignements du Buddha). Ainsi, il est courant que les hommes fassent des retraites de 15 jours dans un monastère, se rasent le crâne et prennent la robe. Il ne sont donc pas moines à vie, mais juste des laïques entrant au monastère pour quelques jours. Ce qui explique le nombre de jeunes moines faisant de la politique, que l’on voit dans les rues. Ce qui n’enlève rien à la justesse de leur combat, mais ce qui n’est pas forcément représentatif de ce qu’est le Bouddhisme.

                  De plus, Mandalay n’a jamais été « l’antique ville impériale de la dynastie d’Ava ». La dynastie d’Ava régnait à Ava. C’est le Roi Mindon, de la dynastie Konbaung, qui a fait de Mandalay sa capitale en 1854.

                  Les manifestations de 1988 n’ont pas eu lieu « après l’annulation d’élections générales » mais avant, puisque les élections ont eu lieu en 1990.

                  Il n’est pas vrai qu’en 1962 les « Birmans étaient passés d’une gouvernance parlementaire momentanément tranquille du président U Nu » à la dictature de Ne Win. Sous U Nu, le pays était démocratique, mais n’avait rien de tranquille. Les minorités faisaient déjà la guerre au pouvoir central (démocratique) pour obtenir leur indépendance. Ne Win a pris le pouvoir officiellement pour rétablir l’ordre. On peu donc dire que les minorités comme les Karens, aujourd’hui victimes de la junte et toujours présentés comme innocentes, sont en fait responsable de la transition du pays vers la dictature.

                  Par ailleurs, Le roi Thibaw (la Birmanie n’était plus alors un empire mais un royaume, morcellé même) n’avait rien d’alcoolique ni de fou. Il avait passé son enfance dans les monastères et était très calme. C’est son épouse Supayalat, qui profita de sa faiblesse pour diriger le pays d’une main de fer et pour ordonner le massacre d’une centaine de membres de la famille royale, afin d’asseoir son pouvoir.

                  La Sangha n’est pas « l’assemblée des hautes autorités monacales » mais tout simplement le clergé Bouddhiste dans son ensemble.

                  Ne Win n’a jamais été « écarté du pouvoir par des généraux plus jeunes que lui » parce qu’il était « usé par l’âge et les excés ». Il a été écarté du pouvoir à cause des manifestations de 1988. Il a ensuite vécu tranquillement dans l’opulence jusqu’à l’âge de 97 ans. Ceux qui ont pris le pouvoir après lui étaient tous ses disciples.

                  Les relations de la Birmanie avec les Russes n’ont pas été renforcées par le coup d’état militaire de 1962, au contraire. Ne Win était en effet avec l’Inde l’un des leader du mouvement des non-alignés. Le socialisme mis en place dans le pays sous Ne Win était totalement séparé du communisme soviétique ou chinois. Les relations avec ces deux pays étaient même tendues, à cause des restes du Kuommintang dans le Nord de la Birmanie et des pressions russes pendant la guerre froide sur les non-alignés.

                  Le jade ne provient pas des mines de Mogok, mais des mines de Pakan qui se trouvent plus au nord, non loin de Myitkyina.

                  La toge des moines birmans n’est pas de couleur safran mais rouge vif. Les toges safran se trouvent plutôt en Thailande.

                  Yangon ne s’écrit qu’avec un seul « O » et voici l’orthographe du nom du prix nobel de la paix : Aung San Suu Kyi (et non pas Aung Sand Suu Kyui).

                  En conclusion, merci de vous renseigner avant d’écrire un article et de vous poser en expert de la Birmanie.


                  • Bertrand C. Bellaigue Bertrand C. Bellaigue 28 septembre 2007 16:01

                    Pour « bla-bla » qui pourrait aussi bien ne pas se cacher derrière un anonymat arrogant.

                    Effectivement ces corrections sont justes. Mais comment peut-on être tellement acrimonieux, gratuitement et sans risque ?

