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Accueil du site > Actualités > Médias > Agence France Presse : Le chant du cygne

Agence France Presse : Le chant du cygne

En 1951, jeune reporter localier d’un quotidien francophone du Maroc, alors encore « Protectorat » j’ai été recruté comme « demi-pigiste » à titre local, par le chef de bureau de l’Agence France Presse à Rabat. Depuis, 58 ans se sont écoulés dans le sein de cette « alma mater » pour laquelle j’ai eu la chance de couvrir une grande partie du monde comme correspondant ou chef de bureau.
Et je crains d’assister aujourd’hui à déclin dû aux dommages collatéraux des ambitions de certains de nos hommes politiques.
 
Quelques années auparavant, vers la fin de la seconde guerre mondiale, j’avais été recruté comme rédacteur-traducteur par l’American Office of War Information (OWI). Alan Saville, mon rédacteur en chef, ancien du bureau de l’Associated Presse à Berlin de 1930 à 1939, en me dissuadant d’entrer ans « ce chien de métier » qu’était le journalisme, avait ajouté « si vous persistez dans votre projet choisissez une agence de presse, car après cette guerre ce seront les seuls médias capables de vous envoyer à travers le monde. »
 
Ce fut chose faite quand j’acceptai de devenir un correspondant local (indigène) pour l’AFP. Connaissant bien la situation du Maroc à la veille d’une probable indépendance, je devins très vite indispensable. De demi-stringer, je fus muté en « stringer local entier », puis l’indépendance étant survenue, en 1955, le quotidien pour lequel je travaillais, s’était sabordé dans un accès de patriotisme, et je fus admis au sein des « vrais » rédacteurs du siège de l’AFP à Paris. Ensuite de poste en poste, en Afrique du Nord, puis en Asie du Sud est, en Afrique anglophone, en Éthiopie, dominant la Corne d’Afrique dans l’empire d’Hailé Sélassié au renversement duquel j’ai assisté, puis en Afrique orientale, en Amérique du Sud, les années ont passé. Quarante en tout. J’ai connu l’AFP soumise à l’Etat jusqu’en 1957, puis « libérée » et « indépendante » par un statut définitif, en 1957, grâce au jeune député François Mitterrand et à notre président, Jean Marin, ce solide breton, ancien journaliste de la BBC, qui pendant toutes les noires années de l’occupation, avait été un symbole d’espoir en s’adressant aux Français, depuis Londres, chaque soir, presqu’inaudible, à travers le brouillage allemand.
J’avais mis un doigt dans l’engrenage de ma vie de reporter dans un organisme de presse à la fois confortable, exigeant et respectiueux de ses collaborateurs.
 
Quelles que fussent les circonstances, les gouvernements de l’hexagone ont redouté les informations diffusées par les médias et les réactions de ces derniers à l’égard de leur politique. L’immixtion du pouvoir dans les médias est une vieille affaire. Elle le fut d’autant plus que l’AFP ne se trompait pas.
 
Je n’ai jamais compris que les plus respectables institutions professionnelles ou littéraires et les médias eux-mêmes, puissent rendre un culte tellement pieux au « pionnier de la presse française », Théophraste Renaudot, créateur du premier journal français La Gazette de France (1631). Pourtant, à y regarder de plus près, cet antique confrère a été plus qu’un gazetier impartial, un agent de la propagande financée par le père Joseph, éminence grise du cardinal de Richelieu, au nom du roi Louis XIII.
 
Ce type de presse là a toujours été de tout repos pour la trentaine de Souverains et chefs de gouvernement qui ont succédé à Louis XIV. La loi du 29 juillet 1881 a certes innové en garantissant la liberté de la presse, mais n’a pas empêché les pressions exercées à titre collectif ou individuel sur les journalistes. Les ennuis rencontrés par Emile Zola sa publication dans l’Aurore » du 13 janvier 1898 de son éditorial « J’accuse » dirigé contre les responsables de la condamnation aux travaux forcés du capitaine Dreyfus, fut une illustration de ce qui pourrait se produire pour un journaliste devenu trop inopportun dans la République.
 
