Rencontre Bayrou - Royal : la presse quotidienne régionale laisse passer une occasion d’être au cœur de l’info
La décision du syndicat de la presse quotidienne régionale (SPQR) de ne pas organiser le débat entre Ségolène Royal et François Bayrou vendredi 27 avril est pour le moins surréaliste.
Rappelons les faits : depuis quelques jours, les trois candidats arrivés en tête du premier tour de l’élection présidentielle - Nicolas Sarkozy, Ségolène Royal et François Bayrou - dialoguent par médias interposés. Une période passionnante qui peut aboutir, ni plus ni moins, à une recomposition du paysage politique français... ou peut-être rien ! Mais pour l’instant, personne n’est capable de le dire. Chacun se contente de spéculer, voire de rêver ou de cauchemarder, selon ses affinités ou ses intérêts du moment. Bref, une période que tout journaliste qui se respecte a envie de couvrir d’une manière ou d’une autre.
François Bayrou et Ségolène Royal sont tombés d’accord sur une date de débat : le vendredi 27 avril. En effet, ce matin-là, Ségolène Royal est reçue par la presse quotidienne régionale pour y tenir un forum. Cette dernière veut profiter de l’occasion pour concrétiser et médiatiser ce fameux « débat public ».
N’importe quel média ne se poserait pas la question de savoir si le moment est bien choisi. N’importe quel journaliste sauterait sur l’événement pour être au cœur de cette info en train de se faire. N’importe quel média, n’importe quel journaliste... sauf la presse quotidienne régionale, ou plutôt le syndicat qui la représente.
Le refus est incompréhensible, de surcroît mal motivé. Jacques Camus, du syndicat de la presse quotidienne régionale, met en avant la « déontologie » pour se justifier. Il explique ainsi que c’était Mme Royal qui était invitée et non pas Mme Royal et M. Bayrou. Admettons !
On notera que le Syndicat de la presse quotidienne régionale n’a pas brandi ce concept - souvent à géométrie variable - de la déontologie avec autant de fougue lorsqu’il a relayé l’interview où Nicolas Sarkozy se déclarait candidat à la présidence de la République en novembre dernier.
L’interview de Nicolas Sarkozy, réalisée Place Beauveau, avait alors été transmise à l’ensemble des adhérents de la SPQR. Une méthode accueillie froidement à l’époque par de nombreux journaux. On remarquera d’ailleurs le refus de certains d’entre eux de reprendre l’entretien dans leurs colonnes. Ce fut le cas du journal Sud-Ouest dont l’éditorialiste, Bruno Dive, avait alors déclaré qu’ils ne la publierait pas « aussi bien pour protester auprès du SPQR sur la façon de procéder que par principe : on ne passe pas une interview qu’on n’a pas recueillie ».
La presse quotidienne régionale vient de laisser passer une excellente occasion d’être au cœur de l’information. Mais pire encore, suite à ce refus, elle laisse maintenant la porte ouverte à toutes les interprétations, en particulier celle d’être sous l’influence d’un candidat. Une supposition peut-être totalement infondée d’ailleurs, mais qu’un peu plus de clarté et de cohérence de la part de son syndicat aurait permis de ne pas lui accorder le moindre crédit.
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