Moi, Elor Azarya, assassin de Tsahal
Juin 1967, Guerre des Six Jours. Afin de contrer une menace syrio-jordano-égyptienne, Israël lance une attaque préventive sur les trois pays. L'Etat Hébreu y conquiert, puis y occupe depuis lors un certain nombre de territoires que sont la bande de Gaza, la Cisjordanie (dont Jérusalem-Est) et le plateau du Golan, communément appelés « territoires occupés ».
Près de cinquante ans plus tard, les périodes d'accalmie alternant avec celles de grandes tensions, la situation est toujours très préoccupante dans ces territoires, où des actes de violence sont perpétrés de part et d'autre. Lors de la répression de ceux-ci, le bras armé d'Israël use parfois de violence disproportionnée, et des exactions y sont régulièrement dénoncées. Le plus souvent basées sur des témoignages peu relayés et non captés, il arrive cependant que ces agissements soient filmés. Comme ce qu'il s'est passé il y a quelques jours en Cisjordanie, où un jeune Palestinien a été exécuté sommairement en pleine rue par un élément d'une patrouille israélienne.
« C'est toujours l'oppresseur et non l'opprimé qui détermine la forme de la lutte. Si l'oppresseur utilise la violence, l'opprimé n'a pas d'autre choix que de répondre par la violence. »
[Nelson Mandela]
Les faits
Le 24 mars 2016, dans une colonie juive de Cisjordanie à Hebron, une patrouille de l'Armée de Défense d'Israël (ADI) est visée par un acte de poignardage orchestré semble-t-il par deux Palestiniens, dont l'un s'appelle Abed al-Fatah al-Sharif, âgé de 21 ans. Les blessures occasionnées à l'un des soldats de Tsahal[1] sont légères, et les deux agresseurs sont "neutralisés". L'un est vraisemblablement décédé sur place, mais manifestement pas le second puisqu'on le voit bouger sur cette video de trois minutes. Alors que le jeune homme ne représente plus aucune menace, qu'il est étendu sur le dos, sans doute blessé, il est abattu froidement d'une balle dans la tête par l'un des soldats israéliens présent sur les lieux. Cet assassinat arbitraire aurait pu passer inaperçu, au milieu d'exactions commises par l'armée israélienne et régulièrement dénoncées, y compris et surtout par les Nations Unies. Mais le problème est devenu épineux pour l'Etat Hébreu depuis que cette scène barbare a été filmée et largement diffusée sur le web[2], obligeant les autorités israéliennes à réagir.
Le tireur
Le nom du tireur sera rapidement révélé - puis confirmé - sur Tikun Olam, blog politique créé par Richard Silverstein en 2003, et qui relate régulièrement des faits relatifs à la sécurité d'Israel et au conflit israélo-arabe.
Aussi curieux que cela puisse paraitre, vous ne retrouverez pas initialement ce nom dans les principaux médias ; les organes de presse français relatent d'ailleurs à peine cette information. Dans les grands médias anglophones, l'affaire est plus largement évoquée, parfois sur plusieurs éditions, comme par exemple dans le New York Times du 30 mars 2016. Mais le nom du tueur n'apparait pas davantage, ce qui vaudra à Glenn Greenwald ce petit billet incisif dans Le Guardian du même jour, où ils fustige la connivence du journal envers la censure imposée par Israël, censure d'autant plus incompréhensible que le nom du tireur avait déjà été largement rendu public par ailleurs. Jusqu'à son profil Facebook, où, du reste, le jeune homme adhère ouvertement à des organisations radicales interdites en Israël (comme Kach), s'y lamente d'un cessez le feu intervenu en juin 2014, et y expose largement son adhésion à la doctrine "tuez les tous !" en évoquant les Palestiniens.[3]
Il est par conséquent temps ici de corriger cette carence des grands médias, et donc non seulement évoquer cet assassinat sommaire, mais également de révéler le nom de celui qui en est l'auteur. Comme indiqué dès le titre de ce billet, il s'appelle Elor Azarya. Il s'agit d'un jeune caporal appartenant à une équipe médicale du Bataillon Shimshon, dont le responsable sur place était le Lieutenant Colonel David Shapira, toujours selon Tikun Olam. Selon RFI, le jeune homme possède la double nationalité israélienne et française.
"Ce connard là respire encore !"
