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Pourquoi les prochaines élections en Congo-Kinshasa (RDC) ont-elles autant d’importance ?

La société internationale est plus sensible que jamais aux défaillances de tout gouvernement. En effet, des conflits internes, des régions agitées, des commerces illégaux et une propagation d’armes ne concernent plus seulement que le peuple sur place mais aussi le monde entier car il est de plus en plus relié technologiquement. Ainsi, les facteurs socio-économiques examinés dans cet article nous expliqueront comment des élections libres, justes et transparentes dans la République Démocratique du Congo (RDC) sont d’une énorme importance pour les congolais, les africains, et la communauté internationale en général.

En 2006, la République Démocratique du Congo conduisit ses premières élections présidentielles et législatives depuis plus de quarante ans dans de très grandes difficultés. Effectivement, juste avant cette occasion, le pays avait enduré plus de six années de conflits armés d’une très grande cruauté, enrôlant chacun de ses pays limitrophes. De plus, après le dévaste accompli par le dictateur Mobutu Sese Sesko pendant plus d’une trentaine années, ces élections avait été menées dans une atmosphère nuisible et méfiante. Sans oublier aussi que les défis logistiques à relever en 2006 étaient, bien entendu, énorme, étant donne que plus de deux cents groupes ethniques se dispute les positions d’influence au Congo. Cela est en effet bien indiqué par le grand nombre de congolais qui avait déposé leurs candidatures : 33 candidats se sont confrontés pour le poste présidentiel alors que 9 600 candidats se sont présentés pour les 500 sièges de l’Assemblée Nationale. En fin de compte, néanmoins, le deuxième au suffrage avait admis sa défaite, bien qu’il ait fait en ayant protesté sur la validité du scrutin.

Mais cela n’est pas tout encore. A la suite des élections de 2006, l’Accord General de Paix (CPA) signé en 2002 reste toujours à être implémenté. En effet, les affrontements dans l’Est du pays entre des groupes armés rebelles et l’armée congolaise (FARDC) sont coutumiers, et la capitale Kinshasa demeure toujours dans une zone sujette aux troubles sociaux. A ce jour, en 2011, et avec des élections à venir, des actes de répressions se sont déjà fait ressentir entrainant l’opposition politique a souvent être écarté du centre d’attention médiatique. Ces épreuves à surmonter ne sont malheureusement pas les seules ; l’assistance des Nations Unies à travers son organisme de la MONUSCO sera nettement réduite, alors que la communauté internationale déléguera moins d’observateurs pour garantir le bon déroulement des élections. Le président en charge a aussi aboli l’option de second tour. De fortes spéculations suggèrent que cela a été fait pour épauler son désir d’être réélu en permettant au nouveau président de s’accaparer du pouvoir en ayant obtenu moins de 50 % du scrutin. De de fait, le risque se trouvant en face de nous et des congolais pour les élections prévues en novembre prochain, est que si elles ne sont pas acceptées comme libres et justes, cela pourra se traduire par une dangereuse descente dans l’instabilité sociale et la violence.

Il est difficile d’envisager que l’Afrique centrale puisse restaurer une certaine stabilité de l’ordre sans pouvoir, tout d’abord, instaurer la paix dans la RDC – un pays qui recouvre une superficie équivalente à celle de toute l'Europe occidentale (environ 2.5 million de km2), et qui partage sa frontière avec neufs pays pareillement précaires. Dès lors de la fin de la deuxième guerre du Congo en 2003, des progrès ont été faits pour renforcer les relations diplomatiques avec ses pays limitrophes. Cependant, avec un grand nombre de groupes armés rebelles dans l’Est du pays, aussi bien nationaux qu’internationaux, qui tentent de protéger leurs propre intérêts, et dans quelques cas, arrive à s’accaparer des vastes richesses naturelles de la RDC, un air de soupçon subsiste. Une des plus graves répercussions de ces troubles, à l’écart des actes abominables perpétrés par les groupes armés, est que les profits générés par la vaste richesse naturelle du pays ne réussissent pas à être réinvestit dans les projets d’infrastructures et de sécuriser la stabilité et la paix.

