Les perles des primaires républicaines
Après plusieurs mois de campagne, le départ des primaires républicaines s'apprête à être lancé en Iowa où les caucus se tiennent le 3 janvier prochain. Sept candidats sont encore en lice mais le flou règne encore autour de l'identité du futur challenger d'Obama : 31% des républicains seulement disent avoir effectué un choix définitif. Il faut dire que l'incompétence de certains candidats ne favorise pas l'émergence d'un homme providentiel.. A défaut de rivaliser avec Obama dans les sondages, les challengers républicains se sont particulièrement illustrés dans leur capacité à multiplier les bourdes et autres gaffes. Ce top 10 est donc une liste non exhaustive des plus perles de la cuvée 2012 des primaires.
1 - Herman Cain et la Libye
Favori des sondages avant de jeter l'éponge tout récemment suite à des accusations d'harcèlement sexuel puis d'adultère, Herman Cain s'est notamment distingué pour ses approximations et sa méconaissance du dossier libyen. Ce self-made man qui a fait carrière dans le secteur de la restauration rapide a été pris au piège mi-novembre lorsqu'un journaliste du Wisconsin lui demande si il approuvait ou non la politique du président Obama en Libye.
S'en est suivi un blanc d'anthologie avant qu'Herman Cain ne demande à son interlocuteur si le président Obama soutenait les opposants et combattait Kadhafi, afin d'être sur qu'on parle de la même chose. Ce qui n'a visiblement pas suffi à clarifier l'esprit du candidat qui affirme être en désaccord avec la manière dont Obama a traité la question avant de répondre "Non attendez, c'est autre chose ; je dois revenir en arrière, mes idées sont confuses". Nouveau blanc avant qu'Herman Cain ne demande au journaliste "Qu'est-ce que vous me demandez exactement ?". Finalement, Herman Cain s'en sort d'une belle parade en affirmant qu'il "aurait fait un meilleur travail afin de déterminer qui étaient vraiment les opposants".
Pas sufisant pour étouffer le buzz. Du coup, Herman Cain est obligé de s'expliquer sur ses approximations lors de l'interview quatre jours plus tard en conférence de presse. Et là, patatras. Le candidat républicain rejette la faute sur le journaliste et sa question imprécise, affirmant ne pas avoir compris si il lui demandait si il était d'accord pour prendre le parti de l'opposition ou sur le fait qu'ils ont maintenant un pays où les Talibans et Al-Qaïda vont faire partie du gouvernement ? Pas sur que le président du CNT Moustaga Abdel Jalil ait apprécié la comparaison avec Al-Qaida...
2 - Rick Santorum et l'Afrique
Rassurez-vous, Rick Santorum n'a que très peu de chances d'obtenir l'investiture républicane. Le dernier Poll Tracker d'USA Today ne crédite le sénateur de Pennsylvanie que de 3,5% des suffrages, en cinquième position. Une bonne chose au vu des lacunes de cette figure de la lutte contre l'avortement , qui a laissé échappé une des plus belles bourdes de la campagne lors d'un récent débat télévisé. Interrogé sur sa position quand aux subventions accordées par le gouvernement Bush sous la direction de Paul Wolfowitz pour soutenir la lutte contre le SIDA en Afrique, Rick Santorum a eu cette réponse absolument surréaliste "Africa was a country on the brink" (L'Afrique était un pays au bord du gouffre). L'Afrique est donc un pays. Rick, vous êtes le maillon faible.
3 - Bachman fière de ses origines
En l'absence de Sarah Palin, Michele Bachman s'impose comme la seule figure féminine des primaires. Egérie des Tea Partys, cette élue du Minnesota à la chambre des représentants a fait un léger flop pour son entrée en campagne en juin dernier. Conservatrice jusque dans ses tripes, celle qui s'oppose à l'avortement même en cas de viol (!) avait choisi sa ville natale de Waterloo en Iowa pour marquer le départ de sa campagne. Aux micros, elle se dit fière d'être née dans cette ville où a aussi vu le jour John Wayne ajoutant qu'elle a "un peu de l'esprit de John Wayne" (it's a kind of a spirit that i have) (voir vidéo).
Sauf qu'un petit tour sur Wikipédia nous certifie que John Wayne est en fait né à Winterset, à une centaine de kilomètres de Waterloo. Pourtant, Michele Bachmann n'a pas complètement tort : il y a bien un homonyme du célèbre acteur qui est né à Waterloo. Un homme du nom de John Wayne Gacy, plus connu sous le nom du "clown tueur". Condamné à mort en 1994, il avait assassiné 33 jeunes garçons qu'il avait méthodiquement enterré dans son vide sanitaire. Qu'est-ce qu'elle disait déjà Michele Bachmann ? It's a kind of a spirit that i have. Nous voila tous rassurés.
4 - La géo approximative de Bachmann
Sans Sarah Palin restée en Alaska chasser le caribou, Michele Bachman se retrouve donc propulsée coqueluche des primaires. Il faut dire qu'elle nous fait bien rire... à ses dépens. Récemment, lors d'un débat entre tous les candidats diffusé sur la CNN, Michele Bachmann s'insurge contre l'annonce d'Obama du déploiement de 100 soldats américains en Ouganda pour aider Kampala à lutter contre la guérilla de l'Armée de résistance du seigneur. Pour dénoncer cette mesure, Bachmann assure qu'Obama "nous a envoyé en Libye, il veut maintenant nous envoyer en Afrique". Oui vous avez bien compris, la Libye doit certainement être un continent.
