« Nous ne nous rendrons pas, nous ne sommes pas des femmes », Mouammar Kadhafi
C’est ainsi que l’excentrique dictateur illustre en une phrase toute sa considération pour le genre féminin (peut-être devrais-je dire « le sexe faible » ?). Voilà qui donne envie d’en savoir plus sur le comportement de Kadhafi vis-à-vis des femmes.
Les femmes, des objets sexuels ?
En 2007, suite à la visite du chef d’Etat libyen en France, Memona Hintermann, grand reporter à France 3, déclare qu’elle a été victime d’une tentative de viol de Mouammar Kadhafi en 1984 lors d’un reportage en Libye. « Quand je vois ce type, je le revois devant moi, me menaçant de me flinguer », déclare-t-elle.
Nous avons appris cette semaine que les amazones qui constituaient la garde rapprochée de Kadhafi – ces impressionnantes militaires qui le suivaient dans tous ses déplacement – étaient régulièrement violées par ce dernier, puis cédées gracieusement à ses fils ou proches collaborateurs, qui leurs faisaient subir le même sort. Il y aurait eu en tout 400 jeunes femmes gardes du corps, formées à l’académie militaire pour femmes de Tripoli. Vierges lors de leur recrutement, elles avaient pour obligation d’être parfaitement maquillées et manucurées lors de leurs apparitions en public. Des trophées que Kadhafi se plaisait à exposer au monde entier.
Récemment, une psychologue de Benghazi a entendu cinq de ces femmes. L’une d’elles a raconté qu’elle fut enrôlée de force, que des soldats ont menacé de jeter son frère en prison si elle ne rejoignait pas cette garde.
La chaîne américaine CNN a également diffusé le récit d’une autre femme qui dit avoir été enrôlée de force. Nisreen, 19 ans, raconte qu’elle a été enlevée à sa famille il y a un an par un militaire. Coupée de sa famille, elle était régulièrement violée par des officiers, comme les autres amazones. Lorsque la rébellion a éclaté en Libye, elle a été poussée à exécuter onze insurgés. « Ils les ont amenés un par un en me disant : tue-le (…), si tu ne le fais pas, c’est nous qui te tuerons ».
A plus grande échelle, le régime est accusé d’avoir utilisé le viol comme arme de guerre ces derniers mois. La représentante américaine aux Nations Unies, Susan Rice, a même rapporté en avril que les soldats de Kadhafi avaient reçu des comprimés de Viagra pour les pousser à commettre ces crimes. Des affirmations confirmées quelques semaines plus tard par la Cour Pénale Internationale.
Les paradoxes de Kadhafi
Cet homme qui se plaît à considérer les femmes comme des objets sexuels a pourtant contribué à améliorer leur condition en Libye. Il a limité la polygamie, interdit l’excision, il a également combattu les mariages arrangés et fait en sorte que l’éducation soit gratuite pour tous et toutes.
Sa fille, Aïcha, est devenue avocate internationale et a fait partie de la défense de Saddam Hussein lors de son procès. Dotée d’une forte personnalité, elle fut même un temps pressentie pour prendre la succession de son père.
Dans son petit Livre vert, le dictateur confirme d’abord l’égalité entre hommes et femmes, puis revient dessus en mettant en avant certaines fonctions qui reviennent par nature à la femme : l’accouchement, bien sûr, mais aussi l’éducation des enfants. Il dit également que l’égalité entre l’homme et la femme ne doit pas s’inspirer du modèle occidental qui a établi cette égalité en faisant de la femme un homme, c’est-à-dire en niant sa nature de « femelle menstruée ».
Photo : Galerie Flickr de José Goulão
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