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Accueil du site > Actualités > International > Sommet de la francophonie : ce voyage ne vaut plus la peine

Sommet de la francophonie : ce voyage ne vaut plus la peine

A quelques jours du début du sommet de la francophonie, des échanges verbaux peu aimables ont fusé entre la France et le Congo. Mardi, lors d'une conférence de presse commune avec le Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, le président Hollande a déclaré que la situation au Congo était « tout à fait inacceptable sur le plan des droits, de la démocratie, et de la reconnaissance de l'opposition »  ; ce à quoi le porte-parole du gouvernement de Kinshasa a rétorqué : « …c'est au peuple congolais d'accepter ou ne pas accepter une situation au Congo » et d’ajouter : « nous ne voyons pas qui est plus attitré que le peuple congolais à accepter ou à ne pas accepter une situation » au Congo. Ambiance. On apprend par la suite qu’un sérieux dysfonctionnement s’est produit dans la préparation du voyage de François Hollande qui a longtemps hésité avant d’accepter de se rendre, finalement à ce sommet.

Selon Le Point, les équipes de l’Élysée et du Quai d’Orsay seraient particulièrement « agacées » par Yamina Benguigui, qui avait assuré au Président français que son homologue congolais, Joseph Kabila, mettrait en place des réformes démocratiques, notamment la création d’une « commission nationale indépendante des droits de l’homme » et d’une « commission indépendante en charge de la transparence des élections ».

Ces exigences ont été les préalables posés par le locataire de l’Elysée pour son déplacement à Kinshasa malgré l’hostilité de l’opposition et des ONG. Mais la Secrétaire d’Etat en charge de la francophonie dit avoir obtenu des assurances du Président congolais, ce qui, si elles avaient été traduites en actes, aurait donné un visage moins sombre à ce régime qui en a tellement besoin. Seulement voilà !

À quelques jours du sommet, les projets de loi sur la réforme de la Commission électorale et sur la création d'une commission indépendante des droits de l'homme n'ont toujours pas été votés. Quant à un autre dossier, le procès Chebeya, les prochains débats ont été reportés à la fin octobre. Floribert Chebeya, défenseur des droits de l’Homme, a été assassiné en juin 2010 par un commando de la police dirigé par un proche du Président congolais.

Face à la stagnation de la situation politique du pays, François Hollande s’est ainsi retrouvé dans une situation embarrassante ne pouvant annuler son déplacement à la dernière minute sans provoquer des remous au sein de la francophonie. Il se rendra donc à Kinshasa mais dans des conditions qui, si on s’y penche, vident complètement son voyage de toute sa substance.

Tout d’abord, il raccourcit son séjour. Il ne passera même pas la nuit sur place et assistera uniquement à la cérémonie d’ouverture du sommet. Par ailleurs, il promet de « tout dire et partout ». On s’attend naturellement à ce que les autorités congolaises, qui ne sont pas avares de mots rétorquent sur « tout » et « partout ».

La parole du Président français va donc être raillée à travers le pays par les dirigeants d’un régime qui se foutent de tout et ne tiennent aucune de leurs promesses. Pauvre Yamina ! Elle a vraiment cru à la parole des tyrans qui mitraillent leurs propres populations dans la rue et bafouent les droits les plus élémentaires.

Ainsi l’homme qui aura refusé de tomber dans « la cour de récréation » lors du débat avec son adversaire, Nicolas Sarkozy, va se retrouver dans des chamailleries avec des dirigeants sans manière et franchement pas dignes des fonctions qu’ils ne doivent qu’à des guerres meurtrières, à des répressions sanglantes et aux magouilles électorales à grande échelle. Pas une nuance de démocratie dans cette « jungle » où le Président de la Patrie des droits de l’Homme va se fourvoyer.

