Un traité de paix, pas un traité d’amour
Un conflit qui s’enlise est un conflit qui s’épuise.
Et finit, fatalement, par ne plus intéresser grand monde. Celui de la Palestine et d’Israël, en est un.
Depuis la moitié du siècle dernier qu’il existe, il a eu suffisamment de temps pour tomber en désuétude, en dépit de quelques coups parcimonieux d’éclat, tentant de le maintenir, laborieusement, en vie.
Paradoxalement, ces velléités sont davantage l’œuvre de l’état d’Israël, plutôt que d’une quelconque autre partie liée à cette épuisante équation.
Plusieurs générations l’ont vécue, cette équation, l’ont subie, l’ont conjurée, en vain. Finissant, de guerre lasse, par partir sans jouir du privilège d assister à son dénouement.
Par résignation, probablement. Par dépit, certainement.
C’est dire son caractère endémique. Insoluble. Cornélien.
Et comme toujours depuis que cela dure et perdure, en plein assoupissement, une énième action de fouettage des consciences surgit.
Souvent, elle porte le visage exécrable d’une reprise des hostilités militaires jamais tues, au demeurant.
Mais, rarement, celui d’une détente, d’une embellie, ou d’une hypothétique éclaircie.
C’est ainsi qu’au moment où le Covid 19, intime au Monde entier l’ordre de battre en retraite et de cristalliser toute son énergie à repousser la pandémie, voilà qu’une information de taille XXL tombe, annonçant la normalisation des relations bilatérales entre les Emirats Arabes Unies et Israël.
Quand bien même cela était dans l’air du temps depuis un certain temps par le fait de délassements amoureux secrets entre les deux pays, la nouvelle a, tout de même, de quoi faire réagir.
En toute bonne logique, ce sont les palestiniens qui ont vite fait de dénoncer cet acte de félonie perpétré par un frère frivole, volage qui découvre les attributs de la vie belle, de la modernité et de la nécessité, pour lui, de désormais s’acquoquiner avec les représentants du monde libre loin des turpitudes du monde patriarcal archaïque arabe, longtemps assis entre deux chaises, incapable de se mouvoir dans le sens escompté.
Les Emirats Arabes Unis ont fait un choix ; ils en sont responsables. Cela ne regarde qu’eux et eux seuls. Cela peut être interprété de mille et une façons, mais n’en reste pas moins une décision souveraine.
Ardue, certes à prendre, mais n’empêche qu’elle est prise. Les réactions en aval et en chaine ne changeront rien à la donne. Il y’a longtemps que l’illusion du consensus Arabe sur la Palestine n’est plus que lubie et lanterne.
Chacun pour soi, Dieu pour tous.
D’ailleurs, le silence assourdissant des chefs d’états Arabes suite à cette annonce traduit la nouvelle tendance qui tend à reconnaitre à chaque membre de la fantomatique ligue Arabe, la liberté de gérer son destin comme il l’entend.
Cela donnera lieu, très bientôt, à un véritable rush sur le voisin longtemps pestiféré. De nombreux pays piaffent dans l’attente d’un aggiornamento de leurs rapports avec le cousin germain, longtemps vilipendé.
Il va falloir, dans peu de temps faire la queue et prier pour espérer obtenir l’aval d’Israël à la normalisation. Le temps des réclames et des soldes va bientôt s’achever.
A vos chevaux, cavaliers de l’infortune et de l’insuccès.
Objectivement analysé, ce changement d’attitude des états Arabes, à l’égard de l’état Hébreu, n’a rien, de vraiment, renversant. Il s’agit, ni plus ni moins que d’un ralliement tout ce qu’il y’ a de plus logique, de plus stratégique, à celui qui peut incarner, dans le temps et dans l’espace présents, l’allié le plus sûr, surtout qu’il est parrainé par un mentor Américain hégémonique et puissant.
Quant aux Palestiniens, ils devraient, plutôt, auraient dû, depuis longtemps déjà, comprendre où se nichent leurs intérêts et s’atteler à couper l’herbe sous les pieds des courtisans Arabes qui osent parler en leur nom.
Un nom en forme de fond de commerce qui a servi de prétendus parents et cousins et desservi les Palestiniens eux-mêmes. Mais… Mais…Mais.
Gare à l’excès d’euphorie, de confiance, de joie et de perspectives mal entrevues.
Ce que vient de réussir Netanyahu avec la signature de cet accord de paix n’est pas une garantie urbi et orbi.
Il ne s’agit que d’un texte officiel écrit par des officiels pour un partenariat officiel.
Du coté populaire, il y’ a loin de la coupe aux lèvres.
La grande veine des Israéliens, aujourd’hui, c’est de profiter pleinement de la soumission des peuples Arabes à leurs régimes totalitaires, et de n’avoir, subséquemment à cela, aucune voix au chapitre, de compter pour du beure dans la prise des décisions importantes.
Pour autant, jusqu’a quand durera cet asservissement populaire et cette allégeance aveugle aux preneurs de décision. ?
Il est de notoriété, et cela, Israël ne le sait que trop, que les Arabes dans leur écrasante majorité vouent une haine viscérale aux Israéliens. Qu’il y’ait règlement, normalisation, dégel, rapprochement avec les dirigeants, ça n’engage en rien, les peuples.
Cette donne, Israël doit en tenir compte, la comprendre, pour mieux la gérer...
Le traité de paix avec l’Egypte signé en 1979, soit depuis quarante ans, n’a en rien impacté les sentiments des Egyptiens à l’égard d’Israël et des Israéliens. La répulsion et la phobie demeurent les maitres-mots.
Rien ne dit que dans 10, 50, 100 ans, le bout de papier jalousement confectionné par les deux parties, Emiratie et Juive, survivra aux mutations à venir et à prévoir. C’est dire que si Israël peut, momentanément, prétendre gagner la bataille des officiels, celle des peuples, de loin la plus déterminante, n’est pas du tout acquise. Cela fait du présent ascendant Israélien, un acquis provisoire, éphémère et non avenu.
La suprématie relative mais reconnue de tous, d’Israël à l’heure qu’il est, n’est pas une vérité générale.
Elle risque de s’effondrer à tout moment. Les bouleversements de l’ordre de l’Histoire tiennent à des détails insoupçonnés mais qui peuvent se révéler de taille, à la fin de la bataille. De quoi présager un avenir incertain, orageux, surtout, tempétueux, entre les cousins ennemis, loin des plates certitudes et des rires surfaits et de circonstance de Trump, Netanyahu et leurs supplétifs rois, princes et héritiers de pacotille.
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