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Un Irak à feu et à sang n’émeut pas le président Bush ! Patience, dit-il !

Revue de presse.

Depuis vendredi, il faut compter au moins 179 personnes mortes par suite d’attentats à la bombe en Irak. Un samedi sanglant : 156 morts et 350 personnes blessées en une seule journée ! Un attentat suicide a provoqué la mort de 105 personnes et fait 250 blessés à Emerli, un village à 130 km de Kirkouk. Un autre attentat à la voiture piégée a fait au moins 25 morts et 100 blessés à Armili, à 45 km au nord de Bagdad. L’explosion du véhicule, garé sur un marché de la ville, a détruit des habitations, commerces et voitures (07/07/2007 - ATS).

Avez-vous vu les images d’Emerli ? Saisissantes d’horreur !

Le président a averti son pays que : « la victoire dans cette lutte exigera plus de patience, plus de courage et plus de sacrifices ». Ce à quoi répond, ce dimanche, dans un éditorial étoffé, le New York Times : « Continuing to sacrifice the lives and limbs of American soldiers is wrong. The war is sapping the strength of the nation’s alliances and its military forces. It is a dangerous diversion from the life-and-death struggle against terrorists. It is an increasing burden on American taxpayers, and it is a betrayal of a world that needs the wise application of American power and principles  ». Pour le New York Times, les États-Unis doivent mettre un terme à leur intervention militaire en Irak dès que possible.

Fin avril 2007, le représentant démocrate Dennis Kucinich, contre l’avis de l’état-major démocrate, présentait une résolution réclamant l’ouverture d’une procédure de destitution envers Dick Cheney, sous l’accusation d’avoir « trompé » les Américains pour justifier la guerre en Irak. Jusqu’à présent, neuf parlementaires ont cosigné la résolution de M. Kucinich. On s’attend à ce qu’une dixième parlementaire se joigne à ses collègues au cours de la rentrée parlementaire la semaine prochaine. Parce que maintenant, le représentant démocrate n’est plus seul : 45 % des Américains sont maintenant prêts à soutenir la Chambre des représentants en cas de procédure de destitution contre leur président.

______________________

La vie de Georges W. Bush est parsemée de bonnes et de mauvaises nouvelles. La bonne touche évidemment la décision d’une Cour d’appel fédérale qui laisse depuis la semaine dernière le président américain George W. Bush libre de poursuivre ses écoutes antiterroristes sans mandat d’un juge. L’honorable Cour de justice a considéré que des citoyens ne pouvaient porter plainte s’ils n’ont pas souffert d’une surveillance avérée. L’agence de renseignement électronique américaine (NSA) qui, au nom du président, gère le programme d’écoutes sans mandat de la justice pourra reprendre la surveillance des communications téléphoniques et électroniques entre les États-Unis et toute personne à l’étranger soupçonnée de lien avec le terrorisme.

Mauvaises nouvelles. En plus des nombreuses tuiles qui tombent sur la tête du président, déjà traitées ici-même, The Washington Post annonçait la semaine dernière que le sénateur républicain, Pete V. Domenici, avait pris la décision de s’éloigner du président Bush et en appelait à un changement immédiat de la stratégie états-unienne qui pourrait mettre fin aux opérations de combat en Irak d’ici au printemps. Le sénateur, qui en est à son sixième mandat, loyaliste et ancien ardent partisan de la guerre, est la perte la plus importante pour le Parti républicain, selon le Post. « J’ai étudié attentivement la situation en Irak et je crois que nous ne pouvons pas demander à nos troupes de se sacrifier indéfiniment alors même que le gouvernement irakien ne fait pas de progrès tangibles pour sortir son pays de l’impasse », a déclaré le sénateur républicain. Déjà que les sénateurs républicains Richard Lugar et George Voinovich avaient jugé que les États-Unis devraient réduire leur présence en Irak tout en maintenant leurs efforts diplomatiques. Le sénateur républicain John Warner entend pour sa part proposer une nouvelle approche dans le courant du mois de juillet.

La Maison-Blanche avait dit espérer que les sénateurs républicains restent unis jusqu’à la publication, à la mi-septembre, du rapport d’administration sur les progrès militaires et politiques en Irak, suite au plan de renforcement des troupes du président Bush.

Le président s’enfonce de plus en plus dans les sondages. Selon un tout dernier sondage de l’institut ARG, publié en fin de semaine dernière, et rapporté par l’Agence de nouvelles France Presse, 45 % des Américains sont prêts à soutenir la Chambre des représentants en cas de procédure de destitution contre leur président, 46 % y sont opposés. Si la destitution vise Dick Cheney, ce sont 54 % des Américains qui soutiendraient cette action, seuls 40 % s’y opposeraient.

Ce qu’il faut savoir, par contre, comme l’expliquaient des éditorialistes, hostiles au président Bush, si cette procédure aboutissait, ce serait Dick Cheney qui deviendrait président. La Constitution américaine prévoit en effet la destitution d’un président ou d’un vice-président en cas de « trahison, corruption ou autres crimes et délits ». La procédure est votée par la Chambre à la simple majorité et doit être confirmée par les deux-tiers du Sénat.

Comme un malheur n’arrive jamais seul, Armelle Vincent, correspondante du Figaro, rapporte qu’un groupe de Démocrates et de Verts ont choisi le 4 juillet, si emblématique pour les États-uniens, pour ouvrir le premier « Impeachment Headquarters » (quartier général de la procédure de destitution) de George W. Bush et Dick Cheney, son vice-président, en présence de la représentante démocrate Maxine Waters.

Armelle Vincent, du Figaro, explique que, exaspérés par l’érosion des libertés civiques, au nom de la lutte antiterroriste, dont ils accusent l’administration Bush, les membres du groupe ont senti leur colère monter d’un cran en apprenant la grâce partielle accordée la semaine dernière par le président à l’ancien bras droit de Dick Cheney, Lewis Libby. Condamné pour obstruction à la justice, faux témoignage et parjure dans l’affaire Valerie Plame, cet agent de la CIA dont le nom avait été dévoilé à la presse par des membres de l’administration (un crime fédéral), Libby aurait dû prendre le chemin de la prison dans les prochaines semaines pour y passer deux ans et demi.

