Syrie : Obama-Hollande irresponsables faiseurs de chaos
Choc pétrolier en vue ? Des propositions pour un axe Israël-Syrie-Liban-Iran.
Pourquoi, subitement, les gouvernements français et américain devraient-ils s'intéresser à un massacre syrien et en faire le prétexte à un bombardement massif à court terme ? Il y a, en permanence, dans le monde, de nombreuses "exactions", de nombreux "évènements" criminels de nature politique, de nature humanitaire, de nature militaire, qui sont perpétrés. Pourquoi, partout, les chaînes de télé, les grands sites de presse, nous inondent de la même information. Bachar le dictateur, Bachar le monstre, il a déjà massacré "100.000" personnes, et voilà qu'il décide - au plus haut point actuel de cette fameuse "tension internationale", d'employer le gaz sarin (à huit kilomètres de son lieu de résidence), concluant à la mort d'au moins 322 personnes, une majorité de civils, offrant ainsi sur un plateau en or le prétexte qui manquait à une intervention militaire occidentale.
L'administration Obama, en effet, manquait d'une voie d'accès légale (ou même médiatique, 60 à 81% des Américains étant opposés à une attaque) à l'ouverture des hostilités officielles. Le président américain avait même déjà tracé les règles du jeu, la ligne rouge à ne pas franchir : principalement l'emploi d'armement chimique. Comment imaginer un Bachar El-Assad - bien qu'au caractère malheureusement trop "buté", trop ancré dans l'hostilité de principe à Israël de son père et toujours maintenu dans les limites étroites du cercle très conservateurs des anciens politiques et militaires, puisse précipiter ainsi son pays, tous les fonctionnaires, tous les cols blancs, les millions de membres des minorités alaouite (dont il fait partie), druze, chrétienne et kurde, sa famille (son épouse Asma et ses trois jeunes enfants), dans l'engrenage du chaos, des viols, des tortures, des massacres, de la mort à venir ?
Sur l'emploi en lui-même de gaz sarin il y a une semaine, il n'y a à l'heure actuelle pas le moindre commencement d'une preuve que le crime ait été commis par le gouvernement de Damas. Ce que l'on sait, par contre, c'est que les inspecteurs des Nations Unies, en arrivant sur place, ont été la cible de tirs de sniper (1), et ces mêmes Nations Unies, par la voix de l'enquêteur U.N. et magistrate Carla Del Ponte, le 8 mai dernier, ont annoncé l'utilisation de gaz sarin par les "rebelles syriens" (2). On connaît aussi l'arrestation le 29 mai, par la Turquie (probablement par l'armée turque qui est relativement "opposée" à l'islamiste Erdogan), de terroristes détenant pas moins de 2kg de sarin à la frontière syrienne (3). Ce que l'on imagine très mal, c'est un Assad qui, très probablement et au moins depuis un an suit à la lettre tous les ordres de Moscou, décide de son propre chef - outrepassant les directives de Poutine, de gazer 1300 civils et placer tout son "peuple", et donc la Russie, en porte-à-faux.
Soit il est complètement "fou", soit Moscou lui a intimé ces ordres, et donc Moscou veut provoquer "à mort", c'est le cas de le dire. Moscou chercherait ainsi à tester les Etats-Unis, les Nations Unies, l'Otan, la France, Moscou veut voir si elle peut dissuader simplement par quelques déclarations, quelques mots bien placés, peut-être aussi est-elle parfaitement sûre des moyens de défense qu'elle pourrait avoir offert à la Syrie : par exemple, des systèmes de défense antiaérienne et antimissile mobile russes dernière génération type S-400 Triumph (С-400 Триумф). Soyons sérieux, la probabilité pour que Poutine soit le grand commanditaire du massacre au gaz sarin est proche de zéro.
Il faut savoir que les Américains ont besoin du soutien français parce qu'ils ne peuvent pas mobiliser plusieurs porte-avions (par exemple ils ne peuvent pas se permettre d'affaiblir la flotte du Pacifique), au final les porte-avions USS Harry S. Truman US et le Charles de Gaulle français devraient être les deux bases stratégiques principales (4). Il n'est pas possible de pilonner Damas au moyen de bâtiments conventionnels et de missiles à courte portée, l'aviation et la balistique à moyen voire grand rayon d'action est nécessaire (surtout si les états-majors veulent conserver leurs deux bâtiments à une distance de sécurité des missiles longue portée syriens), la capitale étant située derrière de légers contreforts montagneux, à une centaine de kilomètres de la mer.