La RDC est d’une importance considérable pour l’Afrique en général. Le pays est doté de plus de la moitié de la flore tropicale Africaine et possède un des plus grands réseaux de rivières qui pourrait, en principe, fournir de l’énergie hydro-électrique pour la majorité de l’Afrique subsaharienne – faisant de la RDC le centre de gravité politico-économique de l’Afrique Centrale. Au-delà de l’Afrique, l’Occident nécessite aussi l’indispensable approvisionnement des ressources naturelles congolaises. Une grande proportion des réserves de coltan (un minéral utilisé dans les lignes de production de téléphone et d’ordinateurs portables et de réacteurs d’avions, et donc requis par des grandes sociétés telles que Nokia, Dell et IBM) se trouve en effet là-bas. Bien qu’inattendue, la RDC est donc d’une importance quintessentielle dans nos vies de tous les jours.

La RDC devrait être un avertissement pour le monde entier en tant qu’exemple de ce qui peut arriver quand la communauté internationale néglige un pays dans le besoin. L’International Rescue Committee (IRC) a dénombré que, depuis 1998, presque 5,5 millions de personnes ont été tuées, et que 3,5 millions de personnes ont été forcé de quitter leurs domiciles. De plus, les viols des hommes, des femmes et des enfants sont commis à l’échelle industrielle, pendant que des millions de réfugiés fuient le pays, posant donc d’énormes problèmes diplomatiques et humanitaires sur des relations déjà délicates avec les pays frontaliers du Congo. Les séquelles de la guerre dans la RDC et l’impact des poignées de violence qui se poursuivent jusqu’à ce jour, est très bien décrits par le classement de la RDC sur l'indice de développement humain (IDH). Ce classement offre une façon de mesurer le développement à travers les pays en calculant les variables comme le taux d’alphabétisation d’adultes, le nombre de connections internet, ou encore, le taux de scolarité. Même si les conflits de 2003 sont arrivés à leur conclusion et que le pays ait reçu une grande quantité d’aides internationales ; neuf ans après, le Congo reste toujours classifié 171è sur 172 pays. Alors que le destin du Congo demeure dans les mains du peuple congolais, la communauté internationale a une dette historique envers la RDC et la responsabilité de s’engager dans la reconstruction structurelle de ce pays tant fragile ; et ce devoir s’étend bien au-delà du simple envoi d’aides financières. Pour cela, garantir que ces élections soient libres et justes sera déterminant pour établir un climat politique conduisant à la stabilité et le développement sur le long terme.

Alors que Mobutu fit que les entreprises minières internationales quittent le pays, le président en charge a réussi à attirer vers le Congo des nouveaux investissements internationaux. Bien que cela ait apporté des gains importants, cependant, cela a aussi facilité l’augmentation du nombre de groupes armés luttant pour s’accaparer d’une part du gâteau renfermant les ressources naturelles congolaises. Ainsi, la période qui suivit la fin officielle des hostilités a encouragé la prolifération de belligérants, incitant l’instabilité et la violence. Pour surpasser cela, tous les groupes doivent être inclus légitimement dans le procès électoral, sans avoir peur des répercussions.

Bien que des grands défis soient à relever dans la RDC, la communauté internationale doit plus que jamais continuer, et même, accroitre son engagement dans le Congo. L’économiste renommé, Paul Collier, considère que, toutes proportions gardées, le maintien de la paix est, économiquement, préférable à la propagation de la violence. Mais la communauté internationale a l’opportunité d’en faire bien plus que de seulement maintenir la paix. Si la RDC réussi à rétablir l’ordre à travers des structures gouvernementales saines, il attirera d’énorme investissement pour que son commerce se légalise et s’ouvre au marché mondial, lequel suscitera la possibilité de tirer profit de ses immenses ressources naturelles jusqu’à ce jour inexploitées. Pour commencer à œuvrer vers cet objectif et de déclencher le potentiel de la RDC, il est décisif que les prochaines élections soient justes, libres et que le résultat du scrutin soit considéré légitime par tous les segments de la population.


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6 réactions à cet article    


  • latortue latortue 18 octobre 2011 19:34

    vue les intérêts que nous avons la bas et les richesses du pays ,je crois même qu’il y a l’armée Française présente sur place et pas mal de copains a Sarkozy qui ont des intérêts ,le président Denis Sassou-Nguesso est en place depuis plus de vingt ans . une nouvelle élection . 
    bref tous les ingrédients pour faire comme en côte d’ivoire .rasez les murs les gars .


