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Accueil du site > Actualités > Politique > Europe 2.0 : une démocratie en deux mega-pixels

Europe 2.0 : une démocratie en deux mega-pixels

Pour citer Thierry Crouzet : « Churchill. Le 11 novembre 1947, devant la Chambre des communes, il aurait dit : "La démocratie est le pire des régimes à l’exception de tous les autres."

On me répète souvent ces paroles pour me signifier que je n’ai pas le droit de remettre en cause la démocratie. Il n’y aurait rien de mieux. Premièrement, je ne vois pas pourquoi Churchill aurait le dernier mot sur le sujet. Deuxièmement, j’ai fini par revenir au texte original où Churchill dit en fait : "Democracy is the worst form of government - except for all those other forms, that have been tried from time to time."

Pour Churchill, la démocratie est le moins mauvais des systèmes essayés. Rien ne nous empêche d’inventer mieux. Il nous suffit de faire preuve d’imagination. »

Il n’y a peut être pas plus complexe à gérer que l’Europe. C’est peut être l’endroit ou l’on peut commencer à imaginer quelque chose d’autre. (Ce texte fait suite à Europe 2.0 : Une démocratie « user friendly »)

Il est dérangeant d’apprendre que la majorité des membres du Bundestag allemand n’a pas lu le TCE (1). En France, quel député, quel journaliste a pris le temps de faire le travail d’Etienne Chouard (2) : lire la constitution européenne, l’étudier afin d’en débattre sérieusement et publiquement ? Dans le cas d’Etienne Chouard, ce n’est pas qu’il ait voté non qui m’importe, mais les débats qu’il a suscités (grâce à Internet) et qui ont permis à une partie des Français de se faire leur propre opinion. Que nos représentants ne fassent pas toujours le travail pour lequel ils sont élus n’est pas nouveau, sauf qu’aujourd’hui des moyens existent pour passer outre.

La théorie de « la sagesse des foules » explique comment un système basé sur un grand nombre d’ « avis » permet de prendre finalement la bonne décision. C’est ce que prouve d’ailleurs quotidiennement l’encyclopédie en ligne Wikipedia, alimentée par les écrits de milliers d’internautes et corrigée par des millions de leurs lecteurs. Reprenant cette base, il ne serait pas très difficile aujourd’hui d’imaginer et de concevoir un système de parlement virtuel, constitué de milliers de rédacteurs chargés d’écrire les lois, et de millions de relecteurs pour donner leur avis. Un parlement de 100 000 blogs organisant des débats auxquels participeraient des millions de d’e-lecteurs. Certes, il pourra être objecté qu’à l’échelle d’un continent comme l’Europe, il ne sera probablement possible de recueillir l’avis que de quelques millions d’internautes, excluant de facto du débat les quelque 300 millions d’Européens en capacité de voter. Mais comme pour la photo numérique, une démocratie en deux méga pixels (chaque pixel serait un internaute), si elle ne peut être parfaite, donnerait un rendu plus proche de la réalité que ne le peut une assemblée ne comprenant que 732 députés.

____________________________________________________________
1) L’association www.Mehr-Demokratie.de avait demandé un référendum en Allemagne comme en France ; elle a prouvé que la plupart des membres du Bundestag, et parmi eux de nombreux nouveaux "patriotes éclairés" du CDU, n’avaient pas lu le texte du TCE, ce qui ne les a pas empêché de le voter, et même de venir le défendre dans les meetings français...

2) Voir l’article de L’Humanité : « Et si Etienne Chouard faisait gagner le non »


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15 réactions à cet article    


  • candidat007 (---.---.122.128) 8 septembre 2006 14:21

    le débat n’est pas la décision. S’il n’y a pas de décision, en effet, il n’y pas pas besoin de système démocratique ni de vote. « les pronétaires et »le peuple connecteur" travaillent pour nous.

    le Web multiplie les lieux de débat et les possibilités d’intervention des citoyens, mais ne crée pas la décision. Un débat sans décision ne s’arrête jamais, plus encore sur le web, ou les intervenants toujours de plus en plus nombreux, s’en vont et reviennent, délaissent ou s’accrochent. C’est « la democratie participative », la décision est prise ailleurs.

