Tibet : un document de Marie Louville sur le train du Toit du monde
Cette voie ferrée reliant Pékin à Lhassa joue un rôle stratégique majeur. Le gouvernement tibétain en exil estime que « le chemin de fer facilitera le contrôle chinois du Tibet et entraînera l’arrivée de nombreux migrants chinois ». Un carnet de route de Marie Louville lui est consacré, diffusion le jeudi 19 avril 2007 à 20h55, « Envoyé spécial » sur France 2.

[Cet article fait suite à un autre plus détaillé sur la ligne de chemin de fer entre la Chine et le Tibet, et publié le 19 février 2007 , le sujet initialement programmé le 22.02.2007 n’avait finalement pas été diffusé. Il sera donc diffusé le 19 Avril 2007]
Il y a un rêve que tous les empereurs de Chine ont partagé, relier la capitale Pékin à l’Himalaya. Un rêve concrétisé aujourd’hui par la Chine communiste.
Il y a quelques mois, le 1er juillet 2006, le Tanggula Express, la voie ferrée reliant Lhassa au Tibet, était inaugurée. Une image de la Chine triomphante avant les JO de 2008. Le train du Toit du monde traverse le plateau tibétain à une altitude moyenne de 4 500 mètres et franchit un col à plus de 5 000 mètres, un record mondial détenu jusqu’alors par le Pérou avec la traversée des Andes.
Cette voie ferrée reliant Lhassa à sa mère patrie joue un rôle stratégique majeur. Dans un sens le transport de troupe et de main-d’œuvre chinoise, dans l’autre, celui des ressources du sous-sol tibétain, dont la croissance chinoise a un si grand besoin. Le Tibet est devenu une sorte de Far West, et Tanggula Express un instrument à la conquête de l’ouest version chinoise.
Mais derrière cette prouesse technologique et la volonté de mainmise de Pékin sur le Tibet, il y a toutes ces interrogations et ces inquiétudes sur lesquelles aucune information ne filtre côté chinois : les conditions géologiques du sol sur lequel repose la voie ferrée sont particulièrement dangereuses. Non seulement le plateau tibétain est une zone à risque sismique majeur, mais encore la moitié du parcours s’effectue sur un sol gelé dont la stabilité est menacée par le réchauffement climatique.
Par ailleurs, le plateau tibétain est un sanctuaire de biodiversité unique au monde et son écosystème l’un des plus fragiles. Il est en outre un régulateur climatique de première importance. Ce n’est pas l’impact de la ligne de chemin de fer sur l’environnement qui est imprévisible mais son ampleur. Les scientifiques chinois eux-mêmes estiment qu’il faudra 5 à 10 ans pour faire le bilan, et que les dégâts pourraient être irréparables.
C’est donc cette enquête exclusive sur le train le plus haut du monde et ses coulisses qu’une équipe d’Envoyé Spécial a tournée.
Coïncidence de date, nous apprenons que l’Inde envisage de construire une ligne de chemin de fer vers le Népal, suite à la construction planifiée par les Chinois. Selon « The Indian Express », un journal indien réputé pour le sérieux de ses enquêtes, les officiels indiens envisageraient pas moins de cinq options pour construire un chemin de fer vers son voisin le Népal. Les études sur la réalisation de ces projets sont une priorité du ministère indien des Chemins de fer en raison des préoccupations soulevées par les projets chinois d’étendre la ligne tibétaine à la frontière du Népal. Katmandou a en effet déclaré l’année dernière que Pékin voulait étendre la ligne Pékin-Lhassa vers le Népal.
La Chine aurait aussi l’intention de construire un chemin de fer jusqu’à la ville tibétaine de Chomo (Yadong en chinois) près de la frontière himalayenne avec l’Etat indien du Sikkim. L’an dernier, la Chine et l’Inde ont rouvert la route de la Soie passant par un col frontalier himalayen fermé depuis 44 ans suite à un conflit frontalier entre les deux pays en 1962. Cette réouverture devrait permettre la reprise sur cette frontière des échanges commerciaux terrestres. Le principal centre commercial côté indien sera Sherathang. Au Tibet, ce sera Yadong (Chomo en tibétain), le plus grand noeud commercial de cette région, que Pékin voudrait dans les 10 ans relier au tout nouveau chemin de fer reliant Lhassa et le reste de la Chine. La réouverture du col a été rendue possible après qu’il y a trois ans, Pékin a abandonné ses revendications territoriales sur l’Etat du Sikkim. New Delhi avait en retour reconnu que le Tibet faisait partie intégrante de la République populaire de Chine. Mais tous les différends frontaliers ne sont pas réglés entre la Chine et l’Inde.
Source : communiqué de presse de France 2, Phayul.com, "France-Tibet Ile-de-France"
6 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON