Rachat du journal le Monde : les bidonneurs aux premiers postes
Voici deux événements qu’il est intéressant de mettre en lumière car ils apportent des éclairages sur les liens entre sphère politique, sphère médiatique et sphère industrielle. Je veux parler de la volonté affichée du patron d’Iliad-Free, Xavier Niel, d’entrer dans le capital du Monde, et d’un autre événement passé assez étrangement inaperçu, la suspicion du bidonnage de l’émission E=M6 consacrée aux box internet.
Premier mouvement, donc, le rachat du Monde, avec plusieurs candidats en lice. Xavier Niel, charismatique (et un peu sulfureux) patron de la maison-mère de l’opérateur Free, se met sur les rangs, associé à Pierre Bergé (l’homme d’affaires omniprésent) et Matthieu Pigasse (banque Lazard).
Le trio détonne et l’Elysée a déjà fait savoir que le président Sarkozy n’était pas vraiment motivé à l’idée de faire entrer dans le grand quotidien du soir « l’homme du peep-show ». Mais personne n’est dupe, ce n’est pas la fortune de Niel, issue du Minitel Rose, qui gêne le président, mais bien le risque qu’il représente pour ses proches dont l’opérateur téléphonique Bouygues, mais également Orange dont l’Etat est actionnaire à 26,7%.
Xavier Niel a lutté des années pour obtenir la 4e licence de téléphonie mobile 3G qui va lui permettre d’aller remuer un peu ce bourbier oligopolistique constitué par les opérateurs dits « historiques », maintes fois condamnés pour entente. L’autre raison de la mise en garde présidentielle, c’est la position de Niel contre l’Hadopi, une tactique qui lui a gagné la faveur des internautes.
Mais doit-on pour autant blanchir complètement Xavier Niel ? Pas si sûr, si l’on regarde le 2e évènement, ce reportage bidonné paru dans l’émission E=M6 sur le sujet des « box » internet. Nous y avons vu évoluer, enthousiastes de leur Freebox, une famille « témoin » composée... de l’attachée de presse et du directeur marketing de Free, à savoir Isabelle Audap et Christophe Reunier. ça la fout mal, et c’est encore peu dire. Une « commande » de la sorte de la part d’un groupe dont le patron souhaite reprendre le quotidien de référence en France, c’est franchement osé. Mieux, ce qui semble confirmer ce bidonnage de haut vol est précisé par l’excellent site d’analyse des médias Arrêt sur Images :
« Le reportage semble bien pourtant faire la part belle aux Freebox. Certes, le nom "Freebox" est flouté. Mais on reconnaît aisément de quel modem il s’agit. De plus, un technicien Free, cette fois-ci présenté comme tel, intervient pour donner des explications de branchement. Le reportage présente enfin des "fonctionnalités exclusives à Free, comme la possibilité de programmer ses enregistrements à distance sur son iPhone avec un logiciel tel que FreeGo," souligne Freenews. »
La vidéo est délicieuse et je vous la recommande chaudement.
La communication de Free, dans des temps troublés (récemment détrôné par SFR comme opérateur internet alternatif de référence) ne doit pas s’abaisser à cela au vu des risques que cela fait courir au groupe. Et j’ai envie de dire, bye-bye pour les ambitions de maître du "Monde".
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