C dans l’air a du plomb dans l’aile
Enquêtes & Débat a publié sur ce sujet un papier très instructif il y a quelques mois sous le titre ; C dans l'air : Yves Calvi invite surtout ses copains journalistes et analystes, où l'auteur - un stakhnoviste- y comptabilise les personnalités les plus invités en 2010. Ceux qui suivent cette émission ne seront pas surpris des résultats que je reprends ici : Classement des personnalités invitées à C dans l'air en 2010 : 905
1. 39 fois : Christophe Barbier, directeur de l’Express
2. 28 fois : Dominique Reynié, professeur à Science-Po
3. 27 fois : Roland Cayrol, fondateur de l’institut de sondages CSA
4. 17 fois : Denis Olivennes, directeur du Nouvel Observateur
5. 16 fois : Renaud Dély, Yves Thréard
6. 12 fois : Elie Cohen, Jean-Marc Daniel
7. 11 fois : Pascal Perrineau, Philippe Frémeaux
8. 10 fois : François Langlet
304 personnes (31%) n'ont été qu'une seule fois. Seulement 8,5% sont des femmes ! A titre de comparaison il y a 22% de femmes au sénat réputé, à tort d'ailleurs, comme un bastion du machisme. Les rares femmes invitées ont droit à un traitement spécial parfois : au mieux malmenées et au pire infantilisées.
Je ne vais pas vous parler du regretté Jacques Marseille mais d'Antoine Sfeir, grand admirateur de Ben Ali, victime collatérale de la révolution de jasmin. Il s'est d'ailleurs fait ramasser à ce sujet par une invité dont je ne me souviens plus le nom et qui du reste n'a jamais plus été invitée. Il a raison Calvi, faut éviter d'inviter des gonzesses : elles sont imprévisibles. Mais j'ai bon espoir qu'Antoine revienne quand tous cela se sera calmé ou qu'un régime islamiste s'installe à Tunis ce qui lui donnera raison à postériori. La guerre en Irak II a aussi envoyé au congélo quelques experts, qui soutenaient mordicus que Sadam Hussein détenait des armes de destruction massives, mais rassurer vous depuis ils sont ré-apparus.
Questions sms et internet : les 5 minutes de fou rire
L’émission finit toujours par des questions envoyées via sms et internet par les téléspectateurs. Cela ressemble à un quizz, la question est courte et simple et un seul invité y répond de manière courte et concise. J'aime bien ce moment, on se marre souvent tellement les réponses peuvent confondantes de stupidité jusqu'à faire plonger les invités dans la gêne. On peut aussi se marrer au détriment d'un soit-disant expert incapable de répondre à une question simple et qui parfois répond à côté pour ne pas perdre la face. Mais on nous la fait pas ! Est-on obligé de sélectionner ce genre de questions dans le but de faire plus proche du peuple ? Cette courte séquence est surtout l'occasion de trier les invités sérieux et compétents des nombreux clowns qui les côtoient.
Pourquoi tant de haines ?
