De quoi Macron est-il le nom ?
De quoi Macron est-il le nom ?
Plaidoyer pour une République universelle
De quoi Macron est-il le nom ? Il est le nom de la même chose que ce que fut celui d'Obama pour les États-Unis au lendemain des aventures militaires de Georges Bush en Irak (et de l'incapacité du Parti Démocrate d'y résister) : un syndic de faillite. Reste à savoir s'il s'agira à l'identique de ce qui s'est passé aux États-Unis, d’une parenthèse entre 2 catastrophes, entre 2 régressions, ou si ce sera le point de départ du renouveau idéologique dont nos sociétés ont besoin pour rentrer de plein pied dans le XXIème siècle.
Nous sommes comme des canards sans têtes se jetant contre des murs, alors que tout ce qui détermine nos vies se situe hors de ces murs. Sonnés, aveugles, stupides, nous en concluons qu'il nous faut construire des murs plus hauts, alors qu'il nous suffirait d'équiper ces murs de portes et de fenêtres pour cesser de souffrir... Nous vivons à l'heure de la République des idiots.
Démocratie : La crise ultime ?
La droite et la gauche ont choisi d’offrir à la France le spectacle d’un suicide collectif, la gauche désunie d’un côté, la droite incapable de se choisir un candidat susceptible de gagner de l’autre, point d’orgue d’un théâtre d’ombre où tout n’est plus depuis longtemps qu’impuissance, mensonge et faux-semblant. Tout s’effondre en un instant et personne n’est capable de mesurer les conséquences de ce basculement. Après 20 ans d'immobilisme, on peut au moins dire qu'il se passe quelque chose d'important en France. Mais quoi ? Que le résultat final s'appelle Emmanuel Macron ou Marine le Pen, ce résultat ne sera pas l'aboutissement d'un processus politique, d'une construction d'une pensée collective, c'est juste une explosion, une démesure, un saut dans le vide... sauf à considérer que Marine le Pen soit porteuse d'une pensée politique, ce qui n'est pas le cas !
A l’image de ce qui se passe en France, la plupart des grandes démocraties qui dominaient le monde au XXème siècle, sont aujourd'hui en crise, chacune à sa manière. A bien y réfléchir, nous sommes en train de vivre une espèce d’effondrement politique, symétrique de celui du bloc de l’Est en 1989. Bien sûr, cela ne couvre pas tout à fait les mêmes réalités. Dans le cas de l’Europe de l’Est c’est l’effondrement économique qui a conduit à un effondrement global du système, dans le cas des démocraties libérales, c’est un fonctionnement totalement erratique de la démocratie qui menace d’entraîner le monde vers une catastrophe globale.
Car c’est bien de catastrophe globale dont il est question. L’élection de Donald Trump n’est pas simplement problématique parce que les américains se sont choisi un Président « vulgaire »… si ce n’était que cela, ce serait sans importance, mais plutôt parce que l’idéologie de cet homme primaire va avoir des conséquences incalculables pour tous les habitants de la planète. L'on pourrait illustrer cela en parlant de la Syrie, mais la situation y est tellement mouvante, tellement explosive... parlons plutôt de quelque chose de plus cernable et qui s'inscrit déjà dans le passé, dans l'Histoire. Parlons de l'Iran, et des accords sur le nucléaire iranien signé en 2015 entre l'administration Obama et le Président de l'Iran, Hassan Rohani. C'est certes un sujet aride, mais cela a tellement plus de conséquences que la vulgarité d'un Président !
C'est d'abord un accord essentiel pour ce pays de 80 millions d'habitants qui a eu à souffrir de nombreux embargos depuis les années 80, embargos de plus en plus sévère ces dernières décennies. C'est donc une libération pour ce peuple est un enjeu important pour le développement de la démocratie iranienne. Le sort de 80 millions de personnes, ce n'est pas rien ! C'est aussi un accord fondamental pour la maîtrise de la problématique nucléaire dans le monde, ce qui est aussi un enjeu essentiel. Enfin c'est, ou plutôt c'était, un premier pas nécessaire dans l'espoir d'une désescalade plus globale dans ce Moyen-Orient à feu et à sang dans lequel l'Occident est si impliqué... bref, un geste essentiel après 40 ans de tension et d'immobilisme, pour ne pas dire de paralysie... une réussite magnifique de la Présidence Obama, mais de fait, un combat conduit dans la plus parfaite indifférence de l'opinion publique américaine et mondiale.
Puis vient l'élection de Donald Trump, et le risque que tout ce fragile équilibre s'effondre à nouveau... un éléphant dans un magasin de porcelaine... Les premiers craquements se font déjà sentir en Iran, où tous ceux qui étaient hostiles à ces accords, relèvent la tête, et ce, sans même que Donald Trump ait à bouger le moindre petit doigt... Cela signifie que la simple existence politique de ce homme est porteuse d'une violence, qui se propage seule à l'échelle du monde. On pourrait ainsi tirer à l'infini les fils de l'écheveau des risques que cette élection induit ! Mais ce qui importe ici, c'est de comprendre les ressorts d'un processus démocratique qui a conduit le peuple américain à faire un choix totalement irresponsable. La réponse est en partie écrite dans le paragraphe précédent : « ….Tout cela c'est fait dans la plus parfaite indifférence de l'opinion publique américaine... ».
