Affaire « Zezetta Star » : Caroline Fourest dégaine contre le tirage au sort !
Hier je publiais un article faisant le portrait d'un co-listier assez original de Claude Bartolone pour le second tour des élections régionales 2015. Il s'agissait de Thierry Schaffauser, alias Zezetta Star. L'article n'a pas tardé à être repéré par Le Figaro, qui s'en est servi pour produire son propre article. L'intéressé, Thierry Schaffauser, a lui-même tweeté mon article, avant que Caroline Fourest n'y réagisse avec une intolérance qu'on ne lui connaissait guère envers les minorités. Elle en a aussi profité, sur la base de la conclusion de cet article, pour rejeter l'idée de tirage au sort en politique, en ne saisissant pourtant pas le sens de ce qui était écrit.
Revenons brièvement sur ces quelques péripéties.
Le Scan politique du Figaro s'est donc penché hier soir sur le cas de Thierry Schaffauser. Je me bornerai à une petite remarque sur sa présentation :
Qualifier AgoraVox de "site militant de gauche radicale" a quelque chose de déroutant, lorsque l'on sait qu'il est ouvert à tous, et qu'à peu près toutes les tendances politiques peuvent s'y retrouver. Disons qu'à mon sens Le Figaro et tous les médias traditionnels sont davantage militants qu'AgoraVox, puisqu'ils ne proposent qu'une seule ligne éditoriale et politique. Sur AgoraVox, il y a certes des militants (pas seulement heureusement...), mais de tous bords, ce qui en fait l'anti-site militant ou communautaire par excellence (ou, si l'on veut, le site militant le plus bouillonnant de contradictions).
L'article du Figaro a au moins le mérite d'avoir donné la parole à Thierry Schaffauser suite à mon article qui mettait en lumière - au travers de tweets - ses positions parfois, voire souvent contradictoires avec la ligne de Claude Bartolone. « Même si nos positions sont différentes voire contradictoires, il faut savoir faire des alliances au second tour pour conserver des élus. Ce sont des accords purement électoraux », s'est-il défendu. « J'estime que je suis le seul qui défend les vraies valeurs de gauche, et je crois qu'il y a besoin de gens comme moi pour qu'elles survivent », a-t-il ajouté, se félicitant au passage de la décision d'EELV de se retirer du gouvernement.
Quant à l'entourage de Claude Bartolone, il a apporté cette justification minimaliste à la présence d'un adversaire du gouvernement sur la liste de celui-ci : « C'est le principe des compromis quand on constitue des listes. Il n'y a pas de débat. Ce point de vue n'est pas du tout partagé par la tête de liste et ça n'est absolument pas la ligne ».
Mais venons-en à l'aspect essentiel de cette "affaire". Il nous vient, là encore, d'un tweet, signé Sergio Coronado :
Voici un agrandissement du texte de Caroline Fourest (pour mieux le lire), retweeté et commenté par Sergio Coronado :
Mais d'abord, qui est Sergio Coronado ? En deux mots :
- Député de la deuxième circonscription des Français établis hors de France (Amérique latine et Caraïbes), il a été porte-parole et directeur de la communication d'Eva Joly, candidate EELV à l'élection présidentielle de 2012.
- En juin 2012, il fait son coming out en annonçant son homosexualité sur Twitter.
- Il fut partisan du « Oui » au référendum sur le traité constitutionnel européen en 2005. Le , il a voté contre l'article 2 du projet de loi relatif au renseignement. Le , il a également rejeté l'ensemble de ce même projet. Enfin, suite aux attentats du 13 novembre, il a été l'un des six députés français à voter contre la prolongation de l'état d'urgence en France.
Les présentations faites, revenons sur le tweet enragé du député EELV à l'encontre de Caroline Fourest, dont il dénonce la "haine ordinaire des prostituéES" et son "mépris" habituel. La journaliste militante a en effet réagi vertement à mon article relayé par Thierry Schaffauser, fustigeant la "contribution" des Verts à la campagne en Île-de-France - la contribution en question étant "Zezetta Star" lui-même.
On comprend mal ce mépris de la part de celle qui a si souvent défendu les Femen, qui, en urinant seins nus sur le trottoir parisien, n'ont pas toujours eu la décence de Zezetta Star. Fourest a aussi soutenu les Pussy Riot, dont l'un des faits de gloire pour certaines de ses activistes est de s'être enfoncé un poulet dans le vagin dans un supermarché... Zezetta Star, quelles que soient ses pratiques (personnelles et professionnelles), ne nous les impose pas, lui, sur la voie publique.
Venons-en maintenant à la seconde critique de Caroline Fourest, celle contre le tirage au sort. Elle argue qu'avec lui, "on aurait encore plus de candidats dramatiques" et encore plus facilement corruptibles. Or, je me permets de reprendre ma conclusion, sur laquelle Caroline Fourest fonde sa critique :
"Tant que rien ne changera au niveau institutionnel, dans le contrôle des pouvoirs, que ce dernier passe par des assemblées de citoyens tirés au sort ou par une Cour de légitimité d’exercice (au choix), la scène politique sera peuplée de Bourseaults, et nous, nous n'aurons pas fini d'avoir mal au derrière."
Il n'est ici nullement question de désigner des CANDIDATS par tirage au sort, mais des CONTRÔLEURS des pouvoirs, en l'occurrence - dans le champ politique - des contrôleurs des représentants. Caroline Fourest n'a donc pas saisi le sens du propos, à moins qu'elle l'ait volontairement caricaturé, ce que je n'oserais croire.
C'est, remarquons-le, très exactement la même méprise qu'avait commise Jacques Attali face à Étienne Chouard sur le plateau de CSOJ le 5 septembre 2014 (en toute bonne foi sans doute...). Il avait ridiculisé l'idée d'un tirage au sort des représentants, voire du président de la République, alors même que Chouard s'échinait à lui répéter qu'il ne parlait pas d'un tirage au sort des décideurs, mais bel et bien des contrôleurs (écoutez la vidéo à 4'30 minutes).
Quant à l'idée que le tirage au sort (des contrôleurs, puisqu'il n'est en réalité question que de cela) favoriserait la corruption, Chouard y a souvent répondu : "Chaque pouvoir devrait avoir à craindre quelqu’un, et ce quelqu’un devrait être tiré au sort pour ne pas être en conflit d’intérêts, pour qu’il soit difficile à corrompre. Il est en effet difficile de corrompre un tiré au sort parce qu’il ne nous doit rien, alors qu’il est facile de corrompre un élu parce qu’il doit son élection à quelqu’un."
Caroline Fourest n'a, par ailleurs, pas commenté la seconde proposition qui était émise, à savoir la création d'une Cour de légitimité d'excercice.
On aurait aimé répondre à la journaliste directement sous son tweet, afin de corriger sa méprise ; malheureusement, celui-ci a été supprimé rapidement de son fil (tant il était peu amène et hors de propos ?). Heureusement que le député Coronado l'a sauvegardé afin de me permettre cette petite mise au point.
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