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Huis clos sur le net (1) : et si Radio France était installée à Strasbourg pour sortir du huis clos à Paris ?

Phrase récurrente dans les résultats de foot sur Radio France : « Marseille a battu X, Lorient a battu Y et PSG est allé perdre à Z . »
On ne dit pas que Z a gagné, car bien sûr, même perdant, le club parisien doit rester le sujet du verbe.
 
Cette remarque footballistique vise à introduire l’idée que où qu’il soit, un journaliste parle d’où il se trouve.
Ceci est d’autant plus important qu’il y a un an, à l’orée de la campagne des européennes, nombre de média se désolaient du manque d’intérêt des Français pour les affaires du Parlement de Strasbourg. Quelques journalistes consciencieux pointaient le fait que eux même n’en parlaient pas assez.
 
Mais voilà, aujourd’hui, ces scrupules semblent envolés. Certes, quelques émissions évoquent les affaires européennes. Mais dans les journaux d’informations, la politique parlementaire reste traitée sous l’angle des escarmouches et des petites phrases de l’assemblée nationale. Pas vraiment de focus sur les débats du Parlement européen, dont on sait pourtant qu’ils ont un rôle majeur sur les textes qui seront débattus plus tard en France. Et aux prochaines élections, on s’étonnera encore du peu de connaissance des citoyens du rôle du parlement européen.
Parlons de l’action des députés européens, ils sont entrés en fonction, on a le droit de connaître leur travail et leur débat.
 
Mais peut-être que si Radio France se trouvait à Strasbourg en serait-il autrement. J’en veux pour preuve que pour les élections régionales à venir, on a entendu sur les antennes de Radio France depuis de nombreux mois beaucoup de chose sur les listes d’Ile-de-France. Ainsi, entre autres exemple, la primaire entre Valérie Pécresse et Roger Karoutchi a fait l’objet de nombreux sujets. Qui sait en écoutant vos ondes que la Bretagne est le théâtre d’un affrontement du même ordre entre la sarkozyste Bernadette Malgorn et le villepiniste Jacques le Guen ? Les auditeurs des antennes de France Bleu me direz-vous. Mauvaise réponse, sans quoi la primaire d’Ile-de-France aurait été traitée de même, cantonnée sur la locale.
On retrouve là le phénomène du Vélib, qui a décollé quand Paris s’y est mis et que donc les médias à résonance française en ont parlé. Alors que le système existait depuis 25 ans à La Rochelle et 10 ans à Rennes sans que la presse s’agite.
 
En Bretagne, pas d’ego Royal, pas de polémique raciste à la fraîche, surtout pas de concentration de grands médias audio-visuels qui n’ont que 6 rues à faire pour trouver une petite phrase.
Pourtant, la division du parti communiste sur deux listes, le retour d’un ancien membre de gouvernement à la tête d’Europe écologie, la participation des autonomistes à ce rassemblement, la composition d’une liste UMP autour d’une ancienne préfète, d’une fils d’un autre préfet Claude Guéant et d’un assistant de François Fillon dans une logique népotiste contestée par les cadres locaux, ce sont autant de sujets qui méritent qu’on s’y arrête autant que la multiplication des ralliements à EE à Paris, que les faits de campagne de mme Pécresse ou que les turpitudes de mr Huchon.
 
Huis clos sur le net, c’est amusant. Mais parfois, on aurait envie que d’autres journalistes que Bernard Guetta et Quentin Dickinson, qui n’ont pas ce travers, sortent du huis clos de Paris
 
Chiche, un mois de France Info à Strasbourg, et on verrait sûrement l’Europe et les régions, au moins l’Alsace, traitées plus régulièrement dans les bulletins d’infos pour des sujets de fond.
Et alors, je me plaindrais sûrement d’entendre que Strasbourg est allé perdre au Parc des Princes….
Yann SYZ
 
(1) Référence à une opération des radios publiques francophones cette semaine. Le principe : des journalistes composent des « unes » avec comme seules sources leurs réseaux sur Facebook et Twitter.
 
 

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6 réactions à cet article    


  • Errances Errances 2 février 2010 12:48

    Merci Yann pour cet article qui dépeint bien les intérêts de la presse « parisienne » centralisée. Les « provinces » ne sont intéressantes que vues de Paris et avec la vision qu’en a le microcosme parisien.
    d’autre part, quelles informations à propos des régionales ? Un mois nous en sépare et à part des « infos » sur des « people » ou le scandale Freche PS (qui ne devrait même pas être) rien, ou si peu.
    Amitiés
    Alain


    • Emile Red Emile Red 2 février 2010 15:12

      Encore, ne vous plaignez pas, la Bretagne n’est pas très grande...