A la vision de la vidéo évoquée, nous pouvons révéler plusieurs choses au delà de l'assassinat de sang-froid. La scène aurait été filmée environ 20 minutes après les faits. Entre les 20ème et 30ème seconde de la séquence, nous voyons Abed al-Fatah al-Sharif étendu sur le dos au milieu de la rue. Nous ne voyons pas de sang autour de lui. Il remue la tête de gauche à droite. Il apparait par conséquent toujours bien vivant à cet instant. Richard Silvertein, dans son article précédemment cité, évoque les paroles d'un colon sur place qui aurait déclaré aux soldats : “Ce connard là respire encore." Alors que le soldat israélien, blessé léger, est secouru, cela n'est pas le cas du jeune Palestinien. Nous comprenons vite pourquoi : une minute et trente secondes après avoir encore bougé, Elor Azarya s'approche de lui et lui tire une balle en pleine tête.
La video révèle également que le tireur s'est dirigé quelques secondes avant vers un autre soldat pour lui parler. C'est aussitôt après cet échange de quelques secondes que le Caporal Azarya s'approche de Abed al-Fatah al-Sharif et qu'il l'assassine, sous les yeux de son supérieur sur place, qui pourrait être le Lieutenant Colonel David Shapira, selon les informations déjà évoquées ci-dessus (celui qui est au téléphone, tout près de la victime). En tout état de cause, que ça soit Shapira ou non, il appert au visionnage de la video que cet homme est l'un des responsables du groupe, car il donne clairement des instructions aux autres soldats. Concernant Azarya, on peut légitimement penser qu'il est venu préalablement demander l'autorisation de faire feu, en tout cas avertir du geste qu'il allait commettre. Dans le jargon, il semble que l'on appelle cela "confirmer le décès". Sauf que cette terminologie devrait signifier vérifier que la personne est décédée ou non, et non l'achever de sang froid.
Ce qui interpelle également dans la video, c'est l'absence de réaction de tous les autres intervenants présents sur les lieux : soldat, équipe médicale, colons. Certains anticipent le geste en se bouchant les oreilles sans le moindre regard pour la victime, d'autres n'ont pas le temps de s'y préparer mais ne sursautent pas ni ne s'étonnent par la suite du tir, y compris le responsable sur place. Quiconque a l'occasion de fréquenter régulièrement des stands de tir peux témoigner que lorsqu'un coup part sans que l'on sache d'où ça vient ou que ça ne soit "prévu", la première question qui vient à l'esprit est d'identifier l'origine du tir, vérifier qu'il ne s'agit pas d'un incident, et de regarder ses éventuelles conséquences. Mais pas ici, en pleine rue à Hébron après une agression, alors même qu'un tir inattendu devrait mettre tout le monde en alerte.
Le déroulement de la scène filmée semble par conséquent indiquer non seulement que l'assassinat commis par le jeune Elor Azarya a été manifestement validé par sa hiérarchie, mais que ces méthodes, fallacieusement appelées "confirmation du décès" et consistant le cas échéant à achever les blessés, semblent habituelles au sein de Tsahal.
Tsahal et les exactions : une longue histoire
La liste d'exécutions sommaires commises par l'armée israélienne est malheureusement déjà bien fournie, comme en témoignent les quelques exemples ci-dessous en video/photo ou bien documentés : Bassam Massalha (2016), Fadi Alloun (2015), l'étudiante Hadeel al-Hashlamoun (2015), le jeune Nadim Nuwara (2014), l'adolescente Iman Darweesh Al Hams (2004) ou encore Mahmoud Saleh (2002 - attention photographies éventuellement difficiles à supporter). Et il existe bien d'autres cas plus ou moins bien illustrés.
Nous n'avons pas retenu dans cette liste les événements ou l'armée israélienne agit potentiellement en état de légitime défense[4], même dans les cas où les assaillants sont malheureusement des adolescents, qui auraient sans doute pu être neutralisés autrement que par un tir mortel. Il faut souligner que l'armée israélienne sait aussi parfois faire preuve de sang froid dans certains mouvements de foule hostile (dernière minute de la video). Néanmoins, compte tenu de la liste de près de 200 Palestiniens tués depuis le 1er octobre 2015 selon l'organisation des droits de l'homme Al-Haq, on ne peut qu'en déduire que cette retenue est exceptionnelle.
