Quand la Suisse vote à droite, la gauche parle d’extrême droite
L’Union démocratique du centre a fait un tabac aux élections législatives suisses. La gauche et l’extrême gauche parlent de victoire de « l’extrême droite ». Ci-après, une petite analyse.
Le 22 octobre, l’Agence télégraphique suisse (équivalent de l’AFP en France) diffuse une dépêche intitulée « La presse internationale inquiète des résultats ». Voici le texte intégral de cette hallucinante dépêche : « Au lendemain du triomphe UDC aux fédérales, la plupart des quotidiens européens soulignent ’la victoire de la méchanceté’, voyant en Suisse un ’laboratoire du populisme’. Pour quelques-uns toutefois, le scrutin n’est pas révolutionnaire ou le pays ’est redevenu normal’. ’Où s’arrêtera le vent mauvais du populisme alpin de Christoph Blocher ?’, se demande Libération. Le quotidien français de gauche décrit le patron de l’UDC comme ’un roi de l’improvisation’, ’irrespectueux du sacro-saint consensus suisse’, un ’homme d’affaire milliardaire’ qui est parvenu à faire oublier à son frileux électorat que son évangile a beau être xénophobe, il est d’abord ultra-libéral. Pour le quotidien de centre-gauche italien La Repubblica, ’la droite xénophobe a triomphé en Suisse’. Le journal relève aussi que ’la proposition socialiste d’exclure Christoph Blocher du Conseil fédéral qui sera élu le 12 décembre n’a plus aucune chance’. A Madrid, El Pais ne fait pas dans la nuance ; titrant sur ’l’intolérance suisse’, le journal met en garde contre le danger que ’le racisme arrive au pouvoir’. Le Handelsblatt allemand se veut lui carrément rassurant : ’Il est totalement erroné de conclure à une prochaine explosion de la concordance ; car le système politique suisse, cas unique au monde, est imprégné d’une culture de méfiance des puissants qui permet d’infléchir leurs volontés. Mais le quotidien souligne aussi que l’absence de contenu dans le débat politique et la tendance à la personnalisation. Le Corriere della Sera évoque ’le signal d’un changement véritable et non pas homéopathique, comme d’habitude’. Pour le quotidien ’la Suisse est redevenu un pays normal’. Les ’barrières de rösti et de polenta’ se sont écroulées et, comme tous les autres pays du monde, la Suisse politique est désormais constituée de deux camps distincts » (fin de la dépêche ATS).
Toujours le 22 octobre, drzz, sur http://leblogdrzz.over-blog.com/, publie un petit édito intitulé « Révolution conservatrice au pays du chocolat », petit édito dont voici le contenu : « Le parti de droite diabolisé et boycotté par tous les médias du pays a cassé la baraque et a fait le meilleur résultat d’un parti helvétique depuis... 1919 ! Il est désormais majoritaire, avec vingt sièges de plus que les socialistes. Comme aux Etats-Unis, comme en France, le peuple revendique son indépendance d’esprit ».
Ci-après, les extraits de commentaires suscités par ce petit édito.
1- Vous êtes le premier média à parler de révolution conservatrice. J’en avais ras-le-bol des commentaires des journaux et médias étrangers qui se sont intéressés à la politique suisse seulement deux jours avant les élections reprenant les thèses gauchisantes des médias helvétiques de gauche. On est passé par l’ultranationalisme de l’UDC dans Le Monde, l’extrême droite de l’UDC dans les médias anglais en passant par pronazi sur la chaîne débile Al-Jazira.
2- L’UDC, qui n’est pas mon parti préféré, est à l’origine et encore en bonne partie aujourd’hui, un parti agrairien. On y trouve surtout des agriculteurs, des vignerons, des entrepreneurs. Ce parti se situe entre libéralisme et conservatisme sur des valeurs traditionnelles et patriotiques. Le taxer de xénophobe et raciste vient du fait que ce parti s’en prend à l’immigration illégale, aux abus des requérants d’asiles et à la criminalité étrangère. La majorité des gens de l’UDC ne voit aucun problème avec la plupart des étrangers, qui bossent et qui respectent nos lois. Mais allez faire comprendre cela à tous ces gauchos moralistes.