À l’époque actuelle ce sont moins les foudres de la justice qui s’abattent sur le journaliste « coupable » de ne pas avoir respecté la pensée unique officielle, que les inspecteurs du service des impôts, chargés par le Pouvoir, de procéder à des redressements fiscaux ou tout simplement, pour faire moins de vagues, de décider un licenciement pur et simple, du gêneur par des chefs, serviteurs zélés du Pouvoir en place et de la pensée dominante.
 
De même quand une agence de presse est considérée comme une source sûre, une base de référence contribuant trop souvent à la manifestation de la vérité et au déniaisement de ses usagers, elle peut devenir très encombrante dans les palais nationaux. Et il arrive que son titulaire se mette à menacer publiquement l’Agence contrevenante «  de lui couper les vivres » et les revenus importants mais minoritaires que représentent pour elle les abonnements contractuels, négociés avec l’Etat français lors de l’élaboration du statut précisant son rôle a domicile et dans le monde.
 
Pour ce qui concernait l’AFP depuis 1957, ce rôle devait « permettre aux usagers français et étrangers d’avoir accès (…)  de façon régulière et sans interruption », à une information ! « complète, exacte, impartiale et digne de confiance » (articles 1 et 2).
Un tract du syndicat SUD de l’AFP a indiqué qu’un accord « COM2 » signé en décembre 2008, à Paris engage notre avenir puisqu’il jette les bases de la privatisation de l’AFP et prévoit de profonds changements avec l’institution d’un « modèle économique » de l’Agence. »

Le COM-2 charge l’agence d’étudier « les avantages et les inconvénients d’une évolution vers un statut de société (Le PDG doit remettre un projet au 31 mars 2009 au plus tard. Le texte confirme qu’il s’agit bien de préparer une nouvelle loi surlAFP qui serait présentée au Parlement. Il s’agirait donc bel et bien de casser le statut de 1957 »
Dans un communiqué diffusé le 24 février, le syndicat SNJ-CGT interpellait le président de l’AFP : "Dans son projet de casse, de nos carrières, de nos salaires, de nos métiers et de nos conditions de travail, M. Louette trouvera les syndicats, et notamment le SNJ-CGT, sur son chemin. »

La veille, le syndicat SUD avait affirmé que "toutes ces annonces n’étaient ni le résultat direct de la crise économique, ni celui de la révolution technologique multimédia mais la conséquence de décisions politiques prises par le gouvernement. »

« L’AFP devrait « multiplier les missions d’envoyés spéciaux de moyenne et longue durée », afin « d’alléger, voire de démonter »les implantations, c’est-à-dire ses bureaux permanents qui – selon les réformateurs - s’avéreraient pléthoriques ».

Ayant pendant trente ans dirigé quelques-uns des bureaux de l’AFP, en Asie du Sud-Est, en Afrique anglophone, dans le Cône sud de l’Amérique latine, et en Espagne, je connais bien les structures de l’Agence à travers le monde, et j’estime en conséquence que le démantèlement de son réseau mondial équivaudrait pour elle à un changement de nature catastrophique. Et à sa disparition en tant que grande agence de presse internationale.
 
Et pourtant, le pouvoir en place, ne devrait pas l’ignorer, le statut de 1957 prescrit au troisième alinéa de son article 2 que : « L’Agence France-Presse doit, dans toute la mesure de ses ressources, assurer l’existence d’un réseau d’établissements lui conférant le caractère d’un organisme d’information à rayonnement mondial  ».
Si l’on comprend bien, il est trouvé au-delà des mesures d’économie imposées, dit-on par la « crise », une bonne occasion de mettre fin à la couverture complète, continue, sûre et sensible de l’Agence dans les départements où les dernières élections régionales ont établi que la majorité des électeurs avait voté à gauche.
 