Le Washington Post s’est interrogé sur le caractère soi-disant excessif de la peine imposée à Lewis Libby : « Trois personnes sur quatre accusées d’obstruction à la justice depuis deux ans, soit 283 personnes selon les données du département de la Justice, ont été condamné à la prison », rapportait le Washington Post. « La durée moyenne de la peine dépasse les cinq années. Les personnes ayant reçu de treize à trente et un mois de prison forment le plus grand groupe, exactement ce que Libby a reçu comme peine ».

En éditorial, Le Monde analyse ainsi la grâce accordée par le président à Lewis Libby : « En lui épargnant la prison, c’est un peu toute sa politique irakienne que M. Bush cherche à sauver, symboliquement, du naufrage. Le laisser condamner aurait été admettre que la politique irakienne était fondée sur le mensonge ».

S’agissant de l’Irak, le président, inlassablement, rappelle aux américains les vertus de la patience. Dans son message du 4 juillet, il s’est fait l’apôtre de la ténacité : « Nous attendons tous impatiemment le jour où il y aura moins de soldats en Irak », a-t-il déclaré, sur une base de la Garde nationale de Virginie occidentale, tout en soulignant qu’il fallait laisser plus de temps à sa stratégie en Irak pour qu’elle puisse porter ses fruits.

La question qu’il convient de poser est maintenant la suivante : le président américain consacre-t-il plus de temps à sa stratégie en Irak ou tente-t-il désespérément d’enrayer le ralliement de républicains au camp des anti-guerres ? Comment y parvenir lorsque les statistiques parlent d’elles-mêmes : la période avril-juin a, selon Reuters, été le trimestre le plus meurtrier pour les troupes américaines en Irak depuis l’invasion de mars 2003. Au total, 3 600 soldats américains ont été tués dans ce conflit. L’armée américaine vient de confirmer la mort de six militaires au cours des dernières 48 heures.

Pour le président Bush : « C’est un combat difficile, mais je n’aurais pas demandé à ces soldats de s’exposer au danger si le combat n’était pas essentiel pour la sécurité des États-Unis [...] Aussi difficile qui puisse être le combat en Irak, nous devons le gagner. Pour la sécurité de nos citoyens, nous devons soutenir nos soldats, (...) le gouvernement irakien et vaincre Al-Qaïda en Irak ».

T. Christian Miller est journaliste au Los Angeles Time. Selon une information relayée par le Courrier international, Miller révèle que la crise en Irak est en voie d’être privatisée. Le nombre de civils sous contrat présents en Irak dépasse désormais celui des militaires américains. Selon les chiffres du département d’État et du ministère de la Défense obtenus par le Los Angeles Times, plus de 180 000 civils - américains, étrangers et irakiens - travaillent actuellement en Irak avec un contrat américain. Les civils sous contrat comprennent au moins 21 000 Américains, 43 000 étrangers et environ 118 000 Irakiens - tous employés aux frais du contribuable américain.

Il a bon dos le peuple. Pouvons-nous lui reprocher de ne plus partager le crédo du président et de ne plus éprouver pour ce dernier toute l’admiration du premier mandat : sa cote de popularité a atteint mi-juin un niveau historiquement bas (26 %).

Dans son éditorial dominical, déjà cité, le New York Times conclut impitoyablement : « President Bush and vice president Dick Cheney have used demagoguery and fear to quell Americans’ demands for an end to this war. They say withdrawing will create bloodshed and chaos and encourage terrorists. Actually, all of that has already happened - the result of this unnecessary invasion and the incompetent management of this war. This country faces a choice. We can go on allowing Mr. Bush to drag out this war without end or purpose. Or we can insist that American troops are withdrawn as quickly and safely as we can manage - with as much effort as possible to stop the chaos from spreading ».

 


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16 réactions à cet article    


  • clothilde 9 juillet 2007 14:09

    Voila ce qu’attends Mr Bush pour « quitter » l’Irak :

    L’Irak occupée cédera-t-elle son pétrole aux « majors » ? par Arthur Lepic*

    Après avoir renversé le seul gouvernement au monde qui prétendait ne plus libeller ses contrats pétroliers en dollars, la Coalition anglo-saxonne tente de contraindre l’Irak occupée à céder ses revenus pétroliers aux compagnies occidentales. Une grève générale du secteur pétrolier irakien a retardé la signature des contrats les plus déséquilibrés du siècle

    Quatre ans après l’invasion de l’Irak par les troupes anglo-saxonnes, Washington, Londres et Canberra tentent de régulariser au regard du droit international le pillage auquel ils se livrent. Les conventions internationales sont formelles : des troupes d’occupation ne peuvent confisquer à leur profit les richesses d’un pays en général et le pétrole en particulier. Aussi, après une première période de mise en coupe réglée par une société privée habilement dénommée « Autorité provisoire de la Coalition » [1], le pouvoir a été remis durant une seconde période à un gouvernement fantoche, retranché dans la zone verte de Bagdad. Il répondait à une double fonction : d’une part créer des forces de sécurité capables de soulager les troupes d’occupation et, d’autre part, fermer les yeux sur l’évaporation quotidienne de 200 000 à 300 000 barrils de pétrole. Le moment est venu d’entrer dans une troisième période au cours de laquelle les forces d’occupation pourront laisser aux Collaborateurs la responsabilité de l’ordre public et concentreront leur activité sur la protection des puits pétroliers, tandis que des contrats léonins légaliseront le pillage pour les décennies à venir.

    C’est dans ce contexte qu’une grève des ouvriers du secteur pétrolier irakien, lancée le 4 juin 2007, a paralysé la principale zone productrice au Sud du pays et a interrompu les exportations légales de pétrole durant plusieurs jours. Celles-ci atteignent officiellement jusqu’ici 2 millions de barils par jour ; une catastrophe pour les compagnies étangères en comparaison des 3,5 millions de barils quotidiens avant l’invasion de mai 2003.

