Qui sont-ils, que sont-ils, où habitent-ils ? Quel est leur niveau d’instruction, de quoi parlent-ils ? Quelles sont leurs motivations et leurs espoirs ? A ces question réponds l’étudiant Julien dans son mémoire de Master. Édifiant, même gratifiant, vous allez vous voir et vous reconnaître dans son miroir.
Le 9 juin 2009 09:12, Eugène WERMELINGER a écrit :
Bonjour Julien. Etes-vous vous-même inscrit parmi les rédacteurs d’AV, ou comptez-vous le devenir ? Et dans ce cas allez-vous nous faire le cadeau d’écrire un article sur votre sujet ? Dans le cas contraire, j’aurais bien envie d’en faire un, si vous m’en donnez la permission bien sûr. Au plaisir de vous lire. Cordialement Eugène.
Bonjour Eugène, En effet, je compte rédiger un article sur le sujet et le publier sur Agoravox. Néanmoins, mon étude n’étant à ce jour pas terminée ce papier n’arrivera pas immédiatement. Ainsi vous pouvez faire un article sur le sujet. Pour citer l’enquête vous pouvez mettre la référence suivante : DEPELCHIN Julien, Le journalisme citoyen : acteurs, production de l’information et analyse comparative avec la presse traditionnelle, Mémoire de Master 2, Université de Lille 1. Merci de votre intérêt pour le sujet et de votre urbanité en m’ayant soumis votre idée d’article avant de le publier. Bien cordialement, Julien
Les journalistes citoyens d’Agoravox par J. DEPELCHIN (extraits de l’étude en cours, aimablement transmise par l’auteur)
"Nous avons fait le choix d’étudier les rédacteurs du site Agoravox. Les 44 934 individus inscrits sur ce site constituent ainsi la population de notre étude. Les contributeurs sont en effet libres d’inclure dans leur description un lien qui nous dirige automatiquement vers leur weblog.
L’échantillon obtenu est constitué par 817 rédacteurs du site Agoravox ayant un blog ou un site web et ayant fait le choix d’en publier le lien sur leur page de profil. Ils ont été contactés le 3 mars 2009 et le 5 mars 2009.
En tout, 295 rédacteurs ont répondu à nos questions ce qui constitue une base de données très importante. Le taux de réponse est ainsi d’environ 36%. 253 individus sont des hommes et seulement 37 des femmes. Ainsi, plus de 87% des rédacteurs sont de sexe masculin.
Les journalistes citoyens se concentrent dans les tranches d’âge 30-35 ans et 35-40 ans. En effet, ces deux groupes comptabilisent respectivement 15,2% et 14,1% des individus interrogés. L’essentiel des rédacteurs se concentrent dans les classes d’âge de 25 à 50 ans (61%).
Parmi les rédacteurs, les Parisiens sont surreprésentés puisque la capitale réunit plus de 28% des individus interrogés (alors que seulement 3,3 % des Français vivent à Paris). Le constat est confirmé lorsque l’on comptabilise l’ensemble des communes de la région Ile de France. Les rédacteurs y vivant constituent 39% des personnes interrogées (alors que seulement 18% des Français vivent en Ile de France).
Un phénomène international
Site francophone, Agoravox rassemble des individus de plusieurs nationalités vivant à travers le monde. Ainsi, huit individus habitent au Québec (Montréal, Beauport, Laval, Trois- Rivières), cinq en Belgique (Bruxelles, Charleroi, Namur), trois en Suisse (Genève et Neuchâtel) et quatre en Afrique (Yamoussoukro, Yaoundé, Kinshasa, Abidjan). Des Français vivant à l’étranger participent également au site. Des habitants des villes de Londres, Copenhague, Doha, La Haye, Madrid, Moscou, Munich, Livourne, San José (Etats- Unis) ont écrit un ou plusieurs articles sur Agoravox. L’ensemble de ces rédacteurs ne vivant pas en France représente10,5% de l’ensemble des interrogés ce qui est non négligeable.
Diplôme
Les journalistes citoyens qui sont donc en grande majorité des individus de sexe masculin comportent l’autre particularité d’être très instruits. Ils possèdent pour la plupart un très haut niveau d’étude. Plus de la moitié (50%) disposent d’un diplôme de troisième cycle universitaire (Bac+5 et plus) ou de grande école. Une autre part importante (25%) détient un diplôme de second cycle universitaire. Ainsi, plus des trois quarts des journalistes citoyens ont au minimum un Bac+3. De surcroît, les personnes les moins diplômées sont pour la plupart âgées de plus de 50 ans. 22% des Français ont un niveau supérieur à un Bac+2 contre 75% dans la présente étude. On dénombre peu d’ouvriers,d’agriculteurs ou de techniciens. Les plus représentés sont les cadres de la fonction publique, les professions scientifiques, les professions de l’information, des arts et des spectacles (20%). Les ingénieurs occupent également une place importante dans cette distribution (13%).
