Affaire Amesys : Sarkozy et son gouvernement ont-ils cautionné l’espionnage de Kadhafi ?
Le parquet de Paris vient de donner le feu vert à l’ouverture d’une information judiciaire visant Amesys, société française filiale de Bull, pour "complicité de torture".Elle est censée permettre de comprendre l'implication exacte d'Amesys dans l'utilisation par la Libye de Kadhafi de son logiciel Eagle, un système d'espionnage en ligne.
Cette enquête fait suite à une plainte avec constitution de partie civile déposée par la Ligue des droits de l’Homme (FIDH) et la Fédération internationale des droits de l’Homme (LDH) auprès du doyen des juges d’instruction du Tribunal de Paris le 19 octobre 2011.
Une première plainte avait été déposée à Aix-en-Provence. Le 12 septembre 2011, l’association Sherpa de lutte pour les droits de l’homme avait porté plainte contre Amesys pour atteinte à la vie privée, et vente de matériel d’écoute sans accord ministériel. Le parquet d’Aix-en-Provence avait ouvert une enquête préliminaire. Or, le 13 mars 2012, elle a été classée sans suite. Selon le procureur de la République les matériels "livrés ne sont pas soumis à autorisation préalable d’exportation, car non considérés comme matériels de guerre",
Il a fallu attendre 7 mois avant que cette information judiciaire soit ouverte. L'enquête a été confiée "au pôle spécialisé dans les crimes de guerre, crimes contre l’humanité et génocide, nouvellement créé au sein du TGI de Paris".
Tout d'abord posons-nous cette question : quel était le degré de connaissance du gouvernement des activités commerciales de la société Amesys sur le sol libyen ?
La question est pertinente, d'autant que, comme le soulignait Owni en septembre, la directrice de la communication de Bull est, depuis janvier 2011, Tiphaine Hecketsweiler, la fille de Gérard Longuet !
En octobre, le ministre de la Défense avait affirmé que le"ministère n'a pas eu à donner son avis" sur la vente du matériel Eagle, qui n'aurait pas besoin, selon lui, de l'autorisation de la commission interministérielle d’exportation de matériel de guerre, nécessaire pour vendre des armes.
Pour expliquer pourquoi il n'y aurait pas eu d'autorisation délivrée, Gérard Longuet avait assuré "qu'il y avait eu détournement d’objet" de la part d'Amesys. Il s'alignait sur la ligne officielle d’Amesys qui prétend que Eagle ne serait en effet censé servir qu'à traquer les pédophiles, les trafiquants ou les terroristes. On se demande d'ailleurs de quel détournement parlait Gérard Longuet en sachant que le régime libyen, formé par des équipes françaises, compilait des documentations où apparaissaient des listes d'opposants écoutés tant sur le sol libyen que sur le sol britannique et américain.
Une autre question importante me taraude : est-ce que la livraison d'Eagle s'est faite avec le cautionnement du gouvernement ?
Le système Eagle, me semble-t-il, peut-être considéré comme du matériel de guerre technologique dont l'exportation est soumise à l'autorisation du Premier ministre. D'ailleurs fin 2011, le député Hervé Féron avait saisi le ministre des affaires étrangères sur le rôle de la France dans la vente et l'emploi d'armes technologiques destinées à la surveillance de l'internet en Libye. Selon lui, l’exportation de ces outils devaient obtenir l'autorisation, et donc l’accord, des autorités françaises.
Cette nouvelle version ne contredit plus la thèse de l'ignorance gouvernementale quant aux activités d'Amesys en Libye… Quoi qu'il en soit, retraités ou non, ces militaires formateurs n'auront jamais les honneurs du Figaro papier, qui a simplement ignoré les révélations de son site web.
Le 7 septembre 2011,Le Canard enchaîné et Le Monde confirmaient que, "de juillet 2008 à février 2011", "des officiers de la Direction du renseignement militaire et des services techniques de la DGSE ont ainsi supervisé la mise au point des équipements d'espionnage électronique vendus au colonel libyen par plusieurs industriels français et autres".
Sources : Le Figaro, owni.fr, Libération, fidh.org, owni.fr, asso-supelec.org, Le Figaro, reflets.info, reflets.info, pcinpact.com, owni.fr, assemblee-nationale.fr, Rue 89, Arrêt sur images, Arrêt sur images,
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