Ce qu'il est important de conclure, c'est que nous vivons bien dans un monde fait d'interdépendances. Cela ne concerne pas que le système économique. Le fonctionnement politique est aussi en jeu, dit autrement la démocratie. Que l'électeur américain.... dans sa naïveté béate... dans sa suffisance béate... ne comprenne pas les enjeux de ce qui se passe en Iran ou que de manière volontaire il fasse l'autruche et ne veuille pas le savoir, n'est pas le sujet. Le sujet c'est le résultat, et le résultat c'est que nos démocraties avancent à l'aveugle. Elles construisent elles-mêmes les conditions de leur disparitions. Oui, il y a bien une crise de la démocratie et cette crise, de tout les points de vue est aussi grave que celle qui a conduit à l'effondrement du bloc de l'Est.
La démocratie française est, elle aussi malade, nous l'avons dit. L’effondrement concomitant des 2 forces politiques qui structuraient notre vie politique depuis si longtemps est juste le symptôme de cette crise. La crise est plus globale. Nous ne pourrons pas faire l’économie d’une réflexion sur ce que cela signifie. C'est d'ailleurs parce que la démocratie Américaine n'a pas fait ce travail pendant la période Obama, que le « monstre » précité, Donald Trump, a pu venir remplir le vide d'une société politique qui gère, mais qui ne pense plus. Avoir une réflexion globale, cela implique de commencer par revisiter l’Histoire politique récente avec les yeux ouverts sur les réalités du monde. Alors faisons-le :
DROITE / GAUCHE, la fin du chemin
Une droite hors-sujet
« Moi ou le chaos », a dit De Gaulle un jour, « Moi ou le chaos » bégaie Fillon 50 ans plus tard.... tout en appelant « le peuple de la droite » à venir le secourir, l'absoudre et lui offrir un blanc-seing. « Moi ou le chaos », Mr. Fillon, cela n’a de sens, que si l’on n’est pas soi-même le vecteur de ce chaos. Inutile de s’appesantir sur le sujet ! Les jeux sont faits. Mais « cet accident politique », n'est pas le fruit d'un hasard : c'est l'aboutissement logique d'une instrumentalisation, d'une surenchère, d'une violence, qui caractérise le comportement constant de la droite de l'après 68. Car à droite, le pouvoir se conquiert à la hussarde. C'est même une marque de fabrique, une idéologie. A les entendre, on pourrait croire que ce pouvoir leur est un dû. Une espèce de droit divin ou un « droit de classe »… c’est selon ! Ils sont compétents par nature ! De Chirac à Sarkozy, il y a bien une filiation, une continuation, une méthode que l'obstination de Fillon illustre jusqu'à l'absurde. Ils appellent ça « Gaullisme ». Mais ce Gaullisme n’est de fait que le véhicule d'une simple course à l’échalote. Une gestuelle brutale au service d'une avidité sans limite. Ils sont les champions toutes-catégories du coup de menton altier, désignant à la vindicte publique, avec la même hargne et sans distinction, les terroristes, les chômeurs qui resquillent ou François Hollande… C’est selon… là encore : tout se vaut ! L’essentiel, c’est le verbe, l’essentiel, c’est d’y mettre de la poigne, l’essentiel, c’est de tuer la gauche, Graal suprême, même si au fond, plus personne ne sait vraiment pourquoi.
Sauf que les mensonges et la violence, cela finit toujours par se retourner contre ses auteurs. Cela s'illustre dans le rapport qu'a cette droite avec le Front National. A force de prétendre que la gauche et l'extrême-droite, c'est du pareil au même, la droite a contribué à affaiblir le débat public, puisque cela n'a pas de sens, les valeurs de la gauche étant à l'opposé de celles de l'extrême-droite, puisque c'est un mensonge, la gauche ayant toujours milité ardemment pour un front Républicain. Quant à l'argument souvent repris à droite, selon lequel la gauche serait responsable de la montée en puissance de l'extrême-droite.... puisqu'elle n'en adopte pas les valeurs, c’est le serpent qui se mord la queue. Cela me fait penser à ces enfants qui accusent le pot de confiture posé sur la table, lorsqu'ils sont pris la main dans le sac, les doigts fourrés au fond du pot. La résultante de tout cela, c'est que cette droite s'est tiré une balle dans le pied, car la violence générant la violence, elle est désormais l’otage de son extrême-droite, à l'image des Républicains américains, eux aussi prisonniers du « monstre » qu'ils ont eux-même engendré, Donald Trump. Tout cela rappelle d'autres temps sinistres...
Non la droite, ce n'est ni la France d'en bas, ni la majorité silencieuse, comme elle prétend l'être, ce n’est plus rien d’autre qu’une minorité agissante surfant sur un désordre. Sa force apparente n’est qu’une force de corruption que l’on ne peut plus désormais dissocier de celle de l’extrême-droite. Quant à son idéologie, elle marche à contresens de l’Histoire. Au XXIème siècle, la politique, pas plus que le commerce, ne peut se pratiquer avec un couteau entre les dents. Après Sarkozy l'Atlantiste, nous avons droit à Fillon, le contempteur de Poutine. C'est normal, ces gens-là ne conçoivent le monde qu'à travers le prisme de la puissance. Ils pensent le monde d'aujourd'hui comme on le faisait au XIXème siècle, au temps des Empires. Tant pis si des Syriens meurent, et tant mieux si cela conforte Poutine, l’homme fort d’un « Empire » Russe en phase de reconstruction, Poutine qu’il est essentiel de flatter puisque l’on a le même projet de reconstruction d'une puissance soi-même. A droite l'on ne s’intéresse qu’à ceux qui sont plus fort que soi. Pour ces nostalgiques d'une France puissance, l’Europe, c'est la France, auquel l'on consent, du haut de sa grandeur, d'associer une Allemagne, que l'on fait semblant de croire toujours vassale... même si la réalité des rapports de force actuels dit exactement l'inverse. Quant aux 25 autres membres de cette Union Européenne... qui pourraient pourtant constituer tous ensemble un contrepoids face à la puissante Allemagne... aucun intérêt, ce serait s’abaisser que de s'adresser à eux ! Il faut savoir garder son rang ! A l'image d'un Georges Bush conquérant l'Irak ou d'un Donald Trump éructant face à la Chine, tous ces matamores militent pour un monde ouvert et un marché libre à l'échelle de la planète entière... mais seulement s'ils sont les maîtres du jeu et seulement lorsqu'ils sont les récipiendaires des bénéfices... de tous les bénéfices. Ils sont hors du temps. Ils ne comprennent plus rien au monde dans lequel ils vivent.
