Abstention, remontée du FN : oui, mais pourquoi ?
Le premier tour des élections régionales a été marqué par une abstention massive de 52%. Et hélas, un retour sur la scène politique du Front National, même si ce retour est accentué par l’opinion générale. Oui, mais comment peut-on expliquer ces deux phénomènes ?
Un désintérêt politique suscité par notre système
L’abstention peut trouver différentes raisons ou sources que l’on ne pourrait recenser entièrement. Il est probable que face à des politiciens avides de polémiques (affaire Soumaré, affaire Frêche), certains électeurs soient dégoutés de ce que peut être la politique.
Mais il faut aussi analyser le système sur lequel repose notre Ve république.
Un président fort, une Assemblée Nationale effacée (qui l’est certes de moins en moins) et une décentralisation que peu de gens peuvent considérer comme effective.
Il faut ajouter à cela, la façon dont gouverne notre président, Nicolas Sarkozy. L’omniprésident veut montrer tous les jours qu’il peut tout gérer. De l’usine Renault au conflit d’Afghanistan, en passant par la suppression de la taxe professionnelle et la libération des infirmières Bulgares. Il y a un tel présidentialisme que personne ne saurait croire qu’un président de région puisse faire le poids face à ce gouvernement.
Toutefois, ce phénomène n’est certainement pas imputable qu’au seul personnage Sarkozy. En effet, on peut comprendre la très faible abstention qui a marqué les dernières élections présidentielles justement grâce à ce présidentialisme et surtout à la personnalisation du débat politique. Les Français avaient le choix entre trois monarques, trois personnages politiques qui ont montré qu’ils pouvaient tout contrôler : Ségolène Royal, Nicolas Sarkozy et François Brayoux.
Ainsi, l’on comprend que certains voient dans l’élection présidentielle, l’intérêt certain qu’ils ont à voter, surtout si l’élection d’un parti devient celle d’un Homme. Et le désintérêt qu’ils peuvent avoir à voter, comme l’ont confirmé les chiffres pour les élections européennes, municipales ou régionales.
Qui peut croire à la décentralisation ?
Oui elle existe, et les présidents de régions ont des compétences qui n’ont cessé de croître depuis 1982 (Transport, Lycée…). Mais comment peut-t-on faire croire aux français que voter pour un parti opposé à L’UMP pour les régionales, représenterait un moyen de lutter contre la crise et accessoirement contre Sarkozy ? Quand on sait qu’il y avait 20 régions socialistes sur 22 depuis 2004 et que personne n’a réellement vu un moyen de freiner la politique du gouvernement à travers les régions. Une cacophonie s’est donc installée sur l’utilité du président de région et l’utilité de voter contre le gouvernement, qui n’a pu que démotiver les quelques électeurs à donner de la voix.
Le Front national : Un retour bien que symbolique.
A en croire l’opinion générale, le FN a fait son come back politique et médiatique. Pourtant, le FN ne retrouve pas sa position atteinte en 2004 (14,7% au premier tour des régionales) contre 11,5% aujourd’hui. Si le FN ne progresse pas dans les urnes, il faut tout de même analyser son retour symbolique et idéologique qui n’est pas négligeable. En effet, jusqu’à maintenant on ne parlait de ce parti que pour énoncer ses déboires financiers ou la vente du célèbre paquebot du FN.
Et si le FN devait son retour à l’UMP ?
Depuis le premier tour du 14 mars, le FN réussit à faire croire qu’il est la quatrième force politique de la France. Ceci n’est qu’une apparence, un leurre, compte tenu de l’abstention. Mais la politique est justement faite d’apparences, d’intuitions et de symboles.
Tout le temps qui a précédé ces élections, l’UMP n’a eu de cesse de fleureter avec le pire, de fleureter avec les idées du parti extrémiste pour, disait-t-on au sein de l’UMP, récupérer les électeurs du FN.
Un arroseur bien arrosé
Or, l’UMP, en jouant le jeu du FN n’a fait que redorer le blason de ce parti en lui donnant encore plus de crédibilité. Pour la première fois en France, lors par exemple des débats sur l’identité nationale, on pouvait entendre de la bouche de maires de droite ou de gauche des rhétoriques racistes et haineuses réservées auparavant au seul Le Pen et autres personnages du même genre.
Tous ces dirigeants UMP, Besson le premier, n’ont été que des porte-voix des idées extrémistes en ouvrant cette boîte de Pandore que l’éthique des hommes politique précédents exigeait qu’elle reste fermée. Et les électeurs du FN n’ont pu que constater la légitimité incroyable que l’UMP accordait aux idées de Le Pen. Tel un véritable plagiat idéologique.
Voilà qu’à trop approcher ses mains de cette flamme frontiste, on se brûle. Comment comprendre d’ailleurs que des militants UMP acceptent que leur représentant soit prêt à tout pour récupérer les voix du FN ? Cela reste un mystère…
Il faut à espérer que l’UMP trouve un autre moyen pour cela, s’il ne veulent pas que le FN fasse un véritable come back politique en 2012. Si l’on ne veut pas revivre un 2002.
D.Perrotin
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