François Bayrou, à quitte ou double !
Proie ou prédateur ? Dans son pas de deux avec Ségolène Royal, François Bayrou semble tenté par un nouveau pari fort de son succès indiscutable à la présidentielle. Néanmoins, il joue à quitte ou double.
François aurait-il changé son
fusil d’épaule ? Le voilà qui s’acoquine, en public, sans pudeur, avec
Ségolène Royal, la candidate du Parti socialiste. On ne sait plus d’ailleurs
qui drague qui tant chacun y met de l’ardeur dans ce rapprochement, alliance "future" ? Se verrait-il déjà en future Premier ministre ?
François Bayrou se
renierait-il ? Pratiquerait-il le retournement de veste ? Après
avoir, en effet, placé toute sa campagne sous le signe du centre avec comme
leitmotiv "ni gauche ni droite’’ le voilà qui opère un virage, plus ou moins
maîtrisé, à 180 degrés. Sa neutralité ferait-elle soudainement pschitt ?
Pour quelles raisons ?
François Bayrou aurait-il la
défaite mauvaise comme d’autres ont le vin mauvais ? Il occupe tout
l’espace en ce second tour alors qu’il a été éliminé, démocratiquement. François
Bayrou l’aurait-il oublié ? Bien sûr, il est au centre du jeu. Mais
faut-il rappeler qu’il n’est pas propriétaire de ses voix ? Ou alors François
Bayrou ne parvient-il pas à digérer son élimination, lui qui se voyait déjà au
second tour et vainqueur de son duel contre Nicolas Sarkozy ? Pour un
démocrate, son attitude interpelle !
A ce "flirt", une seule
explication : François Bayrou déteste Nicolas Sarkozy, ce qu’il incarne,
son comportement, sa façon de pratiquer la politique et nombre de ses idées. Car
sinon, d’un point de vue économique, tout sépare le PS de l’UDF. Au niveau
social, les différences sont aussi marquées. Sans parler d’une base électorale
historiquement à droite.
Pourtant, François Bayrou a
tout lieu de se réjouir. Certes, il visait la victoire finale. L’important pour
lui n’est pas de participer mais de gagner. Il a raison car seule l’ambition
permet de se dépasser et parfois d’atteindre l’impossible. Mais par son score,
plus de 18%, le voilà parmi les grands, les favoris, ceux qui peuvent prétendre
à la fonction suprême. Le voilà en adversaire redoutable pour les prochaines
élections. Sauf s’il dilapide ce capital électoral et de popularité par une
stratégie qui minera la confiance établie avec son électorat.
En cas de victoire de Ségolène
Royal, il a tout à perdre. De prédateur actuellement, François Bayrou deviendra
la proie. En effet, elle aura les mains libres, forte de sa nouvelle
légitimité, de son autorité et de sa liberté pour entreprendre à son goût et à
marche forcée la modernisation du PS. Elle pourra se passer du leader du centre
pour mener à bien cette mue si nécessaire pour que le parti, de socialiste,
devienne social-démocrate et, ainsi, soit à nouveau capable d’élargir son
électorat. Dans ce cas, les électeurs passés à Bayrou retourneront à gauche. Faute
d’espace politique, le centre disparaîtra corps et âme. François Bayrou avec. Ou
sera réduit à peau de chagrin, au carré des irréductibles.
En cas de défaite, au
contraire, François Bayrou a tout à gagner. En provoquant cet écartèlement
au sein du Parti socialiste, entre
moderne et archaïque, il en retirera tous les bénéfices. Il s’imposera comme
le leader de ce nouveau parti social-démocrate. Un candidat de la gauche
diminuée ne fera pas le poids. Il continuera ainsi sur la voie qu’il s’est
tracée dans la rénovation du paysage politique. Il sera cohérent avec lui-même.
Donc suivi. Et fort de son expérience, il sera probablement le mieux placé
pour l’emporter en 2012. Surtout face à un Nicolas Sarkozy sortant,
probablement impopulaire en raison des réformes douloureuses entreprises mais
dont la France avait un besoin urgent pour réussir son redressement économique.
François Bayrou, par ses
manœuvres, scie la branche sur laquelle il s’était assis et à partir de laquelle
il a élaboré toute sa campagne. Et mené son offensive qui a failli se révéler
payante.
Il est en pleine contradiction
avec sa stratégie et son positionnement. Il se trahit et par là même ses
électeurs. Ces derniers lui ont fait confiance justement pour son rejet du
système et de ce renvoi "dos à dos" de la gauche et de la droite. Or, le
voilà qui affiche une préférence. Comment son électorat va-t-il
réagir ? Va-t-il le suivre ?
Ou s’en détourner ? Vivre une nouvelle déception qui pourrait le "dégoûter"
(à nouveau) de la politique ? Ce serait donc un échec pour une
personnalité qui affirme ouvrir une nouvelle ère politique.
François Bayrou joue à quitte
ou double. Un pari comme il les aime et qui, jusqu’à présent, lui ont plutôt
bien réussi. Mais à trop vouloir gagner, parfois...
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