    Parmi ses revendications, outre l’annulation de mesures ayant sérieusement dégradé les conditions de travail et augmenté le taux de chômage dans le secteur, la Fédération irakienne des syndicats du pétrole, qui représente 26 000 travailleurs, demande à être consultée à propos du très controversé projet de Loi sur les hydrocarbures [2]. Elle demande également que soit annulée l’augmentation générale du prix des carburants à l’intérieur du pays, qui aggrave une situation économique déjà pénible pour la population. Les responsables syndicaux affirment agir au nom du peuple irakien et dénoncent en particulier, dans le projet de loi, la privatisation des revenus pétroliers de leur pays dans des « conditions scandaleusement profitables » pour les compagnies étrangères. Dès le début de la grève, le gouvernement de Nouri Al Maliki a fait encercler les grévistes par ses troupes et lancé des mandats d’arrêt contre les leaders syndicaux, les accusant de « saboter l’économie », pendant que des avions de chasse états-uniens survolaient les manifestations [3]. Les miliciens ont jusqu’ici refusé de mettre en application ces mandats d’arrêt. Inquiet de voir se tarir la fontaine à dollars, Nouri al-Maliki a finalement formulé quelques promesses aux grévistes pour qu’ils reprennent le travail, mais ces derniers savent pertinement que le combat est loin d’être terminé.

    Deux avis de grève avaient été successivement reportés au mois de mai, suite à des tentatives de négociation avec les syndicats initiées par le gouvernement Maliki. Ce dernier tente depuis le mois de février de faire passer cette loi conçue sous la supervision du département d’État états-unien malgré l’opposition d’un grand nombre de parlementaires, d’un groupe de 60 experts irakiens du secteur pétrolier et de l’ensemble des syndicats, bref contre l’avis de la population qui vit maintenant depuis quatre ans sous occupation militaire étrangère.

    L’enjeu : 10 % des réserves mondiales de pétrole Avec 10 % des réserves mondiales de pétrole, l’Irak aiguise les appétits des principales compagnies d’autant plus que les coûts d’exploitation y sont parmi les plus bas au monde. Les déclarations de l’actuel vice-président des États-Unis, Dick Cheney, alors qu’il était pdg de la société Halliburton et les travaux de la commission secrète sur l’énergie qu’il avait dirigée en 2001 ne trompaient guère sur ses intentions, une fois Saddam Hussein renversé et les réserves pétrolières irakiennes de nouveau accessibles aux compagnies anglo-saxonnes [4]. Inquiétée par la stagnation du cours de ses actions et par la diminution des retours sur investissements, l’industrie pétrolière anglo-saxonne redoutait à l’époque d’être définitivement exclue de la plus riche zone pétrolifère au monde. Le discours de Dick Cheney fit alors figure de promesse qu’une fois parvenu à la Maison-Blanche, grâce aux dons des majors, il remettrait celles-ci dans la course. Dès l’invasion du pays par la coalition pétrolière, le cours des actions d’Exxon, BP-Amoco et Shell repartit à la hausse de manière spectaculaire et sans autre explication que la perspective de gras dividendes pour leur actionnariat, dont elles étaient privées depuis la nationalisation du secteur pétrolier par Saddam Hussein en 1972 [5]

    Dans le cadre du projet Future for Iraq lancé par le département d’État états-unien en avril 2002, soit un an avant l’invasion, le groupe « Pétrole et énergie », convoqué quatre fois entre décembre 2002 et avril 2003 et dont faisait partie M. Bahr al-Ulhoum, qui deviendra ultérieurement ministre du pétrole dans le pays « libéré », exprimait ses conclusions comme suit : l’Irak « doit être ouvert aux compagnies internationales aussi rapidement que possible à l’issue de la guerre » ou encore « Le pays doit instaurer un environnement commercial propice de manière à attirer les investissements dans les ressources pétrolières et gazières ».

    En effet l’argument le plus souvent avancé pour justifier la privatisation des revenus pétroliers irakiens (en cours) ou iraniens (ardemment souhaitée pour l’avenir), dans la presse liée aux grands groupes financiers, est celui du besoin d’investissements massifs, que les pays en question ne sauraient débloquer, en vue d’augmenter la production pour répondre à la demande toujours croissante des pays consommateurs. Or ce raisonnement entre en conflit direct avec les intérêts des États producteurs : à la différence des compagnies qui doivent maximiser leurs profits à court terme pour verser dans l’année des dividendes à leurs actionnaires, les États doivent gérer leurs ressources nationales en pensant à leurs ressortissants et aux générations futures. Dans le contexte du désormais certain déclin de la production globale de pétrole dans les prochaines années, les compagnies pétrolières privées ont intérêt à tout pomper tout de suite, puis à vivre de la pénurie. Au contraire, les États producteurs ont intérêt à étaler la production dans le temps.

    L’intervention de BearingPoint Dans le but d’organiser la privatisation de l’économie irakienne, le département d’État des États-Unis a fait appel à la société BearingPoint. Celle-ci a été créée en 2002, à l’issue du scandale Enron, en fusionnant les branches consulting de KMPG aux États-Unis (qui avaient « réorganisé » les économies des États post-soviétiques dans les années 90) et d’Arthur Andersen en France. Cette nouvelle société mène ses activités conjointement avec l’USAID dans plus de 60 pays, principalement en Afghanistan et en Irak, mais aussi en Serbie et en Égypte [6]. La SEC (Security and Exchange Commission), organisme états-unien de contrôle des activités financières, examine de près ses comptes depuis quelques années, sans que toutefois la procédure n’aboutisse. Cette commission lui a même récemment confié la réorganisation de son système de fichiers, ce qui en dit long sur les liens de BearingPoint avec l’administration [7].

    En Irak l’USAID attribue tout d’abord à Bearingpoint, dès 2003, un contrat de plus de 200 millions de dollars pour aider à développer le « secteur privé compétitif », contrat que BearingPoint a elle-même rédigé pour l’USAID, ce qui lui a valu d’être épinglée par le Center for Corporate Policy de Ralph Nader comme l’un des principaux profiteurs de guerre [8]. Ce contrat consiste à organiser, sous la supervision d’une autre entreprise privée, la Coalition Provisional Authority, l’attribution des revenus pétroliers aux entreprises états-uniennes chargées de la reconstruction comme Halliburton [9]. Tandis que les dix premiers milliards de dollars du fonds des revenus pétroliers irakiens sont dépensés en contrats de reconstruction, quatre autres milliards disparaissent dans la nature. Et ce n’était qu’un début.