Le communiqué du syndicat Sud affirme qu’aux termes de l’accord signé à Paris, l’AFP s’engage à « sceller une – « nouvelle alliance » avec la Presse quotidienne régionale. Ce qui signifie que l’aide technique de l’AFP permettrait à la PQR de mutualiser informations locales et régionales et que l’AFP serait en province au titre d’assistant technique. L’AFP ne fournirait plus à ses clients de l’hexagone et à deux millions de francophone que de l’information nationale et internationale. On pourrait craindre que dans ce cas l’agence ne soit plus considérée que comme « porte-parole » des instances gouvernementales, et tenue en laisse, comme une majorité des médias français écrits et audio visuels dans lesquels sont investis les capitaux des grandes entreprises.
 
Cette situation nouvelle pourrait donner raison aux agences anglo-saxonnes Associated Press et Reuter’s à laquelle concurrence j’ai été confronté dès le début des années soixante et dont l’argument principal n’a pas cessé de qualifier à tort d’agence « Gouvernementale », à l’image de l’agence soviétique Tass. Fort heureusement pour les intérêts qui m’avaient été confiés, ces allégations ont rarement été prises en compte par les milliers de médias et agence de presse nationale qui étaient déjà ou allaient devenir des clients inconditionnels de l’AFP.
 
Par ailleurs, selon la même source, L’AFP s’engagerait à un « effort de maîtrise des charges - et en particulier de celles de personnel qui se traduirait par « une réduction douce des effectifs, principalement par des départs volontaires ».

Cela laisse la porte ouverte à des solutions plus radicale. Le texte ne précise que « le jeu des départs naturels ou aidés.

L’accord COM-2 envisage également un éventuel déménagement du siège« vers un bâtiment, moderne, avec « moins d’effectifs ; des conditions de travail dégradées ».
On le voit, les engagements signés avec les représentants du personne, pourrait aller très loin.Ils pourraient avoir des répercussions importantes sur la vie de l’Agence et sur les conditions d’exercice de nos métiers.
 
On a constaté, à travers le monde, que moins un gouvernement respectait les impératifs de la démocratie, plus il imposait son contrôle aux médias, qualifiés d’empêcheurs de danser en rond.
 
Le jour où fut libéré Paris une poignée de journalistes, Claude Bourgeon, Gosset, Rabache, Moulier, Kaufmann a pris d’assaut, à l’angle de la rue du 4 septembre et de la rue Vivienne, le vieil immeuble de l’Agence Havas, créée en 1835, qui avait été occupé en juin 1940 par l’armée allemande et refirent fonctionner provisoirement, sous le nom d’agence française de presse, l’agence assassinée.
 
Un mouvement de pureté qui avait pris naissance dans la clandestinité se manifesta au grand jour de la Libération avec la volonté de promouvoir une volonté d’honnêteté intellectuelle qui avait tellement manqué jusqu’alors à travers les siècles.
 
Ce pari ne fut pas facile à tenir car la victoire sur l’occupant ne signifiait pas pour autant que les gouvernements de toutes tendances, issus de la Libération, respecteraient plus la liberté de presse et d’expression que ceux qui s’étaient succédés depuis le XVII° siècles dans les palais royaux et ceux de la Révolution, des deux empires et de quatre puis cinq républiques.
 
J’ai vécu au sein de l’AFP ces difficultés provoquées par l’exigence officielle de ne présenter au Monde, en dépit des aléas de l’économie et de la politique, le « véritable visage de la France » en tentant, souvent en vain, de faire taire tous les adversaires, de toutes tendances, qui se manifestaient dans la presse au rythme des fluctuations de l’opinion et de la politique.
 
L’Agence n’a pas eu à affronter que les gouvernements au pouvoir à Paris à l’occasion des crises provoquées par la rivalité acharnée de partis, ou par les remous et les guerres de la décolonisation. Les services officiels firent de leur mieux – mais sans succès - pour imposer aux journalistes un nouveau vocabulaire plus musclé dans la description des évènements et de leurs acteurs.
 
De la guerre d’Indochine, que le « langage politiquement correct » baptisa « opération de police » à celle d’Algérie, accessoirement de Tunis et du Maroc où l’armée fut chargée de « maintenir l’ordre et de réprimer les « fellaghas » l’Agence et ses collaborateurs ont eu la chance d’avoir à leur tête, le porte-parole courageux et obstiné que fut Jean Marin pendant toute la durée de son mandat. C’est ainsi qu’il a fait de l’AFP une des grandes agences mondiales d’information en résistant avec ténacité, quel que fussent leur prestige et leur stature, aux hommes d’Etat qui avaient tenté d’infléchir sa politique inébranlable de respect de la réalité des faits.
 
De nos jours, l’idée même - grâce à internet - que les citoyens vont pouvoir, en toute liberté, croient-ils, échanger, répandre leurs idées et leurs réflexions à travers le monde est devenue proprement insupportable à de nombreux hommes politiques.
 
Ceux-ci se croyaient investis du pouvoir suprême d’imposer aux peuples leur façon de concevoir la société et le monde. L’usage de la « langue de bois » s’était généralisée tandis que s’imposait, sans heurt populaire, l’utilisation de l’amalgame « communication – information » grâce auquel le mensonge ou les demi-vérité se sont imposés sans trop de difficulté à la population de ce pays.
 
Quelques années auparavant, il y avait eu une époque où les machines à polycopier étaient interdites. Leur possession clandestine pouvait conduire directement à la torture et à la prison ou pire au peloton d’exécution.
 
Aujourd’hui, une technologie révolutionnaire venue des Etats-Unis apporte au moyen de la fulgurance de l’Internet, un démenti cinglant à tous les censeurs.
 
L’AFP n’est pas demeurée étrangère à cette révolution technologique qui permet enfin aux citoyens de s’exprimer sinon librement mais avec l’illusion d’exprimer sans risque les opinions jusqu’alors, réprimées en dépit des assurances tendant à prouver le contraire.
La télématique au service de l’information, de sa diffusion par écrit, en photo et en audiovisuel a été en trente ans très largement développée. Le fait que les médias français ou étrangers aient pris l’habitude, en soixante-cinq ans, de considérer comme certain et avéré tout ce que l’AFP diffuse à travers le monde à des milliards d’usagers, provoque chez plus d’un politicien investi de pouvoir pourtant démocratique beaucoup plus d’agacement, et peut-être davantage, que de fierté.
 
Un des syndicats de l’AFP, qui ne passe pas pour faire partie des « godillots » vient d’apporter de très inquiétantes précisions au sujet de ce qu’il estime être le début de la fin de l’Agence.
 
Or, cette liberté est actuellement menacée par des mesures gouvernementales insidieuses qui finalement adoptées, frapperaient durement, assure-t-on, les contrevenants.
 
Les progrès de la télématique ont été stupéfiants. De telle sorte, annonce-t-on aujourd’hui, qu’un système de surveillance des activités au sein d’internet peut être aisément établi. Bientôt il n’existera plus aucun « pare-feu » pour dissuader un gouvernement et ses sbires d’aller fouiller, à leur insu, dans la vie privée et les ordinateurs de millions de Français.
 
On sait que cela est parfaitement possible grâce à « l’IP », numéro matricule dont est affecté chaque ordinateur et chaque liaison. Une loi réprimant le « piratage » de la musique et de la vidéo - cinéma diffusé sur le Net autour du Monde est actuellement à l’étude par l’Assemblée Nationale après son approbation par le Sénat, on croit savoir d’avance que ce texte permettra de couper la communication avec Internet des citoyens ayant été accusés d’avoir « récidivé » en dépit des avertissements postaux qui leur auraient été signifiés.
 
