Les hymnes nationaux ont une histoire
Les hymnes nationaux sont des chants ou des musiques adoptés comme symbole d’un pays. Avec les drapeaux et les devises nationales, ils exaltent le sentiment d’appartenance à une nation.
Jusqu'au XVIIIe siècle, les hymnes nationaux servaient surtout à célébrer les souverains. Beaucoup d'autres de ces hymnes nationaux se sont imposés lors de révolutions ou de luttes d'indépendance comme dans les cas de la France, de l'Italie ou de la Belgique. Aussi, ces hymnes ont conservé une grande valeur de symbole pour les habitants de ces pays.
La plupart des pays dans le monde ont adopté un hymne national. Ces hymnes sont exécutés lors des cérémonies officielles ou d'événements sportifs comme les Jeux Olympiques par exemple. Ils sont souvent considérés comme œuvres mineures, à mon avis à tort parce qu'il y a parmi eux des compositions de grandes qualités. Certains sont de vrais chants guerriers, d'autres évoquent la paix ou rendent un hommage à leur souverain.
Les hymnes nationaux sont presque tous de style musical européen à cause de l'influence coloniale ou religieuse chrétienne sur les anciennes possessions. Il y a des exceptions comme le Japon ou le Maroc par exemple mais elles ne sont nombreuses.
A l'approche des fêtes de Noël et de Nouvel-An, les lecteurs auront peut-être plus de temps à consacrer à un article comme celui-ci qui aborde des aspects musicaux, historiques et politiques à partir d'hymnes nationaux.
J'espère que vous aurez autant de plaisir à lire et à écouter ces hymnes et leurs histoires que moi à avoir écrit cet article.
Les hymnes sont présentés ici par deux pour faire ressortir des similitudes ou des oppositions entre eux.
France. La Marseillaise. Roberto Alagna chante avec brio cette Marseillaise à l'occasion du 14 juillet dernier. Remarquez qu'il dit Marchez, marchez, comme Rouget de Lisle l'avait écrit sur la partition originale. C'est parce qu'il était officier et avait l'habitude de donner des ordres à ses hommes. La transcription officielle fut cependant Marchons, marchons.
À sa création en 1792, lors de la déclaration de guerre à l'empereur d'Autriche, l'hymne portait le titre de Chant de Guerre pour l’Armée du Rhin. Ce chant fut repris la même année à Paris par des soldats républicains marseillais d'où son appellation La Marseillaise. Qu’un sang impur Abreuve nos sillons. Ce passage est souvent mal interprété. Le sang impur n'est pas celui des ennemis mais bien celui des sans-culottes. En effet, les aristocrates étaient censés avoir un sang pur. Par antagonisme, celui du peuple était impur mais le peuple était prêt à le verser pour sa révolution. Il y a des doutes quant à la paternité de la musique. Rouget de Lisle était considéré comme un musicien-amateur par ses contemporains. Ils pensaient qu’il n'aurait pas pu composer La Marseillaise.
Avec l'hymne du Royaume-Uni, il est un des plus connus au monde et il est souvent cité comme plus bel hymne national. Cet hymne a été entonné au début de nombreuses révolutions en Europe. Ce fut le cas en Belgique en 1830 et en Russie en 1917 par exemple.
Avant la révolution française, l'hymne royal était : Domine, salvum fac regem (Dieu sauve le Roi). (lien)
Belgique. La Brabançonne. C'est une très bonne version lente de la Brabançonne interprétée par Helmut Loti avec un crescendo qui reste toujours bien mesuré. Il enchaîne des interprétations de la Brabançonne dans les trois langues officielles belges, à savoir le français, l'allemand et le néerlandais. On sait peu hors de Belgique que, dans l'est du pays, il y a une importante communauté de langue allemande qui a son autonomie politique, culturelle et économique. On doit la musique au chanteur d'opéra et compositeur bruxellois, François Van Campenhout. Elle fut composée en septembre 1830 lors de la révolution belge qui déboucha sur l'indépendance du pays. Les paroles d'origine ont été remodelées en 1860 pour les rendre moins violentes. Seul le troisième couplet est chanté lors des cérémonies officielles.
