Minsk : Circulez, il n’y a rien à voir
L'attentat du 11 avril dans le métro de Minsk fit finalement 13 morts et des centaines de blessés. C'est finalement peu, par rapport aux repressailles que le président Loukachenko serait obligé de mettre en place s'il suivait la logique des dictateurs arabes qui, eux, se trouvaient acculés à faire tirer sur la foule.
A la fin de l'année dernière, les présidentielles en Bielorussie ont clairement confirmé l'amour et le respect que le peuple biélorusse voue à son dirigeant suprême. Plus de 72% des votants se sont prononcé pour le maintien au pouvoir du génie polésien. Pour arriver à ce résultat qui fait pâlir d'envie nos puissants, il a, certes, fallu emprisonner quelques opposants et museler encore un peu plus les médias, mais ça valait le coup. C'était, évidemment, pour le bien du peuple.
Comment, d'ailleurs, pouvait-il laisser en liberté ceux qui se sont exprimé contre sa monumentale pensée ? C'était d'ailleurs de sa faute, comme il l'avoue lui-même : il a commis un exces dans la démocratisation. Il a trop desserré l'étau dans lequel il a emprisonné les médias, ces chenapans en ont salement profité. Ils ont osé s'exprimer, mémé à la télé nationale, non mais ! "Avant l'élection présidentielle, nous sommes devenus tellement démocratiques que cela donnait des accès de nausée", a-t-il déclaré. Et ne faites pas les malins en demandant « à qui ? ».
Survient l'attentat. Il a fallu agir vite, trouver les coupables. Tout de suite on a lance une chasse à l'homme « non slave » de 27 ans. Avec une description aussi précise, les très efficaces services secrets n'ont eu aucun mal – en quelques jours ils ont fait avouer les 5 suspects et ainsi rempli leur quota. Notre police devrait s'inspirer de leurs méthodes au lieu de s'encombrer des notions aussi futiles que la présomption d'innocence.
Cet attentat fut un « cadeau » comme le dit l'hypérpresident lui-même. En effet, l'economie moribonde suscite de plus en plus de mécontentement chez ce peuple, par nature si tranquille. Sans cet attentat, un soulèvement populaire à l'instar des dictatures arabes devenait de plus en plus probable. En plus, avec cette saloperie d'internet, incontrôlable, les gens « intellectuellement faibles » risquaient de céder aux sirènes de la liberté d'expression.
Mais sa lutte n'est pas terminé pour autant. Il faut faire taire les mauvaises langues. Il y en a qui vont jusqu'à se poser la question idiote : à qui profite le crime ? Oui, il profite au peuple biélorusse, qui peut ainsi se débarrasser des voyous qui sans ça auraient défilé par milliers dans les rues de Minsk, les criminels à la solde de l'étranger et des démocraties nauséabondes. Oui, il libère Loukachenko d'une terrible besogne : celle de devoir envoyer l'armée tirer sur les manifestants et ainsi tuer des centaines de gens. Finalement, ce crime, c'est la providence divine. Il fait infiniment moins de morts qu'aurait fait un soulèvement de la population. Et il permet au président de faire comprendre aux gens que, s'il y a crise, c'est à cause de ces méchantes démocraties qui n'hésitent devant aucun méfait pour fustiger son pouvoir pourtant si mérité, car durement gagné.
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