• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile

Accueil du site > Actualités > International > Pragmatique, Mme Merkel adopte, à contre cœur, un salaire minimum en (...)

Pragmatique, Mme Merkel adopte, à contre cœur, un salaire minimum en Allemagne

Angela Merkel s’apprête à conclure un accord avec le SPD afin de former son troisième gouvernement. Ayant raté de peu la majorité au Bundestag, elle se trouve face à une majorité de fait de gauche en face d’elle, qu’elle ne peut désamorcer qu’avec un contrat d’alliance en bonne et due forme avec le SPD. L’exploration de la piste des Verts n’ayant, comme prévu, rien donné.

Mais un tel accord passe par des négociations et donc des concessions…. Etrange pays que l’Allemagne, celle qui est apparue comme vainqueur des élections se voit contrainte d’engager la pire réforme qui soit pour elle et son camp : un salaire minimum généralisé… Coup de tonnerre, Angela Merkel a déclaré hier : "Nous allons décider des choses que, au vu de mon programme, je ne considère pas comme justes, parmi elles un salaire minimum généralisé".

Oui, alors qu’elle réaffirme clairement qu’une telle mesure n’est pas juste, elle s’apprête à la mettre en œuvre… C’est un peu schizophrénique, et pourtant c’est ce qui va se passer. Les deux grands partis de gouvernement d’Allemagne vont gouverner ensemble à partir d’un programme commun, où l’emblématique salaire minimum généralisé va figurer. Les Sociaux-démocrates allemands n’ont pas lâché et ils ont eu bien raison.

Ce spectaculaire recul de la Chancelière a fait l’effet d’une bombe, dans son propre camp, mais surtout chez les patrons allemands. L’absence jusqu’alors de salaire minimum était largement mis en avant comme un atout pour l’Allemagne dans sa domination économique. On oubliait un peu vite que ses « bons résultats » économiques se faisaient au prix de la misère pour un grand nombre de salariés allemands ; car les accords par branche se faisaient au plus bas… on parle d’un minimum horaire de 8,5 euros, alors que dans les faits aujourd’hui la pratique tourne parfois jusqu’à 5 ou 6 euros. Le bond est spectaculaire pour les ouvriers allemands.

Le chef du gouvernement de Saxe-Anhalt (ex Allemagne de l’Est) déclarait il y a encore peu que « Le salaire minimum fixe a ruiné l'Allemagne de l'Est, Nous ne devons pas refaire la même erreur ». Cette situation oblige Mme Merkel a faire toute sorte d’acrobaties verbales afin de pas mettre en péril cet accord indispensable pour elle, si elle veut encore gouverner l’Allemagne.

Réalisme oblige, elle doit bien aller de l’avant et affronter son patronat vent debout contre une telle mesure et annonçant déjà la fin du ‘plein emploi » et des centaines de milliers de licenciements à venir. La lutte des classes n’est donc pas toujours si loin, chaque fois que l’on essaye d’améliorer un tant soit peu les conditions de vie des travailleurs.

Cette mesure présente pour la France un avantage de taille, François Hollande ne s’en privera pas… pour une fois c’est bien l’Allemagne qui vient sur les positions françaises dans un effort d’harmonisation des politiques économiques. Et cette fois ce sont, bien entendu, les patrons français qui se féliciteront, à voix basses, d’une telle mesure qui va les aider dans leur lutte pour la compétitivité face aux allemands.

On voit bien que c’est par une approche politique, que les problèmes d’harmonisation auxquels se heurte l’Europe, pourront trouver une solution. Les élections européennes à venir sont à prendre en considération pour « pousser » encore plus dans le sens d’une Europe sociale. La CFDT ne s’y est pas trompé en publiant ce communiqué »  : "L'annonce d'Angela Merkel est une bonne nouvelle pour le renforcement du socle social européen, qui devrait aller de pair avec l'approfondissement du marché unique de l'Union".

 


Moyenne des avis sur cet article :  2.89/5   (19 votes)




Réagissez à l'article

26 réactions à cet article    


  • claude-michel claude-michel 22 novembre 2013 13:54

    Attendons de voir ce Smic-Merkel...pour pouvoir juger.. !


    • Fergus Fergus 22 novembre 2013 14:06

      Bonjour, Claude-Michel.

      Tout vu : 8,5 euros contre 9,47 en France. Un sacré rapprochement qui fera disparaitre les salaires actuels à 5, 6 ou 7 euros de l’heure pratiqués dans de nombreuses entreprises allemandes.