    Quant à savoir si le débat 2.0 est plus riche, plus consensuel, plus sage, plus fidèle, plus honnête, sur une question donnée, chacun peut en débattre. Il faudrait un nouveau fil de discussion pour cela et même plusieurs.

    « Les shaddocks pompaient et pompaient et autour d’eux tout s’écroule, ce qui ne les empêchaient pas de pomper ».


    • ropib (---.---.27.229) 8 septembre 2006 15:09

      Je ne comprends pas le lien que vous semblez faire entre la possibilité de critiquer la démocratie et votre critique de nos institutions. Si vous sous-entendez par là que nos institutions sont basées sur l’idée de démocratie vous venez de démontrer qu’il n’en est rien.


      • Guil (---.---.170.165) 8 septembre 2006 17:06

        Je ne savais pas qu’il y avait une théorie de « la sagesse des foules », mais je n’y crois pas un instant : les foules sont bien souvent assujeties à leurs emotions et faire des lois dans l’émotionnel, c’est le contraire de la sagesse.

        L’exemple de Wikipédia est mauvais d’une part et inapplicable d’autre part. Mauvais car non, toutes les décisions n’y sont pas toujours bonnes. Inapplicable car les prises de décisions sont parfois interminables, personne ne parvenant à se mettre vraiment daccord. Certaines - et pas des moins importantes - trainent depuis des années.

        Alors bon, interminables avec quelques dizaine de personnes (il n’y en a pas plus que ça à débattre sur un sujet donné, même si ce ne sont pas toujours les mêmes à chaque sujet), imaginez ce que ca ferait avec quelques milliers voire millions...


        • (---.---.59.170) 8 septembre 2006 17:33

          Le probléme, c’est que bien sur seule une minorité est capable de diriger, alors si on laisse le peuple tout décider, même si c’est une utopie à la mode, ca trés vite être n’importe quoi..


          • Laurent Bervas Laurent Bervas 8 septembre 2006 18:19

            Concernant la « sagesse des foules », je pense aussi qu’appliqué à la lettre cela ne marche pas. En revanche l’expérience que constitue wikipédia est a regarder de prêt, d’autant que la politique de contribution est en perpétuelle évolution.

            Il me semble me souvenir qu’une analyse des contributeurs de wikipedia montrait que quelques pourcents des contributeurs étaient responsables de plus de 50% de travail fait sur l’encyclopédie.

            En démocratie (2.0 ?) on arriverait peut être à des choses équivalentes. Combiens de Français (d’européens) sont vraiement prêt a donner de leur temps pour faire avancer la démocratie ?

            1% ? 2% ? 0.1 % ? je pense qu’il y aura du monde a condition que ce soit simple et peu consommateur de temps (d’ou l’usage des nouvelles technologies et du web). Avec 0.1% de la population Européene, cela réprésente 300 000 personnes. On obtiendrait comme cela une assemblée probablement plus représentative et plus dynamique que les 732 députés en place.

            Ce qui me semble voir émerger c’est une démocratie médiane entre l’e-démocratie (ou tout le monde vote tout le temps) et la démocratie représentative (ou l’on vote pour quelqu’un que l’on ne connait pas et qui n’a pratiquement aucun compte à rendre pendant son mandat).

            Sur le comment cela peut se passer ? je pense que la prise de conscience de pouvoir faire émerger une nouvelle démocratie est là ... et l’Europe peut être un terrain d’expérimentation.


            • Guil (---.---.170.165) 8 septembre 2006 18:30

              Peut-être, mais gérer une encyclopédie ce n’est pas non plus la même chose que gérer un pays...


            • Philgri (---.---.156.166) 8 septembre 2006 19:07

              Bonjour à tous,

              Le sujet démocratie est un thème en vogue sur agora ! il est vrai qu’un certain nombre de citoyens comprend de mieux en mieux l’impasse de nos sociétés !