Les deux hymnes ont été créés à la suite de révolutions et sont des marches militaires.
La France et la Belgique auront des élections difficiles en 2014.
En France, une recomposition du paysage politique est à prévoir avec sans doute un lourd affaiblissement pour la gauche.
En Belgique, les élections européennes, fédérales et régionales du 25 mai risquent de voir une poussée nationaliste flamande qui pourrait mener à la dislocation du pays.
RFA Das Lied der Deutschen (Le Chant des Allemands.) Les paroles ont été écrites en 1841 par August Heimrich Hoffmann von Fallersleben sur une mélodie d'origine croate adaptée par Joseph Haydn en 1796. Seul le troisième couplet est aujourd'hui chanté lors de cérémonies officielles mais on évite le plus souvent la version chantée pour éviter toute confusion comme lors des championnats de canoë-kayak en Hongrie en 2011 par exemple quand ce fut le premier couplet qui fut exécuté. (lien)
Cet hymne avait été interdit par les alliés après la défaite allemande de 1945. Le début du premier couplet, Deutschland, Deutschland über alles, über alles in der Welt ( L'Allemagne, l'Allemagne avant tout, par-dessus tout au monde) avait été détourné de son sens par les nazis pour exacerber la supériorité de l'Allemagne sur les autres peuples alors que le sens originel des paroles était d'unir les Allemands qui étaient dispersés dans de nombreux États en ce milieu de XIXe siècle. La suite de ce premier couplet est plus controversée puisque il situe les limites de cette Allemagne de la Meuse au Niemen (Biélorussie) et de l'Adige au Détroit (Danemark), c'est-à-dire au-delà des régions germanophones.
RDA. Auferstanden aus Ruinen (Ressuscitée des Ruines.) a été créé en 1949. Il fut l'hymne est-allemand jusqu'à la réunification en 1990. Le texte très consensuel de cet hymne avait été censuré par les autorités pour l'allusion à l'unité allemande, ce qui a fait que seule la musique nous est restée familière. En cinq participations aux Jeux olympiques d'été, cet hymne a été joué 153 fois pour les 153 médailles d'or gagnées par les athlètes est-allemands. Un record pour un petit pays de 16 millions habitants.
Les élections législatives de 2013 ont débouché sur une large victoire du parti d'Angela Merkel qui obtint presque une majorité absolue. Le paradoxe est que, alors que les électeurs allemands ont majoritairement voté à droite, la règle des 5% a éliminé les petits partis de droite et la gauche est devenue majoritaire au Bundestag. La CDU est forcée de s'allier aux sociaux-démocrates et de former une coalition de centre-droit pour former un gouvernement en 2014. Ce sont les vicissitudes incohérentes de la démocratie.
Russie. Государственный гимн Российской Федерации (Hymne national de la Fédération de Russie.) Cet hymne a été composé par Alexandre Aleksandrov dans les années trente et il devint l'hymne de l'Union soviétique de 1944 jusqu'à sa dissolution en 1991. La Chanson patriotique (lien) de Mikhaïl Glinka devint ensuite l'hymne de la Fédération de Russie jusqu'en 2000. Vladimir Poutine décida alors de reprendre l'ancien hymne soviétique avec de nouvelles paroles. Comme pour l'Allemagne, cette décision fut très controversée mais surtout hors des frontières du pays.
Quand l'hymne russe est joué officiellement, il doit obligatoirement être chanté. L'accompagnement par un orchestre est facultatif. Cet hymne est très souvent placé premier dans les classements des meilleurs hymnes nationaux du monde.
Ukraine. Ще не вмерла України (La Gloire de l'Ukraine n'est pas encore Morte.) Cet hymne fut adopté une première fois durant la brève période d'indépendance de 1917 à 1920. Il fut logiquement repris comme hymne national à la dislocation de l'URSS en 1991 et confirmé par un vote parlementaire en 1996. Le compositeur est Mykhailo Verbytsky (1815-1870). Il composa de nombreuses œuvres pour chœurs. J'ai une attirance marquée pour cet hymne très mélodieux et bien représentatif des musiques traditionnelles et sacrées ukrainiennes.