    • Pelletier Jean Pelletier Jean 22 novembre 2013 19:30

      oui bien sûr qu’il faut encore attendre, mais le pragmatisme de MMe Merkel devrait faire avancer les choses




    • realTMX 22 novembre 2013 13:58

      Je ne sais si l’on doit se réjouir d’une telle mesure.

      D’un côté, c’est une très bonne chose pour les salariés allemands. Mais compte tenu que la mesure a été prise à cause d’une contrainte de situation, dès que Angela ou son successeur aura à nouveau la majorité, cette mesure sera la première à disparaître.

      Donc, je ne pense pas que l’on puisse réellement se réjouir.


      • Pelletier Jean Pelletier Jean 22 novembre 2013 19:32

        on est pas encore là.... pour l’instant voyons déjà si un troisième gouvernement se met en place avec cette mesure ....




      • Fergus Fergus 22 novembre 2013 14:04

        Bonjour, Jean.

        Je riais de bon cœur au soir des élections allemandes en entendant les journalistes, tous unanimes, parler ici d’une « victoire éclatante », là d’un « triomphe » de Merkel. C’était, à ce niveau de responsabilité médiatique, méconnaître de manière ahurissante le fonctionnement des institutions allemandes et les mentalités qui prévalent dans la vie politique de ce pays. Dès lors que Merkel n’avait pas la majorité, elle était contrainte à une coalition, sauf à retourner devant les électeurs pour un résultat des plus aléatoires et en donnant de surcroît une image brouillée de son pays. Une coalition qui, compte tenu des résultats et du contexte politique, passait par le SPD. Un SPD dont il était évident qu’il monnaierait très cher sa participation, notamment en imposant l’instauration de ce salaire minimum qui avait été au cœur de ses engagements.

        Et ce qui devait arriver s’est bel et bien produit : bien que gagnante auréolée de sa « victoire éclatante », Merkel a dû céder sur ce point capital contre son gré. Belle illustration du pragmatisme allemand.

        Cette nouvelle est, comme tu l’as souligné, excellente pour notre économie, l’Allemagne étant placée dans l’obligation de réévaluer de manière parfois importante (jusqu’à 3 euros de plus par heure de travail) des centaines de milliers de salaires, notamment dans des secteurs où nos activités industrielles ou agroalimentaires étaient en grand danger en raison du différentiel important du coût du travail entre les deux pays. Nous verrons ce qui en sortira, mais si le patronat allemand fait la gueule, le patronat français a, quant à lui, de bonnes raisons de se réjouir, et avec lui les ouvriers qui verront leurs emplois préservés.

        Cet épisode de la vie politique allemande ouvre d’ailleurs des perspectives au niveau de l’Union européenne. Merkel ayant démontré qu’elle pouvait, dans l’adversité, faire preuve de pragmatisme, cela ouvre potentiellement des perspectives à une coalition des pays du sud de l’Europe, unis, sous peine d’éclatement de l’UE, pour tenter d’imposer à la chancelière une renégociation des traités en vue notamment de les assouplir et de modifier le fonctionnement de la BCE. Qui sait si Merkel ne montrerait pas alors le même pragmatisme ? Car une chose est sûre : un effondrement de l’Union serait une catastrophe économique pour tous, y compris son propre pays.

        Cordialement.


        • Luc le Raz Luc le Raz 22 novembre 2013 15:51

          Bonjour Fergus,
          Le gvt est il responsable des licenciements, de la désindustrialisation, de la fuite des capitaux, etc... ? Non, car il est seul à agir. A-t-il comme les USA, le poids suffisant pour faire plier les genoux d’une grande banque comme UBS, par exemple, en la menaçant de ne plus lui permettre d’avoir de filiales sur le sol américain ? Non.

          Alors quoi faire ? Changer de présidence et de majorité, ne servirait à rien tant que l’on n’aura pas débusqué les vrais responsables de cette « chienlit » . Un bon flic penserait « A qui profite le crime, quel est le mobile ? ». Les réponses nous les avons. Il suffit d’écouter les futurs chômeurs manifestant devant les grilles fermées de leurs entreprises. « Malgré d’énormes bénéfices ils licencient.
          Donc :
          - « A qui profite le crime ? » « Ils » c-à-d le conseil d’administration composé des principaux actionnaires.
          - « quel est le mobile ? » toujours plus !

          Donc, la solution et c’est là où je vous rejoins, ne peut venir que de pays de l’Union Européenne qui en s’unissant, auront , ainsi, le poids nécessaire pour imposer des règles, la taxe Tobin par exemple, aux cartels de la finance internationale et ce n’est certainement pas en faisant l’escargot rentrant dans sa coquille hexagonale, que cela va résoudre le pb.


