Camarades réellement socialistes, “réagissez maintenant” !
Ils sont nombreux ceux qui dénoncent l’impatience dont nous ferions preuve, ici, A gauche pour de vrai ! à l’égard du président de la république. Elles sont nombreuses celles qui ne comprennent pas nos écrits, supposés durs, à l’encontre de la politique du gouvernement de Jean-Marc Ayrault. L’analyse qui en découle est toujours la même : “nous sommes, nous, les militants de la gauche du PS, plus utiles aux idées de gauche, à l’intérieur du PS, que vous à l’extérieur”.
Alors aujourd’hui nous leur répondons, en amitié, cette amitié pour de vrai ! Car nous savons, en réalité, qu’ils traversent, ces militants que nous croyons véritablement sincères de la gauche du PS, une tempête si violente qu’ils montrent désormais des signes d’impatiences fortes. Voilà donc que leur accusation à notre égard n’était, en fait, que l’échos de leur propre voix intérieur qui bouillonne à présent trop fort pour être réprimée ou se servir du tiers bien pratique que nous représentions jusqu’à ce 21 novembre 2012. Ces tweets, ces notifications sur les réseaux sociaux en témoignent, comme nous ne l’avions jamais vu de la part de militants politiques, à propos de leur propre président au pouvoir. Leurs auteurs, souvent anonymes, quelquefois attachés parlementaires ou cadres fédéraux, n’ont jamais reçu autant de mentions “j’aime” et de commentaires de “soutien”. Aussi, pour vous répondre, chers, très chers camarades, permettez nous à partir de maintenant de vous parler directement. De cette langue franche, donc sans détour, de ce langage de la loyauté donc sans concession.

Nous n’aborderons même pas les sujets économiques. Ce serait tellement facile de notre part, aussi facile que d’enfoncer le clou de l’évidence dans une planche de savon glissant vers les thèses libérales, sur laquelle surfe, depuis des décennies, le président actuel de la république. Nous ne reviendrons pas, alors, sur ce déguisement utilisé sciemment durant des mois de campagne électorale, déguisement fait de rouge, de temps à autre de vert, jamais de bleu, pour finalement l’ôter aussi vite qu’il a été mis, et rapidement se revêtir du costume marine sombre, morne, triste et déprimant du libéral converti aux marchés depuis 1983. En fins connaisseurs du parti dans lequel vous militez, vous savez tout cela. Ce n’est donc pas la question de l’orientation économique qui vous a permis de tenir le coup. Déjà, durant la campagne, votre candidat affirmait à la City de Londres que la gauche alternative n’existait plus en France. Nous imaginons combien ces propos vous ont touché, vous qui rêvez d’un rassemblement d’une gauche unie autour de ses valeurs séculaires.
C’est pourquoi nous aborderons le seul principe qui vous attache encore à ce parti : le progrès social. Car il est si fort le parti socialiste dans lequel vous militez pour renoncer à la bataille économique et déposer les armes aux pieds de tous les prédateurs libéraux. Mais il est si fort, du moins l’a-t-il été jusqu’à présent, sur les questions sociétales. C’est cela que vous pensez, comme nous le penssions nous mêmes, lorsque nous étions encore à vos côtés , il y a un an de cela ! Ces questions du progrès social forment la seule et dernière sève qui alimente vos dernières forces militantes pour défendre encore ce parti socialiste au pouvoir. Car, à choisir entre une droite qui fera le TSCG, la règle d’or, la TVA sociale, le choc de “compétitivité” et une gauche qui fera l’exact pareil mais en y ajoutant un droit de vote accordé aux étrangers, droit promis depuis tellement longtemps, ou un droit à se marier sans discrimination, sans avoir à taire son choix de vie, une telle gauche est finalement préférable. Et il faut que cela soit celle-ci, car le rouge et vert vifs du Front de Gauche n’a pas de chance d’accéder un jour au pouvoir. C’est donc aussi par calcul et opportunisme électoraux que vous choisissez de rester au parti socialiste. Et pour tout vous dire pourquoi pas, si le progrès social s’inscrit bien dans l’action de votre président libéral.
Seulement voilà, de droit de vote pour les étrangers il n’y aura pas sous la mandature de François Hollande. Car, dit-il, le contexte politique du pays ne s’y prête pas. Alors, il n’y aura même pas un débat au sein du peuple français. Certes, ce débat serait sans aucun doute animé et passionné. Mais il serait surtout démocratique et républicain. Surtout, votre président détient une majorité politique à l’assemblée, au Sénat, dans la quasi totalité des régions, d’innombrables départements et enfin dans tellement de communes importantes. Jamais, absolument jamais, le contexte politique n’aura été aussi favorable contrairement à ce qu’il affirme, droit dans ses bottes, devant des centaines de journalistes, des millions de Français. En réalité, il ne s’agît nullement d’une faiblesse, mais bien d’une conviction de sa part : les étrangers n’ont pas à voter sur notre territoire commun. Et il vous emmène, malgré vous, sur sa thèse étroite de l’intolérance.