Néanmoins nous avons clairement affaire dans les quelques cas décrits ci-dessus, de même que dans les événements du 24 mars 2016, à des exécutions extrajudiciaires inadmissibles qu'absolument aucune menace ne justifie.
Israël : de la timide condamnation au soutien... au tireur !
Le jeune caporal a été suspendu, et il est actuellement détenu. Une enquête a été ouverte sur les faits. Mais Al Haq dénonçait déjà le fait que les charges retenues contre le tireur était rapidement passées du meurtre à l'homicide involontaire, ce qui, pour quiconque a pu visionner la video, est une ineptie. Ainsi, toujours selon l'organisation, Elor Azarya a été arrêté uniquement pour “éviter une gêne devant le monde entier."
Les autorités israéliennes ont initialement condamné le geste, mais de façon timorée et finalement hypocrite. Ainsi le Premier Ministre, Benjamin Netanyahu, déclarait trois jours plus tard dans ce que le quotidien israélien Haaretz qualifiait de "rétropédalage", que "remettre en question la moralité de l'armée de défense israélienne [ADI] était outrageant et inacceptable...", puis que les "les soldats de l'ADI, nos enfants, conservent un haut degré de moralité quand ils traitent avec des meutriers sanguinaires." Il a enfin ajouté qu'il était "certain que dans ce cas, comme dans tous les autres cas, toutes les circonstances sont prises en compte. Ainsi nous devons tous soutenir les responsables de l'ADI, l'ADI et les soldats qui nous protègent."
Naftali Bennett, ministre de l'éducation, apportait également son soutien au tireur en déclarant : "Le soldat n'est pas un meurtrier. Avons-nous perdu la tête ?"
La société civile israélienne semble pencher dans la même direction. Ainsi, selon Isabel Kershner du New York Times, "alors que beaucoup d'Israéliens ont dénoncé l'exécution... comme une violation grave de la conduite militaire proprement dite, beaucoup d'autres appellent le soldat incriminé un héros. Mercredi [30 mars 2016] près de 57,000 Israéliens avaient signé une pétition en ligne demandant à ce qu'une citation au mérite soit donnée [au tireur]." Un mouvement de soutien à Elor Azarya demande même à ce que le chef d'état major de l'ADI soit viré, lui qui avait condamné l'incident comme une "grave violation des valeurs de Tsahal, de la conduite et des standards en matières d'opérations militaires."
Pour illustrer ce qui précède, un sondage de la chaîne israélienne Channel 2 News, citée par Haaretz, révélait que la majorité des sondés (57 %) pensait qu'il n'était pas nécessaire de détenir le soldat et d'enquêter, tandis que seulement 5% considéraient le fait d'abattre un agresseur blessé comme un meurtre.
Mais des dissidences internes
Il faut tout de même relativiser cet aveuglement de la société et des autorités israéliennes vis à vis de ce que l'on doit bien appeler par son nom : un assassinat. Il faut en effet insister sur le fait, tout d'abord, que la vidéo en question a été révélée par B’Tselem, l'organisation des droits de l'homme israélienne.
Saluons par ailleurs les prises de positions de quotidiens comme Haaretz, par leur critique de ces événements, mais dans un cadre plus large par leur combat en faveur du retrait des Territoires occupés et de la défense des droits des Palestiniens.
D'autres auteurs israéliens comme Richard Silverstein, et son blog progressiste Tikun Olam, sont également très sévères envers les excès de la sécurité nationale conduite par l'Etat d'Israël. R. Silverstein sera par ailleurs à l'origine de la révélation du nom de Elor Azarya dans la presse, pratique interdite par une loi israélienne. Il précise disposer de beaucoup d'informations transmises par ses pairs.
L'ONU spectatrice impuissante
En faisant même abstraction de l'assassinat d'Abed al-Fatah al-Sharif, l'esprit candide pourra arguer que ces deux Palestiniens n'avaient pas à attaquer sans raison des éléments d'une patrouille israélienne. C'est oublier un peu vite que ces terres ont été annexées par Israël il y a bientôt 50 ans, et que le Conseil de Sécurité de l'ONU a sommé l'Etat Hébreu de s'y retirer et de cesser de violer le droit international par de nombreuses résolutions, dont voici quelques exemples :
Résolution 242 (22 novembre 1967). Le Conseil de sécurité condamne l’« acquisition de territoire par la guerre » et demande le « retrait des forces armées israéliennes des territoires occupés ». Il affirme « l’inviolabilité territoriale et l’indépendance politique » de chaque Etat de la région.