Le grand événement sportif en Russie sera les Jeux Olympiques d’hiver de Sochi à partir du 7 février 2004. Les Occidentaux vont sans doute politiser la cérémonie d'ouverture. On peut se demander si le duo Vladimir Poutine – Sergueï Lavrov aura encore une diplomatie aussi efficiente en 2014 ? De la réponse à cette question dépendra le mode de gouvernance mondiale dans les décennies à venir. Ce sera soit un monde unipolaire, soit un monde multipolaire.
L'Ukraine est actuellement l'enjeu d'un combat de Titans entre les blocs euro-atlantique et euro-asiatique. Nous sommes au cœur de la vision géostratégique du Grand Échiquier de Zbigniew Brzezinski qui consiste à asseoir le rôle dominant des États-Unis sur l'Eurasie. La seule question qui se posera est de savoir si une nouvelle entreprise de déstabilisation de grande ampleur aura lieu en Ukraine en 2014 ou si ce sera lors de la présidentielle ukrainienne de 2015.
États-Unis. The Star-Spangled Banner (La Bannière étoilée) Cet hymne a été adopté par le Congrès en 1931. Il reprend un poème écrit en 1814 par Francis Scott Key. Le texte est la glorification du courage héroïque des patriotes qui ont défendu le fort McHenry, à Baltimore en 1812, lors de la seconde guerre d'indépendance contre les Anglais. Il est chanté sur la musique de To Anacreon in Heaven (1771), une chanson à boire d'un club de musiciens britanniques. (lien) Habituellement, seuls la première strophe et le refrain sont chantés lors de manifestations officielles.
États-Unis. The Star-Spangled Banner (La Bannière étoilée.) L'extraordinaire interprétation de Jimi Hendrix le lundi 8 août 1969, dernier jour et jour de prolongation du festival de Woodstock, devant les 30.000 spectateurs restant est un morceau d'anthologie. Il faut replacer cet événement dans le contexte de la guerre du Vietnam qui était alors à son paroxysme. La contestation s'amplifiait auprès de la jeunesse étasunienne quand Jimi Hendrix sortit de sa Strat ce solo avec des distorsions de sons qui évoquent les sifflements des obus qui tombent, le bruit des tapis de bombes largués par les bombardiers, le crépitement des mitrailleuses et finalement la sirène d'une ambulance. Un grand moment, Jimi Hendrix entre dans la légende. Ce n'est plus de la musique, c'est de l'Histoire. Le festival sera suivi par des manifestations pacifistes rassemblant de millions d'Américains en novembre 1969.
Ces deux interprétations antithétiques sont bien représentatives des deux faces de ce pays : le patriotisme quasi messianique et l'extrême violence dont il peut faire preuve. Les Étasuniens chantent cet hymne en de très nombreuses occasions avec la main droite sur le cœur. Cela donne parfois des moments étonnants comme celui de cette petite fille qui a un trou de mémoire. (lien)
Aujourd'hui, une nouvelle décennie de guerres a fortement affaibli le pays. Les États-Unis restent la première puissance économique ainsi que la première puissance militaire du monde et cela très largement. Ils n'ont cependant plus les moyens d'être les gendarmes du monde et leur politique semble aujourd'hui beaucoup plus confuse ou pour le moins de plus en plus difficile à décrypter. Ils auront beaucoup de défis à relever en 2014. L'Iran, la Syrie, le retour de la Russie, la poussée de la Chine en Extrême-Orient en plus des défis intérieurs évidemment.
Québec. Gens du Pays. C'est une chanson écrite et composée par Gilles Vigneault. Elle a été reprise par le Mouvement souverainiste comme hymne officieux.
Québec. A la claire Fontaine. Au milieu du XIXe siècle, la société Saint-Jean-Baptiste (lien) avait adopté comme hymne cette chanson qui était populaire au Québec et qui l'était et l'est encore tout autant en France.
