Ron Paul : La chute en douceur de l’empire
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Ron Paul, un médecin adepte d’économie
Ron Paul est né en Pennsylvanie en 1935, dans une famille modeste, son père était propriétaire d’une petite exploitation agricole. Il y travailla étant enfant. Plus tard, il choisit de faire des études de médecine, qu’il achève en 1961. Il devient alors gynécologue obstétricien pour quelques temps, puis en 1971, il décide de s’engager en politique. Eternel lecteur et admirateur des économistes de l’école autrichienne comme Friedrich Hayek ou Ludwig von Mises, il fait ce choix après la décision du Président Nixon de mettre fin à la convertibilité du dollar en or, qui est pour lui l’amorce de la réalisation des écrits de ces auteurs. A savoir qu’un excès des dépenses étatiques dans la guerre et l’Etat-social conduirait à une crise monétaire, et cela favorisé par une plus grande fluctuation des monnaies. Elu deux fois à la Chambre des représentants en 1976 et 1979, il y siège en continu depuis 1997 comme représentants du Texas, état où il vit.
Le libertarianisme, minimalisme étatique et retour aux sources
Candidat à l’élection présidentielle en 1988 en tant que candidat du Parti Libertarien, il recueille seulement 0,5% des voies. Il déclarera, pragmatique, que sa candidature avait davantage comme objectif à ses yeux de promouvoir ses idées, que d’accéder à la fonction présidentielle. Promouvoir donc le libertarianisme, dont il est aujourd’hui le chantre. Une philosophie politique qui défend la liberté individuelle, droit fondamental régissant les rapports sociaux, les échanges économiques et le système politique. Qui choisit l’isolement à l’international, et prend à son compte le principe de non-intervention. Qui refuse toute régulation de l’économie de marché par l’Etat. Un Etat qui doit se limiter aux devoirs spécifiés dans la Constitution.
Au regard de la conjoncture actuelle, quelle soit économique, politique, géostratégique ou sociale, les positions de Ron Paul apporte certaines réponses, et surtout la possibilité d’une alternative dépassant l’offre politique traditionnelle, ce dont souffre tous les pays occidentaux. Ainsi on le qualifie d’ « idole des jeunes », cet homme de 76 ans, petit et frêle, surnommé par ses collègues « Dr. No » pour son habitude à voter non aux lois qui violent la constitution américaine, tel un descendant direct des Pères fondateurs.
Une position légitimée par un discours alternatif
Ron Paul veut abolir nombres de choses. La Réserve Fédérale américaine qui conduit les Etats-Unis droit dans le mur de l’hyperinflation à force de faire usage de la planche à billet. La CIA, officine secrète qui déclenche des révolutions et renverse des régimes. Il veut aussi mettre fin aux interventions militaires américaines à travers le globe. Une stratégie isolationniste qui admet que la situation économique, et notamment l’endettement du pays, ne permet plus à l’empire américain de maintenir sa domination sur le reste du monde, dont il est devenu trop dépendant au point dans adopter une attitude belliqueuse qui ne fait que renforcer le sentiment que cette domination est illégitime, et de moins en moins justifiée.
Plus généralement, Ron Paul considère que toutes les questions sociétales, tel que le mariage gay, l’avortement, la peine de mort ou l’euthanasie, doivent être traiter au niveau des Etats fédérés, et pas de l’Etat fédéral, les relayant ainsi à un niveau d’importance secondaire dans une époque où ces évolutions sont présentés comme des révolutions, alors qu’elle ne sont que des illusions de progrès. Il veut aussi supprimer le département de l’Education car une gestion décentralisée serait plus efficace qu’une gestion nationale. Favorable à la vente libre de tous les stupéfiants, il a conscience de l’échec des mesures de prohibition, aussi couteuses qu’elle sont peu fructueuses. Il a aussi voter contre le Patriot Act après les attentats du 11 septembre, ainsi que contre toutes les législations relatives à la réglementation d’Internet. Il partage donc la méfiance grandissante envers l’Etat américain, et sa tentation totalitaire. Sa légitimité repose dans la réceptivité d’une part grandissante de la population à son discours.
Pas de victoire sans le soutien des lobbys
Ron Paul est donc largement soutenu par les moins de 30 ans. Les mauvaises langues diront que ce parce-qu’il veut légaliser le cannabis, mais la vérité est que malgré son âge, Ron Paul à l’esprit jeune. Il met l’économie au coeur de son discours devant une génération qui a bien assimilée le fait qu’il s’agit là du moteur qui fait tourner la terre. Il défend les technologies comme moyen d’émancipation et de libération, et non comme un outil totalitaire. Il rejette cet Amérique arrogante, dont les soldats urinent sur les cadavres des pays qu’ils envahissent, soumises au complexe militaro-industriel et au cartel bancaire, dont Mitt Romney est le cheval gagnant et le vainqueur certifié.
Un regard aux principaux contributeurs à la campagne de Romney, multi-millionnaire qui, comble de l’indécence, a proposé un pari de 10 000 dollars a Rick Perry durant un débat entre républicains (http://www.youtube.com/watch?v=4laRUcuYXmY), permet de mieux comprendre sa position. Fond d’investissement privés et grandes banques responsables de la crise économique (Goldman Sachs, JPMorgan, Morgan Stanley, Crédit Suisse, HIG Capital, Barclays, etc...) sont présents. Ron Paul lui, se finance essentiellement grâce à des petits donateurs, et ne reçoit aucun don de firmes transnationales. Il est également le seul candidat républicain à ne pas être un fervent sioniste, pas par soutient à la cause palestinienne, mais parce-que sa doctrine inclut de supprimer toutes les aides envers Israël. Mais sans le soutien de l’AIPAC (lobby israëlien au Etats-Unis) où vont se prosterner tous les hommes politiques américains tous les ans(documentaire sur l’AIPAC : http://www.youtube.com/watch?v=2_5KSBNVLu8),du lobby bancaire et militaire, impossible pour Ron Paul d’être élu président.
Malgré tous ces éléments en sa défaveur, Ron Paul arrive à exister par la pertinence de ses propos au regard des circonstances. Qualifié régulièrement d’antisémite et de complotiste, il est plus facile de s’attaquer à sa personne qu’à son discours, qui pourtant, n’est pas sans faille. Dans une société libertarienne, il n’existe aucune redistribution de richesses envers les pauvres, qui dépendent seulement des fonds privés de charité pour financer la santé et l’éducation. Mais aux Etats-Unis, la protection sociale n’existe que depuis 2010, elle laisse toujours 50 millions de personnes sans assurance, et il y a peu de chances que cette réforme survive au prochain président républicain de toute façon. Quant à l’éducation, elle est déjà quasiment privé, le prix annuel des grandes universités est prohibitif pour les populations les plus modestes.
Le régime parfait n’existe pas, il doit juste être adapter à la conjoncture et aux lieux. Les Etats-Unis ne seront pas éternellement le centre du monde, leurs domination est amenée à disparaitre. La question est de savoir quels seront les dégâts provoqués par cette chute pour les Etats-Unis eux-même, mais aussi pour le reste du monde.
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