              Après tout, c’est nous qui en faisons les frais ! Alors merci, Laurent Bervas, de nous apporter une pierre à l’édifice.

              Notre Monopoly se développe avec des acquis et nous ne prenons même plus le temps de vérifier les fondations de nos constructions !

              Il faut attendre un éboulement pour se dire "ah zut ! si j’avais su“.

              De plus, la réactivité de nos décisions, nécessaires sur des sujets toujours plus nombreux et mondiaux, nous oblige à remettre en cause notre fonctionnement.

              L’inertie, de la France, de L’Europe et du monde occidental en générale est un constat flagrant de nos échecs d’aujourd’hui, et de demain si nous ne changeons pas la donne.

              Ce n’est plus un problème droit gauche ! Et 60 ans se sont écoulés depuis cette phrase de Churchill, comme nous le faisait remarquer l’auteur.

              Quant aux bases de nos démocraties, elles ont été posées par Socrate et Platon 300-400 ans av-J.C ! quelques évolutions certes, mais les problèmes d’aujourd’hui ne sont plus tout à fait les mêmes.

              Notre système pyramidal ne fonctionne plus ! si la base se détache tout s’écroule. Nos adversaires le savent ! Et ce n’est pas en partant en guerre que nous réglerons nos petits soucis !

              L’idée de Laurent est dans l’air du temps ! (Ex. : L’Open Souce) ce que j’appelle une participation horizontale et mondiale. Il nous faut tous la même règle du jeu ! Impératif.

              La démocratie, c’est déjà fini depuis longtemps ! Le contre-pouvoir est erroné ! Les lobbys sont trop puissants et certaines multinationales nous font de l’ombre ! entre autres.

              La justice croule sous la bêtise des lois, et la vidéo surveillance des juges n’y changera pas grand-chose !

              Nos valeurs s’émiettent et nous ne les remplaçons pas. Les bonnes idées ne peuvent même plus faire surface. Nous arrivons à la fin d’une partie de Monopoly ou nous n’avons plus moyen d’investir pour nous en sortir ! Faillite.

              Voilà ou nous en sommes et il y aurait tellement à dire !

              Philgri


              • Laurent Bervas Laurent Bervas 8 septembre 2006 19:55

                > gérer un pays...

                En effet mais est-ce que les personnes que l’on élit son compétentes ? est ce que les ministres sont compétents dans le domaine ou ils interviennent ?

                On peut imaginer que dans chaque domaine (comme pour les articles de wikipédia) ce soient des experts qui exposent et débattent. Ainsi le choix final sera plus proche de la meilleur décision.

                A ce sujet je vous conseille l’article de Thierry Crouzet qui parle du management pas la connexion :

                http://blog.tcrouzet.com/2006/09/08/manager-par-la-connexion/


                • candidat007 (---.---.122.128) 8 septembre 2006 21:59

                  Qu’appellez-vous démocratie ? qu’appelez-vous politique ?

                  Wikipédia va régler le problème des déchets dans ma commune, le problème des agricultteurs dans le cantal, la question du budget militaire, celui de l’éducation, la question de l’application de la loi littoral dans ma région, réglera la question des sans papiers de Cachan ? Les radios libres aussi avaient cru qu’elles pouvaient révolutionner la démocratie. Elles ont sans doute aussi permis le développement du débat puis ont disparu. le Web et le 2.0 sont les radios libres à puissance 10 000, si vous voulez, mais ce n’est pas plus que cela. Les petits commerçants du Web se feront mangés par les trés « gros connecteurs » et puis ce sera pareil. Le pouvoir aussi saura utiliser le web pour sa communication.

                  Sur le web peuvent se développer des communautés qui trouvent là un formidable outil de mise en relation,. Qui dit communauté dit lobby et groupes de pression, c’est tout. Et toute ces communautés ne sont pas aussi innocentes que les gentils bobos qui se targuent d’être les plus grands démocrates des connecteurs. Ce sont plutôt les communautés dangereuses qui en profitent le mieux. Parce que ce qui est le plus facilement communicable, ce sont encore les slogans, les idées toutes faites et les rumeurs.

