Coup de tonnerre dans les relations internationales et fin du manichéisme ? L’ostracisme envers le Hamas est contre-productif. C’est en substance ce qu’on apprend par le journal britannique The Guardian de ce matin, vendredi 9 janvier. Les Etats-Unis vont-ils enfin sortir d’une doctrine illisible au Proche-Orient ? De savoir qu’on peut pactiser avec le Diable, pour peu qu’il vende son pétrole à vil prix tout en ne respectant pas les droits de l’homme, ou encore apporter un soutien aveugle à un tel autre, malgré son non respect des résolutions internationales, ou même d’attaquer certains peuples qui refusent le diktat us, avec l’administration Obama, semble-t-il, ce sera la fin de ce poker menteur qui fait tant détester l’Amérique.
Barack Obama avait lors de sa campagne électorale, indiqué qu’il avait pour but, une fois élu, la restauration de l’image de l’Amérique. Et, ce
new deal (nouvelle donne), ne peut que passer par une rupture radicale, avec une administration George Walker Bush, aussi calamiteuse que meurtrière, qui a heureusement la chance de ne pas être concernée par le TPI.
The Guardian (journal de référence de l’intelligentsia britannique) a même évoqué que la position pro-israélienne de Barack Obama pendant la campagne électorale ou son choix au secrétariat d’Etat de Hillary Clinton, dont on connaît la proximité avec l’Etat hébreu qui, pour beaucoup, pouvaient penser qu’il allait poursuivre une politique injuste au Proche et au Moyen-Orient, n’était qu’un leurre, parce qu’il est un homme juste.
Des discussions secrètes ont été menées par les services secrets américains, qui savent que le Hamas est incontournable et que la paix sans lui, ne serait pas la paix. Tandis que le Fatah s’occupait de politique politicienne, le Hamas, lui, s’occupait du social. Sa victoire aux législatives de 2006 vient de là. Comme nous le mentionnions, perplexe, face au silence du président élu américain, le silence de Barack Obama était finalement de l’ordre de la réflexion. Selon certaines sources, c’est un choix dicté par Jim Jones, son conseiller à la sécurité intérieure, qui estime que le temps de la réconciliation est arrivé et une commission ad hoc se mettra sur pied, dès l’investiture. Un véritable camouflet pour les va-t-en-guerre, si Obama réussit ce coup, après 60 ans de désastres. Le mot est faible.
La future administration Obama, qui rentrera en service dans dix jours, est prête à mettre sur pied, un vrai processus de paix. Il sera douloureux pour les uns et les autres. Quelle victoire si demain, Tzipi Livni, future premier-ministre israélienne et Khaled Mechaal, leader du Hamas, se retrouvaient à Camp David ! C’est le prix à payer. Quid des assassinats ciblés, libération des prisonniers du Hamas, fin des tirs de Qassam, enterrement de l’article 6 de la Charte du Hamas, prônant la destruction d’Israël etc. L’organisation islamiste pour les uns, la résistance pour les autres, s’était vue en 2006, inscrite dans les organisations terroristes par le département d’Etat américain, qui interdisait même qu’on lui octroie encore des aides financières. Inscription réfutée par nombre d’observateurs, qui parlaient d’une décision simplement politique des Gouvernements européens et/ou occidentaux, et vide de sens.
Après tous les scenarii envisagés, le préalable serait donc, pour engager de vraies discussions, un cessez-le-feu sur le terrain, et, une réconciliation entre les frères ennemis du Fatah et du Hamas. Bref, s’inspirer du rapprochement jadis, entre l’administration états-unienne et l’OLP dans les années 1970. Pour une approche constructive, il n’y a pas mieux. Il ne faut pas exclure les uns, privilégier les autres, jugés « modérés », comme le suggérait mon maître, Pascal Boniface, directeur de l’Iris (Institut des relations internationales et stratégiques), dans un article sur Rue89. Le gouvernement de transition de Barack Obama serait prêt à retrousser les manches, pour venir à bout de certains dossiers dont rien ne laisse poindre à l’horizon, le moindre espoir : l’Iran, le conflit israélo-palestinien, de l’Inde et du Pakistan et de la Corée du Nord. Vaste programme.
Ce qu’on a encore vu hier aux Nations-Unies, avec l’abstention des Etats-Unis représentés par Condoleezza Rice par rapport à la résolution de l’ONU appelant à un cessez-le-feu immédiat et inconditionnel, est affligeant. Toute honte bue, cette Amérique-là, n’a pas le droit de vouloir s’imposer comme gendarme du monde. L’espoir renaît chez les femmes et les hommes épris de paix, tandis que c’est la tête des mauvais jours, à l’approche du 20 janvier prochain. Certaines voix discordantes estiment déjà, avant même que Barack Obama ne s’installe au bureau ovale, qu’il légitime le Hamas. D’autres disent qu’il est naïf. Q’importe le flacon, pourvu qu’on ait l’ivresse. La paix n’a pas de prix.
>>>Allain Jules