La télévision, intox du corps et de l’âme ?
Pour répondre à cette question, voici d’abord le résumé d’un article de presse, paru en novembre 1988, dans le courrier de l’Ouest et intitulé : « les psychiatres accusent la télévision ». Cet article faisait état d’un compte-rendu du 4e Congrès de l’Association de psychiatrie européenne, à Strasbourg, et se référait à l’influence dramatique sur les adolescents, d’un feuilleton télévisé ouest-allemand, en six épisodes, diffusé en 1981 et à nouveau en 1982.
Dans ce feuilleton, un garçon malheureux finissait par se jeter sous un train.
L’impact de ce feuilleton télévisé fut étudié avec de grandes précautions par l’Institut central pour la santé mentale de Mannheim (ex-RFA). Les statistiques fournies par la Bundesbain (Société des chemins de fer ouest-allemand), après comparaison des chiffres des années précédentes furent éloquentes : au cours des 35 jours que dura sa diffusion et les mois suivants, le nombre de désespérés se jetant sous un train, augmenta de façon spectaculaire, ce phénomène touchant d’abord de jeunes téléspectateurs.
Le Pr Haefner, psychiatre, chargé de l’étude, déclara alors : « ceux qui pensaient aider les sujets fragiles à ne pas passer à l’acte, en diffusant de telles images, se sont lourdement trompés. Il est tout à fait vain de croire à l’effet prophylactique d’images tristes sur les sujets fragiles, de même qu’il est absurde d’affirmer que des images brutales constituent un exutoire à des sujets violents : le spectacle de la brutalité ne fait qu’encourager la violence. Identiquement pour la pornographie ».
Dans les milieux psychiatriques et psychanalytiques européens, cette sale affaire a fait couler beaucoup d’encre.
Avant de formuler les réflexions que pourraient nous inspirer ces faits éloquents, nous estimons devoir d’abord tenter de comprendre comment la télévision peut agir sur les êtres humains.
PRINCIPE DE LA TRANSMISSION DE L’IMAGE TELEVISEE
Pour essayer de comprendre comment la télévision agit, nous allons dans un premier temps, décrire de façon schématique, son fonctionnement d’un point de vue technique.
Il faut savoir qu’un téléviseur est composé d’une antenne, d’un récepteur et d’un tube Braun à rayonnement cathodique.
Les émissions électromagnétiques captées par l’antenne sont transmises au récepteur. Dans le récepteur, les vibrations électromagnétiques sont amplifiées et converties en variations de tension, nécessaires pour obtenir l’élaboration de l’image sur l’écran.
Le tube cathodique, en tant qu’instrument de projection, est composé entre autres d’une plaque de verre, préalablement traitée avec des produits chimiques. Elle fait partie d’un globe presque vide d’air, dans lequel est fixé quasiment en face de l’écran un canon à électrons.
Tout autour de ce tube, sont placées de grandes bobines de déviation électromagnétique. Le canon, grâce à ces dernières, permet aux variations de la tension électrique de devenir visibles sur l’écran, sous forme de flux d’électrons venant percuter une substance de composition spéciale et placée à la face interne du tube cathodique.
Lorsque le flux d’électrons frappe l’écran, les collisions engendrent une émission de photons et un point lumineux naît à cet endroit.
La transmission électronique étant dans l’impossibilité de reproduire en état l’intégralité d’une image, son élaboration sur l’écran se réalise de la manière suivante :
a) un point brillant apparaît sur l’écran à l’endroit où le rayon cathodique l’atteint ;
b) ce point parcourt successivement en 1/30e de seconde, la totalité des points de l’écran : soit 750 points de chacune des 625 lignes horizontales sont ainsi couvertes.
Il y a donc 468 750 nuances d’éclairement qui sont élaborées en 1/30e de seconde ;
c) la vitesse de la projection de ces points sur notre rétine donne l’impression que ces points jaillissent simultanément sur l’écran réalisant une image mosaïque.
En réalité, ce que nous croyons voir sur l’écran n’est donc qu’une image fantôme, apparaissant uniquement dans notre expérience intérieure, mais sans existence propre.