Il est à craindre qu’alléché par les résultats d’une telle mesure l’Etat ne soit ultérieurement tenté, bien que ce projet de loi ne le prévoit pas, d’organiser une surveillance généralisée des réseaux. Les sénateurs ont expressément supprimé du projet de loi toute idée de filtrage. En tout cas, pour le moment : dans le cadre de l’accord Olivennes, les FAI et des acteurs du monde culturel ont accepté de tester pendant deux ans des systèmes de filtrage à grande échelle.
 
En se refusant à croire à une telle perspective de contrôle d’un « Big Brother » au nom de la morale professionnelle - mais n’étant pas sûr de l’avenir -, on attend maintenant un démenti et un engagement ferme des plus hautes instances de l’Etat, garantissant aux citoyens que jamais dans ce domaine, - dans le respect de la Constitution -, la liberté d’expression et d’information ne sera violée.
 
© Bertrand C. Bellaigue

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10 réactions à cet article    


  • Marsupilami Marsupilami 13 mars 2009 15:30

     @ L’auteur

    Excellent billet, merci. Sur un sujet connexe lire l’article de Charles Bwele d’aujourd’hui

    A propos de l’indépendance de l’AFP sous le règne de Sarkozy, cet article du Canard Enchaîné de cette semaine :

     


    "C’est Frédéric Lefebvre qui doit être content. Les attaques répétées du porte-flingue de Sarko contre l’AFP ont fini par payer. L’agence s’est en effet montrée fort sage, pour ne pas dire exemplaire, dans le traitement de l’escapade présidentielle sur les plages dorées du Mexique. 

    Dès le vendredi 6 mars, soit deux jours avant la visite d’Etat officielle, l’AFP savait tout. Le lieu chic où Nicolas et Carla venaient d’arriver, sur la côte Pacifique, à deux pas de la station balnéaire pour milliardaires de Careyes. Le nom de l’hôtel de luxe où les tourtereaux étaient descendus, etc. Mais, bizarrement, l’AFP a oublié de rendre publiques ces informations. C’est trop bête.

    La rédaction en chef l’a juré la main sur le cœur au Canard : "Ce n’était pas par souci d’épargner le président de la République. Nous avons simplement décidé de ne traiter que le côté politique de la visite, pas l’aspect privé. Il existe d’autres publications pour ça". L’argument est noble, mais la réalité est plus prosaïque. 

    Samedi soir, l’agence avait en main une dépêche en provenance de Mexico qui évoquait le séjour huppé de Sarko et Carlita. Mais, dans sa grande pudeur, la direction a préféré différer sa publication, le temps de voir si l’Elysée communiquait sur ce délicat sujet. 

    Finalement, l’information n’est tombée que le lendemain, dimanche 8 mars, à 16 h 9, au moment du lancement très officiel des réjouissances. Trois lignes pour indiquer, après coup, que le couple avait-passé deux jours "dans un hôtel retiré du sud-ouest du pays pour un séjour privé", le tout noyé dans un papier titré : "Déjeuner privé et visite des pyramides pour les couples Sarkozy et Calderon".
    Comme quoi, à l’AFP, les affaires privées, on finit par s’y intéresser".

    Fin de citation.

     
    Elle est mal barrée, l’AFP...
     

    • Yannick Harrel Yannick Harrel 13 mars 2009 15:48

      Bonjour,

      Merci pour votre témoignage qui m’a procuré un vrai plaisir de lecture, et nul doute que vous avez bien des anecdotes croustillantes en sus de réflexions personnelles à nous faire part de par votre fascinante pérégrination de par le monde (l’objet d’un ouvrage en cours de rédaction ?).