    Ce vide juridique et cette opacité étaient nécessaires pour le pillage du pays tant que les objectifs nobles de l’invasion occupaient toujours le devant de la scène, car les États-Unis, le Royaume-Uni et l’Australie se sont toujours défendus d’avoir envahi le pays pour ses ressources pétrolières. Le 18 mars 2003, le Premier ministre britannique Tony Blair déclarait que « Les revenus pétroliers, que certains désignent à tort comme notre objectif de guerre, devraient être placés dans un fonds destiné au peuple irakien et administré par l’ONU ». Paul Wolfowitz, grand architecte de la destruction de l’État irakien et secrétaire adjoint à la Défense au moment de l’invasion, déclarait pour sa part « Il s’agit là d’un pays qui peut véritablement financer sa propre reconstruction assez rapidement. ». Si le premier exprimait un souhait qui ne l’engageait à rien dans les faits, le second mentait par omission : certes l’Irak pouvait financer sa reconstruction, mais pas se reconstruire lui-même, alors la véritable question était plutôt de savoir qui reconstruirait l’Irak, encaissant au passage les revenus pétroliers.

    Après avoir dilapidé les fonds existants de manière spectaculaire [10], Paul Bremer se chargea de trancher en faveur de... Halliburton et consorts, réputés pour leur surfacturation systématique des contrats publics, et courroies de transmission de l’endettement des pays riches en ressources vis-à-vis de la Banque mondiale, dont Wolfowitz héritera plus tard la présidence, en guise de récompense peut-être. Maintenant que l’occupation du pays s’auto-justifie, à savoir qu’elle vise officiellement à stabiliser la situation chaotique qu’elle crée elle-même, la priorité pour les puissances de la Coalition est de profiter de l’atmosphère de terreur pour faire passer la loi sur les hydrocarbures (Iraq Hydrocarbon Law) qui permettra de déplacer les revenus pétroliers de l’État vers les compagnies pétrolières étrangères.

    Cette fois encore c’est BearingPoint qui est chargée par le département d’État de la rédaction de la proposition de loi. Une première version a été aussitôt adoptée par le gouvernement de collaboration de M. Maliki en janvier 2007. [11].

    Parallèlement, une importante opération de lobbying auprès des décisionnaires irakiens est organisée. Des représentants des principales compagnies pétrolières étrangères (BP, Shell, ExxonMobil, Chevron, Total et Eni), réunies au sein d’une organisation appelée Centre International des Taxes et Investissements (ITIC, International Tax and Investment Centre), font part de leurs doléances au gouvernement britannique dès 2004. Ce dernier, après leur avoir indiqué sa stratégie visant à influencer le gouvernement irakien, transmet ces doléances au ministère des Finances irakien et organise une rencontre à Beyrouth, en janvier 2005, entre les représentants des majors et les ministères irakiens du Pétrole, des Finances et du Plan. Par ailleurs, un ancien cadre de BP est chargé dès 2003 de rédiger un cahier des charges destiné au gouvernement irakien afin que celui-ci prenne des décisions conformes aux attentes de BP. Il est probable que les autres pays impliqués dans ces négociations en aient fait de même, mais les documents déclassifiés depuis ne permettent pas de l’établir avec certitude [12]. L’invitation faite à Total pour participer à ces décisions peut expliquer au moins en partie le fléchissement de la position de la France concernant l’occupation de l’Irak à partir du début 2005.

    Les parlementaires irakiens, pour leur part, ne prennent connaissance du projet de loi qu’en janvier 2007, au moment de son adoption par l’administration de M Maliki. Est-il alors surprenant qu’une telle proposition, rédigée par un cabinet de consultants spécialisé dans le démantèlement des services publics, et appuyée par une campagne de lobbying des compagnies étrangères auprès d’un gouvernement fantoche, rencontre une telle opposition de la part des parlementaires et syndicats ?

    La méthode : les contrats PSA Le plus inquiétant reste la nature même de ce projet de loi. Basé sur un type de contrat appelé « contrat de partage de production » (production sharing agreement, ou PSA) qui n’a plus cours au Moyen-Orient depuis les nationalisations des années 70, elle garantit aux compagnies étrangères des retours sur investissements anormalement élevés sur une période exceptionnellement longue, termes que les intéressés justifient par la situation sécuritaire du pays ! De fait, durant une période d’amortissement des investissements indéfinie, les PSA assurent à l’investisseur étranger un pourcentage des recettes, alors que le type de concession le plus répandu dans les pays producteurs prévoit un retour fixe, calculé en fonction du coût de production et non du prix de vente final, sur une période définie. Très souvent la compagnie nationale prend même le contrôle intégral des opérations et empoche tous les revenus après la période d’amortissement, comme c’est le cas en Iran pour de nombreux gisements (contrats « buyback »). Lorsqu’un contrat PSA est en vigueur, la compagnie étrangère n’a plus qu’à prétendre cumuler les investissements, réels ou non, et prolonger ainsi ses prérogatives. C’est la situation que connaît actuellement la Russie, le seul pays ayant d’importantes réserves mais ayant signé des PSA. Ces contrats furent négociés sous l’administration corrompue de Boris Yeltsine dans les années 90, ce que l’administration Poutine actuelle regrette amèrement. Elle a néanmoins réussi à en révoquer certains (Shell sur les gisements de Sakhaline, pour des raisons environnementales) et à limiter les investissements étrangers dans les futures concessions.