En ce qui concerne les hymnes québécois, on peut dire qu'ils sont franchement atypiques. La Société Saint-Jean-Baptiste avait commandé un chant national lors de la fête de la Saint Jean de 1880. Cet hymne est à l'origine celui des Canadiens français. Cent ans plus tard, il devint l'hymne national officiel du Canada. Cela mêne parfois à des situations de grande solitude comme celle de cette jeune fille qui a un trou de mémoire, qui demande l'aide des spectateurs et qui n'est pas aidée sans doute parce qu’ils ne connaissaient pas eux-mêmes les paroles. (lien) Il est à noter qu'il existe une version officielle bilingue de Ô Canada.
Il ne manqua que 0,5 % des voix lors du deuxième référendum de 1995 pour obtenir une majorité pour la souveraineté du Québec. L'Est de la Belle Province est massivement souverainiste et l'Ouest est plutôt unioniste. Il semble qu'un nouveau référendum, qui n'est d'ailleurs pas à l'ordre du jour, n'obtiendrait pas de majorité pour la souveraineté du Québec.
Royaume-Unis. God Save the Queen ou God Save the King (Que Dieu Protège la Reine ou Que Dieu Protège le Roi.) selon que le monarque est une reine ou un roi. Le Royaume-Uni n'a pas d'hymne national officiel, mais God Save the Queen est considéré de facto comme hymne national. L'auteur des paroles comme le nom du compositeur ne sont pas connus. Le compositeur se serait inspiré d’œuvres de John Bull ou de Henry Purcell. La partition définitive de l'hymne date de 1744 ce qui en fait un des plus anciens du monde. Pour les amateurs d'anecdotes, voici une autre proposition de l'origine de cet hymne. (lien) God Save the Queen est certainement un des hymnes les plus populaires du monde.
Royaume-Unis. Land of Hope and Glory (Terre d'Espoir et de Gloire.) Ce chant est considéré comme le deuxième hymne national anglais. Il a été composé en 1901 par Sir Edward Elgar pour le couronnement du roi Edouard VII et il a ensuite été proposé comme hymne national du Royaume-Uni. Une enquête menée en 2006 par la BBC indique que 55 % des Anglais préfèrent Land of Hope and Glory à God Save the Queen comme hymne national. Il a longtemps été l'hymne de l'équipe d'Angleterre de rugby et il est encore toujours utilisé pour certaines célébrations patriotiques.
Pour être complet, il faut ajouter qu'un troisième chant, Jerusalem (lien), a également été plébiscité pour devenir hymne national du Royaume-uni.
La conclusion est que les trois hymnes sont tous aussi pompeux les uns que les autres. Les deux premiers font références à Dieu, au roi, à l'Angleterre du XIXe siècle, à ses fastes et à son vaste empire colonial. Le troisième évoque quand-même le pays lui-même et il a ma préférence.
Le vote négatif du parlement contre l'entrée en guerre du pays contre la Syrie a été une grande surprise en août dernier. Cela a peut-être aussi oté une épine hors du pied de David Cameron et par ricochet, aussi hors du pied de Barack Obama. Un référendum sur le maintien du pays dans l'Union européenne est prévu avant la fin de la législature, en 2015. Les élections européennes de mai 2014 seront un test sur la tendance générale des Britanniques concernant le maintien ou la sortie de l'Union européenne.
Écosse. Flower of Scotland (Fleur d'Ecosse.) Ce solo de cornemuse nous laisse envoûtés. Il s'accorde tellement bien avec la beauté sauvage des Highlands. C'est tout simplement magnifique.
L’Écosse n'a pas d'hymne officiel. Néanmoins, lors d'un sondage en ligne, les Écossais ont placé Flower of Scotland en tête des hymnes potentiels avec 41 %. Il a été composé par Roy Williamson du groupe folklorique The Corries en 1967. (lien) Cet hymne est joué lors de nombreuses manifestations sportives, notamment lors des matchs de rugby au stade de Murrayfield. Le premier couplet est alors chanté accompagné de cornemuses et le deuxième, a capella. (lien)
Écosse. Scotland the Brave (Ecosse la Vaillante.) La mélodie date du début du XXe siècle, les paroles de 1950. Cet hymne est arrivé deuxième lors du sondage en ligne avec 29 %. Comme cette musique est une marche, cet hymne est plus souvent adopté par les régiments militaires. Tout en appréciant énormément Scotland the Brave, je ne peux que me rallier à la majorité des Écossais et aussi préférer Flower of Scotland.
Un référendum sur l'indépendance de l’Écosse aura lieu en septembre 2014. A l'heure actuelle, les sondages suggèrent qu'une majorité d’Écossais souhaite rester dans l'Union mais beaucoup d'entre eux (entre 20 et 30%) se déclarent encore indécis. Ce référendum sera suivi de près par beaucoup d'autres régions d'Europe qui aspirent aussi à l'indépendance.
Japon. Kimi ga yo (君が代, Votre Règne.) Ce poème adressé à l'empereur du Japon date du XIIIe siècle et est d'un auteur anonyme. La musique n'a été ajoutée qu'en 1880 et il est devenu l'hymne national officiel du pays en 1999 ! C'est l'hymne national le plus court du monde.
Puisse votre règne
Durer 8 000 générations
Jusqu'à ce que les pierres
Se changent en roches,
Et se recouvrent de mousse
L'hymne japonais offre des sonorités délicates et bouleversantes, comme un message d’espoir pour des jours meilleurs …
Hongrie. Himnusz (Hymne.) Les paroles datent de 1823 et la musique de 1844. En 1949, le régime communiste voulut remplacer l'hymne hongrois à cause de ses paroles quasi religieuses puisque c'est une supplique à Dieu mais il ne se trouva pas de compositeur hongrois prêt à en composer un autre. C'est un des hymnes nationaux les plus lents. Je trouve la musique très belle, elle fait penser à un cantique de Noël.
Ce sont deux hymnes aux musiques douces et émouvantes.
Le Japon aura encore à gérer les conséquences de la catastrophe de Fukushima en 2014. Ce sujet n’est plus que rarement évoqué par les médias occidentaux. Pourtant, trois ans plus tard, Tepco va seulement entamer le démantèlement risqué des unités 1,2 et 3, celles dont le cœur a fondu. En attendant, la pollution radioactive du Pacifique va atteindre les côtes américaines en 2014.
Il y aura des élections législatives en Hongrie en 2014. Le parti de droite actuellement au pouvoir, FIDESZ, de Viktor Orban partira favori. Son succès est fondé sur un protectionnisme économique opposé à la mondialisation ultra-libérale. FIDESZ prône le retour à des valeurs traditionnelles. Le gouvernement hongrois est critiqué par l’Union européenne parce qu’il ne suit pas ses recommandations. Les résultats sont cependant là. La Hongrie est sortie de la récession.
Italie. Il Canto degli Italiani (Le Chant des Italiens.) La musique a été composée en 1847, juste avant le Risorgimento, par Michele Novaro, un jeune patriote italien natif de Gène pour mettre en musique le texte d'un autre patriote génois, Goffredo Manelli. Ce chant eut un énorme succès auprès des révolutionnaires italiens et il le resta encore après la réunification de l'Italie. Il devint naturellement l'hymne officieux du pays en 1946 et ensuite l'hymne officiel en 2005.
Cet hymne n'est pas sans rappeler la musique des opéras de Giuseppe Verdi par son orchestration magistrale et par son utilisation de la mélodie.
Uruguay. Orientales, La Patria O La Tumba ! (Orientaux, la Patrie ou la Tombe.) Alors là, on entre tout de suite dans une œuvre lyrique italienne. On croirait entendre l'ouverture et le premier acte d'un opéra de Gioachino Rossini, c'est sidérant. Les paroles sont du poète uruguayen Francesco Acuña de Figueroa. On attribue l'orchestration à Francesco José Debali, un compositeur hongrois qui avait émigré en Uruguay, mais un autre compositeur, Fernando José Quijano, serait l'auteur de la musique. José Debali avait certainement entendu des œuvres de Rossini étant donné qu'il vivait en Italie dans les années 1830. Cet hymne a été composé en 1845.
