Historiquement, les programmes fascistes sont un amalgame entre des revendications populaires et un pillage de programmes progressistes

- Programme des Faisceaux italiens de combat, 1919 (extraits) :
- Le suffrage universel à scrutin de listes régionales avec une représentation proportionnelle et le droit de vote pour les femmes.
- La promulgation d’une loi d’État qui donne à tous les travailleurs une journée légale de 8 heures de travail.
- Un salaire minimum.
- La participation des représentants des travailleurs au fonctionnement technique des entreprises.
- Retraite pour les vieux travailleurs à 55 ans.
- Le Remplacement de l’armée permanente par une milice nationale avec de courtes périodes d’instruction et dans un but purement défensif.
- Nationalisation de toutes les fabriques d’armes et de munitions.
- Politique extérieure nationale tendant à valoriser, dans une émulation pacifique des peuples civilisés, la Nation italienne dans le monde.
- Impôt extraordinaire sur le capital, fort et massif, ayant le caractère d’une vraie expropriation partielle de toutes les richesses.
- La confiscation de tous les biens des congrégations religieuses et l’abolition de toutes les menses épiscopales qui constituent un énorme passif pour la Nation et un privilège pour peu de privilégiés.
- Révision de tous les marchés de guerre avec prélèvement de 85 % sur les bénéfices
- Programme du Parti national-socialiste des travailleurs d’Allemagne (Nazi), 1920 (extraits) :
« La suppression du revenu des oisifs et de ceux qui ont la vie facile, la suppression de l’esclavage de l’intérêt.
Considérant les énormes sacrifices de sang et d’argent que toute guerre exige du peuple, l’enrichissement personnel par la guerre doit être stigmatisé comme un crime contre le peuple. Nous demandons donc la confiscation de tous les bénéfices de guerre, sans exception.
Nous exigeons la nationalisation de toutes les entreprises appartenant aujourd’hui à des trusts. Nous exigeons une participation aux bénéfices des grandes entreprises.
Nous exigeons une augmentation substantielle des pensions des retraités.Nous exigeons une réforme agraire adaptée à nos besoins nationaux, la promulgation d’une loi permettant l’expropriation, sans indemnité, de terrains à des fins d’utilité publique – la suppression de l’imposition sur les terrains et l’arrêt de toute spéculation foncière, l’interdiction du travail de l’enfant. »
Comme on peut le voir les programmes fascistes sont inspirés par un amalgame entre des revendications populaires et un pillage de programmes progressistes, même s’ils ne mettent pas franchement en cause le capitalisme. Le marxisme, le communisme, le socialisme restent les ennemis à abattre. Mais pour y parvenir il faut une base de masse, il faut acquérir une audience de masse y compris dans les milieux populaires. Comme on n’attrape pas des mouches avec du vinaigre, les fascistes reprennent des revendications populaires qu’ils intègrent à leurs programmes. Sans jamais avoir l’intention de réaliser ne serait-ce que le début d’une de ces réformes sociales. Au fur et à mesure que les partis fascistes s’approchent du pouvoir (toujours en alliance avec la droite !) il leur faut donner des gages à leurs alliés et surtout à leurs soutiens, y compris financiers : le grand capital.
Ainsi les fascistes organisent la lutte contre les syndicats, contre la gauche et contre leur ennemi principal, le communisme. Bien souvent les programmes connaissent des modifications pour rassurer les « donneurs d’ordres et de fonds » et/ou s’adapter à l’air du temps. En tous les cas pour arriver au pouvoir, pour sceller les alliances avec la droite classique, le fascisme jette le masque et se fait l’outil de politiques antisociales, anti-populaires d’une violence extrême non seulement dans la forme mais dans le fond : baisse des salaires et du niveau de vie en Allemagne même si le chômage est quasiment éradiqué grâce à la militarisation de l’économie en prévision de la guerre ou les grands travaux qui lui sont liées. Reste que les grandes entreprises privées restent les maîtres du jeu.
En Allemagne, comme en Italie, collusion fascisme/patronat.