        • Le421... Refuznik !! Le421 22 novembre 2013 18:32

          @ Luc le raz

          Très pertinent. Et pour tout, il faut se poser la question. A qui profite le crime ??
          Les radars par exemple. Croyez-vous vraiment que nos gentils dirigeants se soucient beaucoup de notre vie ??
          Ou de notre compte en banque...
          Devinez.


        • Pelletier Jean Pelletier Jean 22 novembre 2013 19:34

          Luc le Raz,


          D’où l’importance des élections européennes à venir.... certes seule une majorité sociale en Europe pourra faire avancer les chose.


        • ARMINIUS ARMINIUS 23 novembre 2013 08:23

          @Fergus
          Bonne analyse, on peut ajouter que cette coalition est la mois mauvaise possible : les Allemands aiment a être gouverné par un « centre gauche ». La politique, jugé par beaucoup trop intransigeante, de la chancelière va trouver un équilibre. N’oublions pas que le SPD plus vieux parti d’Allemagne,a fourni au pays d’excellents chanceliers dont Helmut Smith qui , de sa retraite, ne se prive pas pour critiquer la politique économique d’Angela....


        • Fergus Fergus 23 novembre 2013 09:23

          Bonjour, Le421.

          Il faudra bien un jour en finir avec cette légende concernant les radars : leur acquisition et leur maintenance coûtent autant qu’ils rapportent en PV. L’Etat n’en tire donc aucun bénéfice si ce n’est sur le plan de la pédagogie : les conducteurs roulent désormais 10 km/h moins vite qu’il y a 15 ans. Ils apprennent donc à être plus prudents sur les routes. A terme, cela va d’ailleurs se traduire par une baisse du nombre des PV et par conséquent des recettes moindres pour l’Etat. Désolé, mais la priorité dans ce dossier est bien la sécurité routière.

          @ Jean Pelletier.

          Toutes mes excuses pour cette digression.


        • c’est pas grave 23 novembre 2013 12:51

          "  : leur acquisition et leur maintenance coûtent autant qu’ils rapportent en PV. L’Etat n’en tire donc aucun bénéfice si ce n’est sur le plan de la pédagogie " Fergus

          Fergus , il est inutile de vouloir tromper l’auditoire d’aussi mensongère façon
          en 2013 , les radars ont rapporté 800 millions et en ont coûté 220
          rapport net : 580 millions

          en 2014 , par le truchement de nouveaux venus , ils rapporteront 870 millions  !
          qui dit mieux ? 


        • foufouille foufouille 22 novembre 2013 15:46

          les polonais et roumains des abattoirs allemands vont être content. un certain temps, au moins


          • Luc le Raz Luc le Raz 22 novembre 2013 16:09

            Cela aura l’avantage d’améliorer le marché intérieur. Car pour qu’il y ait consommation, il faut des consommateurs et du pouvoir d’achat. Et puis ça évitera à Mme Merkel de se faire taper sur les doigts par l’U.E. pour le déficit de son marché intérieur.
            Que les patrons ne soient pas contents, est évident. Augmentation de la masse salariale = diminution des dividendes. Ouh là les pauvres ! Surtout quand on fait le ratio part salariale / prix de vente ! Mais qu’ils se consolent, les salariés ne sont ils pas les « variables d’ajustement » ? smiley


          • foufouille foufouille 22 novembre 2013 17:43

            mon petit doigt me dit : délocalisation rapide en roumanie


          • Kern Kern 22 novembre 2013 16:20

            Je ne vois pas en quoi Hollande puisse tirer profit d’un SMIC allemand ?

            Les allemand continueront de produire de la qualité dont ils augmenteront le prix pour compenser

            Les français leurs daubes habituelles dont plus personne ne veut

            L’auteur aurait pu nous parler de la grande réforme fiscale de Zéro qui demandait 1 quinquennat à être mise en place : qui mit 5 mn à être jetée à la poubelle par son président

            Ben non : l’auteur a prit pour cible Merkel parce que Merkel ; il l’aime pas

            Merkel qui s’en fout comme de son premier tutu


            • Le421... Refuznik !! Le421 22 novembre 2013 18:28

              Les français produisent de la daube ??
              Ah ??
              Vous êtes sûr d’avoir acheté français ??
              Des bonnets rouges peut-être...
              Made in France... mdr


            • Sergueï Dabur Sergueï Dabur 22 novembre 2013 16:32

              Une europe sociale...

              Le mythe d’une autre europe est en train de se réaliser...laissez-moi rire...


