On n’est pas couché : Prémices d’une décadence programmée
Vendredi dernier, Laurent Ruquier a annoncé au Parisien son intention de se séparer d’Eric Zemmour et Eric Naulleau pour la prochaine saison de l’émission On n’est pas couché. Le début de la fin ?
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« Cette décision vient de moi » a affirmé l’animateur avant de préciser ses intentions : « je veux apporter un souffle nouveau. (…) J’ai plaisir à casser les habitudes ». Sûr de lui et de son projet, il poursuit : « au bout de cinq saisons, on sait d’avance comment pensent Eric Naulleau et Eric Zemmour et ce qu’ils vont dire. Les invités qui reviennent savent donc comment ça se passe. Ils se préparent. Ou au contraire, certains ne veulent plus venir. Le public ne s’amuse plus. Les chroniqueurs ne doivent pas être toujours les mêmes si on ne veut pas lasser ».
Si les commentaires, hostiles ou non à cette décision, sont légions ces derniers jours, il serait bon de s’intéresser de plus près à l’avenir de l’émission. Si, de par cet acte, Laurent Ruquier pensait lâcher du lest pour mieux s’envoler, il a tout faux. La formule commençait à s’user, certes, mais l’audimat devait encore beaucoup à la présence de ces deux critiques populaires. Le public, lassé de l’hypocrisie audiovisuelle dominante et du politiquement correct permanent, trouvait devant les deux fauves du samedi soir la bonne bouffée d’air frais dont il avait besoin.
Souvent, on leur a reproché d’être payés pour dire du mal des œuvres et des artistes qu’ils recevaient, sorte de méchanceté gratuite, d’être uniquement là pour faire le show, pour flatter les courbes de l’audimat. Il n’en est rien. Si leurs plus intenses joutes verbales ont fait le tour de la toile, et sont donc prédominantes dans l’esprit du public, force est de constater que la grande majorité de leurs critiques restent modérées, franches et honnêtes.
L’hypocrisie préférée à l’honnêteté
Va-t-on alors reprocher à quelqu’un de dire ce qu’il pense vraiment d’un livre, d’un film ou d’un album, quitte à en dire du mal ? Telle est pourtant la triste et scandaleuse réalité. Il est vrai que les artistes d’aujourd’hui, dans un souci promotionnel, ont toujours préféré passer chez Drucker ou Denisot afin d’y être agréablement caressés dans le sens du poil. Il est vrai aussi que beaucoup refusaient de participer à l’émission, de se confronter aux deux Eric, de peur, sans doute, de faire face à la réalité de leur minable production. Pour ces gens là, n’ayons aucune estime. Pour ces artistes là, n’ayons aucune attirance. Enfants de l’industrie culturelle déculturée, ils ne sont que les hypocrites VRP de leur porte-monnaie.
D’autres, plus vicieux, avaient trouvé dans ces perspectives de conflits un moyen idéal de faire leur promotion, de « faire le buzz » autour d’eux. Georges-Marc Benamou, Isabelle Mergault, Daniel Auteuil, etc…, tous s’étaient portés en victime d’un système jugé inquisitoire et injuste, tous avaient élevé la voix, préparé leurs formules pour être certains de faire exploser les compteurs Dailymotion. Une bien triste méthode, tout aussi lâche que celle du refus permanent de la critique. Les deux critiques se retrouvaient ainsi piégés par leur propre franchise.
Pour résumer, bien qu’en cours d’épuisement, la formule permettait toutefois de conserver un bon audimat. Si le public commençait à anticiper les réponses et réactions des deux chroniqueurs, à les cantonner dans un rôle de méchant provocateur, il restait fidèle à son rendez-vous divertissant du samedi soir. Désormais, avec la non-prolongation des contrats de Zemmour et Naulleau, présents depuis 5 et 4 années, Laurent Ruquier a tout à perdre. Pourquoi prendre le risque de changer une équipe qui gagne ? Un pari risqué, un jeu dangereux. Déjà, les protestations se font entendre. Beaucoup jurent de ne plus jamais regarder l’émission, de préférer aller se coucher à On n’est pas couché. Qu’importe le nom des remplaçants du mythique tandem (Bedos, Plenel…), cette décision fera beaucoup de déçus.
En pensant lâcher du lest, Laurent Ruquier a aussi, semble-t-il, lâché une bonne partie de ses fidèles téléspectateurs. Le public était le combustible, Zemmour et Naulleau étaient le feu. Si personne n’est capable de raviver la flamme, l’émission va sans aucun doute plonger dans les abîmes de l’oubli. Car jusqu’où peut bien monter une montgolfière sans air chaud ?
Christopher Lings ( Le bréviaire des patriotes )
Article rédigé pour Enquête&Débat
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