Le temps des guerres est révolu. La complexité du monde contemporain oblige à la concorde. Il ne s’agit pas là d’un manifeste pacifiste, c’est juste affaire de survie. Dans un monde fait d'interdépendances, lorsque l'on fait la guerre à autrui, c'est à soi-même qu'on la fait. A l’heure de la globalisation des échanges où une simple crise d’un marché immobilier dans quelques États des États-Unis est capable de mettre à bas la finance mondiale en à peine quelques semaines (la crise des subprimes en 2009), la guerre, qu'elle soit commerciale, politique ou militaire, c'est un suicide collectif à effet immédiat. Quant aux frontières ce n'est rien d'autre qu'une ligne Maginot. Au temps modernes, l'argent circule à la vitesse de l'éclair et n'a pas de frontière. Lorsque nous achetons un smartphone 600€uros, 5€uros s'en vont à la production, les 595€uros qui restent, ce sont des matières premières (qui se raréfient, donc cela concerne tout le monde), c'est de la matière grise (dit autrement, de l'intelligence collective, qui elle non plus n'a pas de frontière) et c'est, surtout, de l'argent qui circule, et ce, à l'échelle de la planète entière. La solution ce n'est donc pas de s’entre-déchirer pour savoir comment accaparer les 5€ liés à la production, mais à l'inverse de savoir se parler pour fixer des règles collectives raisonnables à la circulation des 595 autres euros.
Tout cela dit aussi l'évolution du rapport de force entre capital et travail, ou plutôt de son changement d’échelle et de la puissance de transformation que cette circulation de l'argent crée. Au cours des 20 dernières années, le volume global des échanges de biens et de services entre pays à l’échelle du monde a été multiplié par 4. Quant au PIB mondial, il aura augmenté de 75% pendant cette même période… et ce malgré l’accumulation des graves crises structurelles et financières que ces bouleversements ont engendré. Ce mouvement ne s’arrêtera pas. La révolution numérique en cours, qui, elle, n'en est qu'à ses balbutiements, va contribuer à cette accélération à une échelle que nous avons encore du mal à imaginer. Une seule certitude, nous sommes en train de changer d'ère. Les recettes du passé ne nous serons d'aucun secours pour affronter ce monde nouveau.
Plus le monde est complexe, plus il est fragile. Nous vivons dans une société du risque et ce risque est chaque jour un peu plus essentiel, un peu plus collectif et un peu plus urgent. S’il n'y a nul tsunami météorologique qui menace la centrale nucléaire de Fessenheim à court terme… les incrédules ont au moins raison sur ce sujet, il y a tout de même d’autres formes de tsunami qui la concerne et qui pourraient conduire au même résultat. Par exemple, un tsunami financier. Car comment pérenniser la sécurité nucléaire, dont les coûts de longs termes sont absolument astronomiques dans un système financier qui fonctionne lui à court terme et qui apparaît être chaque jour un peu plus insaisissable et un peu plus instable ? Mais le risque, cela ne concerne pas que les grands sujets, tels la problématique nucléaire ou le réchauffement climatique. Il y a des milliers d’autres sortes de risques plus diffus qui touchent tous à la difficulté de prendre des décisions collectives dans ce monde complexe, et que l’on peut exprimer en négatif à travers des mots-clés de l’époque, comme « dilution des pouvoirs » et comme « délitement des états », comme « anonymat » et comme « isolement » , comme « individualisme forcené » et comme « irresponsabilité des élites » , comme « complexité » et comme « incompétence »…
Pour en revenir au risque climatique et à la notion de responsabilité collective, qu’avons-nous fait sur ce sujet au cours des 20 dernières années alors que nous savions déjà il y a 20 ans que nous étions dans une situation d’urgence absolue ? Rien ou presque rien, pire même, au cours de toutes ces années, nous nous sommes offert le luxe de nous laisser aller à nos pulsions guerrières, guerres internes, guerres externes, guerres civilisationnelles même… affaiblissant ainsi la communauté des nations et le débat public, et rendant dans la pratique tout progrès sérieux sur ce sujet de plus en plus difficile !
Le monde pacifié dont nous avons hérité à l'issue de la deuxième guerre mondiale est à nouveau à feu et à sang. Cela devrait nous interroger, et nous conduire à la prudence. Mais c'est l'inverse qui se passe. Toutes les grandes démocraties occidentales sont à peu près toutes dans le même état d'hystérie identitaire, d'indifférence au reste du monde et de régression intellectuelle. On peut en conclure un théorème : Les risques du monde en devenir ne naissent pas de la violence des faibles (les terroristes du bout du monde), ils sont plutôt le fruit de la médiocrité intellectuelle et morale des puissants.
A moins que nous finissions par nous comporter en société adulte ! Nous n'aurons pas d'avenir si nous ne prenons pas conscience qu'il n'y a pas d'autres chemins possible que celui du dialogue, de la démocratie et de l'égalité entre les hommes pour réussir à faire vivre ensemble 7 milliards d'individus… 10 milliards bientôt. Bref, un monde pacifié. Les forces en jeux sont trop puissantes pour qu'il puisse en être autrement. La droite et sa conception violente du monde nous conduit à une impasse.
DROITE / GAUCHE, la fin du chemin
Une gauche qui a renoncé
L’on ne peut envisager de construction politique à l’échelle de la planète, sans se poser la question des inégalités qui traversent ce monde, inégalités qui ne cessent de grandir. Il n'y a en effet pas de partage possible, s'il n'y a pas d'égalité entre les hommes. La gauche, porteuse de valeurs universelles, et militante de toutes les luttes internationales qui ont traversées les derniers siècles, devrait donc être à la pointe du débat. C’est l’inverse qui se passe. Elle en est totalement absente, ou si elle l’est, c’est avec les mêmes solutions que celles de ses adversaires. Cette gauche s’est laissé soumettre à la médiocrité ambiante et aux passions tristes de l’époque. C’est normal, puisqu’elle est soumise à l’enfermement du débat national qui ne pèse sur aucune des réalités du monde. Ce n’est pas un hasard s’il est de plus en plus difficile de faire la différence entre un discours de Jean-Luc Mélenchon et un discours de Marine Le Pen. Même s’ils disent ne pas avoir les mêmes ennemis, ils ont de plus en plus souvent les mêmes solutions. C’est donc qu’il y a un hiatus, une erreur, un mensonge quelque part entre les idéaux et la réalité de cette gauche de la gauche.
Quant à l’autre versant de l’échiquier, à droite de la gauche, le degré de confusion est identique, même s’il ne s’agit pas des mêmes sujets. On peut prendre pour exemple, les coups de menton assénés par Manuel Valls tout au long de l’année 2016 pour qualifier la problématique terroriste. Ce faisant, il ne s’est distingué en rien de la rhétorique usuelle de la droite pour qualifier « ses » ennemis. Le débat sur la déchéance de nationalité par exemple, ne signifiait rien d’autre que la revendication d’un droit à la vengeance, pensée primaire, qui généralement dissocie les civilisations des sociétés barbares, et surtout débat stérile qui ne peut conduire qu’à une exacerbation des tensions. Cette politique du coup de menton, cette surenchère permanente à propos de la problématique terroriste dure maintenant depuis près de 40 ans… sans résultats… ou plutôt si, le mal ne cesse de prendre de l’ampleur ! On ne répond pas à l’hystérie par une surenchère hystérique, ou alors c’est que cela cache autre chose. De fait le terrorisme est devenu un révélateur du degré d’hystérisation du débat politique dans nos sociétés dans lequel tout est instrumentalisé au service d’une course aveugle vers le pouvoir. Pour ma part, je crois en effet que les adeptes du coup de menton ont effectivement quelque chose à nous cacher. Ils sont des manipulateurs, ils sont des apprenti-sorciers, ils sont des pompiers pyromanes.
Plutôt que de polémiquer avec tous ceux qui veulent en découdre avec l’Islam, il serait plus utile pour la gauche d’affirmer clairement ses opinions et de dire que le terrorisme se poursuivra, tant qu’une logique de confrontation entre Orient et Occident sera à l’œuvre. Il y a un moyen très simple de parvenir à inverser cette course folle vers la guerre : résoudre le conflit israelo-palestinien qui dure depuis près de 70 ans. Si ce conflit a une importance si essentielle, c’est qu’il exprime à la fois le lourd passif des temps anciens entre Orient et Occident, et qu’il est une anormalité du temps présent, parce qu’il est une insulte au concept de démocratie. En Israël, il n’y a pas de démocratie puisque l’on y mène une guerre interne ; et la guerre n’est pas compatible avec la démocratie. En cette terre à double visage il existe de fait des hommes libres et d’autres qui sont soumis. Cette guerre n'est rien d'autre qu'une violence exercé par un fort envers un faible. Par conséquent il ne peut y avoir qu’un seul coupable : le fort. Car quel que soit les aléas de ce conflit et la violence que cela que cela génère pour tous, le fort est le seul qui a la capacité de mettre un terme à la guerre. Or ce fort, l’état d’Israël, n’a rien fait pour y parvenir au cours des 50 dernières années, si ce n’est que d’attiser les conflits dans sa périphérie, dans tout le Moyen-Orient, et d’essayer d’impliquer le plus possible la communauté internationale dans ces guerres afin de mieux brouiller les cartes. Cette anormalité démocratique est un symbole majeur pour tous les peuples de la planète, une verrue sur les prétentions occidentales à édicter des normes démocratiques au reste du monde. Car l’Occident est complice de ce forfait. Il s’est laissé soumettre, tout au long de cette histoire, à la volonté israélienne rendant toute solution de plus en plus complexe et de plus en plus lourde de sens politique. Oui, il n’y aura pas de paix au Moyen-Orient et dans le reste du monde tant que la communauté internationale n’aura pas réussi à tordre le bras à l’État d’Israël, pour que soit mis un terme à cette guerre d’un autre âge.
Mais silence radio, la gauche n’a rien à dire de particulier sur le sujet… hormis que d’enfoncer les portes ouvertes. Qu’attend François Hollande pour reconnaître la Palestine ? Pourquoi ne l’a-t-il pas fait dans les semaines ou les mois qui ont suivi les attentats de Paris ? Cela aurait très certainement marqué les esprits et ainsi fait avancer la cause. Pourquoi Hamon, Mélenchon, les verts, le PC, l'extrême-gauche et tous les autres n'ont pas organisés manifestations sur manifestations pour l'exiger ? De Gaulle avait osé lui, au temps de l’Algérie.
