« Des paroles et des actes » ou la vitrine des intellectuels faussaires ?
"Intellectuels faussaires", l'expression fait directement référence au livre de Pascal Boniface, dans lequel l'universitaire français brocarde certains intellectuels, comme Bernard-Henri Lévy, François Heisbourg, Frédéric Encel, Alexandre Adler ou encore... Caroline Fourest.
Jeudi soir France 2 a inauguré sa nouvelle émission politique Des paroles et des actes, présentée par David Pujadas, avec comme invitée Marine Le Pen, présidente du Front National et candidate à la future élection présidentielle de 2012. L'occasion lui a été donnée de présenter son programme en vue des prochaines échéances électorales, en abordant les différentes thématiques, allant du retrait de la France de la zone euro à un strict contrôle de l'immigration.
Sur la forme, des invités comme Cécile Duflot, Laurent Joffrin ou Caroline Fourest ont offert la contradiction à la présidente du FN. Ce qui est apparu comme un grand oral pour Marine Le Pen s'est plutôt bien déroulé pour l'intéressée, qui a semblé maîtrisé l'exercice et qui a pu défendre ses idées, notamment économiques, sans que celles-ci soient déconstruites véritablement. Tout se déroulait donc pour le mieux pour la leader frontiste, jusqu'à ce moment où Caroline Fourest et Laurent Joffrin ont opposé à Marine Le Pen un passage tiré du site internet du Front National, dans lequel figurait selon eux la preuve d'une politique d'exclusion prônée par le FN.
Malgré un face-à-face plutôt houleux avec Cécile Duflot, secrétaire nationale d'Europe-Ecologie-Les-Verts (EELV), il aura fallu attendre la fin de l'émission pour que le ton vire à la foire d'empoigne, aux invectives et aux attaques ad hominem. Le ton monte, la raison vacille, on ne s'écoute plus, Joffrin craque : "contrairement à vous je n'ai pas été nommé par mon père."
Si Marine Le Pen a été nommée par son père (ce qui est inexact, puisqu'elle a été élue à la suite d'une élection qui l'a opposée à Bruno Gollnisch), on pourrait tout autant dire que Joffrin a été nommé par ses pairs...
Joffrin s’est ridiculisé en se montrant agressif, peu sûr de lui et hésitant. C’est assez curieux de voir un journaliste se présenter comme tel et donner cette impression de très mal maîtriser cet exercice. Sans doute qu’il est difficile d’être dans le rôle de l’Inquisiteur.
De plus, il n’a pas su quoi répondre à l’argumentation de Marine Le Pen selon laquelle une politique immigrationniste fait le jeu du patronat par l’effet d’un appel vers le bas des salaires. Quelle a été la réaction de Joffrin quand Marine Lepen a notamment rappelé que les syndicats allemands s’élevaient contre de telles pratiques de dumping social ? Aucune, il n’eut aucune réaction.
Quant à Caroline Fourest, elle a démontré une fois de plus qu’elle était digne du titre d’intellectuelle faussaire que lui prête Pascal Boniface. La citation qu’elle a extraite du site du FN (qui au passage reflétait les vues programmatiques du parti en 2007) est précisément sortie de son contexte, et amputée de son début. Jugeons-en :
« Faute de crédits, non seulement il est impossible de recruter beaucoup d’engagés, mais il devient de plus en plus difficile d’avoir un recrutement de qualité. 20 % des nouvelles recrues sont désormais issues de l’immigration originaire du monde musulman. »
« Faute de crédits », ainsi ce n’est plus l’origine en tant que telle qui est pointée du doigt, mais le manque de crédit, et la phrase veut ainsi dire toute autre chose, notamment le fait que, à défaut de crédits suffisants, l’armée se retrouve contrainte de recruter parmi les jeunes les plus défavorisés. Et ce n’est pas scandaleux de dire que c’est parmi les jeunes issues de l’immigration -pour la plupart de confession musulmane- que se trouve la plus grande proportion de jeunes en désoeuvrement. Ce n’est pas racial, mais un fait tout simplement sociologique. Fourest, une fois de plus, se fourvoie.
Plus grave est la complicité tacite de David Pujadas avec ce travail de faussaire, puisqu'il a fini par accorder à cet extrait tiré d'un site web la même crédibilité et pertinence que lui ont accordé les deux contradicteurs de Marine Le Pen. On en conclut donc qu'il a lu par avance l'extrait, on en concluera donc également qu'il n'a pas pu ne pas voir que le passage a été sciemment tronqué. Est-ce normal que le service public, par le biais d'un de ses journalistes politiques, se rende complice d'intellectuels faussaires ?
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