3- Le vrai problème : dès que l’on s’écarte un tant soi peu du politiquement correct, on devient ipso facto un facho.
4- La Suisse fait sa révolution. Tant mieux devrait-on dire.
5- L’immigration pose beaucoup de problèmes en Europe et en particulier en Suisse, mais ce n’est pas une raison pour mettre les personnes de couleur à l’index (ndlr : brebis galeuse sur une affiche de l’UDC). D’ailleurs, les Suisses sont bien contents que les chefs d’Etat africains, parmi lesquels d’éminents tiers-mondistes, placent des milliards de dollars dans leurs banques très protectrices.
6- La Suisse est le pays d’Europe où les sentiments xénophobes sont le plus exacerbés, mais c’est aussi celui où la part de la population immigrée est la plus forte.
7- L’une des leçons à tirer de cette dérive, c’est que si nous ne voulons pas la même chose en France, il faut que l’immigration soit bien davantage contrôlée. Que l’on favorise, comme l’a dit N. Sarkozy, l’immigration de travail au détriment du regroupement familial et de l’assistanat.
8- Je ne crois pas que les personnes de couleur soient mises à l’index (ndlr : affiche UDC). L’affiche en question parle de l’expulsion des criminels étrangers.
9- Simple déduction logique : si l’affiche avait un caractère raciste, elle aurait été condamnée par un tribunal. Or, je n’ai pas trouvé mention d’une quelconque procédure dans ce sens.
10- « La Suisse est le pays d’Europe où les sentiments xénophobes sont le plus exacerbés » ? Je ne pense pas, vu l’équilibre de ce pays. Souvenez-vous que les médias qui traitent les Suisses de fachos disaient la même chose au sujet de Sarkozy.
11- Oui, le parti du travail (extrême gauche) a déposé une plainte pénale pour violation de la norme antiraciste. Les gauchos se sont fait remballer par le juge qui estime que l’affiche visait uniquement les criminels.
12- La Suisse compte 21 % d’étrangers, la grande majorité se sent intégrée. Il n’y a pas de réelle xénophobie en Suisse. Mais elle existe souvent de façon irraisonnée et, comble de l’ironie, les étrangers européens, de première et de deuxième génération, ont également des sentiments xénophobes envers les extra européens. Mais la grande majorité des Suisses ne l’est pas. Les électeurs suisses, par votation, ont accepté la libre circulation des personnes de l’Union européenne et ses 25 pays membres. Si les Suisses étaient xénophobes, je ne pense pas qu’ils auraient accepté la libre circulation.
13- Une telle affiche est impensable en France, même dans une campagne du Front national. Et pour moi, elle dépasse beaucoup plus les bornes que les propos sibyllins de Bruno Gollnisch (Front national) ou que la prime attribuée par le couple Mégret aux nouveau-nés français.
14- Nous voyons le déchaînement hystérique et hypocrite que suscite l’amendement Mariani sur les tests ADN, dont la mise en application, chez nos voisins, y compris dans l’Espagne du socialiste Zapatero, a été un non-événement. J’ai vu sur un forum que l’on reportait un article du New York Times faisant le rapprochement entre le projet de loi Hortefeux et les méthodes nazies.
15- Comme les forumeurs de ce forum, en l’occurrence celui du MoDem, forumeurs qui sont à l’extrême gauche de Bayrou et qui clament comme des moutons : « Même les Américains sont d’accord avec nous ». Il y a en France une espèce de chape de plomb qui voudrait interdire de penser. A croire qu’une partie non négligeable de la population regrette de n’avoir pas vécu de l’autre côté du rideau de fer.