Tout cela en dit long sur le degré de renoncement intellectuel de cette famille politique. Au-delà du combat contre à la droite, les contradictions idéologiques de la gauche sont telles qu’elle n’est plus en situation de penser le monde et de peser sur quoi que soit. Sans une remise à plat totale des concepts qui la guident la gauche n’ira plus nulle part.
Un besoin de renouveau idéologique
Quelle sera à terme la principale conséquence du BREXIT (hormis l’éclatement du Royaume-Unis et son affaiblissement économique) ? « Qu’ils » ne se fassent pas d’illusion, tous ceux qui ont voté pour ce BREXIT ou ceux qui en rêvent pour la France. Il n’y aura pas de ré-industrialisation de ce qui restera du Royaume-Unis. C’est une certitude. D’abord parce que ce serait un non-sens économique, cela conduirait forcément à des surcoûts colossaux. Et puis surtout, parce que ceux qui seraient susceptibles de financer cette réinvention d’un outil industriel feront d’autres choix. Ils préféreront l’option « argent facile »… comme ils en ont l'habitude ! Libéré des contraintes de la solidarité européenne, mais affaibli économiquement, ce pays deviendra très vite un paradis fiscal, dit autrement un état voyou, qui contribuera lourdement aux déséquilibres économiques du monde. Cela changera-t-il quoi que ce soit aux rapports de forces entre capital et travail à l’intérieur de ce pays ? Bien évidemment que non. Au contraire, cela ne peut que contribuer à l’exacerbation des tensions.
On peut dire à peu près la même chose à propos de la France… mais en inversant les rôles, c’est-à-dire en parlant du mouvement syndical… ou du moins du mouvement syndicat historiquement inscrit dans la tradition de la lutte de classe, c’est à dire de la CGT. Force est de constater que malgré leur idéologie, ces militants sont tout aussi aveugles à l’intérêt général que leurs adversaires... de classe ! Les grèves à répétition de la CGT dans la fonction publique au cours des 30 dernières années ont elles contribué à transformer les rapports de force entre capital et travail en France ? Pour tous les salariés du privé victimes du chômage de masse au cours de cette période, la seule réponse possible est bien évidemment : « Non ». De fait, tout au long de cette période, la CGT a certes défendu des « avantages acquis », mais ce n’était que les siens propres, ceux de ses bastions dans la fonction publique, pas ceux de l’ensemble des salariés pour qui le mot « précarité » a de nos jours plus de sens que le mot « avantages acquis ». Si l'objectif des militants de la CGT avait été d'établir un pont entre tous les travailleur de France, ceux du privé et ceux du public, ils auraient plutôt mis en avant le concept de partage du travail. Dit autrement ils ont défendus tout au long de ces temps des privilèges et contribué ainsi à la confusion des idées et à la perpétuation des inégalités.
Disant cela qu’a-t-on dit ? Que l’égoïsme est partout et que l’individualisme qui caractérise nos sociétés est un facteur aggravant ? Certes. Que le peuple n’a pas toujours raison ? Certes encore, en ces temps où les démagogues sont rois, il n’est pas inutile de le rappeler. Mais au-delà de toutes ces évidences qui relèvent de la morale, ce que tout cela raconte, c’est qu’il y a une distorsion de l’espace public qui fait que l’égalité républicaine n’est pas respectée. Si les français n’échangeaient qu’entre eux, alors le mot République française pourrait continuer à avoir un sens. Mais ce n’est pas le cas, loin s’en faut. Nous vivons dans un monde d’interdépendance totale. Lorsqu’un citoyen se met « à l’abri » du monde dans un territoire ou se cache derrière un « avantage acquit », alors que tout bouge autour de lui, il interagit avec tous les autres citoyen, dont par ailleurs il est dépendant. Cela à l'échelle d'un pays comme à l'échelle du monde. On peut en conclure là encore un théorème : Au XXIème siècle, la nation n'est plus que le cache-sexe derrière lequel les égoïsmes se réfugient et où les inégalités se perpétuent, à l’intérieur comme à l’extérieur des territoires. Il va falloir nous y faire, le terme République française devient et deviendra chaque jour un peu plus un non-sens.
La force du marxisme c’est d’avoir su à la fois s’inscrire dans les réalités de son temps et d’avoir été le porteur de valeurs universelles qui transcendaient ces réalités. Même si cela a produit Staline, cela a aussi écrit l’histoire moderne des démocraties. Les mots « Tous ensemble, tous ensemble » que l’on scande encore dans les manifestations de gauche ont un sens fort. Ils sont la résultante de 3 siècles d’une Histoire collective. Ils sont l’essence de la démocratie dans laquelle nous vivons. Mais force est de constater que la gauche ne produit plus de valeurs universelles, hormis un vague devoir de bienveillance (issue des temps heureux des 30 glorieuses), ce qui ne veut plus dire grand-chose dans la société de pénurie et d’incertitude dans laquelle nous vivons aujourd’hui. La différence des temps présents avec tous ces passés qui ont construit l’identité de la gauche, c’est que nous vivons dans un monde complexe où les rapports entre capital et travail n’ont plus rien à voir avec ce qu’ils étaient précédemment. Les maîtres-mots du temps, c’est « fluidité », pour caractériser la circulation de l’argent, c’est « masse financière », pour qualifier la puissance de cet argent, tout cela étant au service du « crédit », crédit dont chacun d’entre nous ne peut se passer… ce « nous », étant composé de 7 milliards de demandeurs… tout cela faisant de nous tous des acteurs d’un « système », acteurs à la fois coupables et victimes, clients et producteurs, exploiteurs et exploités, profiteurs et exclus, forts et fragiles… toujours au bord de l’abîme… puisque la force du système étant le « mouvement »… qui crée… de « la précarité »…. etc… etc... Face à tant de coupables et de complexités, la gauche anticapitaliste en perd son latin et ces enfants de 68, pourtant adeptes du mouvement et de la liberté, font un refus d’obstacle. Ils refusent en bloc la mondialisation au nom de l’anticapitalisme, confondant ainsi argent et pouvoir, et s’enferment de ce fait dans une logique qui ne leur permet plus de se dissocier des autres vociférateurs de la droite. Leur idéalisme est une impasse.