Personne ne peut différencier cette image fantôme de véritables impressions ressenties par nos sens. Et même celui qui se sait être « l’objet d’une illusion » est contre elle impuissant.
On a très peu étudié jusqu’à présent, les réactions de notre corps à une consommation quotidienne d’images trompeuses de cette nature, ni dans le public ni dans les milieux scientifiques.
Pour comprendre l’action que le mode de transmission des images télévisées entraîne sur les plans physiologiques et psychologiques nous allons procéder par étapes successives.
Première étapes : réalisons une expérience simple en nous plaçant devant une surface grise, uniforme, sur laquelle seul un point clair retient notre attention.
Forçons notre œil à fixer cette surface pendant 1 minute.
Au début, nous essayons de conserver le regard fixe : c’est-à-dire que nous dirigeons consciemment volontairement notre regard sur le point clair. Si au bout de quelques secondes nous n’avons rien trouvé d’intéressant sur cette surface, notre vigilance diminue et notre regard devient fixe, les axes oculaires ne se croisent plus.
Nous continuons bien à regarder avec les yeux ouverts, mais notre conscience s’est retirée à l’intérieur.
Nous sommes alors dans un état proche de la somnolence, du demi-sommeil du rêve éveillé. Et nous donnons l’impression d’être dans la lune, « déconnecté ».
QUE SE PASSE-T-IL DEVANT LE TELEVISEUR ?
La station devant la télévision entraîne exactement le même phénomène : bien que nous croyions voir une image à laquelle nous consacrons notre attention, notre œil ne réagit pas autrement qu’à la vue d’une surface vide. Seule notre conscience est soumise à l’illusion.
Très vite les processus physiologiques de la vision ne se laissent pas abuser : ils enregistrent que sur l’écran, à part le point lumineux, il n’y a rien qui ait forme ou silhouette, et se conforment à cette réalité. Autrement dit, l’œil réagit comme à la vue d’une surface vide : les muscles accommodateurs arrêtent leur activité, le croisement des axes oculaires commandé par la volonté cesse et le regard part dans le vide.
Ainsi le processus d’élaboration des images télévisées entraîne une réaction physiologique inéluctable de diminution de la vigilance et de somnolence. Quel que soit l’intérêt éventuel de la succession des images, même si nous nous sentons éveillé et actif, on est alors dans un état de conscience différent de l’état de conscience à l’état normal de veille.
Les images sont bien reçues, comme autant de sensations authentiques, mais le processus d’élaboration de ces images sur l’écran entraîne des réactions physiologiques dans l’organisme suspendant la possibilité de diriger une claire conscience des impressions éprouvées, l’œil ne reconnaissait pas ces images comme des images du monde extérieur.
On pourrait objecter que l’écran correctement perçu n’est pas vide, puisque le point lumineux s’y déplace. Bien sûr, il se déplace sur toute la surface, mais son parcours s’effectue toujours dans le même ordre de manière monotone, qu’il ne produit sur l’œil que l’effet d’un clignotement sans signification.
Paizlaff, auteur de l’ouvrage La Grande Agression contre le roi : les arrière-plans spirituels de l’écran cathodique (les éditions Triades) rapporte les travaux de chercheurs américains et australiens qui ont confirmé ces faits et ont cosigné les fruits de leurs travaux dans un ouvrage appelé « le Rapport Emery ».
Dans ce rapport, il est noté :
- l’œil s’habitue à des incitations lumineuses répétitives ;
- au bout de peu de temps, l’œil ignore ces incitations et les considère comme inexistantes ;
- s’il y a accoutumance, c’est parce que le cerveau arrive à la conclusion qu’il ne se passe rien d’intéressant, tout du moins, rien sur lequel il puisse exercer une action ;
- le cerveau cesse donc d’élaborer tout ce qui lui parvient et, plus précisément, le centre nerveux d’assimilation, situé dans sa moitié gauche, tombe dans une totale inactivité ;
- on pourrait dire que le cerveau « conscient », le cerveau gauche, se trouve à un niveau de conscience proche du somnambulisme.
Deuxième étape : enregistrement d’électroencéphalogrammes chez les téléspectateurs avant, pendant et après exposition.