                    Un grand patron du « Département » exprima un jour ce jugement à l’égard d’un de ses collaborateurs :

                    « Suffisant, insuffisant. »

                    BCB


                  • Bertrand C. Bellaigue Bertrand C. Bellaigue 30 septembre 2007 19:38

                    A l’intention de « bla-bla » .Vos observationlaisse apparaitre que vous ne connaissaez pas tout de la Birmanie. Voici un extrait d’un livre qui fait autorité en Grande Bretagne.

                    QUOTE

                    Les derniers jours du Palais d’Or ( The Lacquer Lady ) ( Extrait)

                    ( ... ) Les charettes de légumes que les habitants des deux villes ( Mandalay et Kala town ) connaissaient bien, faisaient un un énorme vacarme avec leurs essieux mal huilés quand elles arrivaient au marché. Fanny ( voir la note de l’éditeur ) jeta un regard sur le chargement qu’elles transportaient et, là encore, tourna les talons et prit la fuite. Il n’y avait pas eu suffisamment de sacs de velours rouge pour remplir leur office, et des charrettes émergeaient des corps nus, ceux des princes de sang. Elle passa cette seconde journée à pleurer. Ses nerfs étaient exacerbés par la musique qui n’avait cessé de retentir depuis midi la veille. Tout ce qui, en Fanny, était européen, se révoltait. Le bruit, au lieu de l’abrutir, irritait tellement ses nerfs qu’elle se retenait de hurler. Le troisième jour, elle tenta une nouvelle sortie. La musique, les spectacles et les cris n’avaient pas cessé. Cette fois, elle ne demanda aucune autorisation à la fille du Taingda Mingyi. Les habitants du Palais avaient autre chose en tête que ces formalités banales. La musique continuait inlassablement, on pouvait l’entendre de l’autre côté des douves, revenant en écho de la ville kalà. Le monde était devenu un piège atroce. Personne ne pensait ni ne dormait, sinon du sommeil épuisé et abruti des animaux. Partout, l’homme élevait la barrière du bruit contre ses actes, et par là même contre ses dieux. Le bruit, le bruit, le bruit... Là où Mindon avait reposé pendant des nuits paisibles, tandis que ses reines lui lisaient les textes sacrés, l’atmosphère était comme zébrée de sons déchirants aussi variés qu’un tamein aux motifs savamment tissés. Jamais la tranquillité absolue ne reviendrait... Pendant toutes les années qu’il devait encore passer au Palais, Thibô ferait ainsi jouer de la musique nuit et jour. Une fois de plus, Fanny se mit en route. Elle dut passer par ce qui avait été le jardin des femmes pour atteindre la porte de l’Ouest, la seule qu’elle eût la possibilité de franchir sans qu’on lui posât de questions. Tout paraissait tranquille. Elle pressa le pas, ne sachant absolument pas si c’était l’aube ou le crépuscule. Elle était simplement soulagée de ce calme relatif. Il y avait encore du bruit mais, du moins, les lumières étaient-elles moins violentes. Et puis, brusquement, le silence fut déchiré par des cris qui, l’un après l’autre, poignardèrent l’air autour d’elle et figèrent son cœur de peur dans sa poitrine. Elle entendit son propre nom au milieu de ces clameurs. Éperdue de terreur, elle se retourna et constata qu’une fosse profonde avait été creusée dans la terre, et hâtivement comblée. En s’approchant, elle vit le sol frémir, comme animé d’une vie propre, monstrueusement anormale. Un léger brouillard flottait juste au-dessus. Le mouvement des corps mous, vêtus de soie, qu’on avait abandonnés au bord de la fosse donnait l’impression atroce que la terre était animée d’une secousse tellurique. Le regard fixe, pendant quelques secondes, elle pensa à un tremblement de terre que Dieu aurait envoyé en châtiment. Elle vit ensuite que les corps à demi enterrés étaient encore palpitants de vie. Elle se détourna pour fuir, mais son nom retentit une nouvelle fois. Malgré elle, elle se retourna. Une jeune fille sortit en courant de la prison des femmes, de l’autre côté de la fosse, et Fanny reconnut la jeune sœur du prince Thahgaya, avec qui elle avait souvent joué à l’époque paisible de Mindon Min. Celle-ci l’avait aperçue et continuait de crier son nom. L’instant suivant, deux gigantesques hommes nus s’emparèrent d’elle et la forcèrent à s’agenouiller. Ils passèrent vivement des cordes autour de ses mains qui se débattaient et les lui attachèrent entre les genoux. Fanny, trop horrifiée pour détourner les yeux, comme elle aurait tant voulu pouvoir le faire, vit un autre homme tirer en arrière la tête de la princesse. Et ils la tuèrent ainsi à la façon birmane, en frappant sa douce et jeune gorge à coups de matraque. La jeune fille était vigoureuse. Fanny, enfin capable, après le premier coup, de se couvrir les yeux des mains, les entendit en donner encore une demi-douzaine avant que le silence ne tombe. Égarée, elle parvint à regagner sa chambre. Elle s’y terra dans un coin. Le spectacle continuait - à cette heure, le prince et la princesse devaient avoir triomphé de leurs ennemis et les méchants devaient être punis. Les chants et la musique martelaient inlassablement les oreilles de Fanny. Une fois encore, elle décida de fuir, après avoir mangé le riz et le curry que lui avait apportés une servante terrifiée. La vie du Palais se poursuivait apparemment sans heurts, malgré les cris que la musique même était impuissante à couvrir entièrement. Puis, en ce troisième matin, ils cessèrent enfin et des pauses réparatrices vinrent interrompre l’ouragan de musique. Fanny rassembla une dernière fois quelques effets et entreprit de quitter le Palais. Détournant la tête, elle dépassa le coin où étaient enterrées les femmes, mais s’arrêta soudain... Une douzaine d’éléphants, pressés par les injonctions de leurs cornacs, piétinaient de long en large la surface de la fosse. Leurs énormes masses vacillantes occupaient tout l’espace. La terre outragée avait refusé les chairs martyrisées qu’on y avait mises de force. Elle s’était soulevée, rejetant et révélant dans toute son horreur un chaos de têtes et de membres brisés. Maintenant, on utilisait les éléphants pour tasser à la fois la terre et la chair. Et les animaux ombrageux, comme s’ils avaient conscience de violer une loi sacrée en foulant ces pauvres dépouilles, hésitaient, renâclaient, tandis que les cornacs indifférents s’efforçaient de les stimuler avec force cris et coups de pique.