Résolution 446 (22 mars 1979). Le Conseil de sécurité exige l’arrêt des « pratiques israéliennes visant à établir des colonies de peuplement dans les territoires palestiniens et autres territoires arabes occupés depuis 1967 », déclare que ces pratiques « n’ont aucune validité en droit » et demande à Israël de respecter la convention de Genève relative à la protection des personnes civiles en temps de guerre.
Résolution 592 (8 décembre 1986). Le Conseil de sécurité rappelle que la convention de Genève relative à la protection des civils en temps de guerre « est applicable aux territoires palestiniens et autres territoires arabes occupés par Israël depuis 1967 ». Il condamne « l’armée israélienne qui, ayant ouvert le feu, a tué ou blessé des étudiants » de l’université Bir Zeit.
Résolution 605 (22 décembre 1987). Après le déclenchement de la première Intifada, le Conseil de sécurité condamne les pratiques d’Israël « qui violent les droits de l’homme du peuple palestinien dans les territoires occupés, en particulier le fait que l’armée israélienne a ouvert le feu, tuant ou blessant des civils palestiniens ».
Résolution 641 (30 août 1989). Le Conseil de sécurité « déplore qu’Israël, puissance occupante, continue d’expulser des civils palestiniens » et lui demande d’assurer le retour de tous les expulsés.
Selon l'ONU, Israël n'est par conséquent pas fondé à occuper ces territoires, et apparaît comme un "éternel dissident international". Seulement, fort d'un soutien américain sans faille, l'Etat Hebreu a de ce fait peu à craindre de l'Organisation des Nations Unies, ainsi neutralisée, et à laquelle elle adhère pourtant. L'immense majorité des véto opposés aux résolutions onusiennes visant Israël est en effet le fait du seul pays de l'Oncle Sam, au point que le chiffre effarant de 42 de ces interventions états-uniennes étaient comptabilisées entre 1972 et 2012.[5] Plus d'une par an en moyenne, et au profit d'un seul et même Etat, une connivence record !
Palestiniens des territoires occupés : résistants ou terroristes ?
Cet article n'a pourtant pas vocation a clouer au pilori simplement Israël et son armée. Des dérapages dans les rangs des bras armés des "démocraties exemplaires", il en arrive très régulièrement ; il n'y a par exemple qu'à retourner il y a un peu plus de dix ans en Irak, pays occupé par les Etats-Unis pendant plusieurs années. Et c'est bien là le problème, justement : ces exactions arrivent très régulièrement.
Au delà de l'illégalité de la plupart des interventions concernées, que ces comportements restent impunis est déjà en soi un problème majeur. Car quid de l'exemplarité que l'on pourrait attendre des "donneurs de leçons" que sont ces pays auto-investis d'une mission de "démocratisation" du monde, à l'instar de la "Destinée Manifeste[6]" américaine du XIXème siècle ?
Mais la pire conséquence de ces actes provient certainement du sentiment d'injustice qu'ils génèrent, à plus forte raison quand ils sont perpétrés par l'occupant envers une population occupée, laquelle apparait par conséquent légitime à se défendre de cette occupation. Là encore, le "monde civilisé" que ces pays prétendent représenter applique le système inique du "deux poids / deux mesures", en refusant à certaines populations colonisées la possibilité de la lutte contre l'oppresseur, alors que dans le même temps ce même monde auto-proclamé "libre" commémore régulièrement sa parfaite transposition que constitue, par exemple, la Résistance française de la seconde Guerre Mondiale. Les Résistants n'étaient-ils d'ailleurs pas qualifiés eux-mêmes de "terroristes" par l'occupant nazi d'alors ? Nous avons par conséquent là une différence de traitement aussi cruelle qu'intenable moralement.
Pour comprendre la mise en place de cette forme de dissonance cognitive, on peut s'appuyer sur les écrits de Pierre Conesa :
« Dans ces situations coloniales, la construction de la figure de l'occupé repose sur deux caractéristiques : l'occupant se sent en guerre larvée et croit devoir démontrer continuellement sa force ; et toute violence de l'occupé contestatrice de l'ordre établi est culturellement disqualifiée en terrorisme ou autre rébellion et immédiatement « pacifiée ». Ces postulats permettent de justifier l'emploi de la force militaire en refusant le statut de combattant ennemi à l'Autre. Aucune déclaration de guerre avec ses contraintes juridiques ou internationales ne s'impose. La violence de l'occupant est donc une répression pacificatrice. » [7]
Il suffit par conséquent d'inverser les rôles pour se donner bonne consience d'agir, quitte à user de schémas simplistes en prétendant agir pour le "bien", que vous représentez forcément, opposé au "mal", qui est évidemment "l'agresseur" face à vous. Même si en réalité vous êtes l'oppresseur et que ceux que vous désignez comme des "terroristes" ne sont finalement que ceux que vous opprimez.
