Faut-il brûler Riposte Laïque ?
On ne peut pas plaire à tout le monde....Là effectivement j’aurais droit à des critiques de la part de mes adversaires...c’est naturel mais aussi de certains de mes amis qui m’ont reproché ma « faiblesse » vis-à-vis de Riposte laïque.
Il n’y a pas de faiblesse. Je refuse tous les amalgames et autres procès contre celle ou celui qui n’est pas dans les clous....
Comme d’autres militants laïques de gauche, voire d’extrême gauche, j’ai pensé que ce journal allait permettre à la fois l’émergence d’un débat entre laïques et constituer un vecteur de combat contre les intégrismes.
Je connaissais Pierre Cassen et plusieurs des rédacteurs qui, appartenant au mouvement ouvrier comme militants syndicalistes pouvaient être les garants d’une orientation sans ambigüité.
J’avais pourtant des divergences, dès le début, la ligne éditoriale affichant clairement le cap de l’union des républicains des deux rives c’est-à-dire de l’unité laïque entre la gauche et la droite républicaines...
J’étais également perplexe quant à la volonté affichée de cibler principalement l’offensive islamiste, jugée comme la plus dangereuse contre nos principes laïques.
Si j’accepte de discuter et d’agir dans le cadre de la vie associative avec des personnes qui n’ont pas la même sensibilité politique que moi, il ne m’est pas possible de participer à une aventure éditoriale politique commune.
Jamais je ne suis entré dans la rédaction de ce média mais j’ai continué à y écrire pendant quelques temps des articles.
Son évolution m’a inquiété, qu’il s’agisse de la confusion entretenue entre l’islam et l’islamisme ou qu’il s’agisse de ses articles à propos des sans papiers, où plusieurs rédacteurs, dans leurs écrits, condamnent le mot d’ordre de « régularisation ».
Quelques rédacteurs de Riposte Laïque, faisant la même constatation, ont pris leurs distances. Le ton d’articles que la rédaction qualifie de « patriotes », ou de « républicains », mais que je considère « nationalistes », ont désespéré nombre de ses amis.
Je n’écris plus dans Riposte Laïque, bien que j’y sois toujours le bienvenu, malgré les divergences que j’exprime,ce que je mets à leur crédit.
Ne pas écrire dans ce journal ne signifie pas que je considère ce média comme un « canard » « raciste » voire « facho »...
Pour moi les mots et les caractérisations ont un sens et je me suis toujours refusé à utiliser l’injure et surtout la calomnie dans les rapports politiques avec des militants qui ne partageaient pas l’ensemble de ma vision du monde.
Or, je viens de regarder « l’émission « Arrêt sur image », où Riposte Laïque était sur le sellette. Pierre Cassen, l’un des invités ne m’a pas entièrement convaincu, mais j’ai trouvé ses arguments très clairs, et il a surtout été très respectueux pour ses contradicteurs. Par contre l’un d’entre eux, Bernard Teper a encore montré la bassesse de ses procédés.
Non content de ne pas avancer d’arguments lisibles et cohérents, l’ancien président de l’UFAL s’est permis de vouloir salir son interlocuteur en le désignant comme un « résistant du 7 mai 1945 » et un Doriotiste des années 2010, qui va obligatoirement passer de l’extrême gauche au Front national.
Pierre a eu beau jeu, sur la fin du débat, de faire un parallèle avec les staliniens, et leur célèbre expression « hitléro-trotskistes », rappelant que tels amalgames étaient indignes d’un débat entre personnes se réclamant de la pensée libre.
Rien étonnant, avec des telles méthodes, dignes de groupuscules sectaires, que Bernard Teper et les siens aient réussi à faire de l’UFAL une organisation exsangue... Plus de la moitié des adhérents est partie au CNAFAL, c’est-à-dire dans l’autre organisation familiale laïque, non parce qu’ils étaient en accord avec Riposte Laïque mais parce que pour eux une association familiale laïque constitue une organisation d’éducation populaire et non .un groupuscule politique de type maoïste des années 1970.
Ces accusations sont d’autant plus inadmissibles que la direction de l’UFAL a été elle aussi victime dans un passé récent d’un procès du même type. Le passé d’extrême droite de plusieurs de ses dirigeants a conduit en 2004 le journal Le Monde, par le journaliste Xavier Ternisien, à publier un article à charge.
Venons-en à Riposte Laïque, je suis en désaccord avec certains articles, et avec leur conception de la République. Mais je leur reconnais une culture du débat qui fait cruellement défaut, dans certaines organisations laïques, et un grand courage politique à dénoncer l’offensive islamiste, qui m’inquiète, moi aussi. Aussi, traiter ce journal de « raciste » et de « fasciste » relève de la calomnie et de l’absurdité.
Considérer qu’aujourd’hui, il n’y a plus qu’à établir un front uni entre la droite et la gauche républicaines, ce n’est pas être adepte du fascisme mais du front populaire c’est-à-dire de l’alliance interclassiste d’une partie de la gauche avec la bourgeoisie modérée.
Rien n’est écrit dans le marbre, toutes les évolutions ultérieures sont possibles et les penchants nationalistes de Riposte Laïque peuvent le mener dans des ornières dangereuses.
Malgré tout, le maniement de la calomnie est indigne et salit ceux qui utilisent ces méthodes qui ressemblent à s’y méprendre à celles utilisées hier par les staliniens.
Personnellement, connaissant certains de ses animateurs, dont Pierre Cassen, je préfère instituer avec eux un débat fraternel, dans les meilleures traditions du mouvement social.
Jean-François Chalot
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