                  Je pense que les webs connecteurs qui veulent nous faire prendre « des vessies pour des lanternes » font leur petite propagande ou publicité perso, en profitant du débat sur la démocratie, car promouvoir le Web c’est aussi attirer des capitaux risques et des nouveaux naifs, dans leurs petites nouvelles « start-up » en plein devenir.


                  • djynn (---.---.140.42) 8 septembre 2006 23:41

                    ya une difference bien plus importante entre les radio libre et le web ; Le web permet à TOUT le monde, individuellement, de créé son lieu de rencontre et de debat.


                  • Laurent Bervas Laurent Bervas 9 septembre 2006 09:27

                    Le parlement (virtuel) que je vois émerger est l’outil qui permet d’écrire les lois, pas de les faire exécuter. L’analogie avec wikipédia a été choisi en ce sens.

                    Quand au fait qu’il y des gens « intéressés » dans la blogosphère, vous avez raison. Mais comme le remarquait djinn, la blogosphère c’est tout le monde, à égalité. C’est une révoltion dans la communication : ce n’est plus l’argent qui fait la voix.

                    Quoi qu’il arrive les prochaines années seront passionnantes


                  • candidat007 (---.---.122.128) 9 septembre 2006 10:52

                    « Le parlement (virtuel) que je vois émerger est l’outil qui permet d’écrire les lois, pas de les faire exécuter »

                    Admettons mais pas non plus de les voter.

                    Le parlement ??(virtuel ??) permet une large discussion entre citoyens numériques et peut faire des propositions, comme tout un chacun dans son coin, et c’est déjà trés bien. Ensuite il faudra la faire connaître à tous les citoyens et là aussi le web est trés utile et intéressant. Oui le Web peut être un formidable outil d’information, de communication et de pression mais je dis aussi qu’il faudra bien faire voter la proposition par les citoyens, puis la faire exécuter comme vous dites, mais aussi gérer le quotidien réél de la vie publique.

                    Quant au débat sur internet, il y aurait beaucoup de choses à dire. Au lieu de citer l’encyclopédie WIKIPEDIA, vous devriez essayer de démontrer votre thèse en prenant pour exemple des forums à vocation politique ou citoyenne par exemple. ce serait plus démonstratif.


                  • Valente (---.---.36.194) 8 septembre 2006 23:08

                    >un système basé sur un grand nombre d’ « avis » permet de prendre finalement la bonne décision.

                    Il existe aussi une autre analogie a « Wikipedia » bien connu dans les le monde des logiciels : La cathédrale et le bazar (http://www.linux-france.org/article/these/cathedrale-bazar)

                    Cela a permit de « construire » et d’avoir des « outils ». Ce système présente l’inconvénient de se modifier trop fréquemment pour le bonheur des utilisateurs... mais sans doute pas pour des citoyens.

                    Le système d’exploitation GNU/Linux utilise ce principe. Si l’origine du projet n’est pas démocratique, les acteurs qui y participent aujourd’hui sont des « citoyens », avec une sens civique dans l’ intérêt du projet GNU/Linux. smiley

                    Cordialement


                    • Laurent Bervas Laurent Bervas 9 septembre 2006 09:31

                      > Ce système présente l’inconvénient de se modifier > trop fréquemment pour le bonheur des utilisateurs... > mais sans doute pas pour des citoyens.

                      La il n’est question que de « tuning » ? Il suffit de mettre en place des règles qui permettraient aux lois de rester stable pendant une période minimale : une période d’essais, suivi d’un CDI par exemple ;)

                      le système instauré par wikipedia est intéressant car il est le résultat d’une éxpérience de plusieurs années à grande échelle :)


                    • cain (---.---.174.24) 3 octobre 2006 14:35

                      Un tel systeme est utopique. Il serait vite parasité par les « spammeurs » par les « officines », il serait rapidement dévoyé.

                      Le rôle des blogs doit se limiter à l’information de l’opinion, juste un contre pouvoir, rôle que la presse ne tient plus à cause de la confusion des genres.

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