Bachar El-Assad promet de "surprendre" en cas d'attaque ; en effet si les batteries anti-missiles et anti-aériennes russes - mêmes d'anciens modèles - sont au rendez-vous, la note risque d'être salée pour la coalition "alliée".
Cette coalition possède de nombreuses bases terrestres actuelles, pour des troupes au sol comme en Irak, ou des bases aériennes "Rafale" et "Mirage" françaises comme à Abu Dhabi ou Djibouti. La Turquie offre également un boulevard pour toute la logistique de soutien aux "rebelles", et l'acheminement des "rebelles" eux-mêmes. Bref, de tous côtés, les infiltrations sont possibles et bien entendu fonctionnelles depuis au moins six mois, mais le projet de "punition" proposé par François Hollande se limite - pour des raisons budgétaires et médiatiques, à des bombardements high-tech massifs présentés comme "chirurgicaux". Ce projet se heurte cependant à un autre mur, qui est la base navale russe positionnée en Syrie, à Tartous (5). La moindre petite erreur de survol d'un missile aura pour conséquences l'ire de Moscou, et des répercussions immédiates sur l'échelle de la terreur nucléaire. On peut dire que russes et américains vont avoir l'occasion de se "tester" sur le terrain.
Essayons d'imaginer le déroulement de cette guerre. Premièrement, Moscou laissera-t-elle son indéfectible et mutuel allié (pour qui elle a l'intérêt, entre autres, du gaz et de la géopolitique pétrolière, notamment pour faire bloc contre un projet d'oléoduc qatari) exposée à des bombardements mortels et destructeurs ? Deuxièmement, quelles pourraient être les ripostes de Moscou ? - On reste bien sûr dans le cadre "conventionnel"... mais trois à quatre (en incluant le Royaume-Uni) des belligérants en présence possèdent l'arme nucléaire. Troisièmement, toute riposte "conventionnelle" russe n'aura-t-elle pas comme effet le déclenchement... d'une troisième guerre mondiale ? Moscou est donc acculée à trouver des moyens de riposte sur d'autres plans. Elle pourrait décider un gel commun des livraisons énergétiques avec l'Iran et des pays de la CEI, à l'Union européenne et au reste du monde. Elle pourrait accélérer une attaque contre le dollar, avec l'aide de Pékin et Tokio.
Mais elle pourrait aussi, tout simplement, décider "qu'elle aussi a le droit de bombarder un autre pays", d'user d'inique ingérence, et pulvériser "en une seule nuit" toutes les installations militaires saoudiennes, ou même tout ce qu'il existe de bâtiments officiels, palaces de pseudo-monarques, réseaux de transport, d'électricité, et l'ensemble du système pétrolier de l'Arabie Saoudite et du Qatar. Le 25 juin dernier, déjà, Moscou avait communiqué exactement en ces termes (6), puis à la mi-août (7), la rencontre Russie-Emirats s'était conclue par un échec catastrophique - notamment un Poutine qui n'a pas supporté la tentative d'humiliation d'une Arabie Saoudite désireuse "d'acheter" la paix russe pour 12 milliards de dollars. Des bombardements de cibles saoudiennes et qataries seraient donc une réponse probable à la très provocatrice offensive Otanienne. Ils permettraient de multiplier par dix, par vingt... en quelques heures, le prix du pétrole, plaçant ses adversaires dans une situation de crise économique subite gravissime, et se plaçant elle dans une position proche de possibilités "monopolistiques" en matière d'exportation énergétique. L'avenir du monde en serait complètement changé (grand tournant de puissance en faveur de la Russie), la coalition ferait marche-arrière toute, essayera de rétablir le pompage et l'acheminement du pétrole saoudien, sera empêtrée dans une crise économique majeure (type 1971, 1980, bien plus grave) pour plusieurs années. Cela, bien sûr, si l'on évite l'annihilation atomique planétaire.