En tout cas, François Hollande joue perdant-perdant. Il se dirige d’ailleurs dans un véritable piège puisque les dirigeants congolais n’attendent que la poignée de main avec le dictateur pour célébrer leur triomphe sur l’opposition et les ONG. Rien de ce que Kinshasa promettra par la suite ne sera réalisé. L’opposition quant à elle, qui n’a pas réussi à persuader le Président français de boycotter le sommet, va commencer à raser les murs. Elle reprochera longtemps au Président français d’avoir cautionné un régime infâme alors qu’il aurait dû militer pour son isolement tout à fait mérité.

La question de savoir si ce voyage valait vraiment la peine va surement se poser. Longtemps. 

Boniface MUSAVULI


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14 réactions à cet article    


  • Rensk Rensk 10 octobre 2012 13:31

    Sachez qu’il a aussi réussi a fâcher très fortement les suisses qui pourtant lui avait fait « un cadeau » question imposition comme jamais pour un autre pays... Il n’a qu’à rester entre ses 4 murs car a l’extérieur il est DANGEREUX pour les pays démocratique, laïque, francophone !


    • Constant danslayreur 10 octobre 2012 16:32

      Qu’est-ce que j’ai encore fait à l’insu de mon plein gré ?
      Ah d’accord je vois...
      Pas moi M’ssieur l’Algérie n’est pas membre non plus...

      Baaahhh si ça se trouve même la France n’en est pas membre c’est dire...


    • Constant danslayreur 10 octobre 2012 16:36

      Ah oui au fait, où en est la candidature de la Corse ?

      Personne n’a vu Sampiero ?


    • Constant danslayreur 10 octobre 2012 17:54

      Qui vous demande de le faire ?
      Oui c’est une décision politique de l’Algérie souveraine et qui ne regarde qu’elle point.

      Pareil pour votre revendication d’adhésion en faveur d’Israël, c’est vous que ça regarde aussi.

      Je n’ai réagi que parce que comme d’hab, vous rejetez sur les pays arabo-musulmans tous les malheurs du pauvre Israël victime et tout et tout. 


    • MUSAVULI MUSAVULI 10 octobre 2012 22:54

      Je n’étais pas au courant de la mise à l’écart d’Israël. C’est absolument inadmissible !


    • le poulpe entartré 10 octobre 2012 23:48

      Un pays qui a légalisé la torture étatique est absent ? Rien de plus normal.


    • Ouallonsnous ? 11 octobre 2012 14:31

      Oublie tu Massada qu’israél n’est pas un état légitime digne de figurer parmi les états de l’humanité et que les soi disant francophone venant de France qui s’y trouvent ne sont que des « rénégats » ayant abdiqués la nationalité française et ce qu’elle implique pour les chimères sionistes du« peuple élu » ?


    • Ouallonsnous ? 11 octobre 2012 14:35

      Non Musavili, c’est pour une fois à l’égard de cette entité de voyous internationaux tout à fait justifié !


    • MUSAVULI MUSAVULI 11 octobre 2012 17:44

      Les « voyous », on en trouve dans tous les pays du monde. Il faut toujours veiller à ce que la dénonciation légitime du comportement de certains dirigeants ne se transforme en fixation sur un « État » en particulier.


    • curieux curieux 10 octobre 2012 17:28

       tout à fait inacceptable sur le plan des droits, de la démocratie,
      Quel faux-cul ce fromage. Grace à son prédécesseujr et grace à lui, nous ne sommes plius en démocratie.


      • taktak 10 octobre 2012 20:13

        S’agit il d’un sommet sur la francophonie ou sur le congo ?

        il serait intéressant que l’auteur se positionne également sur l’intéret d’un déplacement de F Hollande alors qu’il fait si peu pour la francophonie et que le français est de plus en plus menacé par le globish anglais, y compris en france.

        Par ailleurs, quelle est la légitimité de la france à arbitrer des conflits dans ses anciennes colonies ? et surtout de prendre en otage la francophonie à ce sujet. il ne s’agit pas la du comonwealth
        Quel est la légitimité d’un homme qui vient de brader la souveraineté de son pays en refusant l’expression du peuple à donner des leçons de droit de l’homme.