                    Extrait de pp 185,186, 187

                    © F. Tennyson Jesse, 1929 © The Public Trustees, The Harwood Wille Trust, 1979 © 1989, Nernal/ Philippe Labaud Editeur Couverure quate de l’Editeur « A la fin du siècle dernier, le royaume de Birmanie évoque un paradis où même la cruauté aurait l’innocence du naturel. A Mandalay, dans le Palais d’or, tout n’est que fastes et plaisirs. Une jeune fille, que son rêve oriental conduit d’Angleterre à la cour de Birmanie, va provoquer la chute de ce monde préservé parce qu’un Français, l’homme qu’elle aime, choisit d’en épouser une autre. Cette histoire authentique, mais non officielle, fut révélée à F. Tennyson Jesse lors d’un séjour en Birmanie en 1922. La romancière anglaise, par ailleurs journaliste au Daily Mail, entreprit alors une longue enquête pour reconstituer les péripéties de ce drame fabuleux où les jours se coloraient de rêves, de fêtes, de passions et de sang. A sa parution en Angleterre, le roman fut salué comme une grande œuvre littéraire. A travers une intrigue d’autant plus passionnante qu’elle était véridique, l’Orient secret était recréé pour demeurer dans les mémoires en un fascinant regret. F. Tennyson Jesse est l’auteur de plusieurs romans et d’une Histoire de la Birmanie. Les Derniers Jours du Palais d’or est sa première œuvre traduite en français »


                  • kali_371 28 septembre 2007 12:10

                    Bonjour, C’est bien la première fois que je laisse un avis, l’envie était trop forte de féliciter l’auteur pour cet excellent article qui m’a vraiment intéressé et écairé. Merci !