              • epicure 22 novembre 2013 18:08

                Enfin un parti social démocrate qui arrive à imposer une mesure de gauche, plutôt que de dériver à droite par appétit du pouvoir.
                Apparemment l’aile gauche du parti est enfin arrivée à imposer sa marque.
                Ça change de ce qu"on a vu ces 30 dernières années (pile poil pour la France) en europe, et en Allemagne notamment.
                Bon après faut voir comment vont se négocier les choses, si els sociaux démocrates ne vont aps être obligés d’accepter certaines mesures conservatrices en compensation.

                Au niveau économique de nombreux travailleurs allemands vont voir leur niveau de vie s’améliorer, et ça limitera les effets du dumping social pour la France. Donc globalment c’est une bonne chose.


                • Le421... Refuznik !! Le421 22 novembre 2013 18:25

                  Ben oui !! 300€ par mois pour 200H travaillées.
                  Personne ne pourra dire qu’il n’y a pas de salaire minimum en Allemagne...
                  Vaste fumisterie.


                  • Tzecoatl Claude Simon 22 novembre 2013 20:26

                    Avec un taux de chômage à 5.9% et une population en baisse (http://fr.wikipedia.org/wiki/D%C3%A9mographie_de_l%27Allemagne), il y a peu de risque d’effets déstabilisants pour la 4ème économie mondiale.


                    • eau-du-robinet eau-du-robinet 22 novembre 2013 21:20

                      Qui à prononcé la phrase suivante en 2012 ?

                      ’’ mon adversaire, c’est le monde de la finance ’’

                      Idem pour Merkel .... Elle veut faire croire aux électeurs travailleurs qu’elle est d’accord avec un salaire minimum ... franchement je ne croire pas du tout autant que je ne pas cru aux promesses de F. Hollande, contrairement à beaucoup d’autres électeurs ...

                      HARTZ IV à été mis en place pour déjouer les accords avec les syndicats ainsi de faire baisser les salaires en Allemagne ... puis le traité de Lisbonne est fait pour mettre les travailleurs européens en concurrence féroce.

                      Non on ne verra pas en Allemagne un salaire minimum équivalent au système français !

                      Si salaire minimum il y à il serra max au tour de 5 Euro l’heure car en allemagne on trouve des gens travaillent pour 4€ / heure ....

                      Vous connaissez le coup du plombier polonais et voiçi le coup du boucher polonais donc les allemands ont recours ... mais pas seulement les allemands ... lisez ce qui suit ... cela ce passe à Bordeaux :

                      En plein développement, La Charcuterie bordelaise a besoin d’embaucher 20 nouveaux salariés en 2013. Mais, malgré la crise et la montée du chômage, les offres de la PME ne trouvent pas preneur en France : elle va donc devoir recruter en Pologne.

                      Une agence d’intérim en Pologne a récemment contacté Arnaud Chedhomme pour lui proposer du personnel qualifié, qui plus est, à un salaire mensuel inférieur de 400 euros charges comprises par rapport à un salarié Français, « en toute légalité ». 
                       source


                      • paul 22 novembre 2013 21:51

                        Merkel a concédé ce salaire minimum sous la pression du SPD, mais aucun calendrier n’est fixé ni aucun chiffre précis n’est avancé : les 8 millions de travailleurs pauvres attendront .
                        Les optimistes sur cet effet d’annonce devraient écouter ce qu’en dit Jacques Sapir dans la vidéo du 22/11 présente en marge de cette page .


                        • bert bert 22 novembre 2013 23:00

                          avec ce salaire là mon ANGELâ n’est plus rentable
                          je vais être obligé de la remplacer par une AEG


                          • heliogabale heliogabale 23 novembre 2013 14:07

                            c’est peut-être une façon de montrer sa bonne volonté vis à vis de la commission européenne qui a lancé une procédure contre l’Allemagne pour excédent commerciaux excessifs.

                            ça pourrait mener à terme à une baisse de l’euro (pour compenser la perte de « compétitivité » de l’Allemagne)

                            Sera-ce suffisant pour maintenir l’euroland ?


                            • Xenozoid 23 novembre 2013 14:12

                              il n’y a pas beaucoup a traire des(europeens) vaches,a part accélérer la collision,je ne vois pas pourquoi ils se g"eneraient, les mecs se cartonnent dans les rames qui les ammêne a l’abattoir, ils en sont rédui a choisir l’abatoir,pathetique

Ajouter une réaction

Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page

Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.


FAIRE UN DON






Les thématiques de l'article


Palmarès