Seulement voilà, la liberté de conscience de quelques maires réactionnaires et extrémistes aura eu raison de l’universalité de la loi en république française. Simplement en raison de ces quelques mots sortis de la bouche de notre président devant un collège de premiers magistrats de nos villes :
“Les débats sont légitimes pour une société comme la nôtre (…) Les maires auront à appliquer la loi mais leur liberté de conscience sera respectée (…) Les possibilités de délégation existent, elles peuvent être élargies et il y a toujours la liberté de conscience (…) Ma conception de la République vaut pour tous les domaines. La loi s’applique pour tous dans le respect, néanmoins, de la liberté de conscience”.
Ainsi, le mariage pour tous, une pierre angulaire du progrès social, un axe majeur de ces grandes réformes sociétales qui faisaient encore hier l’honneur d’un parti socialiste, est insulté aussi fortement que le sont ces hommes, ces femmes qui vivent dans le même pays que nous tous, qui obéissent aux même lois que nous tous, à l’exception d’une seule : le mariage. En république, quand un groupe humain est ainsi écarté de la loi c’est de la discrimination. Alors, la promesse de campagne de votre candidat était plus qu’une bonne nouvelle. Elle constituait le rétablissement de l’égalité, le second mot apposé sur les bâtiments de notre république et dont nous sommes tellement fiers. Là encore, pas de langue de bois entre nous. Il ne s’agît pas d’une gaffe. Il ne s’agît pas d’une reculade. On ne recule pas devant moins de dix mille manifestants englués dans l’étroitesse d’une bible vieille de 2000 ans et égarés dans une modernité qu’ils ne comprennent pas parce qu’ils ne la désirent. En vérité, François Hollande ne veut pas de cette égalité du mariage pour tous. Il a donc saisi la première petite occasion nullement significative, nullement importante, nullement décisive, pour introduire dans le droit français la fin de l’universalisme et le commencement de l’individualisme. Ainsi, chacun, chacune pourra faire valoir sa propre primauté sur la loi. Votre président, un adepte de longue date de la médiation par le contrat plutôt que par la loi, vient de signer la mort d’un parti socialiste progressiste sur les questions sociétales.
Que vous faut-il de plus pour réagir ? Après la mutation économique et sociale de vos dirigeants au libéralisme le plus violent jamais mis en oeuvre en Europe et dans le monde, voilà qu’il achève sa mutation sociétale. La suite logique vous la connaissez par coeur et aussi bien que nous, ici A gauche pour de vrai ! Le marché du travail sera ouvert à la modernisation et à la compétitivité. Ces mots libéraux signifient la fin du droit collectif de protection des salariés au profit d’une approche contractuelle où le patron a toujours le dernier mot. Nous savons que vous le savez aussi bien que nous. Hollande l’a mainte et mainte fois dit. Hollande l’a mainte et mainte fois écrit à travers les motions qu’il défendait. Relisez les. La suite logique vous la connaissez par coeur. Des ministres, puis un premier, centriste, entreront dans un gouvernement qui ne pourra plus se passer d’eux pour obtenir des majorités. Car la gauche alternative, ancrée dans les valeurs socialistes et écologiques, finira nécessairement par s’opposer à de telles dérives. La suite vous la connaissez par coeur. En poursuivant ainsi les politiques économiques, sociales et désormais sociétales d’une droite décomplexée, le F Haine apparaitra comme le recours possible, car finalement, aux yeux de tous, le PS semblera être identique à l’UMP, validant, de fait, la thèse principale de Marine et ses p’tits gars. Vos lèvres brûlent de nous répondre. Nous sommes là, A gauche pour de vrai ! dans le procès d’intention à l’égard des dirigeants de votre formation politique. Voilà ce que vous mourrez d’envie de nous crier. Permettez nous, amicalement, sincèrement, loyalement, mais fermement de vous rappeler qu’après les Roms vous avez demandez la patience. Qu’après les geonpis vous avez demandé la patience. Qu’après l’adoption du traité que vous appeliez vous même le traité Merkozy vous avez demandé la patience. Qu’après l’adoption d’un choc de compétitivité qui s’avèrera être un choc traumatique vous avez demandé la patience. Qu’après l’abandon du droit de vote des étrangers aux élections locales vous avez encore, une fois de plus, demandé la patience. Qu’après la mise en oeuvre de la TVA antisociale, vous avez tremblé mais vous avez finit, encore une fois, par demander la patience. Maintenant, avec ce recul fondateur d’un droit à la carte plutôt qu’un droit universel, dont seuls des élites pourront user, allez-vous oser nous demander d’être patient une fois de plus ?
Comprenez, chers, très chers camarades de la gauche du PS, que notre impatience, qui est désormais partagée par vous, à vous lire ce jour un peu partout, est provoquée par l’incroyable vitesse avec laquelle votre candidat d’hier, notre président d’aujourd’hui, court vers ce précipice libéral en nous entrainant tous avec lui. Moody’s, cette ignoble et illégitime agence à faire et défaire les choix des peuples issus des urnes, a compris qu’elle pouvait tout obtenir de François Hollande. Il donne aux marchés ce qu’ils veulent pour ne pas “dégrader” la signature de la France sur les places boursières ? Alors, les marchés lui en demandent déjà plus…
Mes camarades, si vous êtes réellement socialistes, réagissez maintenant. Car la patience, lorsqu’elle s’enkyste, comme un reflexe pavlovien, n’est rien d’autre que l’instrumentalisation de son abdication politique.
Sydne93
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