Pour revenir à la situation syrienne récente, on doit aussi relever une cause essentiel de la situation en cours ; (Bachar El-Assad contrôle une très petite superficie du territoire, dont cependant toute la zone méditerranéenne, essentiellement toute la zone "civilisée" pour ainsi dire, "développée", et la plupart des réseaux logistiques et économiqes ; Damas est complètement encerclée - tout cela est bien décrit dans cet article (8) de Wikipedia). Cette cause, c'est l'extraordinaire naissance artificielle des forces d'opposition en présence qui dépendent principalement de la logistique saoudienne et américaine. Non seulement sont-ils en minorité (peut-être un total de 100.000 rebelles), mais en plus la moitié ne sont absolument pas syriens, à l'instar des moudjahidines de "l'Etat Islamique Irakien et du Levant". Ils doivent faire face à une armée syrienne évidemment très organisée, encadrée par des experts iraniens et des combattants du Hezbollah, totalisant pas moins de 270.000 hommes en arme (en comparaison, les troupes françaises n'excèdent pas 123.000 soldats, la plupart "administratifs"). Les adversaires du régime de Bachar El-Assad, les "rebelles", des sunnites, ont été rassemblés par les principaux intéressés, Etats-Unis et Arabie Saoudite en tête. Ces "armées", lorsque "syriennes" ont été largement créées de toute pièce, et des groupes parfaitement terroristes leur ont été accolés (Al-Nusra, par exemple, est un membre "officiel" de la nébuleuse Al-Quaeda Irak, et pourtant l'une des factions les plus importantes de la "rébellion" ; ils sont spécialisés dans le massacre le plus froid et le plus ignoble (9) (10) de tous les "infidèles" qui ont le malheur de croiser leur chemin).
Ces assassins fanatiques sont très bien placés, à l'heure actuelle, pour prendre le contrôle prochain de territoires druzes, chrétiens ou alaouites. Les massacres qu'ils sont en mesure de perpétrer aujourd'hui avec la bénédiction de différentes administrations occidentales (et de leurs alliés de "l'Armée Syrienne Libre", celle que TF1 et BHL vous montrent en exemple !) laisse présager du bain de sang à venir si le régime actuel est supprimé. Pour l'heure, on peut raisonnablement admettre que l'action des Saoudiens, Américains et Français (la création d'une "Rébellion" ab ovo) est responsable pour une très grande partie de la guerre civile syrienne et des plus de 100.000 morts, environ la moitié dans les deux camps, en très grande majorité des soldats (à vrai dire la quasi totalité des victimes sont des "soldats" ou des "combattants", contrairement aux légendes véhiculées par les grands médias qui en font des civils), ainsi que de plus de 2 millions de réfugiés et de déplacés (dont une très grande partie dans des camps "humanitaires" du gouvernement syrien). En principe MM. Obama, Hollande et Fabius sont parfaitement conscients de cet état de fait, puisqu'ils en sont les maîtres d'oeuvre ; ce qui signifie que, lorsqu'hier encore, M. Hollande nous annonçait solennellement son intention de "punir" Assad pour le gazage (dont nous avons vu plus haut ce qu'il en était probablement), comme une "goutte d'eau" qui fait déborder le vase des "100.000 victimes", il est parfaitement conscient de l'honteuse manipulation qu'il met en oeuvre ; ce n'est même pas aussi naïf qu'un Baden Powell qui essayait de vendre ses fioles irakiennes au Conseil de Sécurité (il était manifestement lui même trompé par son administration) devant un Villepin combatif - qui pour le coup, avait le courage de défendre la vérité et la paix. Et je n'ai même pas besoin de parler du président-prix Nobel de la Paix Obama.
Si les Français paraissent largement opposés à une intervention - ce qui n'est pas évident, les moyens de stopper la machine de guerre, au moins française, semblent à peu près inexistants. Je ne vois pas les Français capables de se mobiliser suffisamment, par exemple dans la rue, pour manifester leur opposition. La "ManifPourTous" a certes permis de diminuer la côte de popularité du gouvernement français (aujourd'hui à 30%), mais celui-ci l'a complètement ignoré et... à vrai dire malgré la pire politique de tous les temps dans ce pays, tout reste figé. Une "Manif" "PaixPourTous" pourrait éventuellement rassembler, mais elle est d'ores-et-déjà "stigmatisée extrême-droite", elle aura toute la désapprobation et toute l'hostilité des médias et du "pouvoir", sa seule issue victorieuse serait le coup d'Etat soutenu par l'Armée française : mais on peut toujours rêver : la Police, on l'a vu durant les manifestations sur le mariage homosexuel, est extrêmement fidèle au ministère et à la Préfecture.