En procédant de la même manière que précédemment, c’est-à-dire en comparant notre échantillon avec la population française totale, on en arrive à la même conclusion, à savoir que les PCS supérieures sont surreprésentées. La population active française compte 13,2% d’ouvriers en 2007contre seulement 1% dans notre cas. Les employés sont également sous-représentés sur le site Agoravox (5% contre 16,80% pour la population active française). Les étudiants sont assez présents sur ce site et représentent plus de 8% de la population étudiée. Une remarque très pertinente concerne le nombre de journalistes dans l’échantillon. On note que 31 individus exercent cette profession ce qui est une proportion très importante.
Des individus engagés
Dans la majorité des cas, les individus interrogés suivent avec intérêt la politique. Seuls quatre individus ne s’y intéressent pas du tout (1%). Plus de la moitié (59%) se déclarent « beaucoup » intéressés et 32% « assez ». Des engagements multiples Ils s’investissent dans des associations (21%), dans des partis politiques (14%) ou encore des syndicats (2%). Certains sont même engagés dans plusieurs collectifs (association et parti politique, association et syndicat, syndicat et parti politique).
Journaliste d’un jour
Agoravox est un moyen de publier des articles ponctuellement (66%). Seuls 34% des individus perçoivent cette tribune comme un outil régulier. Le haut niveau d’étude permet aux rédacteurs d’expliquer l’actualité grâce à leurs connaissances scolaires et universitaires qu’ils n’hésitent pas à mobiliser lors de la rédaction d’un article. La santé est un sujet qui suscite un engouement certain, thème que l’on aurait d’ailleurs pu proposer au sein des réponses possibles (treize personnes ont affirmé aborder le sujet de la santé). L’environnement est identifié dans de nombreux articles et les spécialistes de la question ont voulu préciser l’aspect traité : développement durable, bio, écologie, commerce équitable. Créés pour être différents des médias traditionnels, les sites de journalisme participatif sont principalement utilisés pour offrir aux citoyens une information qui se veut différente de celle habituellement offerte. Un autre motif est constitué par le désir de progrès personnel. Certains souhaitent améliorer leur style, travailler leur écriture, structurer leurs idées. Rédiger des articles leur permet de prendre du plaisir, de s’adonner à un loisir qu’ils affectionnent.
Le futur du journalisme citoyen
Seuls 4% craignent pour son avenir et pensent qu’il ne pourra perdurer dans le temps. c’est un processus en plein développement remplissant de nobles fonctions : « La liberté d’expression garantie » « Favorise le pluralisme » « Est un modèle à suivre par tous » « Expérience en cours » « Source de démocratie » « Sans pression d’aucune sorte, sans langue de bois, ce style de journalisme permet de voir la vraie évolution de la société Française. C’est un espace de liberté qui s’est ouvert grâce à Internet. Le journalisme traditionnel, au service des puissants, veut trop manipuler la population ».
Voilà donc qui nous sommes.
Encore faut-il faire remarquer que ceux qui ont répondu sont des personnes identifiables et joignables. Il est à craindre que la masse des 40 et quelques milliers d’inscrits ne soient pas du niveau trouvé par notre étudiant. Souvent, sous couvert de -pseudo- anonymat certains rédacteurs et surtout commentateurs se permettent des incivilités. Pour autant ils font aussi partie de notre monde et on peut leur souhaiter aussi « un désir de progrès personnel ».
Fin des citations.
Espérant, en parlant au nom de tous, ne pas trahir vos convictions, j’adresse en tous cas, nos félicitations à Julien Depelchin que nous avons hâte de retrouver parmi les nôtres. Et nous attendons son premier article et ..... ceux qui vont suivre. Bon vent Julien. Appel aux dormants : L’enquête de Julien n’a porté, et pour cause, que sur les personnes ayant répondu à son mail. Il reste quelques questions sans réponses. Pourquoi une grande majorité de rédacteurs se cache-t-elle derrière un pseudo ? De quoi a-t-elle peur ? Ou est-ce pour pouvoir se permettre de dire n’importe quoi ? Comment se fait-il que de très nombreux rédacteurs n’ont jamais publiés, alors que certains ont postés des centaines voire des milliers de commentaires souvent très bien écrits et documentés. Par vos commentaires vous apporterez la matière qui permettra certainement à notre étudiant de présenter un travail plus complet et de haute tenue. Merci à toutes et à tous. Eugène.