Le rapprochement entre les deux pays est uniquement musical. Plusieurs hymnes sud-américains sont des compositions orchestrales rappelant des opéras italiens.
L'Italie est un des pays les plus touchés par la crise. De nouvelles élections seront peut-être nécessaires en 2014 mais rien ne garantit qu'une majorité stable sortirait des urnes.
L'Uruguay a été le premier pays au monde à légaliser le cannabis ce mois-ci. C'est le pays le plus stable du continent sud-américain. Plus largement, il faut mentionner la tendance générale de cette partie du monde à ne plus accepter l'ingérence des États-Unis dans leurs affaires intérieures. La récente élection de Michelle Bachelet au Chili vient le confirmer.
Israël. Hatikva (התקווה - L'Espérance) C'est une très belle mélodie d'origine moldave. Elle fait penser à La Moldau (lien) du compositeur tchèque Smetana dont Samuel Cohen a certainement dû s'inspirer quand il a adapté la musique en 1888.
Il est difficile de comparer tout ce qui concerne Israël avec autre chose sans attirer les foudres de tous les sympathisants de ce pays. L'hymne palestinien, une marche avec des intonations arabisantes, ne soutient pas la comparaison avec Hatikva au niveau musical, peut-être parce que nos oreilles d'Occidentaux sont moins réceptives à ce genre musical.
En ne comparant pas Israël, je veux aussi indiquer l'isolement du pays à cause de son obsession sécuritaire, de sa politique expansionniste et de son manque d'égards pour les populations qui habitaient ces lieux avant l'arrivée des vagues migratoires du XXe siècle. Aujourd'hui, Israël et l'Arabie saoudite, ce pays féodo-wahhabite, se rapprochent sur des objectifs communs. Cela en dit long sur le manque de moralité des dirigeants israéliens. Il est vrai qu'ils ne sont pas les seuls !
Le plus long conflit encore en cours trouvera peut-être une issue ou une voie vers une solution en 2014, les éléments n'ont jamais été aussi favorables pour cela malgré l'obstruction que ne manquera pas de faire le gouvernement israélien.
Portugal. A Portuguesa (La Portugaise.) L'hymne national portugais était une chanson patriotique crée en 1890 et c'était à l'origine une réponse à un ultimatum britannique qui exigeait le retrait de troupes portugaises basées en Afrique. Il a été composé par Alfredo Kiel et mis en parole par Henrique Lopes de Mendoca. Il est devenu l'Hymne officiel en 1911, à la chute de la monarchie. Les paroles subirent quelques modifications plus tard. Contra os bretões (contre les anglais) est devenu Contra os canhões (contre les canons) par exemple.
Grèce Ύμνος εις την Ελευθερίαν (Hymne à la Liberté.) est un poème écrit par Dionysos Solomos en 1823. La musique fut composée par Nikolaos Mantzaros en1828 et, en 1865, les vingt-quatre premières strophes devinrent l'hymne national de la Grèce. Seules les deux premières sont jouées et chantées lors de l'élévation du drapeau. À ce jour, l’Hymne à la liberté est officiellement l'hymne national de deux pays : la Grèce et Chypre.
J'ai réuni ces deux pays parce qu'ils sont parmi les plus touchés par les crises systémique et sociale qui touchent l'Europe. Il est particulièrement déplorable de voir le manque d'intérêts que les médias ont pour les épreuves que vivent quotidiennement ces populations. Ces pays sont endettés respectivement à 128 % et de 174 % de leur PIB et les taux de chômage officiels sont de 18 % et 27 %. En Grèce, 30 % de la population vit sans couverture sociale. La situation est dramatique pour les enfants. L’émigration des jeunes de ces deux pays est maintenant massive. La télévision publique grecque a été fermée pour des raisons budgétaires. Les forces anti-émeutes ont évacué manu militari les travailleurs licenciés qui occupaient les lieux. Pas de commentaires dans les journaux européens ! Y aurait-il des doubles standards : un pour l’Ukraine et un autre pour la Grèce ?