Rappelons d’abord à quoi correspondent les émissions d’ondes alpha et bêta sur un tracé d’électroencéphalogramme.
Chez un sujet éveillé dans des conditions normales les yeux ouverts, on note un état bêta à l’enregistrement. Lorsqu’il ferme les yeux les ondes bêta disparaissent et les ondes alpha les remplacent et se maintiennent tant que les yeux demeurent fermés signalant que l’homme intériorise son attention, et la détourne de l’espace accessible aux sens.
Si le sujet maintient ses yeux fermés plus longtemps, et s’endort peu à peu, les ondes alpha ralentissent pour disparaître totalement avant même que le sommeil n’intervienne.
Si, au moment précédent juste l’endormissement total, le sujet rouvre les yeux, il se passe quelque chose de surprenant : alors qu’on s’attendrait à voir surgir des ondes bêta, ce sont des ondes alpha qui apparaissent sur l’électroencéphalogramme. On voit donc que, dans la vie courante, les ondes alpha surgissent pendant un temps limité lors du passage de la veille au sommeil.
Que se passe-t-il devant le téléviseur ?
Chez tous les sujets, l’activité cérébrale encore vive au début régresse brutalement dès que la perception visuelle des images commence.
Les ondes bêta, caractéristiques de l’état de veille, disparaissent, à leurs places, des ondes alpha, plus lentes, s’activent.
Prédominantes alors sur l’électroencéphalogramme, les ondes deviennent progressivement paresseuses quand l’œil est dirigé vers l’écran. Que l’émission soit ou non avec intérêt n’y change rien, le ralentissement jusqu’à l’état alpha se produit toujours.
On ne peut donc pas lier ce ralentissement au contenu des images, mais comme une réponse du cerveau, conformément aux lois de la nature, au processus technique de l’élaboration des images par la télévision. Soulignons que, dans la vie courante, les ondes alpha surgissent pendant un temps limité, lors du passage de la veille au sommeil, alors que devant la télévision, elles s’installent de façon beaucoup plus durable.
Pour la psychiatrie, nous sommes en présence d’un phénomène dont on ne connaît pas d’équivalent en neurologie.
Troisième étape : le cas de la méditation avant la publication du rapport Emery, on ne connaissait qu’un seul comportement humain où l’état alpha persiste ainsi : celui de la méditation.
En méditation, les ondes alpha émises par le cerveau ralentissent leur cadence, elles se stabilisent de 8 à 10 hertz, témoignant ainsi de leur calme lucidité : logiquement, on peut affirmer que la télévision suscite une forme de méditation et ce sans aucune préparation, chaque jour, chez des millions d’êtres humains.
Cette partie théorique de ce dossier est ardue, mais capitale, car de sa bonne compréhension découle, en grande partie, la compréhension du puissant impact que peut exercer la télévision sur les individus.
Il faut bien réaliser que, comme nous l’avons vu, le principe même de la transmission des images, entraîne inéluctablement la mise au repos du cerveau gauche, celui-ci correspondant à la vigilance, à la volonté, aux activités conscientes, à la capacité d’assimiler. Et de ce fait, la communication entre les cerveaux droit et gauche se trouve modifiée.
On pourrait dire que la communication entre le conscient et le non-conscient se trouve ainsi dans des rapports bien particuliers, comparables à ce qu’ils sont lors de l’endormissement ou lors de la méditation.
Il faut bien comprendre que, la vigilance du cerveau conscient étant relâchée, la plupart des informations nous parvenant par la télévision sombrent immédiatement dans les régions situées au-dessus du seuil de la conscience, et ce sans aucun contrôle de la part de ce cerveau de la vie consciente, le cerveau gauche, puisqu’il se trouve « en veilleuse ».
Il est d’ailleurs facile de vérifier que si l’on demande à un téléspectateur, un rapport détaillé de ce qu’il a vu après une soirée passée devant l’écran, il apparaît que même quelqu’un qui a l’habitude « de manier les idées et les concepts », intelligent et très cultivé ne peut se souvenir que d’une fraction infime de ce qui a été effectivement diffusé. Même si l’on essaie de suivre une émission, en redoublant d’attention, on est hors d’état de faire surgir de la mémoire, ne serait-ce que la moitié des images et des informations : ceci se comprend facilement puisque le cerveau gauche n’est plus en état d’élaborer et d’assimiler. Le spectateur a, en effet, l’illusion de tout contrôler alors qu’en fait, la plus grande partie de sa conscience de veille, avec ses facultés de contrôle, a complètement disparu. Nous sommes en présence d’une forme moderne « de magie », inévitable, quelles que soient nos aptitudes intellectuelles.
Quatrième étape : quant à l’influence sur l’inconscient qu’entraînent les images parvenues sans aucune défense au niveau de l’inconscient, on peut déjà l’évaluer par l’exemple cité dans ce dossier en guise d’introduction.
On sait en effet que la plupart de nos actes sont motivés par des forces inconscientes et non pas conscientes. C’est le mérite d’Emile Coue de la Chataigneraie (« Œuvres Complètes » Edition Astra) d’avoir vulgarisé la compréhension de ce phénomène, c’est son mérite aussi que d’avoir compris qu’en cas de conflit majeur entre le conscient et l’inconscient c’est toujours ce dernier qui triomphe.
On saisit mieux ainsi que des sujets fragiles, ayant abordé sans aucune retenue dans leur inconscient, des informations suggestives aussi négatives que celles présentées dans le feuilleton dont nous avons parlé, il ait pu y avoir comme choc en retour, le passage à l’acte suicidaire sans que la volonté consciente, débordée par la puissance des forces montant de l’inconscient, puisse s’y opposer.
Quitte à nous répéter rappelons que la télévision de par le principe même de l’élaboration des images peut contribuer à modifier puissamment le comportement des individus.
La télévision constitue donc un outil redoutable, incomparable pour faire pénétrer à l’issu des individus, des forces, des informations, des messages dans leur inconscient, et que dans cet inconscient ces forces peuvent agir : on aura compris que la télévision peut être un puissant instrument capable de modifier les idées et les comportements des individus.
LE CONTENU DE LA TELEVISION
Nous ne pouvons pas faire une étude critique des programmes télévisés dans le cadre de cette étude, aussi nous bornerons-nous à résumer quelques impressions glanées ici ou là. Il va de soi que les programmes sont émis pour « flatter la masse », les goûts du public sont calculés, sondés par des enquêtes d’opinion, établies par des instituts efficaces. Il ne peut donc y avoir que des émissions faciles, avec en proportions variables de l’information, de l’humour, de la violence, du sport, de la sexualité, des aventures, des jeux. Afin que l’indice d’écoute des différentes chaînes soit satisfaisant, ces programmes ne peuvent donc pas être orientés vers les grandes qualités et vertus humaines car il n’y a pas de profits à obtenir dans ce domaine. Ainsi, de soir en soir, le public hébété et crédule est mis « au diapason » du niveau moyen de la masse.
Pour les enfants, en particulier, il faut bien comprendre qu’ils sont amenés à ingurgiter de trop nombreuses « images choc », d’émotion violentes, et de tensions pour une problématique d’adulte qui ne les concerne point et dont le sens leur échappe complètement.
Elisabeth Grunelius dans son remarquable opuscule Les Moins de 7 ans, éditions Triades, souligne la nocivité des programmes à la télévision pour les enfants y compris ceux qui sont supposés leur être destinés comme des dessins animés.
Est-il souhaitable que, comme l’ont souligné des études américaines effectuées en 2001, entre 4 et 13 ans un enfant voit approximativement 20 000 personnes mourir de mort violente à l’écran ?
N’oublions pas que les enfants sont « des êtres d’imitation », ce sont de véritables « organismes sensoriels ». Ainsi, estime-t-on en psychiatrie, que le spectacle de la colère et de la violence devant un enfant entraîne des perturbations jusque dans son métabolisme. Et l’inconscient, qu’en fait-il de tout ça ?
Quelque chose, soyons-en sûrs...