Maintenant, tirons quelques leçons.
1- L’Agence télégraphique suisse (ATS), organe public censé refléter les opinions du peuple suisse, diffuse une dépêche alarmiste, selon laquelle « la presse internationale » est « inquiète des résultats » de l’élection parlementaire suisse du week-end dernier. Pour étayer sa thèse, l’ATS cite cinq journaux de quatre pays. Sur les cinq journaux, trois sont de gauche. Sur 18 lignes de citations, cinq lignes sont tirées du quotidien français de gauche Libération. Autrement dit, l’ATS déclare que « la presse internationale » est « inquiète » parce que trois journaux de gauche sont inquiets. Les commentaires du quotidien français de gauche Libération, à eux seuls, constituent 28 % de cette thèse sur l’inquiétude de la presse internationale. La presse internationale, telle que définie par l’ATS, se réduit donc à cinq journaux de quatre pays (L’Union européenne à elle seule regroupe 25 pays). Il manque le Times, le Financial Times, le Guardian, The Independent, The Daily Telegraph, le Wall Street Journal, le Washigton Times, la Neue Zürcher Zeitung, la Frankfurter Allgemeine Zeitung, etc.
2- Les trois journaux de gauche cités par l’ATS, utilisent, à propos de l’UDC et de Blocher, les termes suivants : méchanceté, populisme, irrespectueux, xénophobe, ultra-libéral, intolérance, danger et racisme.
3- En réalité, l’UDC est un parti de droite, libéral, conservateur et patriotique. Il n’est pas d’extrême droite. Il n’est pas nationaliste. Il n’est pas raciste. Son discours n’a strictement rien à voir avec le discours d’un Jean-Marie Le Pen. Aux Etats-Unis, l’UDC serait considérée comme un mouvement néo-conservateur, républicain, de droite, mais en aucun cas d’extrême droite. Blocher, ce n’est pas Le Pen. Blocher, c’est Bush, Sarkozy, Benyamin Netanayu, Margaret Tatcher, Menahem Beguin ou Ronald Reagan.
4- On reproche à Blocher et à l’UDC l’argent investit dans la campagne électorale. La farce est monstrueuse. Le 99 % des médias écrits et audiovisuels suisses ont gratuitement fait campagne pour la gauche et contre l’UDC. Le vrai scandale financier, c’est la colossale publicité gratuite des médias suisses pour la gauche et contre l’UDC.
5- Les médias francophones de Suisse romande, y compris le service francophone de l’Agence télégraphique suisse, n’ont qu’une seule et unique référence idéologique : la presse parisienne de gauche et d’extrême gauche. Sur l’ONU, sur l’Union européenne, sur l’UDC, sur l’Irak, sur Israël, la source d’information des médias suisses romands, c’est Le Monde ou Libération.
6- Depuis quarante ans, les médias suisses romands vivent sous le regard observateur et accusateur de la presse de gauche parisienne. Depuis quarante ans, les faiseurs d’opinion (opinion leaders) de Suisse romande, les professeurs de sociologie, les rédacteurs en chefs romands, souffrent d’un complexe d’infériorité par rapport aux grandes universités parisiennes de gauche et aux grands médias parisiens de gauche. De Jean Ziegler à Jacques Pilet (from jizi to jipi), la honte d’être suisse et le désir de plaire à des idéologues parisiens ou onusiens de salon nourrissent la pseudo-pensée romande et la sous-culture journalistique de Romandie.
7- En votant massivement pour l’UDC et contre le Parti socialiste, les Suissesses et les Suisses - alémaniques, romands, tessinois et romanches - ont rejeté la pensée unique ; rejeté le politiquement correct ; rejeté la dictature des prolétariomédias embourgeoisés ; rejeté la presse mi-boulevard mi-gauchiste ; rejeté la criminalité ; rejeté la charia et les minarets ; rejeté le terrorisme intellectuel ; et rejeté le terrorisme tout court.
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