La question qui se pose pour 2014 est : est-ce que ces deux pays seront encore dans la zone euro dans 12 mois.
Espagne. La Marcha Real (La Marche Royale.) L'hymne national espagnol n'a pas de paroles officielles. C'est pour cela que les joueurs de l'équipe nationale espagnole ne chantent pas durant la cérémonie précédant un match de football. Il y a plusieurs raisons à cela. Les paroles à la gloire du nationalisme espagnol de l'ère franquiste ont été supprimées à la chute du régime. Il y eut ensuite plusieurs tentatives de les remplacer mais aucune ne connut de succès auprès des Ibères. La dernière tentative remonte à 2008 quand le Comité national olympique espagnol lança un concours pour doter la Marcha Real de paroles mais ce fut un échec populaire. Les nationalismes régionaux pèsent lourd dans ce pays aux quatre langues officielles et les plaies de la guerre civile ne sont toujours pas cicatrisées. La musique, aussi appelée Marche du Grenadier, date du XVIIIe siècle (1761) et le compositeur est inconnu.
Bosnie-Herzégovine. Intermeco (Intermède.) Cet hymne fut adopté en 1998 suite à un concours et il a remplacé l'ancien hymne bosniaque (lien) qui n'était pas reconnu par les entités croate et serbe. L'hymne est musicalement très bien construit. Il commence après un bref silence pour terminer plus fort mais sans emballement excessif. Il fait partie des hymnes nationaux sans paroles comme ceux d'Espagne, de San Marin et du Kosovo.
L'Espagne et la Bosnie-Herzégovine sont deux pays européens qui ont des mouvements séparatistes très forts qui ne se reconnaissent pas dans l'unité nationale. Les motivations de sécession sont dans l'un et l'autre cas les conséquences d'une guerre civile très meurtrière. Un référendum (contesté par le gouvernement espagnol) sur l’autodétermination de la Catalogne est prévu en en 2014. (lien)
Des milliers de personnes ont manifesté ce samedi 14 décembre à Madrid pour protester contre un loi sur la sécurité qui prévoit entre autres des amendes jusqu'à 30.000 euros en cas de participation aux manifestations non autorisées aux abords de certains lieux officiels. Y aurait-il des doubles standards : un pour l’Ukraine et un autre pour l'Espagne ? (bis)
Afrique du sud. Nkosi Sikelel' iAfrika - Die Stem van Suid Afrika (Dieu Sauve l'Afrique - L'Appel de l'Afrique du Sud.) L'Afrique du Sud est aussi un État multiethnique et multilingue. Il y a onze langues officielles pour être précis. Ce pays a cependant choisi d'utiliser les cinq langues les plus parlées (xhosa, zulu, sesoto, afrikaans et anglais) dans son hymne national plutôt que de ne retenir qu'une version instrumentale. L'hymne est une combinaison du chant africain du mouvement anti-apartheid et de l'ancien hymne national adopté en 1927. Tous deux sont au départ de chants religieux. C'est un grand moment de fraternité lorsque les Springboks (lien) l’entonnent lors de matchs de rugby. Les joueurs blancs, majoritaires dans l'équipe chantent le chant anti-apartheid et les noirs, le chant afrikaner avec le même entrain. Les Sud-Africains doivent cela à Nelson Mandela qui a su utiliser leur fibre sportive pour les unir autour du sport. Ce n'est pas encore gagné : le football reste le sport le plus pratiqué par les noirs et le rugby et le criquet par les blancs mais, petit-à-petit, une mixité apparaît.