      Nous, en Aquitaine, dont trois des départements sont les plus grands de France, nous n’existons pas. Ecoutez la météo, les infos routières, le sport, vous n’entendrez parler que du sud-ouest, et un sud-ouest large qui va de La Rochelle à Montpellier.

      S’il n’y avait un Mamère pour raler de temps en temps au infos de 23 h ou un Juppe pour bonimenter sur son rôle régional, seuls les résultats des Girondins nous représenteraient, mais faut-il encore qu’ils soient en tête du tableau et qu’ils n’en bougent pas.

      Vous n’aviez qu’à écouter durant les vacances de Noël les rétrospectives sur la tempête de 1999, à la radio comme à la télé, l’Aquitaine touchée ? Que nenni, les Landes à peine éffleurées, la Gironde épargnée, mais la Creuse, les Vosges ont été les martyrs désignés, et lorsqu’on parlait du sud’ouest, rebelote, Perpignan ou Limoges montraient leur nez...

      Alors la bataille électorale, ici, qui donc peut-elle interesser, nous ne sommes bons qu’a emplir la une de l’Equipe lorsque Lyon, Marseille ou Paris ne sont plus dignes des parisianistes plumitifs aigris.

      Mais rassurez-vous, vous avez entièrement raison, nous sommes dans le même bain...


      • FlorenceM 2 février 2010 15:18

        Où j’apprends qu’il y a une union démocratique bretonne...


        Pas trop difficile de prédire un taux d’abstention record.
        J’habite Marseille et la visibilité d’un débat de fond s’en tient au Ferryboat qui a repris du service.

        Rien dans la ville ni dans ma boite à lettres n’indique la mise en balance d’enjeux politiques.
        Les combats des sous -chefs ont lassé et médiatiquement l’OM semble l’unique os à ronger exportable outre-canebière.
        Aux précédentes élections, les leaders des verts étaient déjà passé au modem, un exlieutenant de Pasqua au PS, et diverses bessonades au menu de la ratatouille locale. Ils triquent sur le pouvoir et ambitionne une carrière ensemble. Entre eux.
        Et les journalistes chargés de la propagande font partis du sérail. Le monsieur presse de la cité, lagardèrisé comme signe d’indépendance, n’est autre que l’ancien chef de communication du maire.
        Les 20 cm de neige l’an dernier ont montré le niveau d’endormissement des responsables
        qui ont décrété opération ville morte pendant 3 jours. Pas un pelle pour déblayer. Mais surtout aucune envie autre que de botter en touche dès qu’il s’agit d’agir.
        Alors de là à avoir un projet politique... 
        Et comme aucun média national ne va venir y mettre réellement son nez, l’OM continuera pour longtemps à servir de cache misère. Et dans la ville meme, rare sont ceux qui connaissent l’existence d’élections proches et encore moins le nom des candidats.

        • PhilVite PhilVite 2 février 2010 19:35

          La Bretagne ???  C’est dans quel arrondissement ?


          • Marquis 3 février 2010 09:43

            Petite précision : puisque vous citez Quentin Dickinson (huis clos parisien...), je vous informe qu’il réside depuis plus de 20 ans à Bruxelles, puisqu’il y dirige le bureau des affaires internationales de Radio France ! Et il suit bien évidemment les sessions de Strasbourg, comme tout journaliste qui couvre les instances européennes... il est donc beaucoup plus souvent à Starsbourg qu’à Paris, car, comme vous le savez certainement, les moyens modernes de communication permettent de « causer dans le poste » sans être en studio à Paris ! Donc, mettre en cause un grand reporter sous prétexte qu’il n’est pas alsacien, je trouve cela très réducteur (et je pèse mes mots !)

            signé : un breton né à Paris et marié à une alsacienne ! smiley

            • yann syz yann syz 3 février 2010 18:16

              Marquis :

              la phrase concernée est maladroite mais se voulait claire :Mais parfois, on aurait envie que d’autres journalistes que Bernard Guetta et Quentin Dickinson, qui n’ont pas ce travers, sortent du huis clos de Paris

              Citer ces deux journalistes là était une manière de reconnaitre que certains sur l’antenne oeuvrent à faire connaitre les enjeux européen. J’’aurais effectivement dù m’en tenir à B Guetta, car effectivement, l’autre cité est dans une configuration géographique différente, et je le savais. Je voulais simplement mentionner dans une forme d’exception, deux voix qui infirme mon propos.
              Quant à dire qu’un bon journaliste doit-être de telle ou telle région, loin de moi ce propos. Je souhaitais simplement interpeller sur des travers récurent quin consiste à voir l’actu depuis le prisme « françilien »
              Le but n’est pas de blesser qui que ce soit.
              Cordialement
              Yann SYZ

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