Avant de tirer la chasse...
Depuis le joyeux dimanche matin où j'ai appris que DSK, à New-York, était encadré par une nouvelle équipe de communicants, je me suis abstenu de tout commentaire...
Il faut dire qu'avant cet éclat de rire, j'avais bien donné et combattu sans relâche, sans mettre l'accent sur les dérives sexuelles du bonhomme. C'est Mathieu Kassovitz qui m'a donné envie d'y revenir une dernière fois.
Lundi soir, chez Taddéï, il a été parfait encore une fois. Il fallait se faire entendre entre une théâtreuse allumée, un Sollers qui, à force de s'écouter parler, n'a plus la moindre idée de ce qu'il raconte, un psychiatre...bref un psychiatre, il a réussi a faire passer son message, le seul qui vaille :
il ne s'agit pas d'une tragédie mais d'une pantalonnade grotesque. La tragédie, elle est vécue par tous ceux qui subissent au quotidien les effets de la politique menée par DSK et les gens de sa caste. Privatisations, suppressions d'emplois plans de « restructuration » etc...Entre deux coupes de champagne, deux cigares et accessoirement deux putes, ils décident de la mise hors la vie de millions de chômeurs. On na va pas pleurer quand l'un d'eux, et non des moindres, se fait poisser.
Ce n'est pas les familles des suicidés de France-Télécoms qui affirmeront le contraire !
Reprenons donc le fil de l'affaire.
Qui est DSK ?
Un avocat d’affaires. Un spécimen que les militants de PS côtoient rarement. Ces individus gagnent beaucoup d’argent à faire gagner beaucoup, beaucoup d’argent aux riches. Ils leurs vendent leurs compétences juridiques pour leur éviter de payer les charges à la collectivité que l’on nomme les impôts, les aident à monter des sociétés bidon, voire pour des pratiques bien plus frauduleuses ! Cette race, jadis inconnue en politique, a opéré une véritable OPA sur nos existences avec l’aide de ses employeurs, les grands groupes financiers. Sarkozy, Strauss-Kahn et Coppé (qui s'en prend aux « bénéficiaires du RSA », quel talent ! ) sont des "avocats d’affaires".
A l’échelon mondial on a trouvé un organisme correspondant aux activités de l’avocat d’affaires : le FMI.
Lorsque les banquiers se sont bien goinfrés, que la corruption a pourri les dépenses d’un état, le FMI se pointe. Il rembourse les dettes et fait payer le facture aux plus humbles : petits fonctionnaires, retraités et baisse drastiquement les crédits alloués aux hopitaux, à l’éducation, à tous les services publics. Services publics que l'on va d'ailleurs s'efforcer de faire disparaître en les privatisant. C'est à dire en offrant ce que le petit peuple a financé de ses impôts aux rapaces qui ont provoqué la crise. Cela ne demande pas de compétences particulières, ni DSK, ni Sarkozy, ni Coppé ne sont considérés comme de brillants économistes (autrement que dans les médias aux ordres). Personne ne connait le nom du prédécesseur de DSK et, si demain Lagarde lui succède, il n'est pas sûr qu'on la considère d'emblée comme la favorite des prochaines élections en France. Il s'agit juste de donner une signature aux diktats économiques US
DSK avait fait preuve de ses aptitudes par les privatisations entreprises en France (France-Télécoms, 50 suicides, nous en avons parlé plus haut) et par une rapacité peu commune qui a attiré l’attention des "décideurs".
Il y eut, bien sûr, les soixante briques tapées à une Mutuelle étudiante de soins pour un « rapport »qui a laissé tout le monde circonspect.
Il y eut le lobbying mené pour la promotion du nucléaire :
"Vincent Giret et Véronique Le Billon, journalistes à L’Expansion ont publié en 2000 aux éditions du Seuil un livre intitulé « Les vies cachées de DSK », relatif à Dominique Strauss-Kahn. Le chapitre intitulé « Ministre privé » nous montre de façon préoccupante la collusion entre un ancien ministre de l’économie et le lobby nucléaire. Aucun des faits cités n’a fait l’objet d’un démenti de l’intéressé. La Cour des comptes a même sévèrement critiqué DSK pour les honoraires de consultant qu’il a perçus d’EDF entre 1994 et 1996 (1,5 million de francs). La Cour a souligné « l’insuffisance des termes du contrat d’origine, qui ne donne aucune indication sur le contenu de la prestation assurée »
dans :
http://seaus.free.fr/spip.php?article79
Et certainement pas mal d'autres opérations menées pas le grand homme de gauche.
Mais comment est-il devenu le « grand homme de gauche » ? Qui l'a placé là ? Pourquoi ?
