Affaire Sarkozy : un complot de la justice, bon dieu mais c’est bien sûr, puisque c’est l’UMP qui le dit !
Et voilà, après DSK et son odyssée dans le labyrinthe du terrible système judiciaire américain, un remake du film de série B politicienne vient de commencer avec la mise en examen de Nicolas Sarkozy par le juge Gentil pas très tendre et paraît-il très déterminé, bref, un gars de l’instruction bien trempé comme son confrère Mongolfier qui occasionna quelques ennuis aux maçons de la Côte d’Azur. Le film est lancé à grand coup de baz médiatiques. Le baze, comme disait le directeur de Libé chez Denisot. Le baze a commencé le 21 au soir, sur les télés de streaming avec un défilé de personnalités de plus ou moins gros calibre, plus quelques coups de fil, bref, du déjà vu et quelques similitudes avec l’épisode DSK. Attention, il n’y a aucun lien entre les deux affaires, si ce n’est que l’un était connu pour aimer avec force et affection la gente féminine alors que Sarkozy est plus connu pour son amour de l’argent. Ce qui n’en fait pas pour autant un gigolo prêt à détrousser une vieille milliardaire, et comme dirait l’ami Djack, il n’y a pas mort d’homme. Détrousser une milliardaire de quelques euros ce n’est pas plus grave que de trousser une femme de chambre aurait clamé JFK.
Le déroulement de l’affaire Sarkozy mérite quand même un détour parce que de puissantes similitudes sont en œuvre, trahissant les ressorts de la vie politique française. Comme pour DSK, on aura un CV du magistrat étudiant l’affaire, le fameux baze médiatique, et la flopée de commentateurs qui y vont de leur attestation de bonne conduite pour absoudre le pape Sarkozy d’un délit imaginaire inventé par un juge comploteur. On a vu sur les antennes un jeune loup de la droite forte jurer que Sarkozy était un homme intègre, comme si c’était un vieux pote de trente ans. Ce n’est pas très sérieux. Heureusement que les avocats de plus gros calibre genre Fillon ou Longuet interviennent. Parce s’il fallait compter sur les boys scouts de la droite populaire avec leurs excès verbaux, le grotesque aurait vite fait de balayer la raison. Nous qui ne sommes plus des enfants de cœurs avons reconnu dans cette affaire la bataille spectaculaire entre les partisans qui souvent pratiquent le déni. Les uns de droite et les autres de gauche et un show ininterrompu dont les acteurs ne savent pas vraiment pourquoi ils font ça si ce n’est pour réagir à chaud, comme s’il y avait deux instructions, l’une dans le secret du bureau du juge et l’autre au grand jour où les témoins de probité de Sarkozy se succèdent. Il y a deux justices, l’une qui fait son travail dans les règles du droit et l’autre, populaire, médiatique, qui ne travaille pas forcément avec sérieux mais se joue avec des arguments parfois étrangers à l’affaire et beaucoup de bavardage. Les plateaux de télé sont des prétextes à plaidoiries. On peut être coupable selon le droit et absout par le tribunal de l’opinion publique. Mais dans les deux cas, il faut des bons avocats. Des professionnels bien payés pour le juge et des saltimbanques de la politique bien couillus pour plaider sur les plateaux et jouer les bretteurs pendant un quart d’heure de célébrité.
Maintenant, observons quelques arguments avancés par la meute des avocats de nos deux diablotins, DSK et SarKo. Rappelons-nous, à l’époque de l’affaire DSK, beaucoup ne voulaient pas croire à l’événement, affichant un déni de réalité, certains étant même prêts à témoigner de la fidélité de DSK et de son comportement très respectueux envers les femmes. D’ailleurs, certains l’ont même vu un soir avec une mandoline jouer un madrigal pour une scène d’amour courtois jouée face à une princesse juchée sur le balcon du Crillon. D’autres plus perspicaces ont carrément imaginé un complot. On ne sait pas qui, mais c’était certain, il y avait un complot dans lequel DSK a été piégé, sans qu’on ne sache qui complotait mais on a laissé entendre que quelques connivences étaient avérées entre la police new-yorkaise et Nicolas Sarkozy. Bon dieu mais c’est bien sûr. Sarkozy avait trouvé là une magnifique occasion de pratiquer un coup tordu capable d’éliminer son concurrent pour 2012. Et maintenant que voilà l’autre camp tente de nous convaincre d’un traquenard tendu par un juge pour éliminer le principal concurrent de François Hollande pour 2017. D’autres sont plus mesurés, pensant que la mise en examen de Sarkozy est une intervention de pompiers judiciaires pour éteindre le départ de feu occasionné par la démission du ministre Cahuzac.
Bref, vous avez noté la présence de la théorie du complot. Vous aurez aussi remarqué que les élites moquent les internautes qui se réclament du complot et propagent des rumeurs infondées. Alors cette fois, ne nous privons pas, nous gens d’en bas, de moquer ce cirque médiatique en constatant que les élites politiques y vont aussi de leur propre théorie du complot quand il s’agit de pouvoir et de défendre l’un des leurs. Longuet le premier qui dans un élan de générosité, imagine même Sarkozy se présenter en 2017 pour laver son honneur. Comme si c’était le rôle d’une élection que de permettre à un politicien de régler ses comptes. C’est faire bien peu cas du citoyen et de ses problèmes mais on le sait depuis longtemps, ces gens ne vivent pas dans le même monde que nous.
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