Une conclusion implacable
Après avoir visionné la vidéo rendue publique par l'organisation des droits de l'Homme B’Tselem, et malgré l'aveuglement d'une partie des autorités et de la société israélienne, l'évidence s'impose : Abed al-Fatah al-Sharif, Paslestinien de 21 ans, a été sommairement exécuté par Elor Azarya, jeune caporal franco-israélien de Tsahal.
Rien ne justifiait pourtant ce geste, ni la menace du premier au moment des faits, ni la position d'occupant de l'Etat Hébreu en ces territoires. Car l'Armée dite de Défense d'Israël n'a finalement vocation à défendre que les Colons qui s'y sont implantés il y a plusieurs décennies pour les premiers. Pour les populations palestiniennes, de même que pour le Conseil de Sécurité de l'ONU, Tsahal est davantage perçue comme l'Armée d'Occupation d'Israël.
Depuis le temps que le conlit perdure, il est évidemment impossible de prédire comment va évoluer la situation à l'avenir, tant les périodes d'espoir ont succédé aux regains de tensions et aux opérations de "pacification" israéliennes, qui ont allongé la liste des victimes innocentes. Il apparait certain, en revanche, que des événéments comme ceux du 24 mars dernier à Hébron, formidables catalyseurs de frustrations, ne feront que raviver les tensions. A moins que les autorités israéliennes fassent preuve d'un "énorme effort d'intelligence"[8] et décident de ne pas laisser impunies ces exactions qui portent gravement atteinte à leur image. Mais, depuis le temps, l'Etat Hébreu s'en soucie-t-il vraiment ?
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Notes :
[1] Tsahal est le nom communément donné à l'armée israélienne.
[2] Selon le quotidien Israélien Haaretz, la scène aurait été filmée par un correspondant palestinien de B’Tselem, l'organisation des droits de l'homme israélienne. L'information est confirmée par Richard Silverstein qui précise même que le correspondant a reçu des menaces.
[3] Voir ce lien : http://uriblau.com/shooter/
[4] Le code pénal français donne une définition exhaustive de la légitime défense, en son article 122-5 (alinéa 1, légitime défense des personnes) : "N'est pas pénalement responsable la personne qui, devant une atteinte injustifiée envers elle-même ou autrui, accomplit, dans le même temps, un acte commandé par la nécessité de la légitime défense d'elle-même ou d'autrui, sauf s'il y a disproportion entre les moyens de défense employés et la gravité de l'atteinte."
Ainsi, pour agir dans le cadre de la légitime défense, l'attaque, comme la défense, doit répondre à un tryptique :
- L'attaque doit être actuelle, réelle et injustifiée.
- La défense doit être instantanée, nécessaire, et proportionnée.
Dans le cas du 24 mars 2016, si la "neutralisation" des deux agresseurs présumés lors de l'attaque présumée au couteau peut s'entendre sur la base de la légitime défense alors qu'ils commettent leur geste, nous ne sommes plus du tout dans ce cadre vingt minutes plus tard alors que Abed al-Fatah al-Sharif est au sol et ne représente plus aucune menace.
[5] Voir : http://www.un.org/fr/documents/sc_vetos.shtml
[6] La Destinée Manifeste est une idéologie née aux Etats-Unis à partir de 1840 selon laquelle la nation américaine avait pour mission divine de répandre la démocratie et la civilisation vers l'Ouest du continent.
[7] La Fabrication de l'Ennemi (ou comment tuer avec sa conscience pour soi), éd. Robert Lattont, de Pierre Conesa, p193
[8] Rendons à Saint Exupéry ce qui lui est communément attribué : « La guerre n'est pas une fatalité, elle est le ressort du comportement humain dont on ne se défait qu'au prix d'un énorme effort d'intelligence. Ce n'est pas une aventure, c'est une maladie, comme le typhus. »
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