                    • stephpanam 28 septembre 2007 13:48

                      désolé je vous ai mis un « non » au commentaire constructif... fausse manip... encore désolé


                    • stephpanam 28 septembre 2007 13:46

                      Merci à l’auteur pour cet article de fonds, même s’il contient quelques erreurs, comme le fait justement remarquer « blabla ». C’est un vrai plaisir de tomber sur une page telle que celle ci, en ouvrant yahoo !! enfin de l’information, et pas seulement de brêves dépêches dénuées de toute analyse et explication. Je connais un peu ce pays, car j’y ai séjourné pour des contrôles de missions humanitaires. C’est un pays fascinant, mais dont le régime est indiscutablement de nature dictatoriale et fasciste. La police est partout, les contrôles ultra fréquents, la corruption est généralisée. La police politique en place fonctionne diaboliquement selon un vieux système inventé en France au début du XIXème siècle, par ce cher Fouché : tout se sait, tout remonte, tout est contrôlé. Les sites internet US de type yahoo ou hotmail sont interdits. La liberté de parole est totalement inexistante. J’ai gardé quelques contacts là bas, et j’espère avoir des nouvelles à vous communiquer dès que possible.


                      • zimbo2951 28 septembre 2007 19:16

                        Bonjour,

                        Article clair et sans ambigüité concernant le peu de réactions des « chefs de gouvernement » réunis il y a quelques jours.......

                        LA CHINE SOUTIENT CETTE DICTATURE SANS RESERVE DEPUIS PLUSIEURS ANNEES ET LA SEUL ACTION POUVANT ARRETER LE MASSACRE EST LE « BOYCOT » DES JEUX OLYMPIQUES PAR TOUTES LES FEDERATIONS SPORTIVES ET L’ANNULATION IMMEDIATE DE TOUTS LES CONTRATS LIES A CET EVENEMENT « SPORTIF ».

                        IL SERAIT TEMPS QUE LE RESPECT DES DROITS DE L’HOMME PASSE AVANT LES INTERETS FINANCIERS DE QUELQUES UNS......


                        • BlueTemplar BlueTemplar 29 septembre 2007 15:46

                          Peut-être, mais cela ne vous autorise pas à crier...


                        • luklamainfroide 29 septembre 2007 16:48

                          Encore une foi l’on assiste à une farce digne de Grand Guignole ,cela va faire plus de 40 ans que le peuple Birman vie sous une dictature militaire et ce n’ est qu’aujourdhui a l’heure d’une crise énergétique sans précédent que les étas uni d’amérique, pays totalitaire et corompu a souhait ,qui ne respecte auq’une loi ci ce n’est c’elle du plus fort parle de démocratie de libertée alor que d’en d’autre endroit elle ne ce gène pas pour instaler ces dictateur a elle et que ces faux cul d’européens unis par les liens du pognon sacré leur emboite le pas bon dieu sa vous donne envie de dégobillé sec leur discours ha il faut les entendres tout ces dépradateurs ces crimineles ces génocidaires ,parlé de droit, de respect,de démocratie ,ha éccoutez les ce paragons de vertue ces anges tomber du ciele s’écrier justice alor qu’ils n’en saisissent meme pas la premiere letre toute cette hypocrisie m’écoeur !


                          • Sil Sil 30 septembre 2007 15:41

                            SLAM SHAOLIN

                            A l’attention des pauvres Birmans de Rangoon, je rappelle que les bonzes qu’ils suivent ne sont pas Made in Shaolin. Leur unique technique de combat ne les protégera pas. L’immolation par le feu c’est très joli, mais fort peu efficace.

                            Shifu SIL

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