Pays-Bas. Het Wilhelmus (Le Guillaume de Nassau.) C'est le plus ancien hymne national du monde. Il a été joué et chanté pour la première fois en 1577 lors de l'entrée triomphale de Guillaume d'Orange, le futur stathouder des Pays-Bas du Nord, à Bruxelles. La mélodie est inspirée d'un air alors populaire en France et en Europe du Nord. C'est le poète et diplomate bruxellois, Philippe de Marnix de Sainte-Aldegonde, qui lui donna ses paroles définitives. A remarquer : l’acrostiche. La première lettre de chaque strophe forme le nom de Willem van Nazzov, Guillaume de Nassau en néerlandais de l'époque. (lien)
La deuxième partie de l'hymne sud-africain ressemble très fort au Wilhelmus.
L'Afrique du Sud est maintenant orpheline de Nelson Mandela, son héros de l'indépendance. Voici une de ses citations : Cela semble toujours impossible, jusqu'à ce qu'on le fasse. Pour nous rappeler que rien n'est impossible.
Les Pays-Bas ont toujours été un pays en pointe pour voter des lois sociétales « avant-gardistes ». C'est un peu un laboratoire européen. Il faut constater que toutes les expériences n'ont pas été concluantes, loin s'en faut. Il faut aussi remarquer que les Néerlandais font preuves d'un patriotisme économique rare en Europe. Tout le monde connaît le cliché du touriste qui se déplace avec sa caravane pleine de victuailles de son pays d'origine.
Occitanie. Se Canta (Il Chante.) L'auteur de ce chant serait Gaston III, Comte de Foix appelé aussi Gaston Phébus (1331-1391). Si cela était exact, cet hymne serait plus ancien que le Wilhelmus. Il est devenu quasi officiellement l'hymne de l'Occitanie et il est souvent repris lors d'événements officiels. Le chant est aussi repris en cœur par les supporteurs du Toulouse FC lors de toutes les rencontres du club. Il est également diffusé et chanté à l'entrée des joueurs sur la pelouse, devenant ainsi le véritable hymne du club toulousain. (lien)
Bretagne. Bro gozh ma zadoù (Vieux Pays de mes Pères.) . Cet hymne a été écrit par Taldir Jaffrennou, un militant breton en 1897 sur la musique d'un cantique composé deux ans plus tôt par un pasteur protestant gallois qui était installé en Bretagne. C'est pour cela que l'hymne de Bretagne a exactement la même musique que celui du Pays de Galle, le pasteur s'en était inspiré. Il a été adopté officiellement en 1902.
Il y a une interminable liste d'hymnes régionaux qui sont musicalement valables. Je me suis limité à ces deux-ci parce que ce sont des régions qui ont connu l'indépendance avant leur rattachement à la France et où il y a encore de fortes attaches avec la langue et la culture d'origine.
On pourrait dire de façon péjorative que les hymnes nationaux incitent à une exaltation malsaine du nationalisme.
C'est aller vite en besogne. Quand nous entendons des stades entiers chanter leurs hymnes en chœur, cela représente aussi des moment de communion autour de valeurs communes. Nous pouvons retrouver ces mêmes moments lors de manifestations folkloriques ou culturelles. Cela prouve que par-delà la mondialisation et l'effacement des valeurs traditionnelles devant les universelles, les gens ont quand-même besoin de marquer leur attachement à leur racines.
Dans une Europe qui n'est pas ou plus capable de protéger ses citoyens, il est naturel de retourner vers ce qu'on connaît. Ce n'est pas un repli sur soi-même, c'est une manière de se protéger.
Il y a parmi ces hymnes de véritables chefs-d’œuvre musicaux. Même si le but de cet article n'est pas de désigner le plus bel hymne, il est tentant d'en choisir un malgré tout.
Pour ceux qui voudraient s'y risquer, il serait honnête d'au moins écouter les premières mesures des hymnes présentés ci-dessus avant de faire son choix.
De mon côté, je me risque à proposer l'hymne qui du point de vue musical a ma préférence.
Et le gagnant est... -------> XXXXXX <-------
Sources : L'Europe des Hymnes. Xavier Maugendre. Edition Mardaga.
Diverses recherches sur Internet.
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