Si je n'apprécie plus autant cette émission pourquoi continuer à la regarder ? Parce que que malgré tous les "bras cassés" qui polluent CDA, il y a souvent un rayon de soleil apporté par des intervenants de qualités dont je cite quelques noms plus loin. Le principal problème qu'implique les dysfonctionnements de l'émission est qu'elle est : en situation de monopole -si on excepte C soir (ou jamais) qui en plus disparait- et financée par le contribuable. Ce monopole lui permet d'ailleurs d'afficher régulièrement des records d'audimat en particulier pendant les périodes de crise aigüe. Les animateurs ont, non seulement un devoir moral de favoriser la liberté d'expression et sa diversité, mais une obligation contractuelle puisque France 5 est une chaine du service public. A l'évidence cette obligation n'est plus remplie et plus on se rapproche de la prochaine présidentielle plus ce manquement est scandaleux et pourrait conduire à des manipulations politiques. A quoi ça sert la pluralité ? Cela sert entre autre à éviter que le grand public, qui par définition n'a pas de connaissance pointu dans un domaine, se s'illusionne sur des solutions simples à un problème. L'exemple de la crise de la dette est très révélateur. Si vous écoutez certains invités la solution est servie sur un plateau, il suffit que ces fainéants de Grecs bossent plus, que les Allemands soient moins radins, que tous les pays prennent exemple sur l'engagement français, de fédéraliser le budget de européen et d'instaurer une taxe sur les transactions financières et l'affaire est bouclé en 18 mois. Heureusement qu'il y a des voix discordantes pour nous rappeler que les Grecs bossent plus que les Allemands (même si l’efficacité n'est peut-être optimale), que les Allemands n'ont peut-être pas une économie si solide qu'on ne le dit, à cause d'une évolution démographique très défavorable, que la raison pour laquelle la France est en pointe dans l'aide à la Grèce est que les banques hexagonales sont les plus mouillées et qu'Athènes nous achète beaucoup d'armes, que la fédéralisation implique des abandons de souveraineté que même les pays en difficulté semblent refuser et enfin que le Royaume-unis opposera sont véto à la taxe Tobin et que sans lui aucune réforme de la finance ne peut se faire. Le quidam qui ingurgite, sans les digérer les bons conseils prodigués par ces médecins-charlatans, devient vite paranoïaque car il est amené à penser que les dirigeants européens complotent contre les peuples en refusant d'appliquer des solutions si "évidentes" dans le cadre de la crise de la dette par exemple.
Je fais mon Pierrot le Foot
Le blog de football que Pierre Ménès anime sur Yahoo ! est l'un de mes favoris et plus particulièrement les notes qu'il attribut au joueurs à la suite d'une grande rencontre. Je vais donc reprendre ce concept qui n'a rien de révolutionnaire mais en ne m’intéressant qu'aux invités qui rendent cette émission parfois agréable à regarder et instructive. Pourquoi ne pas noter les mauvais ? Comme dirait Raffarin je veux avoir "une positive attitude" en ne m’intéressant qu'aux meilleurs mais surtout il y a tellement de mauvais que le travail deviendrait titanesque.
- Economie : Philippe Frémeaux qui démontre qu'on peut être très à gauche et pourtant équilibré, d'une grande honnêteté intellectuelle et compétent en économie.
- International : Pascal Boniface auteur entre autre de l'excellent "les intellectuels faussaires".
- Finance et bourse : Marc Fiorentino. Sous une apparence de crooner un vrai trader qui sait de quoi il parle contrairement à certains intervenants qui ne mettent les pieds dans une salle de marché que le jour où les caméras de télé débarquent.
- Politique : Ex æquo Raphaëlle Bacqué du Monde et Yves Thréard du Figaro.
- Justice : Philippe Bilger, entre les juges rouges, les bobos naïfs qui croient que dans tout trafiquant de drogue il y a un Jean Valjean et la droite dure qui veut incarcérer le plus petit délinquant mais refuse de financer des prison il y a de la place pour des gens sérieux.
- Délinquance et crime : Xavier Raufer. A force de fréquenter les truands ils parlent un peu comme eux mais au moins il connait le milieu !
- Monde arabe : Hasni Habidi, un look à la Benicio Del Toro. Plus beau, plus intelligent et moins arrogant que Sfeir, que demande le peuple ?
- Afrique : Antoine Glaser, on peut être blanc et aimer l'Afrique et la comprendre.
- Religion : Odon Vallet. Etrange que le spécialiste de l’église catholique ait un nom de dieu nordique donc païen. Très fort ce mec qui arrive à intéresser aux questions de foi un vieil athée comme moi
Si j'avais un message à transmettre à l'équipe de C dans l'air ce serait une phrase simple : Bon dieu reprenez-vous, il n'est jamais trop tard !
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