Horreur en Israël : les points sur les i de Gérard Larcher et Emmanuel Macron
« Ni suspicions, ni divisions entre nous ne doivent exister au sein de la Nation. Gardons à l’esprit que l’antisémitisme a toujours été le prélude à d’autres formes de haine (…). Ne menons pas chez nous des aventures idéologiques par imitation, par projection. N’ajoutons pas, par illusion ou par calcul, des fractures nationales aux fractures internationales. Et ne cédons rien face à toute forme de haine. Dans ce moment que nous vivons mes chers compatriotes, nous devons condamner le terrorisme et défendre nos valeurs fraternelles. » (Emmanuel Macron, le 12 octobre 2023).
Il faut le répéter et marteler : les massacres terroristes qu'a perpétrés le Hamas en Israël le 7 octobre 2023 sont sans précédent dans toute l'histoire d'Israël. Il s'agit du plus grave massacre de Juifs après la Shoah. La barbarie est d'une telle intensité que l'on découvre des horreurs nouvelles chaque jour depuis près d'une semaine.
C'est tellement indicible que les rescapés de ces crimes contre l'humanité ont du mal à être crus, comme c'était le cas des rescapés des camps d'extermination nazis. Le 7 octobre 2023 marquera à jamais cette singularité nouvelle dans l'histoire du monde. Des massacres de type Bataclan ou "Charlie Hebdo" à un festival musical (rave party), dans des kibboutz (les victimes sont assassinées chez elles, on est venu les trouver pour les assassiner), des bébés ont été assassinés (c'était tellement incroyable que cette information a été initialement peu crue), etc.
Mécaniquement, face à un événement d'une telle ampleur, des enragés idéologues du complotisme remettent en cause la réalité même de la barbarie, ou pinaillent, ou la relativisent en considérant que les agresseurs et les agressés se valent, comme en Ukraine du reste. Ce n'est pas la première fois que le complotisme agit, motivé par la haine des Juifs (car c'est la seule véritable motivation, il ne faut pas se tromper), c'était aussi le cas lors des attentats du 11 septembre 2001.
Parmi les plus de 1 200 victimes, on compte, selon l'Élysée, au moins 13 Français morts, et parmi les centaines d'otages et de disparus, 17 Français dont 4 enfants. Cette tragédie n'est donc pas un événement extérieur de la France. La France, comme Israël, comme aussi les États-Unis, la Thaïlande et le Népal, est durement touchée par cette horreur du Hamas. Ce ne sont pas des Israéliens qui étaient ciblés, c'étaient des Juifs.
Les conséquences sont nombreuses et en premier lieu, la réaction de l'armée israélienne qui bombarde depuis six jours la Bande de Gaza (au moins 1 400 morts et 6 000 blessés) et il y aura encore d'autres victimes car tant que l'État d'Israël ne met pas hors d'état de nuire les terroristes du Hamas, il n'y aura pas de sécurité ni pour les Israéliens, ni pour les Palestiniens. L'armée israélienne vient de faire un ultimatum pour contraindre plus d'un million de Palestiniens du nord de la Bande de Gaza à évacuer les lieux, afin d'isoler les terroristes du Hamas qui, bien entendu, ont supplié les habitants de ne pas les quitter. Cette guerre fera beaucoup de morts et les alliés d'Israël sont présents à ses côtés pour que la réaction ne soit pas une vengeance, qu'elle respecte les droits humains et qu'elle ait pour but la sécurité du pays et le moins de victimes parmi la population civile.
En France, incontestablement, des groupuscules politiques sont incapables d'émotion et de compassion vis-à-vis des horreurs du Hamas. Pourtant, la première des choses, au-delà de l'émotion, c'est de convenir de l'équivalence du Hamas comme mouvement terroriste. Il ne peut pas y avoir de "mais", aucune action d'une telle barbarie ne peut se justifier, aucune. Il faut considérer le Hamas comme Daech, une organisation terroriste qui n'a pour seul but la haine et la destruction, l'élimination des Juifs.
Le tort d'Israël est d'avoir laissé la Bande de Gaza aux mains du Hamas. Refuser de considérer le Hamas comme Daech, c'est croire que les Palestiniens sont le Hamas alors que ce n'est pas le cas. Le Hamas prend en otage autant la population israélienne que la population palestinienne et toutes les conséquences de cette barbarie du 7 octobre 2023, y compris les bombardements sur Gaza, sont de la responsabilité entière et unique du Hamas.
Le 9 octobre 2023, réunis en partie à Munich, certains responsables d'États amis d'Israël ont rappelé ce droit à se défendre. En effet, Emmanuel Macron (France), Joe Biden (États-Unis), Rishi Sunak (Royaume-Uni), Giorgia Meloni (Italie) et Olaf Scholz (Allemagne) ont signé un communiqué commun : « Nous exprimons notre soutien ferme et uni à l'État d'Israël, ainsi que notre condamnation sans équivoque du Hamas et de ses effroyables actes de terrorisme. Nous affirmons clairement que les actions du Hamas n'ont aucune justification, aucune légitimité et qu'elles doivent être universellement condamnées. Rien, jamais, ne justifie le terrorisme. (…) Nos pays soutiennent Israël dans ses efforts pour se défendre et défendre son peuple contre ces atrocités. Nous insistons sur le fait qu'aucun autre acteur hostile à Israël ne doit chercher à tirer avantage de ces attaques. Nous reconnaissons tous les aspirations légitimes du peuple palestinien et soutenons des mesures égales de justice et de liberté pour les Israéliens et les Palestiniens. Mais ne nous y trompons pas : le Hamas ne représente pas ces aspirations et n'offre rien d'autre au peuple palestinien que davantage de terreur et d'effusion de sang. Au cours des prochains jours, nous resterons unis et coordonnés, en tant qu'alliés et amis de l'État d'Israël, afin de garantir qu'Israël soit en mesure de se défendre et pour instaurer les conditions d’un Moyen-Orient pacifique et intégré. ».
En France, le débat politique s'est structuré autour du refus de Jean-Luc Melenchon et de ses sbires à reconnaître le Hamas comme une organisation terroriste et le refus de compassion envers le peuple israélien durement touché par ces crimes effroyables en faisant preuve d'un relativisme puant et arrogant.
Alors, il n'était inutile que les deux premiers personnages de l'État exprimassent la voix de la France de manière haute et claire, sans ambiguïté, sans faux-semblant. C'était d'autant nécessaire que le conflit israélo-palestinienne a tendance à s'exporter en France. Pour preuve, hélas, mais l'enquête précisera si c'est en lien avec les événements au Proche-Orient ou pas, l'assassinat horrible d'un enseignant à Arras ce vendredi 13 octobre 2023 dans la matinée qui a apparemment une caractéristique terroriste.
C'est pourquoi le Président du Sénat Gérard Larcher a tenu à rendre hommage aux victimes du 7 octobre 2023 au début de la séance du 11 octobre 2023 au Sénat, en présence de l'ambassadeur d'Israël en France : « Pour Israël et les démocraties, à n'en pas douter, il y aura un avant et un après le 7 octobre 2023, comme il y eut un avant et un après le 11 septembre 2001, ainsi qu'un avant et un après cette terrible année 2015 dans notre pays, la France. Rappelons-nous : pour nous, Français, le massacre du Bataclan trouve un écho singulier dans le massacre de jeunes Israéliens que la musique avait réunis. Rappelons-nous : les rues de Paris parcourues par les terroristes s'apparentent étrangement aux rues et aux routes des villes et de certains kibboutz aujourd'hui plongés dans un deuil profond. Rappelons-nous : partout des assassinats, des otages et l'odieux chantage qui pèse sur leur vie. Toutefois, en Israël, c'est toute une armée terroriste qui a déferlé, puissante, organisée et soutenue par des pays étrangers, donnant à cette attaque une ampleur inédite. Les massacres commis dans les kibboutz de Be'eri et de Kfar Aza ont un nom : des crimes contre l'humanité. Rappelons-nous : en 2015, l'État d'Israël était au premier rang des soutiens apportés à la France. Le Président de la Knesset m'avait alors écrit cette lettre : "La France blessée fait saigner le cœur d'Israël". Puisse la France aujourd'hui être la plus fervente aux côtés des Israéliens. ».
Et le Président du Sénat d'exprimer deux souhaits qui sont aussi des exigences : « Nous exigeons la libération immédiate et sans condition de tous les otages. Ceux qui les détiennent seront tenus responsables de leur vie. (…) Je souhaiterais que, d'un seul mouvement, nous puissions ensemble manifester notre détermination à nous tenir auprès du peuple d'Israël, peuple meurtri, traumatisé, affaibli peut-être, mais valeureux, portant haut des valeurs qui sont les nôtres, celles de la démocratie parlementaire et de la liberté, en un mot, un peuple inébranlable. ». Ce que les sénateurs, debout, ont tous fait à l'unanimité, à savoir exprimer leur soutien et leur solidarité à l'État d'Israël. Unanimement. Au contraire de l'Assemblée Nationale.
Au cours de cette séance au Sénat, l'ancien ministre et par ailleurs actuel président du groupe d'amitié parlementaire France-Israël, Roger Karoutchi, voudrait plus d'engagement de la part de la France : « Nous sommes là pour vous dire qu'il faut utiliser les mots "crimes contre l'humanité", car telle est la réalité. Reprenez cette expression, faites en sorte que l'Europe l'emploie elle aussi. Après ce qui s'est passé, c'est bien le minimum. La légitime défense de l'État d'Israël est un droit incontestable : quand on voit les milliers de missiles qui ont visé ce pays, quand on sait ce qui s'est passé dans les kibboutz, parler de légitime défense, c'est le minimum. Enfin, madame la Première Ministre, faites en sorte que ceux qui, dans notre pays, trahissent les valeurs républicaines et les valeurs de la Nation en refusant de soutenir l'État d'Israël et en faisant l'apologie du terrorisme soient sévèrement punis. ».
Le lendemain, 12 octobre 2023 à 20 heures, après avoir rencontré l'ensemble des chefs des partis représentés au Parlement, le Président de la République Emmanuel Macron a prononcé une allocution télévisée pour mettre les points sur les i et pour exprimer la compassion de la France sur ce « déchaînement de cruauté absolue ». La clarification est bien là. Cela allait sans dire, mais c'était mieux en le disant, surtout quand il s'agit du chef d'un grand État.
Le caractère terroriste du Hamas : « La France condamne de la manière la plus ferme ces actes atroces. Disons-le clairement. Le Hamas est un mouvement terroriste. Le Hamas cherche avant tout la destruction et la mort du peuple d’Israël. Agissant comme il le fait, il sait par ailleurs à quoi il expose de manière criminelle et cynique la population de Gaza. Ce n’est pas une guerre entre les Israéliens et les Palestiniens. C’est une guerre menée par des terroristes contre une Nation, un pays, une société, des valeurs démocratiques. ».
Le soutien sans faille au peuple d'Israël : « Nous avons assuré Israël et son peuple de notre solidarité sans faille et de notre soutien dans sa réponse légitime aux attaques terroristes. Israël a le droit de se défendre, en éliminant les groupes terroristes dont le Hamas par des actions ciblées, mais en préservant les populations civiles car c’est le devoir des démocraties. Nous savons que la seule réponse au terrorisme, la seule possible, est toujours une réponse forte et juste, forte parce que juste. ».
Cette barbarie touche la France. Emmanuel Macron a hélas annoncé une treizième victime française décédée et a remis en perspective : « Nous sommes aussi liés à Israël par la douleur du deuil. À cette heure, 13 de nos compatriotes sont morts lors de ces attaques. Jamais, depuis l’attentat de Nice en 2016 autant de Français n’ont été assassinés par des terroristes. Et ce sont tous les Français, qui ce soir les pleurent. Comme nous nous inquiétons pour le sort de nos 17 compatriotes, enfants et adultes, portés disparus, et sans doute, pour certains d’entre eux, retenus en otage. ».