      Mais comme vous le mentionnez en fin d’article, les temps sont sombres : tant pour les journalistes et leur employeur que pour les internautes qui participent aussi au relais d’informations. Je m’autorise cependant à émettre une correction d’importance car lorsque vous écrivez : De telle sorte, annonce-t-on aujourd’hui, qu’un système de surveillance des activités au sein d’internet peut être aisément établi. Bientôt il n’existera plus aucun « pare-feu » pour dissuader un gouvernement et ses sbires d’aller fouiller, à leur insu, dans la vie privée et les ordinateurs de millions de Français, la réalité est un peu plus subtile : avec le projet de loi en discussion on part d’une présomption de culpabilité, et c’est à vous de prouver votre innocence, si besoin est en amenant votre propre disque dur avec vos données confidentielles dessus ! C’est la perte d’emplois à terme pour tous les Vidocq de France mon bon Monsieur...

      Je regrette que les Français dans leur grande majorité soit si ignorants du bouleversement qui est en train de se dérouler dans le pays. Entre rabougrissement international et raidissement national sur fond de crise économique, le drapeau Français est en berne. Je ne cède pas facilement au catastrophisme, mais je suis hélas trop conscient (car m’informant justement) de l’évolution sociale nationale et internationale pour ne pas m’alarmer de nombreux faits.

      Comment ne pas regretter la vision d’un J.F.K. sur le rôle de la presse vis à vis de la société civile ?

      Cordialement


      • Atlantis Atlantis 13 mars 2009 16:36

        Si l’agence france press avait été aussi exemplaire que ça sur l’observation/transmission d’information, sur l’éclairement de nos concitoyens elle n’aurait jamais eu à redouter les loubards de la politique, qu’elle aurait déboulonné bien avant. Surtout à l’époque du net ou l’info se multiplie tels des petits pains et encore plus quand ils sont croustillants.
        Racheter une virginité à l’AFP via un billet sur un site internet collaboratif ne trompe personne : ce genre de site s’est mis en place principalement parce que les médias "officiels" sont aveugles et sourds au réels enjeux de notre temps. Ils se contentent d’observer et commenter ce qui se passe sur scéne alors qu’ils devraient être en coulisse.

        Le plus rigolo c’est qu’ils voudraient continuer à avoir le beurre (critiquer les hommes clés), l’argent du beurre (les subsident de l’état) et le sourir de la crémière (notre approbation).


        • Lisa SION 2 Lisa SION 2 13 mars 2009 16:49

          Bonjour, " ...agences anglo-saxonnes Associated Press et Reuter’s à laquelle concurrence j’ai été confronté dès le début des années soixante et dont l’argument principal n’a pas cessé de qualifier à tort d’agence « Gouvernementale », à l’image de l’agence soviétique Tass. "

          Peut-être avez vous connu Marc Flament, photographe " officiel " de la guerre d’Algérie, ce qui lui a valu de faire fortune puisque lui seul a reçu cet agrément. je l’ai écouté raconter comment, en passant par un seul intermédiaire officiel, et en filtrant rigoureusement l’ensemble de ses photos, détruisant systématiquement tous les négatifs compromettants car trop crus, il a pu être un organe vivant de la désinformation flagrante sur ces évènements. J’ai écrit ce petit post sur un autre fil ancien pour résumer d’un simple survol, ce qu’aucune presse ne dira jamais :

          " au retour des croisades, une partie des croisés sont rentrés au pays par le sud de la méditerranée. à la fois pour voir du pays et pour convertir. Mais devant la majesté des contrées traversées, certains ont renonçé en cours et se sont installés en communauté au Maghreb où l’on trouve les Kabyles, par exemple, blonds aux yeux bleus. C’est là que se sont réfugiés une partie des juifs fuyant l’occupation, et c’est suite à leur implantation qu’ils ont inspiré l’Algérie française. Seulement, comme aucune implantation de masse ne se solde par une opposition à " l’envahisseur " les évènements que nous connaissons ont eu lieu. " Me confirmerez vous mon intuition ?