    Les termes des PSA qui seront conclus par l’Irak avec les majors, en vertu de la loi proposée, porteront la part revenant aux majors à une tranche comprise entre 60 à 70 % des revenus dans une période d’amortissement allant jusqu’à 40 ans, et les majors empocheront 20 % des profits à l’issue de cette période. Pour comparaison, le contrat PSA négocié - mais non appliqué pour cause d’embargo - par Saddam Hussein avec Total en 1992 pour l’exploitation du gisement géant de Majnoun était à 40 % et 10 %, pour une période de retour sur investissements de 20 ans, ce qui reste dans la moyenne des PSA. Les conditions exceptionnellement avantageuses pour les majors dans la proposition de loi irakienne sont officiellement justifiées par la situation sécuritaire du pays. Ne voulant pas exposer leur personnel, les majors exigent de solides garanties de retours sur investissements. Coïncidence, l’escalade militaire décidée par George W. Bush a aggravé la situation sécuritaire et renforcé les arguments des majors pour exiger des marges toujours plus extravagantes.

    Il est d’ailleurs intéressant de noter que BearingPoint affirme travailler en tenant compte du pic pétrolier [13]. En effet, pour les grandes compagnies pétrolières, signer aujourd’hui des PSA dans un pays comme l’Irak constitue une garantie de garder la tête hors de l’eau une fois le déclin global entamé, et contribue à maintenir à flot leurs économies nationales respectives. Ici, les intérêts des compagnies pétrolières anglo-saxonnes et des États de la Coalition se rejoignent. De plus, les retours sur investissements calculés en proportion des revenus du pétrole priveront l’économie irakienne de milliards de pétrodollars à mesure que les prix augmenteront, ce qui est une certitude d’avenir compte-tenu du pic de production. Dans le scénario habituel, les revenus pétroliers restant au pays producteurs sont finalement consacrés en grande partie au paiement de contrats surfacturés par Halliburton et consorts pour la construction d’infrastructures civiles, ainsi qu’au remboursement des dettes.

    Qu’adviendra-t-il de ces milliards de bénéfices supplémentaires récoltés grâce à l’augmentation du prix du baril ? La loi irakienne sur les hydrocarbures prévoit bien entendu qu’ils puissent être rapatriés à l’étranger, contrairement à d’autres législations pétrolières qui en obligent le réinvestissement dans l’économie nationale. Le chapitre intitulé « Régime fiscal » stipule ainsi que « les compagnies étrangères ne sont soumises à aucune restriction pour ce qui est de sortir les profits du pays, et ne sont soumises à aucune taxe pour cela ». En outre, tout litige entre l’État irakien et une compagnie étrangère doit être arbitré par une cour internationale et non pas irakienne. De fait, si le gouvernement irakien demande un jour des comptes sur les cargaisons fantômes qui n’ont pas cessé de quitter les terminaux de Bassorah depuis la période d’embargo de l’ONU, la « communauté internationale » se réserve le droit d’être juge alors que c’est elle qui profite de ces cargaisons, sans quoi elle aurait déjà imposé un système de mesure [14]. Finalement, sur les 80 gisements découverts en Irak, seuls 17 resteront sous contrôle majoritaire de l’État central irakien avec le passage de cette loi.

    Jusqu’à présent les obstacles au passage de cette loi par l’Assemblée nationale irakienne sont de plusieurs ordres. Aux résistances des syndicats évoquées ci-dessus viennent s’ajouter la réticence de la minorité kurde du Nord (deuxième région productrice du pays après le Sud majoritairement chiite) qui entend gérer ses ressources pétrolières de manière autonome. Ainsi les autorités kurdes ont déjà attribué plusieurs contrats de partage de production et même déclaré la mise en place de leur propre ministère du Pétrole, sous le regard bienveillant des puissances occupantes, qui affirment pourtant souhaiter l’unité du pays et le partage de la rente pétrolière. S’étant vus promettre une rapide émancipation en échange de leur collaboration avec l’occupant, les Kurdes réalisent un peu tard qu’au lieu de devoir partager la rente pétrolière avec leurs compatriotes sunnites et chiites, ils vont devoir en céder une bonne partie aux majors occidentales, ce qui n’est pas forcément pour leur plaire.

    Ces derniers jours, l’amiral Fallon, puis John Negroponte, numéro deux du département d’État, se sont rendus à Bagdad pour faire pression sur le gouvernement Maliki afin qu’il accélère l’adoption du projet de loi sur les hydrocarbures. Car George W. Bush n’a pas plus l’intention d’exposer encore ses troupes que de les retirer du pays. Simplement, il souhaite imposer une privatisation de ses revenus pétroliers à un État irakien en situation de faiblesse et sous la menace des baïonnettes, puis replier ses troupes dans des bases permanentes selon un « modèle coréen » souvent évoqué ces temps-ci à Washington. Mais avant, les parlementaires irakiens doivent décider du sort de leur économie nationale pour les 40 prochaines années. Autour d’eux, pour les aider à prendre leur décision, se tiennent 120 000 GI’s et autant de mercenaires armés jusqu’aux dents, prêts à déclarer accomplie la deuxième mission de la Coalition du pétrole en Irak. La première consistait à inverser le mouvement initié par Saddam Hussein et Hugo Chavez au sein de l’OPEP en rétablissant le dollar comme monnaie de transaction pétrolière en Irak et sauver ainsi l’économie états-unienne. La deuxième consiste à assurer, pour 40 ans au moins et donc bien au-delà du pic pétrolier, le monopole des majors occidentales sur le pétrole irakien et mitiger ainsi le déplacement du pouvoir pétrolier vers les pays du Moyen-Orient.

    http://www.voltairenet.org/article149203.html


    • stephanemot stephanemot 9 juillet 2007 14:18

      Pierre,

      Il faut impérativement éviter l’escalade souhaitée par Bush et Cheney en Iran et en Israël.

      Le double impeachment n’a hélas que peu de chances d’aboutir. Certains Républicains misent même sur une lutte interne chez les Dems entre liberals et pragmatiques.

      Pour ma part, je pense que le bipartisme à l’Américaine atteint ses limites : la grosse majorité des élus partage 95% de principes et de valeurs, avec sur l’aile gauche les « liberals » utopiques et sur l’aile droite les intégristes religieux (à terme, un paysage à l’Israëlienne serait possible, partis ethniques inclus). Bloomberg a les moyens de faire bouger les lignes en 2008, surtout si Hillary gagne les primaires.


      • Pierre R. Chantelois Pierre R. - Montréal 9 juillet 2007 15:41

        @ Clothilde

        Merci pour l’information. Bien évidemment que le pétrole n’est pas étranger à l’Irak. Le premier ministre irakien Nouri al-Maliki a annoncé que son conseil des ministres avait « unanimement » approuvé un projet de loi soutenu par les États-Unis qui établit comment seront développées les vastes ressources en pétrole de l’Irak. Cette loi, considérée par Washington comme un élément essentiel de la réconciliation nationale en Irak, vise à partager équitablement les revenus du pétrole entre les 18 provinces. Les réserves de l’Irak, estimées être entre 115 et 215 milliards de barils de pétrole.

        Le projet de loi n’a pas encore franchi l’étape du Parlement. A ce propos, le groupe Moqtada Sadr s’opposera catégoriquement à toute loi permettant à des sociétés dont « les pays occupent l’Irak » de conclure des accords pétroliers avec ce pays, en allusion aux États-Unis, à la Grande-Bretagne et à leurs alliés.

        Pierre R.


        • Pierre R. Chantelois Pierre R. - Montréal 9 juillet 2007 15:50

          @ stephanemot

          Le bipartisme aux États-Unis semble éternel. Vous avez raison. Il faudrait que s’élève un tiers parti pour bousculer davantage les acquis des partis démocrates et républicains. Ce qui est particulier aux États-Unis est le fait que la dissidence de certains sénateurs n’entraînent pas le besoin de former une nouvelle coalition pour contrer l’idéologie commune des vieux partis. C’est comme si la vie politique aux États-Unis était immuable.

          Michael Bloomberg, dont la fortune personnelle est estimée à 5,5 milliards de dollars, aurait les moyens de financer sa propre campagne à la présidence comme candidat indépendant à la présidence. Malgré ses dénégations, je crois bien qu’il fera le saut le moment approprié.

          Pierre R.


        • frédéric lyon 9 juillet 2007 18:26

          Il existe aujourd’hui deux écoles au USA au regard de la situation en Irak, mais ces deux écoles sont d’accord sur un point essentiel : ce qui se passe en Irak aujourd’hui ne concerne plus vraiment les USA car il s’agit de la lutte séculaire entre chiite et sunnite, donc d’une affaire interne au monde musulman (avec la question kurde qui vient se greffer dessus).

          La première école prone la patience et parie que la situation de politique intérieure en Irak finira par s’améliorer. Son principal argument consiste à dire que les massacres ethniques et intereligieux seraient encore pires en Irak, si les troupes américaines s’en allaient. A tel point que la communauté internationale serait obliger d’intervenir pour mettre fin aux tueries.

          Dans ces conditions, pourquoi s’en aller s’il faut revenir ?

          Cette position est celle de George Bush et de la majorité des Républicains.

          La deuxième école ne nie pas que la tuerie serait générale en Irak si les troupes américaines n’étaient plus là pour contrôler plus ou moins la situation, mais elle estime que cette tuerie étant inévitable il vaudrait mieux qu’elle ait lieu et que les chiites et les kurdes écrasent les sunnites une bonne fois pour toutes.

          On pourrait très bien laisser aux chiites et aux kurdes suffisamment de temps pour régler le problème à leur manière.

          Cette position commence à devenir majoritaire chez les Démocrates.


          • Pierre R. Chantelois Pierre R. - Montréal 9 juillet 2007 19:40

            @ Frederick Lyon

            Excellent résumé. Bref, mais efficace. Merci

            Pierre R.


            • ExSam 9 juillet 2007 20:54

              Excellent article, très documenté et pugnace.

              L’impérialisme avide des USA trouve ici son peak, dans une phase de haute intensité où il s’est engagé. Il faut espérer que cette défaite et ce retrait probables sonnent le glas des prochaines tentatives, comme de toutes les tentatives corrélatives, à basse intensité, qui se déroulent aujourd’hui sur plusieurs continents où les USA veulent imposer leur loi. A commencer par l’Amérique Latine.

              La corrélation des avancées sur l’attentat des tours jumelles, sur la démonétisation des instances internationales manipulées par les USA comme le FMI et sur les vols spéciaux de la CIA, devrait porter à terme un coup décisif à ce genre de politique qui cautionne une insupportable main-mise sur la politique mondiale, comme sur la résolution des inégalités économiques qui frappent un peu partout.


              • Pierre R. Chantelois Pierre R. - Montréal 9 juillet 2007 21:44

                @ ExSam

                Merci.

                Pierre R. Chantelois


                • ZEN ZEN 9 juillet 2007 22:18

                  Extrait d’un article de Philippe Boulet-Gercourt dans le Nouvel Obs, soulignant la déliquescence actuelle du pouvoir à la Maison Blanche :

                  " La maison Bush s’était appuyée sur un système politique déliquescent pour exercer son pouvoir, aggravant ses tares par un cynisme sans limites. Maintenant qu’elle s’effondre, les anciens leviers du pouvoir deviennent les symboles de sa décadence : la loyauté aveugle, le mensonge, l’autisme, le simplisme, l’exaltation religieuse... Les langues se délient, y compris chez les républicains. Elles racontent la promotion des « bushistes loyaux » parmi les procureurs fédéraux au détriment des compétences professionnelles. Elles détaillent les mensonges répétés d’Alberto Gonzales, le ministre de la Justice, qui est allé jusqu’à tenter d’arracher un accord de son prédécesseur sur des écoutes illégales en lui rendant visite à l’hôpital, dans une scène digne du « Parrain ». Elles dénoncent l’incapacité de l’administration à se remettre en question, son imperméabilité à toute autocritique, à l’image de ce proche du président pour qui l’impuissance à arrêter Ben Laden « n’est pas un échec , mais un succès qui n’est pas encore arrivé ». « Ils n’avaient aucun doute, se souvient Price Floyd, qui a travaillé avec Karen Hughes, bras droit de Bush chargée d’améliorer l’image du pays à l’étranger. Je leur disais que les Etats-Unis n’avaient pas seulement un problème de message , qu’il fallait aussi changer le contenu de la politique. On me répondait : Shut up ! [ la ferme !]. » « L’incuriosité de Bush et son apparente imperméabilité au doute, écrit Al Gore dans un livre au canon sur “ l’Assaut contre la raison ” ( 1 ), sont quelquefois interprétées par les gens qui le voient et l’entendent à la télévision comme le signe de la force de ses convictions, [ et ] la simplicité de ses propos est souvent perçue comme la preuve qu’il est allé au coeur d’un problème complexe , alors que c’est exactement le contraire qui est vrai. » Mais son analyse est déjà datée : maintenant que la peur du 11-Septembre s’estompe, les Américains rejettent les pseudo-vérités bien emballées venues de la Maison-Blanche. Sur l’Irak, ils n’écoutent même plus Bush quand il leur promet de « vaincre le terrorisme » avec des troupes plus nombreuses : près de 6 Américains sur 10 ne croient pas que ces troupes amélioreront la situation sur le terrain. Même la religiosité de l’administration est devenue un handicap. Quand Al Gore dénonce le fait qu’ « avec la droite radicale nous avons une faction politique déguisée en secte religieuse et [ que ] le président des Etats-Unis est à la tête de cette faction »....,


                  • Pierre R. Chantelois Pierre R. - Montréal 9 juillet 2007 23:11

                    @ Zen

                    Bonsoir Zen. C’est bien là la triste réalité. La population états-unienne n’a plus la foi et ne croit plus ni son président ni son vice-président. Dans le passé, nous avons pu constater une colère contre un président. Cette fois-ci, cette colère vise le sommet de la pyramide. Les sondages le démontrent bien.

                    Ce qui est le signe d’une grande nation, c’est lorsqu’un éveil intervient et que les sensibilités se nouent autour d’une décision : faut-il ou non destituer l’un ou l’autre ? Ne trouvez-vous pas qu’il y a un malaise, quelque chose qui ne tourne plus rond, au pays de l’Oncle Sam et de ses grands projets ? Comme l’écrivait Ken Miller, président et directeur d’administration de Ken Miller Capital LLC à New York : « la demande en pétrole augmente tandis que l’approvisionnement est en déclin, et la demande pour le dollar US est en déclin tandis que les réserves de dollars augmentent ».

                    Bref, selon le banquier d’Investissement Ken Miller, une guerre mal gérée, la crise du pétrole et un flot de monnaie US préparent la scène pour une catastrophe économique (Ken Miller, 18/06/07, Copyright The Nation).

                    Pierre R.


                  • Pierre R. Chantelois Pierre R. - Montréal 9 juillet 2007 23:29

                    @ Patrick Juan

                    Tu écris : « que restera-t-il à ceux qui comme moi, ne sont pas anti-américain ». Toute la question là. Comment rester lucide, garder son sens critique, dénoncer sans pour autant adhérer à un courant de pensée anti-américain ? Je te recommande la lecture du New-York Times de dimanche. Tu trouveras le lien dans l’article. Ou la dépêche de AFP qui en propose une traduction. Lucide. Éditorial très lucide. Les États-Unis retombent sur leurs pattes et leur vision s’éclaircit.

                    Faut-il maintenant voir l’avenir des États-Unis dans ce que The Independent appelle une «  Implodingpresidency  » (article majeur à lire), dans ce chiffre sans précédent de l’indice statistique fondamental de l’état d’esprit des Américains : « ...an unprecedented 74 per cent of Americans convinced the country is heading in the wrong direction  ». Comme l’indique si bien Dedefensa.org : « Le pessimisme de 74% des Américains sur l’avenir de leur pays est un chiffre effrayant, qui touche l’une des valeurs essentielles de la stabilité du régime  : l’optimisme de la population américaine, réduit aujourd’hui à une poignée d’irréductibles. Bien entendu, il confirme, justifie et renforce le jugement de Ron Paul : « Only by recapturing the spirit of independence can we ensure our government never resembles the one from which the American States declared their separation  ».

                    Pierre R.


                  • Stephanesh 10 juillet 2007 01:45

                    Que dire de plus...

                    J’espère qu’un très rapide impeachment pourra commencer d’empécher les deux enragés (POTUS et CO-POTUS comme les appelait Micheal Moore) de nuire. On ne pourra neutraliser l’un sans l’autre.

                    Il reste à Bush 18 mois, en 18 mois il peut faire encore énormément de dégats... Plus vite ils seront out, plus vite le monde pourra commencer à se reconstruire. De plus un animal blessé est souvent très dangereux, il n’a plus rien à perdre.

                    Rarement dans l’histoire une administration n’aura su faire la preuve manifeste de son incompétence. Dans chaque situation ils ont fait le mauvais choix. Un jour tout se paye, et je crois que la note est salée pour les USA..

                    En voulant la grandeur de leur pays, ils ne l’auront qu’affaibli... Qui veut faire l’ange fait la bête disait quelqu’un)

                    Qu’on le veuille ou non, l’Islamisme sort renforcé de la confrontation. Pour les pays arabes commence la course pour l’empêcher de tirer profit de son avantage. Pour eux leur mince espoir est une paix avec Israel (afin de détendre la situation, mais peut être est-il déjà trop tard), à terme l’Arabie saoudite devra laisser entrer la modernité, sous peine d’exploser. Mais si ce que j’ai lu à gauche et à droite concernant les contrats pétroliers que les USA veulent faire avaler à l’Irak, l’Islamisme n’est pas prêt de s’éteindre... De plus dans le soudain empressement des pays Arabes à faire la paix avec Israel, un accord par trop défavorable aux palestiniens ne pourra que renforcer l’Islamisme. Certe, cela ne veut pas dire que l’Islamisme sera fort militairement pendant plusieurs années, néanmoins il se renforcera dans l’idée des gens, comme l’idéologie militariste de l’après première guerre mondiale a finalement permis l’émergence du nazisme et le déclenchement de la 2e guerre mondiale.

                    Il est vraisemblable que les USA mettent des années à récupérer de leur défaite. Et il y a peu de chance que le prochain président puisse faire autre chose que quitter l’Irak, je crois même vraisemblable que dans les cinq ans l’ensemble des troupes doivent quitter leurs différentes bases dans la péninsules arabiques. On ne peut exclure que le chaos qui frappe l’Irak ne s’étende à l’ensemble du monde arabe. Le peak oil ne sera peut être qu’une guerre civile avant le vrai peak oil... ???

                    Maintenant concernant les américains, c’est vrai Bush a été le pire choix, mais quoi que dise maintenant Al Gore je ne suis pas convaincu qu’il aurait fait beaucoup mieux. Ainsi si il avait été le président du 11/09, il se serait fait massacré par les conservateurs majoritaires dans les deux chambres pour n’avoir pas su anticiper l’attaque, et on ne peut exclure qu’il aurait mené les mêmes guerres d’Afganistan et d’Irak, et que son programme de lutte contre le réchauffement climatique qu’il l’aurait mis au vert... Et qui sait pour l’élection de 2004, un Dick Cheney à la présidence contre un Al Gore jugé trop moux... Je ne suis d’ailleurs pas convaincu d’une évolution majeure de la politique américaine, avec Hillary Clinton ou Al Gore comme président après tout ces gens ont eu leur chance Hillary à travers son mari, et Al Gore comme vice président. Au fond ils me rappellent Bush en moins pire... (Mes vues n’engagent que moi, mais comme je dis on peut réellement réfléchir à ce qu’aurait été le 11/09 avec Al Gore ???)

                    Les deux seuls candidats qui semblent marquer une vraie rupture sont en définitive Ron Paul et Barak Obama, à moins qu’il ne faille parier sur une tierce personne comme Nancy Pelosi...

                    Pour conclure

                    Je pense à toutes ces morts inutiles, ceux enterrés par l’effondrements des tours jumelles, les victimes civiles israéliennes, palestiniennes, afghanes et irakiennes. Je pense à ces père, à ces mères, à ces enfants d’Irak à qui on a du annoncer la mort du père, de la mère, du fils de la fille, ou à qui on a du annoncer leur mutilation. Dans le décompte des morts on les oublie, les estropiés, les mutilés...

                    L’histoire jugera Bush et elle a déjà commencé à le juger. Le jugement n’est pas favorable, avec le temps il risquera d’être pire encore... Parler de désastre est encore trop faible...


                    • frédéric lyon 10 juillet 2007 02:43

                      Ls interventions internationales en Afghanistan, puis en Irak ont ouvert la voie.

                      On a vu ensuite l’intervention éthiopienne en Somalie, aidée par les services secrets français et américains, puis on voit l’intervention internationale au Soudan (Darfour) qui s’organise aujourd’hui.

                      Puis l’intervention européenne au Sud-Liban.

                      Puis on va voir l’intervention internationale à Gaza que Tony Blair est en train d’organiser, dans son nouveau rôle de « sherpa » du « Quartette » qui se chargera de régler le problème de la Palestine.

                      Le monde arabo-musulman est en train de perdre toute rôle actif sur la scène internationale.

                      Voilà le résultat de l’islamisme radical.


                      • frédéric lyon 10 juillet 2007 07:51

                        L’intervention de l’armée pakistanaise pour liquider les islamistes à la Mosquée Rouge montre que certains gouvernements du monde musulman commencent à prendre la mesure de l’enjeu.

                        Le gouvernement pakistanais, mais aussi les gouvernements d’Egypte, de Jordanie, ou des pays du Maghreb, s’apperçoivent, mais un peu tardivement, que le mouvement islamiste, ou que le prolongement de la crise palestinienne, provoquent la destruction des positions des pays musulmans dans un monde où ils sont sans allié.

                        Le choix de l’Irak pour l’intervention internationale, qui a donnée le coup d’envoi du « remodelage du Moyen-Orient » dont les stratèges américains ont parlé, a été un coup de maître dont on voit aujourd’hui les conséquences.

                        L’Irak, pays d’operette crée par les liquidateurs de l’Empire Ottoman, est en effet situé sur la ligne de fracture qui séparent les mondes turc, arabe et perse, ainsi que sur la ligne de fracture qui séparent les monde chiite et sunnite.

                        Ces fractures sont désormais béantes et c’est le monde musulman tout entier qui est en train de se disloquer aujourd’hui.

                        Le dernier problème à résoudre est posé par la Syrie, que l’on a déjà flanqué à la porte du Liban et à qui on va maintenant retirer les crocs, après avoir mis une muselière à ses petits protégés du Hamas à Gaza.


                        • Icopas 10 juillet 2007 09:01

                          Ne serait-il pas nécessaire de placer une force d’interposition entre d’une part les troupes américaines et anglaises et d’autre part la population, en attendant le départ de celles-ci installées illégalement ?

                          Où sont ceux qu’on retrouve sur la question de la sauvegarde (justifiée) des populations du Darfour ? Où sont ceux qui parlent d’interposition au Darfour mais pas en Irak où le massacre est pourtant d’amplitude comparable , où des armées privées manipulées et des campagnes de massacre servant à justifier et maintenir les troupes d’occupation qui basculent progressivement l’avenir de cet état dans la partition ?

                          Tous les contrats, pétroliers ou autres, imposés par l’occupant sont nuls et non advenus. Là et depuis l’occupation de l’Irak existe un bain de sang. La première des choses est de sortir l’envahisseur et que ce dernier paye pour les exactions, les destructions et les vols opérés...

                          Ce premier acte évident permettra d’essayer de tenter de voir ce qui est sauvable pour réconcilier les peuples qui partagent l’Irak.

                          Après on pourra traiter la question des crimes de guerre, et de l’inculpation par un tribunal international de Buch pour la responsabilité de ceux-ci. Et des indemnités afférentes dûs par les USA à l’état Irakien.


                          • ZEN ZEN 10 juillet 2007 10:00

                            Deux ou trois choses concernant la psychologie de GW vue par la presse US...même si la psychologie n’explique pas tout...

                            http://www.dedefensa.org/article.php?art_id=4165

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