Des enfants, des adolescents sont en permanence confrontés à des spectacles illusoires, n’ayant rien à voir avec la réalité. Et bien entendu, dans ce qui leur est proposé, ce n’est pas le meilleur de l’être humain qui est mis en valeur, alors que c’est, sans doute, l’époque de la vie où l’on a le plus besoin de modèles, de références.
Quant aux adultes, soir après soir, ils perdent leur temps à regarder des programmes répétitifs, vide de sens. La télévision allumée, il n’est plus question de consacrer du temps à la lecture, de tenir une conversation intéressante ou de se détendre par la peinture, la musique, le dessin ou exercer toute autre activité récréative.
Ainsi, la télévision rend les êtres humains plus crédules et contribue à dissoudre le sens critique et d’uniformiser les opinions.
LA DESINFORMATION
La désinformation peut se définir simplement comme une technique de manipulation de l’opinion publique. Ce mot est apparu pour la première fois en 1949 dans le dictionnaire soviétique. Cette manipulation, elle-même, a bien entendu toujours existé, mais la radio et la télévision lui ont donnée un essor inconnu jusqu’alors.
Vladimir Volkoff dans son ouvrage : La Désinformation, arme de guerre, éditions Julliard, a bien étudié ce phénomène. Il estime :
- que l’enseignement devrait prévoir des cours de désinformation afin de prévenir la jeunesse contre ce genre de manipulation ;
- que la lecture de l’ouvrage de Mucchielli : La Subversion, éditions Bordas, devrait être rendue obligatoire ;
- qu’il convient d’être particulièrement vigilant quand une campagne est brusquement déclenchée à la télévision, souvent précédée d’ailleurs d’une pré-campagne dans la presse et :
- se demander à qui elle peut profiter ;
- s’efforcer de lire des journaux avec lesquels nous ne sommes pas d’accord ;
- se méfier du procédé insidieux que constitue la logomachie (utilisation d’expressions toutes faites, chargées d’un sens particulier et sciemment imposées au public. Par exemple : « la chasse aux sorcières »...).
Les messages subliminaux : si ma désinformation est une technique de manipulation des consciences contre laquelle, très relativement et dans une certaine mesure, on peut se prémunir, il en est une autre, difficilement évitable : c’est celle des messages subliminaux.
De quoi s’agit-il ?
Un message subliminal est un message qui atteint une personne en dessous du seuil de la conscience. Ce genre de message échappe à tout dépistage des facultés conscientes.
Sachez, d’une part que pour les élections présidentielles cette technique a été utilisée par François Mitterrand au travers des images diffusées par la télévision.
D’autre part, il faut savoir qu’au cours du vote parlementaire du 8 décembre 1988, d’une loi sur l’audiovisuel, un amendement fut proposé pour mettre hors la loi l’utilisation des messages subliminaux. Cet amendement fut rejeté ce qui revient à dire que l’utilisation de ces messages à la télévision en France est parfaitement légale.
Vance Packard, dans son ouvrage La Persuasion clandestine, éditions Calmann-Lévy, a analysé les techniques subliminales. Cette technique permet par la diffusion de messages, visuels ou auditifs, non consciemment perçus par les destinataires, d’exercer un contrôle sur leur inconscient, et ainsi de provoquer chez eux des réactions échappant à leur volonté.
Il s’agit donc encore d’une volonté technique susceptible de contribuer à modifier le comportement des individus.
Techniquement, il s’agit sur le plan visuel à peu près de ce que l’on a appelé au cinéma la 25e image, image ajoutée dans un film quelconque réalisé à la vitesse normale de 24 images par seconde, sans rapport avec le contexte. Oui, sans rapport avec le contexte. Lors de la projection, il n’y a aucune modification du mouvement, le sujet ne perçoit pas consciemment cette « 25e image », celle-ci n’imprégnant sa rétine qu’au 1/25e image de seconde, mais s’il la retrouve, par exemple, sous forme d’affiche en sortant du cinéma, il éprouvera une sensation de déjà-vu liée au sentiment que le film a suscité chez lui.
De la même façon, à la télévision, le portrait d’un homme, inséré dans un film d’horreur, suivant cette technique, peut déclencher par la suite une réaction de rejet vis-à-vis de cet homme en tant que personne.
Cette technique est nommée « la technique dissuasive ».
