Médias, experts : le virus A(H1N1) était une arme de destruction massive !
« La pandémie grippale était aussi intangible que les armes de destruction massive. Rappelez-vous, 65 000 morts. La vraie menace, c’est le syndrome d’affolement des scientifiques ». Voilà comment on peut traduire le résumé conclusif de l’éditorialiste du Gardian, Simon Jenkins. Incroyable ? Imaginez un chroniqueur connu, Par exemple Eric Fottorino ou Jean-Marie Colombani ou même Jean-François Kahn, faire un édito cinglant dans le Monde. Cet édito dénoncerait l’effet de panique produit par les annonces des experts, en comparant la présentation du virus H1N1 à celle des ADM de Saddam Hussein. Il conclurait en évoquant la « folie » ou disons plus modérément, l’affolement des experts du monde sanitaire et politique. Des experts constituant une menace plus grande que le mal viral qu’ils se sont mis en tête de combattre.
Vous ne rêvez pas. Simon Jenkins n’est pas un improbable blogueur du Post mais bel est bien une grosse pointure des médias britanniques. Ancien éditeur du Time, lauréat de plusieurs récompenses, il écrit pour le Sunday Times et le Gardian, journal de centre gauche qu’on peut comparer au Monde et de plus, il est reporter à la BBC. Bref, on peut le comparer à un ancien fondateur de Libé qui aurait réussi deux fois mieux que Serge July.
La critique qu’on peut lire sous la plume de Jenkins est succulente pour un lecteur dégoûté par nos médias français. Je vais tenter de traduire quelques bons mots de cette prose ironique à souhait. Lorsque Sir Liam Donaldson, pape, chef de la santé britannique, a annoncé 65 000 décès de la grippe A, et 350 cadavres par jour, il ne pouvait se tromper. Le niveau 6 de pandémie fut annoncé par l’OMS. Les médias en sont devenus fous furieux (berserk), d’autant plus que le désinvolte virologue John Oxford confirmait la menace, anticipant une bonne moitié de la population affectée et présidant 6 000 décès selon l’hypothèse la plus basse possible. En vérité, la souche Andromeda débarquait sur la planète terre et les premières victimes ont été les scientifiques. Des stocks d’antiviraux furent frénétiquement empilés. Alors que la liste des personnels indispensables à la société fut établie comme si cette tâche était vitale pour le sort de l’humanité future. Armée en alerte. Jenkins poursuit sa chronique en évoquant le déroulement de la panique pandémique, la mise en place des hot line pour se faire prescrire du Tamiflu, les achats de masque. Bref, les Britanniques ont réagi comme les Français mais les autorités ont fini par se calmer, contrairement à notre ministre qui décida d’appliquer son plan de vaccination. Jenkins souligne que l’épidémie est achevée, avec des chiffres ridiculement bas, cette semaine, 10 000 cas sur tout le territoire et une mortalité finale bien inférieure à celle occasionnée par une grippe saisonnière alors que l’hiver 2009 a été des plus rudes et que le nombre de patient aurait dû croître. Au final, 350 décès et pas tous liés au virus.
Jenkins convient que les experts puissent faire des erreurs mais il demande alors qu’ils reconnaissent leur faute et qu’il y ait une investigation. Après tout, une erreur aux conséquences grave s’est bien produite, quand des rapports annonçaient la présence d’armes de destruction massive en Irak et que des milliers de soldats de la couronne ont été envoyés combattre aux côtés des Américains. Et la grippe, qui la met en question ? S’interroge Jenkins dont l’opinion est sans ambiguïté puisqu’il qualifie cette panique grippale comme un non sens (une absurdité) de plus, signalant à cet effet les 136 000 morts prévus lors de la crise de la vache folle. La suite est connue. Et les autorités de s’exprimer en prononçant une rumsfellade (en France, nous avons les raffarinades) : l’absence d’une évidence n’est pas l’évidence d’une absence. Autant dire qu’avec ça, on est bien barré. Ensuite, il y eut le SRAS. Bref, cette analyse est pertinente, confirmant mes propres opinions déclinées dans un livre où je ne me suis pas gêné de mettre en perspective le virus A(H1N1) et les ADM de Saddam.
Ce n’est pas tout. Jenkins émet de sévère critiques sur les tactiques de Blair et Brown utilisées pour détourner l’opinion des vrais problèmes. La grippe fut utilisée à cet effet, pense-t-il. Enfin, les complices des autorités à la BBC n’ont pas hésité à détourner récemment la virologie sérieuse pour une mise en scène grotesque sur les menaces virales, avec musiques macabres à l’appui. Et ce qui nous pend au nez, c’est le syndrome de la folie scientifique, ou du moins, la folie scientiste. C’est clair, net, et bien envoyé !
A lire le billet de Jenkins, on peut s’interroger sur la complaisance des grands éditorialistes français, ceux qui ont été dézingués par Sébastien Fontenelle comme éditocrates. Ceux qui ont le pouvoir sur l’opinion et qui, comme Thomas Legrand, se comportent comme les vassaux, pour ne pas dire les valets de la ministre Bachelot. J’ai eu beau chercher, je n’ai pas trouvé dans les médias de masse français des chroniques aussi pertinentes et percutantes que celles de Jenkins qui, sur ce coup, assène une véritable leçon de journalisme à nos rédacteurs nationaux. Alors que l’Europe nous offre une leçon de démocratie avec l’enquête diligentée par le Dr Wodarg sur l’OMS.
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