        Au delà, il me semble du devoir du chef de l’état français d’être présent pour défendre la francophonie. Ce qui n’empêche pas de garder la libre parole politique de la france, et d’ accepter la libre réponse des états souverains (et non des colonies) membres de la francophonie.


        • MUSAVULI MUSAVULI 10 octobre 2012 23:25

          C’est le choix du Congo comme pays hôte qui pose problème. L’ampleur des violations des droits de l’homme dans ce pays (massacres, assassinats, viol des femmes en masse, extrême pauvreté malgré les richesses minières du pays,...) est telle que la visite d’un haut responsable étranger ne peut pas faire l’impasse sur des questions aussi graves. Par ailleurs, le hold-up électoral qui a consacré la réélection de Joseph Kabila a enlevé au pouvoir une partie de sa légitimité, déjà que l’autre est « dévorée » par les violations massives des droits de l’homme, la corruption généralisée et l’incapacité des dirigeants à régler les plus élémentaires des problèmes de la population (transport... à Kinshasa, ville aussi grande et peuplée que Paris, les gens marchent pour se rendre au travail). Lorsqu’un Chef d’Etat étranger vient mettre les pieds dans un tel « foutoir », impossible de ne pas crier au scandale.

          Quant à sa légitimité à s’exprimer sur ce qui se passe sur-place, il me semble qu’il est tout à fait légitime à le faire. Les Etats-Unis s’expriment tous les jours sur la politique de n’importe quel pays du monde. La France parle de la Syrie. Elle parle même de la politique allemande d’Angela Merkel. Pourquoi ne pourrait-elle pas s’exprimer sur ce qui se passe au Congo ? Enfin, je dois préciser que je parle de Congo-Kinshasa, ancienne colonie belge et non de Congo-Brazza, ancienne colonie française.

        • taktak 11 octobre 2012 22:54

          Ce n’est pas parceque les USA braillent leur « devoir » d’ingérence à tout bout de champs, utilisant parfois des portes voix comme la France que cela justifierai de type de comportement de la France.

          J’avoue mal connaître la RDC. Mais je sais tout de même que la France s’est accommodée pendant suffisamment longtemps de Mobutu, a joué un rôle si désastreux au Rwanda (et donc par ricochet en RDC) que sa crédibilité à faire des leçons de droit de l’homme dans la région prête tout de même à sourire.
          L’histoire des intervention française en Afrique pour cause de droit de l’homme est suffisamment riche de cas où il ne s’agit que de prétexte à défendre exclusivement des intérets économiques (dernièrement en cote d’ivoire par exemple....) pour se méfier.

          Bref, je me répéte, il y a matière s’agissant de la francophonie à porter, y compris en RDC, un discours progressiste, par exemple contre l’hégémonie anglo-saxonne, contre les impérialismes y compris européens. On peut aussi y défendre cette langue française dans laquelle de belles idées ont été énoncées et qui doivent être mise à la disposition des peuples de RDC, ce qui peut être l’occasion de dire son fait sur le plan politique - d’égal à égal - à un pouvoir politique qui le mériterait.
          Et je ne vois pas en quoi le boycott aurait une quelconque autre qualité que de saborder encore un peu plus la francophonie en démontrant que la diplomatie français ne considère cette instance que comme un organe de la france a fric.


        • MUSAVULI MUSAVULI 12 octobre 2012 06:12

          Le boycott était indispensable pour mettre en isolement, puis pousser à la sortie le régime actuel de Kinshasa qui est un véritable désastre sur tous les plans. Le passé critiquable de la France en Afrique ne doit pas obliger Paris à se taire systématiquement, notamment lorsqu’un régime africain se livre à des exactions aussi graves que les massacres et les viols.

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