L’industrie allemande est entre les mains du capital privé et celui-ci a tendance à se concentrer dans quelques grandes entreprises comme Thyssen, Krupp, Siemens, IG Farben. Ces grandes entreprises sont elles-mêmes encouragées par le gouvernement nazi à prendre la tête de cartels (regroupement d’entreprises afin d’éviter la concurrence). Ces grandes entreprises reçoivent de très importantes et très rentables commandes de l’État ; pendant la guerre elles demanderont et obtiendront d’employer la main d’œuvre esclave des prisonniers et déportés. L’association des patrons allemands (le RDI) dirigée par Krupp, membre du NSDAP, et donateur de fonds depuis 1930, décide de verser 0,5% de la masse salariale des entreprises allemandes au parti nazi… en signe de gratitude sans aucun doute. Karl Schmitt de l’assureur Allianz, Hjahlamar Schacht, président de la Reichsbank passe au ministère de l’économie, Wilhelm Kepler, de l’industrie chimique devient chargé des affaires économique de la Chancellerie…il est vrai qu’il assurait le contact entre la grande industrie et le NSDAP depuis 1932. Les syndicats sont dissous et le régime nazi crée le Front du Travail Allemand. Robert Ley son chef déclare : « Désormais l’ouvrier se tient aux côtés du patron ». Les salaires sont bloqués mais un système de primes récompense la soumission des travailleurs. La mise au pas des ouvriers et des salariés méritait bien les 0,5% de la masse salariale pour Hitler et sa bande.
En Italie c’est la Confindustria, le patronat italien qui soutient et finance les fascistes qui attaquent les syndicats, les Maisons du peuple, les militants communistes et de gauche. Comme Hitler, Mussolini nomme le libéral Di Stefani de la Confindustria ministre du trésor. En 1924 le Pacte Vidoni entre le pouvoir fasciste et la Confindustria abolit les syndicats des travailleurs les remplaçant par ceux contrôlés par le fascisme. En 1926 les grèves sont déclarées hors la loi et les travailleurs non inscrits au parti fasciste ne peuvent être embauchés. De 1934 à 1943 la Confindustria fut présidée par le dignitaire fasciste Volpi, comte de Misurata,grand patron, ministre des Finances : l’osmose entre grand capital et fascistes est patent.
Concrètement voilà ce que cela donne : une politique d’inspiration libérale que Thatcher, Reagan, Sarkozy ou Hollande ne désavoueraient pas. Que nous proposent fascistes, extrémistes de droite, fascistoïdes divers et variés ? Bien entendu ils ratissent large mais ce qui frappe c’est toujours la tentative de « triangulation », c’est-à-dire de récupération des thématiques progressistes. Et de brouillage des repères idéologiques. Ces gens sont des faussaires et des falsificateurs.
Les fascistes aujourd’hui
Ainsi un de ces groupes parle de « Troisième voie », pendant que les petites frappes de ce groupuscule cognent sur les communistes, les antifascistes, les homosexuels, les « étrangers »… Un autre mêle, sur la page d’accueil de son site, les portraits de Castro ou Chavez avec Poutine et Ahmadinejad : récupération, confusion, négation du caractère de classe du positionnement politique, ce groupe tente de cacher (fort mal) un antisémitisme et un anticommunisme digne de Der Stürmer de Streicher. D’autres encore cachent derrière un discours antisystème, leurs obsessions racistes et leurs magouilles financières, sans parler des complotistes qui ne voient que conspirations partout. Les boucs-émissaires (Illuminatis, Francs-maçons, service secrets, voire la Couronne britannique…) remplaçant et niant la lutte des classes et même la simple réalité des faits.
Soral, Dieudonné, Le Pen, Ayoub, Meyssan… Tous ces gens sont les ennemis mortels des ouvriers, des classes populaires, des jeunes et de la nation républicaine. Ils sont les outils de la classe dirigeante pour briser le mouvement ouvrier, démocratique et patriote, pour diviser et empoisonner le peuple... Le fascisme avance toujours masqué !
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