    • Kingli Kingli 21 octobre 2011 13:46

      Il s’agit du Congo Kinshasa... Sassou est de l’autre côté du fleuve, au Congo Brazzaville...


    • Pr ELY Mustapha Pr ELY Mustapha 18 octobre 2011 23:47

      Je reviens de la RDC où j’ai travaillé pour des organisations internationales dans les domaines de la Gouvernance démocratique, de la promotion de l’Etat de droit et de l’appui à la justice et aux instances sécuritaires dans la lutte anticorruption à travers la chaine Police-Justice-prison.
      Ce que je pourrai dire c’est que la situation de la RDC est d’une grande complexité et que l’on ne peut la saisir dans un seul de ses aspects. Tant les nationaux eux-mêmes, notamment ceux qui sont au pouvoir, ou dans son giron, que les étrangers sont responsables de ce qui arrive à ce riche et beau pays.
      C’est autant dire que quelles que soient les élections à venir la RDC ne sera jamais en paix tant que les maux premiers qui la gangrènent ne trouvent solutions, notamment la corruption, la cupidité et le trafic d’influence à tous les échelons entrainant le bradage des ressources nationales par les nationaux, la connivences des étrangers bénéficiaires des contrats « pipés » et toute la chaine satellitaires qui en profite à l’intérieur du pays et aux frontières.

      Le congolais, celui de la rue, est un être pacifique souvent conscient de difficultés de son pays, mais il est pris dans la gangue sécuritaire du système, les chaines de l’appauvrissement, l’abrutissement à la bière populaire, son pain quotidien, et le fatalisme religieux auquel il s’accroche et qui l’exploite à travers des ordres organisés.

      La RDC est malade de ses enfants, et du reste du monde qui l’exploite à travers eux. Et ce ne sont pas des élections qui vont y changer quelque chose, tout au moins pas à court terme. Toutefois, que serions-nous sans l’espérance ?


      • Elections Libres en RDC Yvan Balado 19 octobre 2011 12:33

        Même si il est vrai que la situation du Congo est très complexe et que les élections seront peut-être d’une très petite aide envers ces énormes problèmes, nous ne pouvons pas passer à côté de la chance de pouvoir instaurer et consolider une démocratie. Les congolais sont déterminés a que leurs voix soient entendues même si ils sont sceptiques sur l’impartialité et le bon déroulement de ces élections.
        Aussi, ce sont des témoignages comme le vôtre dont lesquels nous avons extrêmement besoin. Visitez-nous à www.electionslibresenrdc.com et venez signer notre pétition, nous pourrions même inclure l’icône de votre organisation sur notre site et s’entraider à ce que l’attention internationale se sensibilise.


      • Pr ELY Mustapha Pr ELY Mustapha 18 octobre 2011 23:54

        Cher (e) ami (e),

        Puisque vous êtes de passage,signez cette pétition en faveur des enfants congolais accusés de sorcellerie . Merci pour eux. CLIQUER ICI


        • Lisa SION 2 Lisa SION 2 19 octobre 2011 08:41

          Bonjour,

          levez les yeux, regardez en l’air, les oiseaux, eux, en ce moment quittent notre beau pays juste avant l’hiver et s’en vont chez vous, tous ensemble, par paquets de mille et plus, sans gouvernement, sans élections et sans même un chef si ce n’est provisoire pour quelques kilomètres, il y en a un devant puis il est remplacé et ainsi de suite jusqu’au bout.

          Sylvain Tesson ramène de son expérience chez les russes la leçon suivante : il faut arrêter de parler, écrire et ensuite se bouger. http://www.lejdd.fr/Culture/Livres/Actualite/Sylvain-Tesson-raconte-son-odyssee-dans-les-forets-de-siberie-391375/ vous êtes sur la bonne voie.

          Il faut transformer l’aide internationale, non pas en pistes pour vider le pays de son sang, mais en démocratie internautique comme vivier d’idées locales pour enrichir le pays de sa propre richesse

          Bon courage à vous. L.S.

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