La guerre de la vérité
Sans prendre le temps d’y réfléchir, nous pourrions aisément constater que ô combien jamais aucune époque n’a débité autant d’informations, de questions et de réponses qu’aujourd’hui ; et qui se diffusent par-dessus tout, à tout en chacun. Certainement aussi qu’aucun être ne s’est jamais senti autant perdu dans ce bruit, tendant alors pour nombre jusqu’à tenter de l’ignorer, simple question de « survie ». D’autres, quant à eux, se rebellent en tentant avec plus ou moins de raison et d’objectivité de déstructurer ce monde alambiqué par la force des secrets qu’il peut enfermer. Voilà le problème.
Tout d’abord, s’il advenait un jour par malheur un besoin vital de survie (rappelons-nous que, sur l’échelle du temps, les derniers cataclysmes historiques ne sont qu’à deux pets de bactérie), l’Histoire démontrera la force destructrice de l’ineptie du désintérêt et des haines provoquées par toutes ces questions et informations qui tombent chaque jour dans le fond des têtes. Mais trop d’information tue l’information, ou alors voyons que trop d’information tue simplement.
Si notre époque révèle un constat, il s’exprime dans le sens d’une véritable guerre universelle de la vérité qui s’agite et s’anime assurément autour de la thermodynamique des fluides médias, mais surtout depuis peu autour des millions de requêtes internet tapées chaque jour sur certains mots-clés et qui ont tous en sens commun une idée ou un rapport de force avec l’internationalisation du monde, comme pour ne citer qu’eux : terrorisme, capitalisme - totalitaire - conservateurs, conspirations, nouvel ordre mondial, Illuminati, religion, Atlantiste, banque, bourse, finance, complot, sionisme, antisionisme, nationalisme, pouvoir, antisémite, et cætera. A ce stade, l’ulcération de tous ces termes ronge et s’étend aux voisins menant au stade terminal de cette tumeur profondément humaine qu’est la guerre. Voire l’apocalypse. Pour faire simple, les requêtes humaines au karma négatif sont de mise en ce début de XXIe siècle.
Internet et les millions de recherches que nous faisons chaque jour sur des moteurs de recherche tels que Google illustre à travers leur traçabilité non seulement les tendances de l’inconscient universel, mais surtout notre propre état de délabrement. Pour exemple, des indicateurs de prévisions électroniques appelés Web-Bot - initialement conçus pour anticiper les tendances des marchés boursiers - scannent l’ensemble des requêtes des internautes du monde entier et établissent une mesure de l’inconscient collectif. La légitimité de ces analyses est certes contestable, néanmoins, elles mettent en avant un réel désenchantement. Voici un exemple illustratif sur deux mots parfaitement simples et opposés : guerre et paix. Le volume de recherche moyen approximatif ci-dessous représente les valeurs sur les douze derniers mois (données Google) (données mondiales supérieures sur les mêmes termes en anglais).
Paix : 246 000 recherches mensuelles — Guerre : 2 740 000 recherches mensuelles
Si le mot « guerre » intéresse plus de dix fois plus les internautes que le mot « paix », il y a bien un souci. Si notre ®évolution était sage, elle tendrait inéluctablement vers le calme et la raison ; hors la sagesse ne s’interconnecte pas au fantasme de la destruction. Dans un monde non violent, les êtres chercheraient plus les causes ou les raisons de la paix plutôt que les causes ou les raisons de la guerre, c’est mathématique. Mais pourquoi les consciences universelles sont-elles catapultées sur le champ de bataille ?
Les événements tragiques du 11-Septembre 2001 liés au développement phénoménal des nouvelles technologies de l’information sont à l’émergence de cette confrontation que nous n’aurions jamais osé imaginer ; une guerre qui sépare, désintègre, endort ou réveille chaque jour aux quatre coins du globe une part plus croissante des âmes qui la traversent. La déflagration mentale qui s’opère aujourd’hui est désormais une constante tout comme le temps qui passe, et ces effets seront lourds de conséquences.