La gauche doit réviser son logiciel. La lutte pour l’égalité est certes aujourd’hui comme hier, un combat nécessaire et légitime. Mais la problématique politique centrale, ce n’est pas, ou plus, le capital, la problématique centrale, c’est la démocratie. Le sujet ce n’est pas l’appropriation des moyens (par une classe), le sujet c’est l’accès aux moyens (pour tous). Débat ancien, mais qui nécessite aujourd’hui d’oublier encore un peu plus qu'hier, ses catéchismes si l’on veut être en prise avec le monde réel. Le vrai challenge c’est de réussir à créer les conditions d’une démocratie réelle, une démocratie réelle, étant le juste espace politique dans lequel on puisse considérer que les règles du jeu sont réellement les mêmes pour tous. Nous l’avons dit, aujourd’hui, c’est une évidence, ce n’est pas dans le cadre national, puisque ce cadre permet à des puissants d’écraser les autres, et ce cadre national empêche les faibles de se défendre collectivement de manière efficace. Diviser pour régner a été de tout temps l’outil à travers lequel les voyous ont construit leur pouvoir. Il n’est qu’un seul moyen de lutter contre les excès de la finance mondiale, c’est que cela se débatte et se résolve au niveau mondial dit autrement, cela s’appelle une république universelle.
Quant au concept de classe, qui forme l’ADN de la gauche, concept certes un peu éteint aujourd’hui… sauf pour quelques dinosaures, il se perpétue quand même dans l’esprit de beaucoup, sous la forme de l’opposition « Travailleur / Patronat », le problème étant que cette opposition fabrique une forme d’interdit moral d’entreprendre, ce qui est un contresens intellectuel, et qui dans la société d’aujourd’hui devient un non-sens, et même une absurdité. La gauche a défilé en 68 dans les rues au nom de la liberté. 50 ans après, il est temps de comprendre que la liberté ne se dissocie pas. Entre liberté de mouvement et liberté d’entreprendre, il n’y a plus aujourd’hui que l’épaisseur d’un papier à cigarette. Vouloir interdire l’un, c’est étouffer l’autre. Quant à vouloir opposer petits et grands patrons, ce n’est qu’un artefact. Le sujet ce n’est pas l’argent, le sujet, c’est la manière dont sa circulation est contrôlée, dit autrement, c’est notre capacité à prendre des décisions collectives qui est en cause. Le sujet, c'est la démocratie.
Les basculements du monde
Si le capitalisme carnassier d’un Donald Trump est à vomir, celui de Google, ou de tous ses semblables, est un libérateur d’énergie formidable qui a des conséquences pour la planète entière. Certes nos journaux sont régulièrement remplis d’informations choquantes sur l’argent que cela génère pour quelques-uns, mais ce que ces journaux ne nous disent pas (parce que nous ne voulons pas l’entendre), c’est que cette nouvelle forme de capitalisme a participé à un mouvement d’ensemble dans lequel des centaines de millions d’individus qui étaient en marge du monde d’aujourd’hui (donc en danger), sont rentrés en masse dans la modernité et sont devenus rapidement nos alter ego. Ce que nous ne voulons pas entendre, c’est qu’il y a depuis 30 ans une mondialisation heureuse, vivante, riche de promesse et qui va se poursuivre et s’amplifier. Bientôt ils seront des milliards.
Lors de son fameux discours de Dakar en juillet 2007, Nicolas Sarkozy s’était autorisé à qualifier les africains dans leur ensemble, d'un propos méprisant, en disant : « l’Homme africain n’est pas entré dans l’histoire », voulant dire par là qu’ils vivaient encore dans un univers mental datant de l’avant révolution industrielle. Les démographes et les économistes s’entendent pour considérer aujourd’hui que les africains qui étaient 1 milliard au moment de ce discours, qui sont 1.2 milliard aujourd’hui et qui seront plus de 2 milliards en 2050 sont en train de réaliser depuis 15 ans une performance économique qui les mène sur une trajectoire semblable à celle de la Chine 40 ans plus tôt. La Chine, elle, dont le PIB en dollars constants était équivalent à celui de la France au début de l’ère Sarkozy, était de plus du double à peine 10 ans plus tard. Et puisque de Monsieur Sarkozy et de son flair politique il est question, citons aussi la Turquie qu’il a tant aimé désigner à la vindicte publique au moment du référendum sur le traité européen en 2005, Turquie dont le PIB sera supérieur à celui de la France en 2050. Il est à noter que la Turquie est un pays de près de 75 millions d'habitants, alors que la France, elle, a 67 millions d'habitants. Ce qui veut donc dire qu'à cette échéance de 2050, le revenue par habitant sera à peu près le même pour les 2 pays. A cela on peut ajouter que la puissance économique de cette Turquie vient pour beaucoup de son industrie manufacturière et de sa capacité à l'exporter. On ne peut pas en dire autant de la France. De fait, il est très dommage d'avoir mis un frein à l'intégration de la Turquie dans l'Union Européenne, car, outre les aspects politiques et moraux de ce rejet, ce pays aurait été un pont vers cette Afrique nouvelle, si prometteuse. Ce Nicolas Sarkozy, si adulé à l'époque, n'était, de tous les points de vue, qu'un immense médiocre... Mais là n'est pas le sujet présent ! Le sujet, l'essentiel, c'est ce que disent ces chiffres sur l'importance des basculements en cours.
Si ces chiffres peuvent impressionner, cela ne nous dit pas pour autant que l’avenir est sombre et qu’il n’y a plus d’espoir pour nous européens. Si le poids des économies émergentes va augmenter, les écarts de salaire entre pays développés et pays en voie de développement ne vont s’atténuer eux, que très lentement. En 2050, le revenu moyen aux États-Unis sera environ le double de celui de la Chine et le triple de celui de l’Inde. Entre autre parce que c’est dans les pays les plus développés que l’on trouve les travailleurs les plus qualifiés et l’argent pour financer l’investissement. Nous vivons une période de révolution technologique dans laquelle les pays développés restent des acteurs essentiels du développement du monde. Nous aurons donc toute notre place dans cette mondialisation en cours. Mais il nous faut cesser de vouloir la modeler au grès de nos seuls intérêts, car dans ce cas nous perdrons tous et tout. Les pays développés ne représentent qu’une toute partie du monde. Ils doivent en prendre conscience, car les autres représentent une puissance montante, qui chaque jour un peu plus, n’a pas l’intention de s’en laisser compter.
La gauche doit réviser son logiciel intellectuel aussi de ce point de vue-là. Cette mondialisation peut être une chance de faire bouger les lignes entre capital et travail, ou plutôt, disons le avec des mots d'aujourd'hui, entre démocratie et puissance de l’argent. Si la phase initiale de cette mondialisation a effectivement engendré des dérèglements financiers totalement insupportables, elle est aujourd’hui le seul vecteur possible pour faire le chemin inverse. Si les travailleurs de France n'ont rien à espérer des petits poings de Jean-luc Mélenchon ou de Marine Le Pen pour porter une révolution victorieuse, il est probable que l’étincelle qui permettra de reprendre la main sur un système économique brutal viendra de ce qui passe aujourd’hui à l’autre bout du monde.
Car c’est sans doute de Chine, et c'est sans doute rapidement, que viendra le premier signal politique fort de ce renouveau de la scène politique mondiale. On peut déjà en écrire le probable scénario : nous avons parlé plus haut de Donald Trump et de sa volonté d’en découdre avec la Chine. Déjà en train de perdre sur le volet intérieur, il va vouloir montrer rapidement ses muscles à l’extérieur. Sans être devin, on peut prédire qu’il perde là encore sa guerre, quelle qu’en soit la nature, parce que c’est un combat absurde, parce que la Chine est une très grande puissante et surtout parce que le monde entier est concerné et que par conséquent ce monde choisira(ait) son camp, celui des victimes plutôt que celui de l’agresseur, celui de la Chine, plutôt que celui de l’Amérique. Ce sera(ait) donc la guerre « d’un » contre tous, et par voie de conséquence, « sa » défaite... obligatoire deviendrait un événement politique majeur, qui serait perçu comme tel par tous les habitants de la planète, créant de facto une opinion politique mondiale. Cela déplacerait l’épicentre politique du monde, vers le camp des vainqueurs, c’est-à-dire vers l’Asie. Ainsi donc, pour la première fois dans l’Histoire, existerait une opinion politique mondiale dont l’Occident ne serait pas le principal moteur. De quoi changer les perspectives ! Si l’on a dit de l’Amérique de John Fitzgerald Kennedy qu’elle « éclairait le monde » au sortir de la deuxième mondiale, celle de Donald Trump nous dit bien qu’un cycle est en train de s’achever. Aux empires absurdes et sans lendemain que veulent reconstruire Trump, Poutine, Fillon, Le Pen et autres Erdogan, c’est donc plutôt de la Chine post-communiste que viendrait... que viendra le signal d’un monde nouveau, forcément multipolaire, forcément pacifique et forcément raisonnable, parce qu'il n'y a pas d'autre alternative possible à la complexité du monde.
Qu’en dirait Marx ? Lui aussi y perdrait son latin ! En tout cas, ce serait un vrai pied de nez à l’Histoire et qui, devrait conduire chacun de nous à oublier ses peurs et ses parti pris et à s’intéresser au monde d’aujourd’hui tel qu’il est.
L'espérance démocratique... au sein d'une République universelle
Oui, la Chine d'aujourd'hui est un pays magnifique qui se transforme à une vitesse incroyable, et ce, non pas parce qu’un commissaire du politburo se cache derrière chaque citoyen chinois pour lui dire ce qu’il doit faire, mais parce que chaque citoyen de Chine est à l’image de chaque citoyen du monde un citoyen épris de liberté, qui choisit lorsqu’il le peut, de s’inscrire dans le mouvement du monde. Non, Nicolas Sarkozy n’a pas eu raison de désigner les Turcs à la vindicte publique, comme il est dit plus haut, au moment du référendum sur la constitution européenne, car ce faisant, il a probablement grandement contribué au recul démocratique qui se développe dans ce pays depuis lors. Nous avons tout à gagner, d'une ouverture du monde. C'est le seul moyen de faire vivre la démocratie et, contrairement à ce que nous croyons souvent, l'espérance démocratique est la même partout. Oublions nos peurs, oublions nos fantasmes et oublions nos catéchismes. Le monde nous appartient et appartient à tous.
Nous l’avons dit, dans un monde globalisé, il n’est qu’une seule manière de faire vivre la démocratie, c’est de supprimer les frontières. Cette révolution culturelle ne peut se limiter au projet de la construction européenne comme ce fut longtemps le cas, car si l’Europe n’existait qu’en opposition au reste du monde, ce ne serait rien d’autre qu’une frontière supplémentaire, un empire en construction supplémentaire. C’est un basculement philosophique et idéologique beaucoup plus large dont nous avons besoin. A l’opposition droite/gauche désormais caduque, et à la régression Lepeniste, il faut opposer une vision d’une démocratie ouverte sur le monde porteuse d’espoir et d’avenir. Face à la complexité du monde nous avons besoin d’une espérance collective qui nous permette de nous parler et de nous dépasser... C'est le rôle des idéologies.
« On » a tenté de nous faire croire au lendemain de l’effondrement du mur de l’est que le temps des idéologies était terminé et que nous allions dès lors flotter dans un Éden démocratique et libéral. C’est raté, c’est le moins qu’on puisse dire ! Ce n’était qu’un gros mensonge pour mieux recycler le mot « libéral ». Il faut donc s’extraire de ce faux débat en disant que la démocratie ce n’est pas un acquis, ce n’est pas un drapeau, mais c’est plutôt un combat, une espérance, bref c’est une idéologie, la seule idéologie compatible avec la complexité du monde d’aujourd’hui.
Quant au mot libéralisme, c’est un sujet secondaire. Il sera, ce que nous déciderons d’en faire. Nous venons de vivre une grande période d'excès : excès politiques, dont tout ce texte se fait l'écho, désordres écologiques, dont nous n'avons pas encore assez pris la mesure, excès de la finance, qui révoltent les peuples... Gageons qu'après tous ces excès nous allons devoir apprendre la tempérance. Et pourquoi pas ? Au sortir de la deuxième guerre mondiale, les peuples ont su se montrer à la fois volontaires et raisonnables. Le monde des années 60 n'avait plus rien à voir avec celui des années 30. Entre les 2 moments, ils ont changé de siècle. A nous d'en faire autant et d'entrer enfin dans le XXIème siècle. Essayons de faire en sorte que cela se fasse le moins douloureusement possible en faisant preuve d'intelligence collective.
La France, terre d’immigration et non d’émigration, la France qui a occupé une place politique particulière dans le monde au lendemain de la 2ième guerre mondiale, du fait de sa position centrale dans une Europe divisée, n’est plus aujourd’hui qu’un petit pays parmi tant d’autres qui ne veut plus voir le monde qui l’entoure et qui ne se préoccupe plus que de son nombril. Il y a une régression intellectuelle particulière française qui est en train de prendre des proportions qui nous ramène à une période où il ne faisait pas bon être français. Face à cette dérive, il ne peut y avoir de réveil des consciences sans un choc politique fort. Si l’on veut éviter que ce choc soit celui de Marine Le Pen, il faut donc sortir les sortants d’une autre manière. Cette autre manière, pour l’heure, c’est Emmanuel Macron qui la porte, et personnellement, je crois que c’est très bien ainsi.
Qui est Emmanuel Macron ? Un syndic de faillite ? Certes. Un OVNI ? Certes. Mais peu importe le nom de l’huissier qui frappe à la porte quand la faillite est là. Il n’est ni la gauche, ni la droite. Il n’est pas non plus Ségolène Royal en 2007, ou François Bayrou à la même époque, êtres hybrides se voulant vierges, mais ne l'étant pas. De fait Emmanuel Macron n’est personne. Il est un point de rupture, l’invention du nouveau. Tout autant que De Gaulle, ce sont les circonstances qui l’ont mis en avant, et pour l’heure, il assume cette responsabilité avec calme et sérénité. Tout autant qu’Obama ce sont ses traits de caractère personnel qui permettent de l’identifier. Il est un optimiste actif qui regarde vers l’avenir. Quant à sa couleur politique, c’est sans doute Marine Le Pen qui la caractérise le mieux : « Il est un mondialiste » dit-elle de lui. Elle a raison. Et c’est tant mieux. Enfin laissons la parole à l’homme de 68, Daniel Cohn-Bendit, puisque nous avons beaucoup parlé ici d’une époque qui se clôt, qui dit de Macron qu’il est un libéral/libertaire, ce qui est une manière de rendre hommage à cette révolution de 68, puisqu’il y est 2 fois question du mot « Liberté ». C’est aussi une manière de tirer la barbichette à la droite et à la gauche qui, pour une fois seront d’accord entre eux, car ils ne peuvent voir dans cette association de mots opposés à leurs yeux que blasphème et hérésie. Il est grand temps de débarrasser la France de ses ayatollahs.
Si Macron est tout cela à la fois, alors il est l’antidote parfait des discours de haine et de peur que l’on entend matin, midi et soir depuis tant d’années. N’est-ce pas essentiel ? N’est-ce pas suffisant ? Personnellement, je crois que si. Et tant pis si pour réussir cela, notre Vème République vermoulue vacille un peu et perde un temps ses repères. A nous de faire en sorte que nul « monstre » ne vienne remplir le vide. Le seul moyen d'y parvenir c'est de transformer une logique, un raisonnement, un rêve, une aventure collective, en un discours politique assumé. Demain nous appelerons ça une idéologie.
Cette idéologie sera porteuse d'une seule espérance : une démocratie, au sein d'une République universelle.
« Une République universelle ? « « N'y pensez pas, mon pauvre Monsieur ! Vous êtes un idéaliste ! Un rêveur ! Un enfant ! ».
Si, il faut y penser, et y penser sérieusement... puisque c'est le seul chemin possible !
« En Marche » vers cette République nouvelle !
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