Il a obtenu un soutien médiatique intensif, c'est le moins qu'on puisse dire, de certains médias. Le vaisseau amiral de cette escadre : « C dans l'air ».Titres : « EN ATTENDANT DSK, IL ARRIVE etc. » etc... Tous les faiseurs d'opinion se pressent quotidiennement autour d'Yves Calvi (Oh, le délice des délices, Roland Cayrol au bord des larmes, « les français sont sidérés ». Mais non, pauvre tâche, VOUS êtes sidérés, eux, ils sont morts de rire !).Europe1 a énormément donné lui aussi, de même que Canal+ avec Apathie qui vient de se faire joliment démonter le portrait et la figuration périodique de quelques glands comme le perpétuel Duhamel et les deuxièmes couteaux de Marianne et du Figaro.
Qui ? « C dans l'air » est financés par Lagardère, société à qui appartient Europe1 et qui détient 20% de Canal+. Cette société fournit également conseils et encadrement au grand homme. Et accessoirement une Porsche de service
Pourquoi ? Il faut gratter un peu et :
dont voici quelques extraits :
« Une excellente nouvelle », voilà comment Dominique Strauss-Kahn, alors ministre des finances et « coordinateur aéronautique en Europe », salue la privatisation d'Aérospatiale. Et c’est à Lagardère qu’est confiée l’entreprise – un patron qui fréquentait le Cercle de l’industrie…A toutes les étapes du « deal », c’est DSK qui a négocié. Et tout accordé : « Airbus », d’abord, cette mine d’or - à une société, Matra, pourtant étrangère aux avions civils. Une ristourne sur les actions, aussi, évaluée à quatre milliard de francs. Et surtout, les pleins pouvoirs au privé : malgré les 15% qu’il possède encore, l'Etat français se retrouve « interdit de gestion ». Ses intérêts sont représentés par Jean-Luc Lagardère , dont les lieutenants (Philippe Camus, Noël Forgeard, Jean-Louis Gergorin, Philippe Delmas, Jean-Paul Gut) occupent les postes-clés. Europe 1, la radio de Lagardère peut exulter :« L'équipe Jospin sort des entreprises du giron de l'Etat à un rythme deux fois supérieur à celui de la droite. Pour ce qui est d'Aerospatiale, il était temps. » (16/02/99).
Et pourquoi pareille urgence ?
Par voracité. Durant « cinq années de dividendes », les actionnaires se goinfrent le cours du titre en bourse grimpe de 70 %, un rachat d’actions, à hauteur de 7 milliards d’euros, est programmé. Autre chanson, pour les salariés : à l’automne 2006, la direction décrète la plan Power 8, 10 000 emplois seront supprimés en Europe, délocalisés. L’injustice sociale se double d’un scandale financier : « J'ai le choix de passer pour quelqu'un de malhonnête ou d'incompétent qui ne sait pas ce qui se passe dans ses usines. J'assume cette deuxième version », se défend étrangement Arnaud Lagardère (Le Monde, 15 juin 2006).
C’est à cet « incompétent », donc, que DSK a remis les clés du trésor – et l’héritier s’est servi à pleines mains. Mais l’ancien ministre n’en paraît pas fâché : au moment de l’affaire, Strauss-Kahn publie une tribune dans Le Monde (également copropriété de Lagardère) sans que ce nom ne soit prononcé. Ni Jean-Luc, ni Arnaud. C’est qu’un pacte les unit – dont le politique récolte aujourd’hui les fruits médiatiques…"
Quand on pratique ce genre d'opérations on se fait des copains très reconnaissants. Et des ennemis aussi. Normalement, le contribuable qui a financé le bel avion (mais on le persuadera qu'il « attend », « espère », « désire » le grand homme) mais peut-être aussi des concurrents. Américains.
Qui n'hésiteront peut -être pas à le remercier, connaissant ses « travers », d'une innocente petite farce lors d'un passage dans un hôtel new-yorkais. C'est tellement facile ! Le gout du fric et les pulsions sexuelles affichées rendent hautement vulnérable.
Mathieu Kassovitz l'a bien exprimé : violeur ou victime d'un complot, séducteur ou séduit, il fallait être le roi des crétins, lorsqu'on exerce de très hautes fonctions et que l'on prétend à de plus élevées encore pour se retrouver seul en ce lieu et avec cette femme.
Avant de tirer la chasse, une petite séquence émotion. Hier, sur le plateau de Lolo Ferrari, Valls, notre Valls, le Valls de Strauss, gémissait, l'oeil humide :
« Il était le meilleur d'entre nous ! »
AU SECOURS !!!
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