Les heures sombres du régime Chavez
Elu à la présidence du Venezuela il y a onze ans, puis confirmé dans ses fonctions à maintes reprises, Hugo Chavez ne se trouve pas moins affaibli à l’aube de cette année 2009, durant laquelle la crise économique devrait sérieusement mettre à mal son hégémonie politique. Le président vénézuélien risque par ailleurs d’être sujet à une érosion de sa cote de popularité et sera contraint d’adapter sa politique économique à la chute des cours du pétrole, élément moteur de l’économie vénézuélienne. Sur un plan politique, Hugo Chavez tentera probablement d’obtenir par référendum une révision de la constitution, lui permettant ainsi de briguer un nouveau mandat en 2013. Le succès d’un tel scrutin n’est cependant pas garanti puisque début 2008, lorsque Hugo Chavez avait déjà soulevé cette problématique, les électeurs s’étaient exprimés par un refus. Quels seront les évènements phares de cette année 2009 au Venezuela et quels éléments du bilan de Chavez seront mis en cause par la récession mondiale ? Enfin, le régime de ce dernier doit-il se préparer à des heures sombres ? Éléments de réponse...
La présidence d’Hugo Chavez, qui se vante d’avoir engagée une transition socialiste au Venezuela, a, au-delà de l’autoritarisme du locataire du palais de Miraflores, apporté au Venezuela une certaine prospérité économique. En effet, les années de récession de 1999,2002 et 2003 ont été supplantées par des taux de croissance particulièrement élevés (17% en 2004), dus à la flambée des cours du pétrole. Le Venezuela a en effet bâti l’ensemble de son économie sur ses importantes réserves d’or noir, de façon que les bénéfices réalisés grâce au pétrole représentent 85% des exportations nationales et 50% des recettes gouvernementales.
Cette dépendance a déjà montré ses aspects néfastes, notamment en 1999 où la chute des cours du baril (descendu jusqu’à 10,28$ en février, pour une moyenne annuelle à 17$) avait entraîné une récession de l’ordre de 7,2% du PIB. Mais dix ans après, l’administration vénézuélienne n’a toujours pas entamé de réforme permettant une dépendance du Venezuela vis à vis de l’or noir moins accentuée, menant par ailleurs une pétro-diplomatie basée sur le court-terme, en privilégiant la vente de barils à prix coûtant à ses alliés sud-américains (Cuba, Nicaragua, Bolivie etc...) à une modernisation pourtant nécessaire des outils de production. (cf. le renouveau de l’amérique latine). Les risques pour le Venezuela dans les années à venir ? Des pertes d’extraction de l’ordre de 30% dues à des fuites et autres dysfonctionnements.
Un des axes phares de la présidence d’Hugo Chavez reste la révolution socialiste qu’il affirme avoir menée, en établissant un système de répartition des richesses qui a fourni ses preuves. L’enseigne alimentaire MERCAL fournit ainsi des produits de première nécessité à des prix nettement inférieurs à ceux du marché (27 à 39%), un programme bien entendu financé par les pétro-dollars de l’Etat vénézuélien. Aujourd’hui, les centres d’alimentation MERCAL seraient au nombre de 15 000 sur le territoire vénézuélien. Le nombre d’enfants scolarisés a par ailleurs grimpé de 369% entre 2000 et 2006 et le taux de pauvreté a régressé de 25% sur la même période, passant de 55,1 à 30,4%. L’accès à la santé a lui aussi été amélioré, grâce à un partenariat avec Cuba, qui expatrie des médecins au Venezuela, en l’échange de barils de pétrole à prix très avantageux. D’une manière plus globale, les dépenses sociales par personne du gouvernement vénézuélien ont augmenté de 314% en 8 ans, représentant ainsi 20,9% du PIB contre 8,2 entre 1998.
Cette politique sociale très interventionniste, qui a incontestablement porté ses fruits, n’en est pas moins basée sur un édifice économique très instable, puisqu’étroitement lié avec les cours du baril de pétrole. La chute des cours du pétrole, qui a vu le baril descendre de 144 à 70$ en l’espace de six mois, conjuguée aux prévisions tablant sur de nouvelles baisses en 2009 sont de mauvaise augure pour Hugo Chavez qui sera vraisemblablement contraint de revoir à la baisse ses programmes sociaux, entraînant de ce fait une chute de sa cote de popularité, de mauvaise augure alors qu’il souhaitait être reconduit dans ses fonctions en 2013, ce qui nécessiterait une réforme constitutionelle approuvée par réferundum.
Une érosion de la cote de popularité d’Hugo Chavez, aujourd’hui stabilisée aux alentours de 60% d’opinions favorables, pourrait être utilisée par les Etats-Unis tel un important moyen de pression, contraignant ainsi le président vénézuélien à raffermir ses positions sur la puissance américaine. En effet, derrière ses critiques belliqueuses vis à vis des Etats-Unis, Hugo Chavez cache une réalité économique qui fait des Etats-Unis le premier client mondial du Venezuela, qui dirige 58% de ses exportations en direction des Etats-Unis. Que diront ces derniers lorsqu’Hugo Chavez, désavoué par l’opinion, persistera dans ses attaques vis à vis de l’impérialisme américain ?
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