Sait-on pourquoi les occidentaux menacent d’intervenir en Syrie ?
En Syrie, contrairement à ce que prétendent d'aucuns, ce n'est pas une guerre civile, mais une guerre contre les civils, menée dans l'impunité la plus totale par le régime des Assad, qu'il n'est même pas utile de présenter. Ses crimes innombrables parlent pour lui. Depuis les décennies que ça dure.
Encouragé par les autres révolutions arabes, émerveillé par cette formidable lame de fond qui avait emporté des despotes parmi les plus sanguinaires de l'histoire de l'humanité, le peuple syrien était descendu dans la rue, pacifiquement, aux cris de "salmiya, salmiya !"
Il ne voulait que la liberté, la démocratie, la justice, plus de droit, moins de répression. Il voulait juste le bonheur, la dignité.
Le régime a répondu de façon atroce, par le feu par le sang, par la manipulation de l'information, dès le premier jour de l'insurrection pacifique.
Huit mois durant, le peuple syrien continua de protester, de façon pacifique, les mains au ciel, malgré une épouvantable répression, qui fit des milliers de morts, des dizaines de milliers d'arrestations, en plus de la torture, des viols, et de toutes les exactions possibles, imaginables, et inimaginables, menées par le régime et ses affidés contre la résistance du peuple syrien. Jusqu'au moment où il devint absolument nécessaire pour les manifestants de se défendre et de défendre leurs familles. Ils s'armèrent comme ils purent, et s'engagèrent dans une lutte très inégale, mais ô combien admirable. Une résistance qui marquera l'histoire de l'humanité. Parce qu'elle est immense d'abnégation, de sacrifice et de courage.
Le régime criminel déclencha alors contre toute la population, sans aucun discernement si ce n'est celui clanique et religieux, une véritable guerre. Bombardements par l'aviation, pilonnage des quartiers par l'artillerie lourde, et par les chars, carnages contre des familles entières, et autres exactions massives confiées à des sadiques recrutés parmi la jeunesse alaouite, que les syriens surnomment les "chabbiha".
Ce fut indescriptible d'horreur. La Syrie fut ravagée, de fond en comble, sauf les quartiers de la minorité alaouite, et certains quartiers huppés damascènes. Plus de 100 000 morts, des centaines de milliers de blessés, d'estropiés de torturés, de viols. Des millions de civils ont fui leur pays, pour se réfugier dans des camps improvisés à la hâte, dans tous les pays limitrophes, dans des conditions infrahumaines.
Pourtant, malgré ces carnages et cette immense dévastation, dont le régime criminel ne se cache même pas, les sempiternelles démocraties occidentales, si promptes à dégainer quand il est question de leurs propres interets, se sont contentées de brasser de l'air, et de noyer le poisson dans la salive de leurs ministres des affaires étrangères, et autres porte-jactance.
Ils ont même poussé le bouchon jusqu'à envoyer un message non codé aux Assad. Un message on ne peut plus clair. Sans aucune ambigüité, si ce n'est pour les habituels gogos.
Il a donc été signifié au régime syrien que la seule ligne rouge qu'il ne devait pas dépasser était l'usage des armes chimiques. Sinon, il avait toute latitude pour continuer de massacrer ses populations. Toute latitude... Parce qu'il n'était plus question de permettre à d'éventuels islamistes de prendre le pouvoir en Syrie. Les expériences précédentes dans les autres pays s'étaient révélées contreproductives, et il avait été décidé de ne plus laisser passer les islamistes, voire même de débarquer ceux qui avaient été élus, comme en Egypte et en Tunisie. On efface tout et on recommence. H'mida doit redonner les dominos. Surtout en Egypte où les enjeux étaient trop importants, puisque ce pays est un partenaire top stratégique pour Israël. Les maîtres du jeu voulaient essayer la formule islamiste, pour voir si elle était capable de renouveler la servilité, sous une autre forme. Un peu comme lorsqu'il a été question de laisser passer un Obama, pour faire croire à un changement de fond. Mais les islamistes se sont révélés tout à fait incontrôlables. Contrairement à Obama. Alors, les patrons ont sifflé la fin de la partie, et annulé l'expérience.
Et donc, la bride avait été laissée sur le cou de Assad, pour qu'il éradique les islamistes qui le combattaient, quitte à exterminer des centaines de milliers de civils par la même occasion. Des effets collatéraux sans grande importance pour tout ce beau monde. La seule ligne rouge étant donc l'usage des armes chimiques.
Mais pourquoi diable cette curieuse disposition, cette étrange exception ? Quelle est donc la différence pour les masses de quidams qui sont tués en gros et en détail, entre une bombe qui réduit les gens et leur habitat en poussière, et des gaz chimiques ? Est-ce que mourir sous des bombardements est différent de mourir asphyxié ? Le feu et le fer sont-ils plus doux, plus souhaitables que le gaz Sarin ? Pourquoi laisser le boucher tuer les gens par tas entiers sous les bombes, et monter sur ses grands chevaux pour quelques dizaines tués au gaz ?
La réponse est pourtant toute simple. Pour les centaines de millions de pauvres naïfs qui ne s'en sont même pas doutés, parce que leurs médias ne leur diront jamais, cette ligne rouge des armes chimiques, qui a été fixée à Assad n'est motivée que pour la simple raison que c'est Israël qu'il faut protéger. Voici où se joue l'essentiel de la partie.
C'est parce que ces armes peuvent atteindre les populations israéliennes qu'elles ont été interdites à l'égorgeur de masse. Cette ligne rouge ne procède pas d'autres craintes. Les occidentaux ont fixé un curseur de sécurité juste pour préserver leurs amis dont la vie a de l'importance, du moindre courant d'air qui pourrait les importunuer. .
Ils ont voulu s'assurer qu'en cas de défaite face aux révolutionnaires syriens, le régime des Assad ne doit pas s'imaginer qu'il pourrait utiliser les armes chimiques pour rétablir la situation à son avantage, ou du moins faire craindre qu'il pourrait se retourner contre Israël, pour brouiller les cartes.
Ces curieuses démocraties, qui nous pompent l'air avec leurs professions de foi ripipi-blicaines, et leurs droits de l'omelette à deux balles sont en train de dire à Bachar el Assad qu'il est nul de chez nul. Ils lui ont laissé tout le temps, et l'ont laissé hacher menu le malheureux peuple syrien, jusqu'à plus soif. Ils se sont même arrangé pour qu'il soit massivement aidé par la Chine, la Russie, l'Iran et le Hezbollah, face à un peuple qui n'a que de faux amis, pour le compromettre encore plus qu'il ne l'est, aux yeux d'une pseudo élite arabe progressiste. Mais malgré tous ces moyens, ce minable de Assad n'a pas réussi à mâter la résistance d'un peuple lâché par tous, y compris par lcette soi-disant gauche arabe, qui a rallié massivement le boucher.
C'est ça le vrai topo ! Ces bruits de bottes, et ces chuintement de babouches qu'on entend, et qui pourraient annoncer une intervention contre le boucher de Damas, ne sont qu'un signe d'agacement de quelqu'un à qui les maitres du jeu ont offert toute la latitude pour exterminer son peuple, et qui n'a pas été capable de briser la résistance d'un peuple seul, d'un peuple désarmé, d'un peuple abandonné par tous, jusque par ses propres frères. Et en plus d'être très compromettant, pour ceux qui l'ont laissé assassiner tout un peuple, presque méthodiquement, le criminel par procuration ose violer le seul interdit qui lui a été fixé. Troubler la sieste du grand allié sioniste. Alors là non ! Pas question ! Il faut le moucher le boucher ! Mais pas trop cependant. Il ne doit pas être question de trop l'affaiblir, parce qu'il doit rester suffisamment fort pour continuer à tuer les bicots, les bougnoules et les muzz ! Rien de mieux qu'une racaille méchante pour éliminer la menace racaille. Il faut les laisser se bouffer entre-eux, et faire en sorte que le plus salaud, donc l'allié objectif, puisse rester le plus fort. CQFD !
Voilà donc pourquoi les démokhrassis occidentales menacent de donner une raclée à leur boucher consulaire. Mais l'intervention sera pesée au trébuchet de l'ignominie internationale. Le régime syrien ne sera pas affaibli plus que de raison. Juste du baroud de fantasia, et quelques grappes de quidams sans importance qui seront envoyés ad patres. Des gens qui ne comptent pas, de toute façon, dans ce pays où la mort se conjugue en milliers. Après le feu d'artifice, ce sera même l'occasion de permettre aux potes chinois, russes, iraniens et hezbollahis d'aller consoler leur protégé, et de lui perfuser d'autres moyens, pour finir le boulot. Et ça, Assad le sait. C'est pour ça que ses nuits sont paisibles, et que ses mioches continuent de faire des rêves sympas. Leur papa est un double-six, dans une partie sans importance pour ses joueurs. Parce qu'ils savent que les crépuscules des peuples allongent l'ombre des nains.
DB
13 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON