« Un pays qui se défend, s’impose au respect de tous. Ce pays ne meurt pas. »
Après une longue maladie représentée par la douloureuse guerre du Liban, la convalescence depuis 2005 n’a pas permis d’améliorer l’état du malade, le régime communautaire du pays des cèdres est entrain de rendre l’âme.
- La vacance du pouvoir présidentiel depuis plus d’un an sans que le peuple ne soit asphyxié est une preuve que le Liban n’a nul besoin pour cette république de Président, ni pour les chrétiens de représentant dans cette république.
- Du fait de non élection, l’illégitimité du parlement depuis deux ans par auto prorogation de mandat, n’a pas achevé le pays, preuve que la légalité n’est pas une condition sine quoi non pour la survie de la nation.
- Le gouvernement « d’expédition des affaires courantes », selon la formule consacrée, ne semble ni plus ni moins efficace que celui désigné selon le procédé constitutionnel habituel, preuve que la représentativité pour la « bonne » marche des choses dans notre pays, n’est pas de mise.
- La prolongation de la mission du commandant en chef de l’armée, bien qu’illégale, n’entame pas le rôle protecteur joué par l’armée envers sa population, vis à vis des menaces de toutes sortes, jusque là représentées par les voitures piégées auxquelles nous avons été si longtemps habituées.
- Menacé de l’intérieur, la présence massive sur son territoire, avec une couleur communautaire majoritaire. En effet, depuis plus de deux ans, le nombre des déplacés ou réfugiés syriens et depuis 70 ans pour les réfugiés palestiniens (plus de 2 millions), est capable de menacer drastiquement l’équilibre démographique instable du pays. Justifiant ainsi, à terme, la disparition pour les chrétiens du Liban de tout poids politique (présidence de la république, commandement de l’armée, …).
- Menacé de l’extérieur, en plus d’Israël, les mouvements takfiristes sont aux portes du pays. Le pays semble encore protégé par son armée, et sa résistance, qui paraissent ensemble tenir le coup. Le 25 mai est la date consacrée de la libération de la quasi totalité du sud du Liban par l’armée israélienne. Cette année nous fêtons le 15ème anniversaire de cette libération. Cependant Israël continue de menacer tous les jours le Liban.
Dans cette guerre inter musulmane au niveau de l’ensemble du Proche et du Moyen Orient (Irak, Syrie), Israël a ses préférences. Il assiste en se frottant les mains, au déchirement entre sunnites et chiites ; n’appréciant ni l’Iran, ni le Hezbollah qui est à ses portes et seule véritable menace pour lui. Dans ce conflit sanglant opposant de loin l’Arabie Saoudite à l’Iran, Israël donne un coup de pouce aux takfiristes.
Le « parti de dieu » a déjà ouvert plusieurs fronts : en Irak et en Syrie où il est très impliqué aux côtés de l’armée syrienne notamment à la frontière libano-syrienne. Pour le moment, la stratégie israélienne ne parie pas sur un manquement dans les capacités du Hezbollah à s’affirmer sur les différents fronts. Il n’est donc pas suffisamment affaibli aux yeux d’Israël qui l’a objectivement expérimenté quand il a assisté à la riposte proportionnée en réaction à l’assassinat, il y a quelques semaines, de cinq chefs militaires iranien et libanais du Hezbollah (dont le fils Moughnieh), à quelques kilomètres de sa frontière avec la Syrie. Le Hezbollah promet d’ouvrir encore d’autres fronts.
Tel-Aviv attend donc le moment opportun, à savoir l’affaiblissement notoire du Hezbollah, peut être en le voyant s’engager sur d’autres fronts encore afin de le contrer dans un ultime front en lui infligeant le coup de grâce.
Voici en quelques phrases, très succinctement résumée, la stratégie qui continue de s’appliquer sur le terrain, depuis déjà plusieurs mois. Stratégie qui a consisté pour l’occident * à parier sur l’Arabie Saoudite, son idéologie, son argent pour alimenter ce qui est désormais connu sous le vocable de Daech, Al Nosra, deux déclinaisons d’Al Qaïda. Ceci pour faire tomber Bachar el Assad, son régime, affaiblir le Hezbollah et modifier les frontières des Etats-nations du Proche et du Moyen Orient.
Le rapprochement USA-Iran à propos de la question du nucléaire ébranle quelque peu l’axe USA-Arabie Saoudite. Ce dernier existe depuis plus de 70 ans, ce qui ouvre une brèche dans l’exclusivité des relations entre les deux pays. Brèche dans laquelle s’engouffre la France pour arriver, enfin, à vendre le Rafale (l’avion de chasse ultra sophistiqué et cher) qui depuis 30 ans ne trouvait acquéreur.
Les USA, suite à ce rapprochement pragmatique, semblent vouloir modifier leur stratégie vis à vis de Daech, en se rapprochant timidement et sans le nommer, de Bachar. Si tant est que ce soit au final véritablement leur intention. En effet, la coalition bombarde Daech depuis 9 mois, ceci n’empêche pas cette organisation de mettre la main sur Palmyre, la cité antique, ce joyau bimillénaire syrien. Il est à se demander quels sont au final les buts poursuivis par les USA, vu les maigres résultats obtenus sur le terrain.
Que pensent les chrétiens du Liban de tous ces évènements ?
Il y en a qui ont peur du Hezbollah, l’accusant d’entrainer le Liban dans le conflit syrien. Pensant que s’il ne s’en était pas mêlé nous n’aurions pas à résoudre le problème de Daech au Liban. Bref, selon eux, le Liban aurait été épargné par l’idéologie et l’extrémisme wahhabite ; d’autres ont peur de Daech et soutiennent du coup le Hezbollah, ceci pour espérer éviter le danger que représente cette organisation. Cependant, il n’y en a qui ont peur des deux, ou méprisent les deux, et veulent rester neutres. A titre personnel, nous pensons que la question de Daech aurait, de toutes les façons, fini par toucher directement le Liban qui, à notre sens fait parti intégrante du projet et même plus tôt que prévu. Non, nous ne sommes pas neutres, nous ne faisons pas confiance et avons peur de Daech. Nous faisons confiance au Hezbollah et n’avons pas peur de lui. Nous comprenons le comportement du Hezbollah et le trouvons logique et salvateur, défenseur des libertés et du pluralisme.
Seulement ce que nous souhaitons pour le Liban par dessus tout, c’est le rassemblement de toute la famille libanaise autour de valeurs qui nous unissent comme la liberté de croire ou de ne pas croire, d’accorder une valeur inestimable à chaque être humain de ce pays et de tous les pays. Chrétiens, musulmans et non croyants ensemble pour réclamer la légalité et la sécurité tout de suite. Ceci justifie pleinement et urgemment une mobilisation générale pour descendre dans les rues et réclamer. Puisque nous ne pouvons plus réclamer par la voix des urnes. La Résistance défend jusqu’à ce jour le Liban aux côtés de l’armée. Il s’agit de la vision du vivre ensemble au Liban, il nous faut protéger nos frontières et réclamer la même chose, le vivre ensemble également en Syrie, en Irak et jusqu’à Jérusalem. Les irakiens, les syriens, les palestiniens, les yéménites, les bahreïnis et les libanais ne pourront pas, chacun de leur côté, résoudre leurs problèmes tout seul, faisant abstraction des problèmes des voisins. La menace est globale et existentielle. Chacun, tout seul, perdra cette bataille de l’humanité contre la barbarie. Ce qui ne sera pas le cas si nous sommes unis au delà de nos différences de croyance et de nos sensibilités politiques. La destinée du syrien est de rentrer et vivre en Syrie, de même pour le palestinien, l’irakien, etc.
Si demain la Résistance était vaincue, l’armée pourrait-t-elle seule relever le défi de la liberté face à la soumission, aurait-elle le choix de le faire ?
(* Il s’agit d’un plan commencé en 2006 et parfaitement explicité par l’administration américaine à cette époque là par la secrétaire des affaires étrangères américaine Condoleesa Rice)
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