En gros, depuis 2001 et la première fois de l’Histoire, l’information filtrée et édulcorée des mass-médias s’est vu parasitée à l’instant dans son ensemble par l’émergence d’un « milliard » d’informations plus ou moins contradictoires issues de médias alternatifs, de forums de discussions et, depuis quelques temps, par le web 2.0 ou la « blogosphère » ; rimant entre autres entre joyaux émérites et dégénérescence abyssale. A y regarder de plus près, il semble que ces nouveaux médiums ont malgré tout aujourd’hui pris une part importante aux « grands médias » et que, pour ou contre eux, se joue en ce moment même une sorte de baston virtuelle ultra-violente qui vise - selon sa nature virale et son étendue mondiale - au partage final des consciences. Dis-moi ce que tu penses, je te dirais qui tu es.
Le choc émotionnel planétaire des événements du 11-Septembre lié aux pouvoirs des nouvelles technologies a contribué à l’éveil d’un nombre croissant de « nouveaux prophètes » pro ou anti « évolutionniste » - au sens sociologique, religieux et commercial du terme.
Aujourd’hui, faisons simple, tout le monde - comme moi d’ailleurs - peut déblatérer ces âneries sur tout et n’importe quoi, voir pour certains dictateurs en herbe, jusqu’à se créer un audit qualifié et fidèle qu’ils n’omettront point d’embrigader à souhait. En conséquence, la portée des événements du 11-Septembre 2001 a donc dépassé toutes les prospectives que l’on aurait pu imaginer sur la teneur de ce que pourrait être la vérité au XXIe siècle. Et il semblerait bien que ce soit à partir des événements du 11-Septembre que l’idée même d’un « nouvel ordre mondial » s’est vu démocratisée à la vitesse des centaines de mégabits par seconde que débitent nos ordinateurs.
Défendues ou critiquées avec de plus en plus de haine réciproque, les causes probables des événements du 11-Septembre ont éveillé aux yeux de tous, le concept large et auparavant inavouable du conspirationisme. Même si le terme conspirationisme ou de théorie du complot possède au regard du quidam une forte connotation péjorative, il faut surtout retenir qu’il met avant tout en exergue un besoin d’explication, une attente de réponse. S’il fallait poser quelques questions sur ces sujets, nous pourrions juste retenir celles-ci : pourquoi l’ensemble des interrogations sérieuses et fondées soulevées par des organisations indépendantes ou par des journalistes calmes et construits comme Thierry Meyssan, sont volontairement écartées de la sphère publique ? Et surtout, pour quelle raison le domaine public raccourcit-il chaque jour de plus en plus ces thèmes à une forme d’antisémitisme ? Je me pose des questions, suis-je pour autant antisémite ?
En conséquence, c’est aujourd’hui notamment autour de ce thème et devant nos écrans que sont lancées toutes ces questions et réponses. Les âmes du réseau global se livrent à la guerre sainte des consciences et la rafale de Kalachnikov, c’est le commentaire. La bombe bactériologique, ce sont les réseaux sociaux.
Par la diffusion en masse de nombreuses expertises sur des sujets liés aux théories du complot, nombre ont entre autres pris à tort ou à raison leur cheval de bataille sur les externalités négatives et ou positives que créent ou peuvent créer notre matrice qui cadence aux rythmes de l’Empire états-uniens. Cependant, les violences pathétiques qu’engagent ces débats se contaminent à une vitesse affolante. Le pouvoir d’internet est peut-être en passe de se révéler comme une force apte à sauver ou à détruire complètement notre monde. Mais, somme toute, est-il si difficile d’admettre que la haine et le désintérêt ne sont qu’inappropriés compte tenu que le seul véritable sens à notre existence s’attache simplement dans notre capacité à vivre en totale harmonie avec la nature. Et où est l’harmonie ici si ce n’est la dissonance ?
47 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON