Des cailloux dans la chaussure
Dimanche, l’UMP a gagné la majorité à l’Assemblée nationale. Si la victoire est là, de nombreux doutes sont apparus, autant de cailloux dans la chaussure de notre président.
Une victoire à la perse.
La victoire quantitative est là, l’UMP a la majorité absolue à la Chambre, mais on ne peut pas parler de victoire qualitative. En effet, la droite régresse à l’Assemblée nationale, elle passe de 355 à 314 sièges. Dés lors, la victoire apparaît douteuse, elle existe mais on avait parlé d’une dynamique après la présidentielle ; cette législative devait apporter une Assemblée comme on ne l’avait jamais vue (plus de 400 députés annoncés). Malgré la victoire large du Président, un état de grâce depuis un mois, une couverture médiatique surabondante, un premier tour lui donnant une majorité plus qu’absolue, la droite a régressé. Pour la première fois, la machine UMP a eu des ratés. Bien sûr elle a gagné mais à quel prix ? En cela on pourrait la comparer à la bataille des thermophyles, l’armada UMP devait s’abattre sur la gauche, la dépecer et n’en faire qu’une bouchée, une gauche déchirée, désunie, qui n’attendait plus rien. Pourtant la machine UMP a trébuché, l’obstacle ici n’était pas un défilé mais simplement un peuple français qui, comme souvent, semble adorer les surprises. Alors bien sûr la victoire est là, il n’empêche que le doute s’est installé maintenant, la machine UMP menée par Sarkozy connaît des ratés et comme d’habitude, la chasse aux coupables commence.
La fin de l’unité UMP
L’unité affichée à l’UMP apparaissait comme une façade, cela s‘était vu lors de la formation du gouvernement, la victoire d’hier semble cependant ouvrir bien des failles dans la façade d’unité de l’UMP. Deux éléments jouent, des députés nouveaux n’ont pu être élus, ce qui en soi reste gérable même si cela peut empêcher l’émergence d’une nouvelle génération ; des députés ont perdu. C’est sur ce dernier point que le bât blesse ; ces députés ont fait confiance à un président pour se faire réélire, ils ne l’ont pas été, ils font cependant toujours partie de la machine UMP ; or, les déçus d’aujourd’hui font souvent les traîtres de demain. De plus le différentiel n’est pas maigre, c’est 41 élus qui se voient sortir de l’Assemblée, soit plus de 10 % de l’ancien groupe, cela risque de peser dans l’organisation du nouveau parti car ces ex-élus voudront des explications et des occupations en attendant la prochaine bataille. De plus, cette victoire à des répercussions inattendues au plus niveau.
Un gouvernement en danger
Le premier problème du gouvernement reste le problème Juppé : les personnalités de l’UMP ont eu beau dire, il ne sera pas si facilement remplaçable que cela. Deux problèmes se posent, celui de son remplaçant et celui de son ministère, les deux intimement liés. Que faire du ministère taillé pour Juppé, il ne semble pas séparable vu que Sarkozy l’avait décrété comme un superministère très important avec à sa tête un ministre d’Etat. S’il n’est pas séparable, alors qui mettre à sa tête ? Si Juppé apparaissait compétent sur le domaine, peu de personnalités à droite semblent avoir une légitimité pour récupérer le ministère. Les rumeurs qui circulaient hier sur Borloo ou Corinne Lepage pour le remplacer semblent loufoques, l’un a des compétences très moyenne en écologie, l’autre n’a pas la stature pour devenir numéro 2 du gouvernement. Drôle d’épine donc que ce ministère, trop important pour être divisé et trop exigeant pour mettre une personne à sa tête. L’issue la plus probable reste cependant l’explosion du ministère, ce qui remettrait l’écologie à un plan subalterne, ce n’est pas cela qui gênera le gouvernement sachant le peu de poids qu’avait l’écologie dans le discours de notre président.
Un autre point d’achoppement est plus fort, c’est le cas du ministre Borloo. Il apparaît en effet comme le bouc émissaire de la petite victoire à cause de sa déclaration en direct le dimanche du premier tour sur la hausse de la TVA dite sociale.
Les députés vont lui en vouloir ; déjà dimanche Renaud Dutreuil lui demandait des explications. François Fillon aussi apparaît comme un porteur de responsabilités en tant que meneur de campagne.
Le nouveau gouvernement qui pensait se voir porté aux nues par une nouvelle majorité se voit donc déchanter très rapidement, en attendant, un absent de marque hier, Nicolas Sarkozy, sans doute la première journée depuis son élection où on ne l’a point vu.
Il a raison, qu’il profite du plus grand privilège du président de la République en France : une fois élu, pour reprendre une expression guignolesque, il est perché, irresponsable sur le plan judiciaire et politique jusqu’aux prochaines élections, il n’a plus à prendre de risques. Qu’il se méfie cependant, car malgré tout, c’est le Parlement qui fait la loi en France, or un Parlement peut tout à fait défier un gouvernement quel qu’il soit. Le risque est minime aujourd’hui mais des failles sont apparues.
Selon Sun Tzu, pour gagner, il faut savoir se rendre invincible et attaquer là où l’adversaire est vulnérable. l’UMP n’apparaît plus invincible, la crise n’est peut-être pas là où elle semble être.
Lien vers les résultas bruts de l’éclection :
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