François Hollande épisode un, saison une : l’investiture
"Investiture pluvieuse, présidence heureuse" affirmait-on hier dans la galaxie socialiste pour conjurer le mauvais sort d'un mandat plutôt promis au sang et aux larmes. Le compte à rebours des 1800 jours du quinquennat est engagé comme une série tv dont on va découvrir dans un mélange de curiosité, d'angoisses et de lassitude les multiples épisodes. Pour les observateurs, celui d'hier a été plein d'enseignements.
Adieu le candidat, bonjour M. le président. Ni la main ni la voix de François Hollande n'ont tremblé hier pour une investiture observée au microscope par des télévisions omniprésentes dont l'indiscrétion des micros a largement concouru à pasteuriser accolades et échanges verbaux. On aurait tort de tirer pour conclusion des petits flottements protocolaires l'idée que François Hollande puisse être un président hésitant. Pouce baissé, il a porté le coup de grâce à Nicolas Sarkozy en réduisant son héritage à portion congrue. L'inimitié entre les deux hommes semble forte confirmant que dans l'ombre de la campagne, l'affrontement a été rude et sujet à coups bas.
Nouveau président, nouveau triptyque. Sous le poids des ors de la république, François Hollande a esquissé les axes de sa présidence qui se revendique en totale rupture avec celle de son prédécesseur. Redressement, apaisement, confiance, sont les mots clés du nouveau mandat esquissé en creux par rapport à celui de son prédécesseur. François Hollande a ainsi, le vocabulaire choisi est terrible, prôné "le redressement dans l'élévation" par opposition "à l'abaissement et au repli". Ce n'est qu'après avoir présenté la facture à l'ancien locataire de l'Elysée que l'ancien député de Corrèze a renoué avec l'empathie et la spontanéité aimable qui le caractérisent, donnant au reste de sa journée d'investiture une image de marriage populaire et ému avec la France.
Le cinquième élément. Peu importe la météo agitée, le nouveau président s'est affranchi des éléments en y prenant sa place, à peine retardé par une rencontre aérienne avec la foudre dont toutes les madame Irma feront l'exégèse. La rondeur du Chef de l'Etat ne doit pas cacher la complexité qui l'habite et qui n'est pas sans rappeler celle de François Mitterrand si attaché à la fidélité dans la tempête.. Le choix d'honorer Jules Ferry n'est pas anodin. On dit de François Hollande qu'il a parfois du mal à choisir entre les hommes. "Toute grandeur à ses faiblesses" a-t-il rappelé hier pour ne retenir de Ferry que "le grand ministre de l'instruction" et non celui que ses pairs avaient surnommé le Tonkinois en référence à ses velléités coloniales. Là encore, le fossé est énorme avec l'approche manichéiste et binaire de Nicolas Sarkozy.
La Sarkozie bouge encore. En choisissant d'évacuer sa rage dans un jogging essoufflé, Nicolas Sarkozy n'a pas pris ses jambes à son cou. Il a signifié de manière subliminale, comme un boxeur vaincu, façon Rocky, qu'il se prépare pour les combats à venir. La présence de Rachida Dati, ex-égérie du Sarkozysme, sur le plateau de France 2 pour co-commenter la journée d'investiture avait quelque chose d'incongru et un arrière-goût de ces mauvais perdants bien décidés à gâcher la fête à ceux qui les ont coiffé sur le poteau. Question pompon celui de l'inélégance est revenu à Nadine Morano qui aura confondu les gazouillis de tweeter avec le verbiage déstructuré et casse-pieds du perroquet. Le signe qu'à droite, rien ne sera épargné au nouveau président.
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