A l’inverse, située dans un film agréable, l’image de cet homme provoquera des réactions de sympathie c’est « la technique persuasive ».
L’utilisation de messages subliminaux auditifs a été également bien étudiée dans le domaine musical.
On peut se référer en particulier au livre de J. P. Regimbal : Le Rock’n’roll : viol de la conscience par les messages subliminaux, éditions Saint-Raphaël.
Pour se faire une idée de l’efficacité de ces techniques, on peut citer quelques exemples, édifiants, étudiés aux Etats-Unis dans le passé. Ainsi, une chaîne de magasins utilisa régulièrement des messages subliminaux pendant dix mois pour tenter de dissuader les voleurs à l’étalage. On enregistra alors une baisse de 42 % des taux de vols sur la période incriminée !
Différentes expériences dans les salles de cinéma ont montré que des messages subliminaux insérés dans des films peuvent entraîner une augmentation de 25 à 51 % de la consommation de boissons bien précises.
Notons d’ailleurs au passage que l’utilisation de messages subliminaux est également incluse dans certains programmes thérapeutiques qu’il s’agisse de programme de modification du comportement comme, par exemple, le tabagisme et la boulimie, mais aussi dans le traitement de certaines névroses, voire d’états psychotiques.
A propos du rejet de l’amendement de la loi votée le 8 novembre 1988, nous estimons devoir faire part du commentaire du psychiatre, Mme Claude Beyrard quelques jours avant le vote. Elle déclara alors avec courage : « si le parlement rejette l’amendement interdisant le recours aux images subliminales, ce sera le résultat probant de l’intervention du lobby de la drogue ».
En effet, des experts internationaux, et des journalistes estiment que des messages subliminaux sont utilisés à la télévision par le lobby de la drogue pour inciter la jeunesse à la consommation de drogue par le biais de « vidéo-clips » musicaux truqués et d’internet.
Il ne nous semble pas nécessaire d’ajouter un commentaire ! Ou plutôt si. Ne nous leurrons pas : que ce soit par le niveau des programmes, le choix des informations, la désinformation, les messages subliminaux, les slogans publicitaires, la musique, les grands discours politiques lénifiants, la télévision peut contribuer à modifier le comportement des individus.
A partir du moment que l’on a compris que la télévision met les individus en position d’infériorité sur le plan de leur vie consciente, il n’est pas nécessaire d’entrer dans de longs développements, donc schématisons.
1) l’exposition régulière à la télévision diminue de façon notable la volonté ;
2) la surexposition à la télévision entraîne également un sérieux émoussement de l’affectivité ; en créant des besoins, elle crée aussi des frustrations ;
3) la télévision entraîne la perte du « sens critique », la diminution du « sens de la réalité », le conformisme.
Comme l’a si bien dit L. Bellaner dans son ouvrage La Persuasion, collection « Que sais-je ? » Edition PUF.
La persuasion médiatique a pour fonction de recycler les opinions.
Un moi évincé, condamné à l’inactivité et, d’autre part, une âme, orientée vers l’extérieur, dont la vie intérieure est suspendue à un tube cathodique, comme la marionnette aux fils. Telle est la position du télé-consommateur.
Pour conclure ce dossier très pertinent et fort... dérangeant, je prends la liberté, au-delà de tout ce qui a été explicité plus haut, de poser au lecteur la question suivante : comment peut-on concevoir et admettre sur les plans sociologique et éthique que tous les soirs, quel que soit le programme, une partie de l’humanité civilisée, accepte avec soumission et docilité de s’installer confortablement devant la télévision ?
Le Mouvement social et patriote remercie l’auteur pour son travail et la qualité de ce dossier.
Il est aussi très important et même essentiel de dire à nos lecteurs que l’auteur de ce dossier ne possède plus de télévision depuis 1988. Donc ses propos, quant à « cet outil domestique » grotesque, subversif, pervers et décadent, sont de fait, objectifs et rigoureux. Résister face « à ce système à tuer les peuples » c’est peut-être et avant tout oser dire « NON » et poser « des actes forts ». « La Libre pensée » n’est pas un bain d’eau tiède !
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