François Hollande et les écologistes : risque de fission ?
Moins de quinze jours après sa nomination, les relations ont déjà viré à l'exécrable entre François Hollande et les écologistes.Avec en toile de fond un profond désaccord sur la question nucléaire... et surtout des négociations qui s'enlisent pour déterminer combien de circonscriptions le PS laissera à Europe Ecologie.
Nucléaire : différence irréconciliable entre Duflot et Hollande
Les écologistes espèrent-ils réellement faire changer d'avis François Hollande sur la question nucléaire, ou ont-ils compris que le débat était clos et ne jouent-ils les prolongations que pour apaiser leur base et peser d'avantage sur d'autres arbitrages ?
Toujours est-il que l'on imagine mal le candidat socialiste, qui a choisi d'axer sa campagne sur la "responsabilité" et une "cohérence" sans compromission face aux arrangements politiciens, se dédire sur un des sujets forts de sa campagne.
François Hollande considère, à tort ou à raison, que dans le contexte économique et social dans lequel se trouve la France, le pays ne peut pas s'offrir le luxe d'une sortie du nucléaire, qui fournit actuellement les trois-quarts de l'électricité produite en France.
S'il veut financer les priorités évoquées dans son programme, et notamment l'éducation et les emplois d'avenir, il ne peut se permettre un plan de sortie peut-être intéressant à long-terme, mais fort coûteux à un moment où les caisses de l'Etat sont justement vides.
Outre ces positions programmatiques, François Hollande et le PS ne peuvent pas laisser passer ce que certains socialistes considèrent comme un "diktat" des écologistes au risque de montrer avant même le début de la campagne des signes de faiblesse dont la droite fera ses choux-gras par la suite.
Derrière le programme, l'enjeu de la représentation électorale
Les négociateurs écologistes, et Jean-Vincent Placé en premier lieu, sont trop conscients de ces réalités pour croire réellement pouvoir faire évoluer le PS sur le sujet. Reste donc la possibilité d'une radicalisation pour apaiser la base écologiste... et surtout pour négocier au mieux en vue des législatives de 2012, voire des municipales de 2014.
Car le système électoral français n'est pas vraiment favorable aux petits partis et Europe Ecologie ne peut exister à l'Assemblée Nationale que sur la base d'accords avec le PS. Reste à savoir combien de députés le PS va accorder à la formation de Cécile Duflot.
Les négociations doivent-elles se faire sur la base du score historique obtenu par EE aux européennes (plus de 17%) ou au regard des intentions de vote pour la future présidentielle (Eva Joly est créditée de 5%) ?
Et c'est là que les relations se tendent réellement entre partenaires de gauche. EELV est trop conscient du début de campagne poussif de sa candidate pour ne pas vouloir faire pression avant qu'il ne soit trop tard.
Mais de l'autre côté, les proches de François Hollande, ulcérés de la pression médiatique imposée par les Verts dès son investiture se veulent menaçants et se disent désormais prêts à ne négocier qu'après le premier tour de la présidentielle... et sur la base exclusive du score d'Eva Joly.
Un scénario qui n'arrangerait en réalité personne mais qui illustre le poker menteur qui est en train de se jouer à gauche... et dont l'enjeu nucléaire n'est que la partie visible face aux vraies problématiques des rapports de force au sein de la majorité de gauche en cas de victoire en 2012.
Sans oublier le facteur x de ces négociations que constitue le parachutage annoncé de Cécile Duflot à Paris où elle rêve de remplacer Bertrand Delanoë au nez et à la barbe de la socialiste Anne Hidalgo... avec la bénédiction de François Hollande en cas de bon accord ?
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