Les cent jours de Biden (1/2) : tout ce qu’il doit à Trump
Avant même d’être élu, il était attendu comme le Messie. Son élection extrêmement serrée a été présentée comme un triomphe, en oubliant de mentionner que seulement quelques dizaines de milliers de voix avaient fait la différence. Au passage de ses 100 jours, les média français restent tout miel pour Joe Biden, en oubliant souvent qu’une part de sa réussite vient de son prédécesseur.
Quand Trump assure le succès de Biden
Certains journalistes sont incroyables. Attribuer ne serait-ce qu’une partie de la réussite de la stratégie vaccinale étatsunienne au nouveau président est franchement abusif. Le niveau de vaccination aux 100 jours de Joe Biden est quasiment exclusivement le produit de l’action de l’administration Trump, comme nous le savons bien en Europe. Ce n’est pas l’action du nouveau président à partir du 20 janvier qui a permis la vaccination, mais bien celle de son prédécesseur. Les commandes passées par l’UE deux mois avant son investiture n’ont permis de vacciner qu’un peu plus de 20% de la population à date, contre plus de 40% aux États-Unis et plus de 50% en Grande-Bretagne… Il fallait s’y prendre dès le printemps 2020 pour permettre un approvisionnement de masse par les laboratoires pharmaceutiques dès le début de l’année. Ici, Biden surfe sur le succès des choix de Donald Trump.
De même, la santé actuelle de l’économie étatsunienne doit beaucoup à l’ancien président. Alors que l’UE peine toujours à finaliser un plan chétif et tardif, Trump avait dégainé deux plans massifs, de 2200 milliards de dollars en mars 2020, puis de 900 milliards en décembre 2020, amortissant grandement la crise économique par rapport à une UE paralysée par son organisation et ses traités ubuesques, ce qui a permis la croissance de plus de 6% au premier trimestre. L’argent du plan Biden n’est arrivé qu’à partir de mi-mars. Résultat, le taux de chômage est déjà tombé à 6%, et, dès la fin de l’année, l’économie étatsunienne aura totalement effacé l’impact de la crise. Par comparaison, l’UE se dirige vers une reprise molle en 2021, du fait du fiasco vaccinal et de plans de relance bien modestes.
Mieux, pour qui prend un peu de recul, il est frappant de constater à quel point le premier plan Biden est un prolongement des plans Trump, reprenant plusieurs de ses mesures phares : chèque d’argent envoyé aux ménages et allocation chômage majorée. Il est aussi renversant de faire la comparaison avec le plan d’Obama en 2009, dont Biden était le Vice-Président, qui avait largement oublié les classes populaires, pour concentrer la distribution d’argent aux entreprises… On peut reconnaître que Biden a eu le mérite de poursuivre la politique de Trump, plutôt que de vouloir faire table rase du passé récent. Les Etats-Unis ont ainsi expérimenté une forme de distribution d’argent façon hélicoptère, et il est frappant de constater qu’ils augmentent les allocations chômage quand Macron les baisse.
Paradoxalement, l’influence de Trump est sans doute également forte en matière sociale et fiscale. Bien sûr, ici, les nouveaux plans annoncés par Biden, et les hausses d’impôts prévues pour les financer, sont à l’opposé de la politique fiscale menée par son prédécesseur. Mais parce qu’il s’agit aussi d’une rupture avec les politiques menées par les démocrates depuis des décennies, on peut y voir une forme de réaction au succès de Trump dans les classes populaires, qui impose aux démocrates de repenser leur logiciel économique s’ils ne souhaitent pas être battus en 2024. Ainsi Biden pourrait replacer le débat politique dans un cadre classique, où les démocrates prennent aux plus riches pour redistribuer aux autres, mettant ainsi Trump potentiellement dans la position du défenseur de l’oligarchie.
Point trop ignoré, Biden est, à date un des présidents les moins populaires à ce stade, malgré le rebond de la croissance et la réussite vaccinale. Il est possible que les étatsuniens soient plus lucides sur ce qui est dû à l’administration précédente. Gageons que cela n’est pas neutre dans ses derniers plans économiques, qui semblent marquer une remise en cause de la pensée dominante.
A suivre : les nouveaux plans Biden sont-ils une révolution ?
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