5 - Le pays imaginaire de Rick Perry
Le gouverneur du Texas qui a succédé à George Bush en 2000 (tout est dit) n'est pas avare en matière d'impairs. Fidèle au cliché du conservateur américain, Rick Perry est un fervent sympathisant de la peine de mort (près de 230 éxécutions au Texas depuis son élection) et est à l'origine d'un certain nombre de législations contre l'avortement telle que l'obligation pour les femmes pratiquant l'IVG de visionner une échograhie de leur foetus. Il y a quelques jours, Rick Perry s'est illustré lors d'une virulente diatribe qui a tourné au flop contre la politique environementale d'Obama.
Il dénoncait Solyndra, une entreprise de panneaux salaires montrée en exemple par l'administration Obama et qui a bénéficié en 2009 d'une garantie de 535 millions de dollars de la part du département fédéral de l'Energie et d'une pause d'impôt de 25 millions de dollars. Le hic c'est que Solyndra a tout récemment déposé le bilan. Du coup Rick Perry a sauté sur l'occasion pour dénoncer ces millions de dollars envoyés par l'administration Obama à l'industrie solaire, de l'argent que nous avons perdu, ajoutant je tiens à dire que c'est 500 millions de dollars qui ont été envoyés au pays Solynda. Oui, Solynda est un pays. Peut-être est-ce dans le continent de la Libye. Il faudrait demander à Michele Bachmann.
6 - Rick Perry ne sait pas ce qu'est une décennie
Il faut dire que Rick Perry n'en est pas à sa première gaffe. Le texan mériterait bien un top 10 à lui tout seul. En novembre dernier, il a fait l'étalage de ses approximations historiques en plein interview sur CNN. Dénonçant la politique de Washington, il prend l'exemple du président Woodrow Wilson qui a le premier instauré un impôt collecté à l'échelle fédérale. Il situe l'ex-président démocrate a decade ago (une décennie en arrière). Aïe. Soit Rick Perry ne sait pas ce qu'une décennie est, soit sa frise chronologique est complètement erronnée. Car si Woodrow Wilson a bien été président des Etats-Unis, il a effectué ses deux mandats entre 1913 et 1921. Une décennie en arrière c'est ça.. ou plutôt un siècle.
7 - Le pari déplacé de Mitt Romney
Toujours placé, jamais gagnant, tel semble être le destin de Mitt Romney qui après avoir dominé les enquêtes d'opinion est désormais dévancé par Newt Gingrich. Comme en 2008 où il avait été battu par McCain après avoir été donné un temps favori lors du retrait de Giuliani. Il faut dire que Mitt Romney est handicapé par trois grosses tares : la première est d'être mormon, une hérésie au pays des WASP. La deuxième est d'être une véritable girouette sur des sujets de société sensibles tels que l'avortement ou la sécurité sociale qui le coupent de la base républicaine.
Enfin, Mitt Romney -ex-homme d'affaires dont la fortune est évaluée à près de 200 millions de dollars- est accusé d'être coupé du peuple et des préoccupations de l'américain moyen du fait de sa fortune. Le débat du 12 décembre dernier n'a pas permis d'inverser la tendance, loin s'en faut. Alors que Rick Perry mettait en doute sa sincérité sur le fait qu'il désapprouvait le programme de sécurité sociale d'Obama, Romney a tenté de justifier sa bonne foi en pariant 10 000 dollars avec Perry. Une intervention spontanée quelque peu déplacé qui n'a pas manqué de faire réagir et dont Mitt Romney n'avait pas forcément besoin, lui qui est distancé de 10 points dans les sondages par Gingrich..
8 - Gingrich et la question palestinienne
Newt Gingrich connaît en ce moment un véritable état de grâce et caracole en tête des sondages bien que les enquêtes d'opinion le donnent largement battu par Obama. Récemment, celui qui fut speaker de la Chambre des représentants dans les années 90 a qualifié le peuple palestinien "d'invention". Quelques jours plus tard, Gingrich enfonce le clou et justifie sa déclaration en affirmant que ces gens [les palestiniens] sont des terroristes. Ils enseignent le terrorisme dans leurs écoles. Le peuple palestinien est une invention de l'histoire. Une déclaration pas forcément diplomate dans la bouche d'un potentiel futur président des Etats-Unis.
9 - Le "oups" de Rick Perry
La séquence a fait le tour du web et des chaînes de télé américaines. En plein débat sur CNBC, Rick Perry détaille son programme et la fermeture de trois agences gouvernementales une fois élu à la Maison Blanche : le commerce, l'éducation et... quel est le troisième déjà ? Cet oubli déclenche le fou rire du public qui permet à Perry de jouer la montre mais le gouverneur du Texas est tout simplement incapable de retrouver l'agence gouvernementale appelée à disparaître. Du coup, Perry patauge avant de lancer un mémorable "oups". Un oubli fatal pour le candidat qui a vu sa courbe d'intentions de vote chuter radicalement après le débat.
10 - Le travail des enfants pour résorber la pauvreté
C'est la recette miracle pour résorber la pauvreté aux Etats-Unis d'après Newt Gingrich : le recours au travail des enfants. C'est en novembre dernier que celui que la presse américaine surnomme "Newtzilla" a pour la première fois défendu cette mesure en qualifiant la loi abolissant le travail des enfants de "stupide". Il préconise de permettre aux enfants pauvres de travailler afin d'assimiler la "valeur travail". So lovely.
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