          • Yvance77 13 mars 2009 17:21

            Bonsoir,

            C’est tout simplement un superbe billet, comme j’aime. Du vécu, de la franchise, impartial et lucide. Bravo à l’auteur.

            A peluche


            • Henri François 13 mars 2009 17:39

              à l’auteur .
              En tant qu’ancien de l’AFP (la meilleure école de journalisme qui pouvait exister), force est d’admettre que l’époque a changé et que l’Agence est devenue depuis quelques années une entreprise très lourde, parsemée, hélas, de quelques placards et que la mutation "administrative" de la maison n’a jamais été entamée. Ainsi a été retardée la modernisation et l’efficacité de l’outil, erreur que n’ont pas commis les agences anglo-saxonnes, leurs principales rivales.
               En outre compte tenu de contrats financiers, assez importants, la liant aux administrations (ministères, présidence,préfectures etc...) il était notoire qu’à terme un "chef" d’Etat dicterait ses propres souhaits en ce qui concerne l’information. Avec, celà va de soi, à l’affût, les principaux titres de la presse écrite. 
              Il est loin, très loin l’ami, où, de par le monde, chacun des supports méditatiques attendait la confirmation d’une nouvelle importante par l’AFP pour la publier.
              Je vous signale que de mon temps déjà (les années 60/70) j’ai connu, au siège de l’AFP, les mêmes remous ou tentatives que vous énumérez ... un peu longuement. Avez-vous, sur ce point, oublié la concision qui était de rigueur dans le traitement de l’info ?


              • Forest Ent Forest Ent 13 mars 2009 20:31

                la modernisation et l’efficacité de l’outil, erreur que n’ont pas commis les agences anglo-saxonnes

                Euh ... quelles sont les agences anglo-saxonnes qui se portent bien ? Pas AP et Thomson-Reuters je suppose ?


              • PtitLudo PtitLudo 13 mars 2009 17:40

                Merci beaucoup pour cet article.

                Pour ce passage :
                À l’époque actuelle ce sont moins les foudres de la justice qui s’abattent sur le journaliste « coupable » de ne pas avoir respecté la pensée unique officielle, que les inspecteurs du service des impôts, chargés par le Pouvoir

                Ca dépend, voir entre autre le cas de Denis Robert, et ses démélées avec la justice suites à ses révélations sur Clearstream.


                • Forest Ent Forest Ent 13 mars 2009 18:48

                  Article tout à fait remarquable.

                  Pour l’avenir, ça me semble assez simple. Bolloré cherche depuis quelque temps à racheter la partie française d’Associated Press. Ca finira par se faire. Ensuite, l’état répartira ses commandes. Enfin, ce qui restera d’AFP sera vendu à Bouygues et Lagardère.

                  D’ici là, l’AFP est priée de la fermer. Le "journalisme" à la Renaudot a de beaux jours devant lui.

                  Le flicage du net se porte aussi très bien. Je suppose que Sarkozy remercie les pédophiles...


                  • Bertrand C. Bellaigue Bertrand C. Bellaigue 15 mars 2009 00:51

                    Je vous recommande - si cela peut vous intéresser - un de mes livres intitulé "Du mellah aux rives du Jourdain - La génération du désert" dans lequel je décris comment les Juifs du Maroc - quelque 273 000 personnes de toutes situations sociales, ont réalisé leur Alya, et comment ils sont devenus des pionniers dans la "moderne terre promise" que leurs lointains ancêtres les Cananéens, avaient quitté vers l’an 850 avant notre ère, au moment de la création de Carthage, pour s’établir en même temps que des Phéniciens du Makresh au Maghreb, le long des rivages sud et nord de la Méditerranée..

                    Quant à la blondeur au yeux vert de certains en Afrique du Nord, ces caractéristiques proviennent, affirment des historiens , de l’invasion de ces pays par les Vandales qui au cours des siècles se sont disssous dans les sables de Tunisie et de Libye.

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