NetCulture.gouv.fr : vers un futur immédiat ?
Nous sommes en 2011. Suite à une prise de conscience politique des enjeux de l’accès à la culture, aussi bien sociétaux qu’économiques, la licence globale a été instaurée, accolée à un portail institutionnel. Explication.
Nous sommes en novembre 2011. Je viens de démarrer mon navigateur. Ma page d’accueil, NetCulture.gouv.fr, comme beaucoup de Français depuis septembre 2010. En effet, 2010 a été une petite révolution pour le monde de la culture, et surtout pour les petits créateurs comme moi : le ministre de la Culture a décidé de vraiment s’occuper du dossier de ce qu’on appelait alors le piratage musical.
Au début, ça n’a pas été facile : vous pensez bien, les lobbyistes d’Universal et Cie planqués à l’Assemblée ont montré les crocs. Mais le ministre l’avait bien compris, la situation n’était plus tenable : le Top 5 des ventes de singles était occupé par deux "chanteurs" de la Star Ac’, une de la Nouvelle Star, une compilation des plus grands tubes de M. Pokora et une réédition de l’album de Patrick Risoli ("Elles sont cuitas, les bananas"...). A côté de ça, la direction de France 2 avait décidé de programmer les Victoires de la musique à 00h35, présenté par Brigitte Lahaie et Desireless : eh bien oui, depuis que les majors avaient décidé de ne plus produire que les artistes ayant réussi à faire plus d’un million de vues sur DailyMotion, la création en avait pris un coup et on survivait comme on pouvait !
M. le Ministre a donc pris le taureau par les cornes et a pris une décision incroyable : instaurer une licence globale ! Bien entendu, levée de boucliers générale : on condamnait la création, on sacrifiait l’emploi de dizaines de milliers de personnes sous prétexte de jeunisme, et bien d’autres choses. C’est alors là qu’il a dévoilé son "plan d’attaque", en trois points :
1 - Création du portail NetCulture
Un des reproches principaux des créateurs était l’impossibilité de comptabiliser les téléchargements, et donc de répartir correctement les revenus. La solution fut la création de NetCulture.gouv.fr . A cette adresse, on trouve toutes les ressources musicales qui ont été soumises par leurs créateurs : un peu un YouTube institutionnel.
Pour le créateur, le système est simple : une fois identifié, on se dirige vers l’onglet "créateur". Là, après avoir renseigné un certain nombre de champs tels que l’auteur, le compositeur ou encore le producteur, on charge l’album. Pour le format, la liberté est totale mais les créateurs ont bien compris qu’il valait mieux une qualité sonore optimale, et non plus la "qualité" proposée sur les anciens Music Stores. Et depuis l’arrivée de l’UHD (Ultra Haut Débit), les futurs fans auront de quoi rapatrier rapidement l’album sur leur ordinateur donc on ne lésine plus sur la qualité : le portail accepte même le FLAC, un format lossless (sans perte de qualité) !!Après, pour se faire connaître, divers moyens sont possibles.
- Le système "Promotion" permet d’apparaître dans un "bandeau déroulant" de la page d’accueil du portail, pour une durée d’une semaine. Bien entendu, ce système n’est pas gratuit : en échange de cet avantage, on renonce aux rémunérations qui nous seraient dues pour les deux semaines à venir.
- Le système "Coup de coeur" permet à chaque utilisateur enregistré de donner un "coeur" à un artiste qu’il apprécie, et cela une fois par semaine. L’artiste ayant le plus de "coeurs" passe la semaine sur la page d’accueil.
- Le système "Phare" permet à l’artiste le plus téléchargé une journée de se retrouver en page d’accueil le jour suivant.
- Le système "Nouveau" sélectionne au hasard, à chaque raffraîchissement de la page, un des albums mis en ligne dans la semaine.
Et depuis deux mois, en beta test, on peut maintenant ajouter des clips ou encore des vidéos de concert. Ainsi, notre page créateur, visible par les inscrits au portail, deviens une sorte de page MySpace.
