Guaino grand invocateur de la République, ses principes et ses lois refuse de répondre à la police !
Henri Guaino est convoqué par la police judiciaire pour avoir déclaré que le juge Gentil a "déshonoré un homme, les institutions, la justice". Cette convocation s’impose après la plainte déposée par l’Union Syndicale des Magistrats pour "outrage à magistrat et discrédit jeté sur une décision de justice".
Le 23 avril il avait envoyé aux députés de son groupe un courriel accompagné d'un projet de lettre ouverte au procureur de la République. Dans ce courriel il leurs demandait de signer cette lettre que le journal "Le Monde" s'est procuré. (voir document joint)
Il invitait les destinataires à prendre à leur compte les propos litigieux en ces termes : "Comme lui, nous affirmons que le juge, par cette décision, 'a déshonoré un homme, a déshonoré les institutions et a déshonoré la justice'. Nous entendons assumer individuellement et collectivement toutes les conséquences de ces propos qui sont désormais les nôtres, si vous deviez les considérer comme constitutifs d'un délit". Le désir de Henri Guaino était ainsi "d'obliger le parquet à poursuivre pour outrage tous les signataires [de la lettre ouverte] dans le cas où il déciderait, au mépris de tous les grands principes de notre République, que le délit d'outrage à magistrat est constitué".
Il avait demandé à Pierre Charon, sénateur de Paris, de convaincre ses collègues de la Haute Assemblée d’apporter leur soutien.
A sa grande joie, suite à ce courriel, il a été rejoint dans sa croisade par une bonne moitié du groupe UMP à l'Assemblée. Parmi les signataires figurent Jean-François Copé et ses principaux soutiens, comme Christian Jacob, Michèle Tabarot ou Claude Goasguen. D'autres poids lourds du parti, comme Xavier Bertrand ou Benoist Apparu, font également partie des signataires. Les fillonistes, eux, sont moins nombreux, à l'exception notable de Laurent Wauquiez. (Vidéo BFM TV).
Samedi 11 mai, Nathalie Kosciusko-Morizet, candidate (UMP) potentielle à la mairie de Paris, a elle pris ses distances, appelant les politiques à la "retenue" face aux juges. Un autre élu UMP, Thierry Solère a lui ironisé : "Je n'ai pas signé, il faut bien que la moitié des députés UMP puisse apporter des oranges à l'autre !"
Dans un communiqué publié également samedi, le Parti socialiste, par la voix de sa porte-parole Laurence Rossignol, déplore que "la droite sarko-copéiste tente, une fois de plus, d'impressionner les magistrats". "La contestation des urnes par la rue, l'abus de pouvoir que constitue l'injonction de parlementaires aux juges, les atteintes répétées à la laïcité sont autant de pointillés qui tracent une ligne politique dangereuse pour la République et ses valeurs. Une ligne politique qui favorise la connivence et de la porosité aux thèmes du Front national", poursuit le texte.
Henri Guaino pense pouvoir ralentir la procédure engagé contre lui et estime désormais que s'il est poursuivi, ses collègues devront l'être aussi. Ce qui n'est pas l'avis de l'USM. "Juridiquement, le délit d'outrage est constaté à partir d'un comportement individuel. Seule la personne qui a prononcé les propos incriminés peut être poursuivie", assure Christophe Régnard, président du syndicat. Le délit d'outrage à agent public qui lui est reproché est passible de six mois de prison et de 7 500 euros d'amende.
L’enquête a été confiée à la brigade de répression de la délinquance sur la personne. Henri Guaino confirme qu’il a reçu un courrier de la police pour une prise de contact. Par l'intermédiaire de son avocat, Me Dupond-Moretti, il a contacté la brigade et a déclaré : "A priori, je n’ai pas l’intention de répondre aux questions de cette brigade de répression de la délinquance à moins qu’on n’y aille à 100 députés, confie l’ancien conseiller spécial de Nicolas Sarkozy. J’en fais une affaire de principes. C’est la souveraineté du peuple qui est en cause dans cette affaire. La justice a autre chose à faire, et la police encore plus."
Sauf que la souveraineté du peuple n'a pas grand-chose à voir ici. Il s'agit avant tout du respect du Code pénal. En refusant de déférer à la convocation, Henri Guaino violerait le Code pénal.
Mais notre ami Guaino est allé plus loin dimanche dans l'émission "C Politique" sur France 5, il a cité l'affaire Dreyfus et a évoqué le propos de l’ancien avocat général Philippe Bilger qui, dans le Parisien-Dimanche, a qualifié de "détestables" ses "insultes" et de "lamentable" le soutien que lui ont apporté samedi une centaine de députés UMP. (Voir la vidéo en cliquant ICI)
L'ex-avocat général avait déclaré que "les insultes d’Henri Guaino sont détestables. Le soutien que lui apportent ces (105) députés est lamentable.On veut intimider les magistrats (...) Il est possible que d’autres affaires surgissent des tréfonds du précédent quinquennat. Dans cette perspective, pour cette droite-là, rien n’est plus dangereux qu’un magistrat courageux et indépendant".
On se souvient d'un Henri Guaino qui, à tout bout de champ, aime à invoquer la République, ses principes et ses lois. Alors n'est-il pas plutôt étonnant qu’il veuille, aujourd'hui s’y soustraire… ?
Sources : La Dépêche, Le Parisien, Le Figaro,
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