Dominique de Villepin rattrapé par l’affaire Clearstream
Le maître espion n’en était pas un. Sur la base de notes retrouvées après une nouvelle analyse de la carte mémoire de l’ordinateur du général Philippe Rondot et, versées au dossier d’instruction le 27 juin, les juges qui enquêtent sur l’affaire Clearstream ont perquisitionné pendant plus de six heures, jeudi 5 juillet le domicile de l’ancien Premier ministre, Dominique de Villepin.
La perquisition était devenue quasi-inévitable. Elle fait suite à l’audition, le 4 juillet, du général Philippe Rondot, ex-conseiller du ministre de la Défense, témoin clé dans cette affaire, qui a confirmé la teneur des notes saisies dans la mémoire de son ordinateur. Dans l’une d’elles notamment le militaire indique sans ambiguïté que Jean-Louis Gergorin, le corbeau de l’affaire Clearstream, avait reçu des instructions de Dominique de Villepin pour "parler" au juge Renaud Van Ruymbeke.
Et voilà comment L’opération "Reflux" devient une affaire d’Etat. Décidés à tous prix à faire barrage à la montée en puissance de Nicolas Sarkozy et à sa prise de l’UMP, Jacques Chirac et son Premier ministre Dominique de Villepin (DDV) auraient tenté d’utiliser l’affaire Clearstream pour nuire au ministre de l’Intérieur d’alors.
Au départ, Clearstream c’est déjà une énorme affaire révélée par le journaliste Denis Robert. La société financière luxembourgeoise qui joue un rôle de chambre de compensation entre les différentes banques de la planète est accusée d’être une grande lessiveuse à argent sale. L’établissement selon le journaliste permettrait en outre, en offrant à des personnalités de posséder des comptes occultes, de percevoir des commissions occultes dans des affaires de corruption à grande échelle. La France serait notamment concernée dans la fameuse affaire des ventes de frégates militaires à Taïwan (sous le septennat de F. Mitterrand) qui se serait réalisée grâce au versement de rétro-commissions illicites très importantes.
L’Elysée et Matignon sont suspectés d’avoir utilisés ce contexte judiciaire pour mettre au point une véritable machination contre Nicolas Sarkozy. Les 3 mai et 14 juin 2004, les juges Renaud Van Ruymbeke et Dominique de Talancé, qui enquêtent sur l’affaire des frégates reçoivent deux lettres et un CDRom d’un "corbeau", détaillant des numéros de comptes bancaires ouverts chez Clearstream et évoquant des transferts occultes de millions de dollars. Dans un listing, mettant en cause pas moins de 850 personnalités françaises, est glissé, à demi-mots, le nom de Nicolas Sarkozy. La ficelle était un peu grosse et très vite il est apparu qu’il s’agissait d’une opération de déstabilisation, de dénonciation calomnieuse à l’égard de Nicolas Sarkozy.
Si les lampistes, souvent instrumentalisés, ont pu être identifiés (MM. Rondot, Gergorin, Lahoud...), il reste à déterminer officiellement qui a tiré les ficelles. L’enquête du juge Van Ruymbeke n’a innocenté Nicolas Sarkozy qu’en 2005. Dès novembre 2004, Nicolas Sarkozy avait reproché à Dominique de Villepin de dissimuler à la justice les conclusions d’une enquête de la DST qui l’innocenteraient. Début 2006, il portait plainte pour "dénonciation calomnieuse" et est, à ce jour, toujours partie civile.
Si les déclarations du général Rondot devaient être confirmées par les autres protagonistes de l’affaire, les juges pourraient être fondés à mettre en examen M. de Villepin, pour "complicité de dénonciation calomnieuse". Dans un communiqué, ce dernier a qualifié "d’infondées" les accusations portées à son encontre. Bien que soupçonné d’être le grand instigateur, Jacques Chirac, qui a toujours refusé de répondre aux convocations des juges, pourra, pour sa part, s’abriter derrière l’immunité qui entoure les fait survenus sous son mandat. Une capacité à passer entre les gouttes réellement "abracadabrantesque". Pour ce qui est de l’autre volet, des soupçons sur Clearstream établissement financier douteux, étonnament, ça a fait "pschhhit".
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