Pour les auditeurs, le système est encore plus simple. Une fois arrivé sur la page d’accueil, il y a trois choix :
- Faire une recherche, manuelle ou automatique, de l’auteur, de l’album ou du producteur.
- Cliquer sur l’un des albums "Phare", "Nouveau", "Promotion" ou "Coup de Coeur" présenté.
- Se laisser guider par le "Fouineur", qui va comparer nos derniers téléchargements avec ceux des autres internautes, et nous proposer les albums téléchargés par ceux ayant les mêmes goûts musicaux que nous.
Après avoir sélectionné l’album, on peut donc soit l’écouter en streaming, soit le télécharger en toute transparence, en quelques secondes. Ce téléchargement sera comptabilisé pour le créateur et également pour nous, pour le calcul de la contribution flottante (voir ci-dessous).
A noter que le portail propose également un système de playlist pour les bars, restaurants et autres, eux aussi soumis à la rétribution mais sur d’autres critères.
2 - Instauration de la Licence culturelle globale (LCG)
Chaque internaute s’est vu proposer, par une lettre recommandée envoyée par son opérateur, de disposer de la LCG. En cas d’accord, il se voyait attribué un login et un mot de passe, permettant l’accès au portail NetCulture en échange d’une augmentation de 10 € de sa facture d’accès à Internet. Après six mois, le ministère a procédé à une évaluation du système et, avec une commission paritaire de consommateurs et de créateurs, a décidé d’ajuster la cotisation : chaque internaute se verrait à présent prélevé d’une somme en rapport avec sa consommation, et ne pouvant excéder 3% de son salaire net, des mesures de gratuité étant mises en place pour les plus bas salaires. L’ensemble des cotisations devant bien entendu atteindre la même somme que celle perçue précédemment.
Ces cotisations, reversées directement à l’AGLCG (Agence de gestion de la LCG), étaient ensuite entièrement distribuées aux créateurs, sans frais de gestion ! Logique : le ministre de la Culture avait eu la bonne idée d’autoriser un publicité, discrète et contrôlée mais efficace. vous pensez bien : avec les millions de connexions chaque jour, les annonceurs se sont arraché à prix d’or les places, et l’ensemble des frais de gestion (personnel et matériel) sont ainsi "transparents".
3 - Volet "Maisons de disque"
En contrepartie, car il fallait bien en offrir une, M. le Ministre a proposé un certain nombre de mesures aux maisons de production, pour faire face au manque à gagner sur la vente des produits physiques.
- Durcissement judiciaire : Les tribunaux ont reçu pour consigne d’appliquer plus strictement les amendes (la case "prison" a été supprimée : un peu de sérieux tout de même !) pour les délits de contrefaçon.
- Reclassement des employés : le personnel chargé de développer et entretenir le portail est issu à 80% des maisons de disques, qui n’ont pas eu à payer d’indemnités de licenciement. Pour le ministère, c’était une bonne pioche : pas besoin de faire beaucoup de recherches et de gaspiller du temps et de l’argent, on avait ainsi déjà des gens formés et compétents.
Bien sûr, les majors ont râlé. Mais au moins, elles se sont bougées : on a eu le droit une utilisation intelligente du support physique, avec des packagings inventifs, une pluie de bonus et beaucoup d’autres choses.
De l’autre côté, cela a fait des heureux : les consommateurs avaient enfin accès à toute la musique qu’ils voulaient et les créateurs étaient enfin rétribués à leur juste valeur. Alléluia !
Ces deniers temps, Rupert Murdoch (magnat australien de la presse et propriétaire de MySpace) fait un peu la tronche : NetCulture envisage d’accoler une partie "blog" à la page de chaque créateur !
Le gouvernement envisage lui d’étendre l’idée : le site de l’INA devrait être bientôt intégrés à NetCulture, et le dictionnaire de l’Académie française est disponible depuis aujourd’hui dans un nouvel onglet.
Merci de m’avoir lu. Ce projet a sûrement beaucoup d’imperfections, je compte sur vous pour m’aider à l’améliorer.
Il ne tient qu’à nous, en faisant pression sur nos politiques, pour que la création de NetCulture n’attende pas 2011.
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