Mais... ! Je m'étonne moi-même à évoquer la "fidélité" des forces de l'ordre en France ! Il y a résolument quelque chose qui est en train de changer dans le monde, l'incertain devient possible, le possible probable. Une riposte russe en Arabie Saoudite devient possible, un effondrement économique de l'Occident par un quatrième Choc pétrolier devient probable.
Le PSUNE ne voit, dans l'immédiat, aucune possibilité pour stopper cette guerre. Renseigner et réfléchir, voilà ce que nous pouvons faire, voilà ce que j'ai essayé ici.
Si nous avions une Grande Europe Puissante, au moins partenaire fondamental, sinon même confédération, avec la Russie, alors que ferions-nous ? D'abord nous placerions les Etats-Unis en dehors de l'échiquier, un problème en Méditerranée est un problème exclusivement Européen (Mare Nostrum !). Cela semble assez simple à réaliser et ne constitue pas une ingérence.
Ensuite, notre priorité - qui est l'intérêt de l'Europe ne l'oublions pas - est le contrôle du problème nucléaire (entre autres...). Et ce problème ne peut pas se régler si nous ne mettons pas en oeuvre une pacification Iran-Israël, ou plus généralement une pacification Israël-Chiites-Chrétiens. On doit pouvoir imaginer de rassembler tous ces pays que nous appellerons "raisonnables", et qui sont par exemple le Liban, Israël, la Syrie, l'Iran. Il y a un front d'intérêt commun considérable à tous les niveaux : même au niveau culturel, entre ces pays chiites (une Syrie aux contours certes diminués mais permettant au pouvoir alaouite de se perpétuer démocratiquement), chrétiens et juifs, et l'Europe. Ce front stratégique, économique, commun, doit être mis en oeuvre dans le sens de la paix et de la puissance, sous le parrainage (RealPolitik) de l'Europe.
En Europe dans les années à venir, nous allons être terriblement confrontés au sunnisme (la quasi totalité des populations d'origine immigrée en Europe est sunnite), et l'axe (idéal) Israël-Syrie-Liban-Iran est le seul rempart réel (à l'extérieur), à long terme, face aux moujahidins pétrolifères et autres marionnettes américaines sunnites. Ces pays doivent bénéficier de tout notre soutien, en faveur aussi d'un décloisonnement moral et d'une forte "ouverture" à la civilisation européenne à laquelle ils appartiennent en partie. En bout de chaîne nous devons engager un désarmement nucléaire généralisé, dans le cadre de politiques de développement économique "durables" et de pacification par l'ouverture culturelle, les échanges, l'éducation et le leadership bienveillant, nécessaire, de l'Europe. Les Etats sunnites sont d'ores-et déjà et pour longtemps à présent, le territoire des Etats-Unis.
L'intérêt énergétique, économique, stratégique et surtout de "création de la paix et de désarmement nucléaire", est immense. Bien entendu, un tel axe relève aujourd'hui de la plus pure utopie, mais il est du meilleur intérêt pour ces pays et l'existence d'une République Européenne très "forte" facilitera considérablement le projet. Même dans l'immédiat, si Bachar El-Assad consentait à redessiner les frontières de la Syrie, il pourrait certainement gagner beaucoup de temps. Pour conclure, je dirais que nous avons cruellement besoin d'une Europe Nation au service des Européens, et non d'un Président français "élu par défaut", des services de l'US Navy et de ses escapades pétrolières à connotation crimogène.
A.A.W, PSUNE. #NonALaGuerreEnSyrie !
Notes :
ORIGINAL / SOURCE : http://thomasferrier.hautetfort.com/archive/2013/08/28/syrie-guerre-hollande-usa-assad.html / Voir aussi : https://twitter.com/PSUNE_officiel
(1) https://twitter.com/UN_Spokesperson/status/37194748080123...
(2) http://www.telegraph.co.uk/news/worldnews/middleeast/syri...
(3) http://www.reuters.com/article/2013/05/30/us-syria-crisis...
(4) http://www.europe1.fr/International/Syrie-les-forces-mili...
(5) http://www.francetvinfo.fr/monde/revolte-en-syrie/pourquo...
(6) http://www.kavkazcenter.com/eng/content/2013/06/25/17953....
(7) http://world.time.com/2013/08/09/the-failed-saudi-russian...
(8) http://en.wikipedia.org/wiki/Syrian_civil_war
(9) Attention images extrêmement choquantes : http://youtu.be/0zSBKq4BxNU
(10) Attention images extrêmement choquantes : http://youtu.be/_Wk-TAIcc4Q
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