À propos des otages, le Président a tenu à réaffirmer son urgence : « Je pense ce soir aux familles. Je veux leur dire que la France met d’ores et déjà tout en œuvre, aux côtés des autorités israéliennes et de nos partenaires, pour les faire revenir sains et saufs dans leur foyer. Car la France n’abandonne jamais aucun de ses enfants. Nous ferons tout pour que ces otages, quelle que soit leur nationalité, soient libérés. Plus largement, nous sommes pleinement mobilisés pour assurer l’information des familles sans nouvelles de leurs proches, pour garantir un rapatriement, pour informer et secourir. ».
L'objectif diplomatique est défini ainsi : « Je me suis entretenu à plusieurs reprises avec le Président israélien Isaac Herzog, avec son Premier Ministre Benyamin Netanyahou. J’ai également longuement échangé avec les principaux dirigeants des pays de la région, ceux de l’Autorité palestinienne, la Jordanie, l’Égypte, le Liban, l’Arabie Saoudite, les Émirats Arabes Unis, comme du Qatar. Avec nos principaux alliés européens et américains, nous partageons les mêmes priorités : apporter un soutien ferme et complet à Israël, éviter toute extension du conflit aux pays voisins, notamment au Liban, et coordonner l’action humanitaire internationale. Nous ne pouvons pas nous résoudre à une guerre sans fin dans cette région. La lutte contre le terrorisme ne peut remplacer la recherche de la paix. Les conditions d’une paix durable sont connues : ce sont des garanties indispensables pour la sécurité d’Israël et un État pour les Palestiniens. C’est la ligne que la France défend avec constance, qu’elle continue à défendre sans varier et continuera de porter. ».
Mais cela ne veut pas dire que le soutien à la cause palestinienne est une caution pour les terroristes : « Je le redis : la sécurité de l’État d’Israël, la lutte résolue pour l’éradication du terrorisme dans la région, et le respect des aspirations légitimes de chacun forment pour nous un ensemble indissociable. Ceux qui confondent la cause palestinienne et la justification du terrorisme commettent une triple faute : morale, politique et stratégique. Forte de sa clarté et de sa constance, la France a la responsabilité d’agir, toujours, pour la paix et le dialogue. Elle le fera. ».
Ce vendredi 13 octobre 2023, Emmanuel Macron et le Ministre de l'Éducation nationale Gabriel Attal devaient se rendre à Arras. Honte au terrorisme islamique et à tous ceux qui font preuve de mansuétude à son égard !
Aussi sur le blog.
Sylvain Rakotoarison (13 octobre 2023)
http://www.rakotoarison.eu
Pour aller plus loin :
Horreur en Israël : les points sur les i de Gérard Larcher et Emmanuel Macron.
Allocution télévisée du Président Emmanuel Macron le 12 octobre 2023 (vidéo et texte intégral).
Allocution du Président du Sénat Gérard Larcher le 11 octobre 2023 (texte intégral).
Horreur totale en Israël ; émotion et clarification politique en France.
Terreur Al-Aqsa : Israël en guerre contre son agresseur, le Hamas.
Les Accords d'Oslo.
Shimon Peres.
Le retour au pouvoir de Benjamin Netanyahou après sa nouvelle victoire.
Emmanuel Macron à Pithiviers en 2022.
Covid-19 : comprendre la situation épidémique en Israël.
Covid-19 : la France plus vaccinée qu’Israël.
Naftali Bennett, Premier Ministre d’Israël à la place de Benyamin Netanyahou.
Israël 2020 : Benyamin Netanyahou vs Benny Gantz (3e round).
Benyamin Netanyahou a 70 ans.
Les élections législatives israéliennes du 17 septembre 2019.
Poisons et délices de la proportionnelle.
Les enjeux des élections législatives israéliennes du 9 avril 2019.
Golda Meir.
La lutte contre l’antisémitisme est l’affaire de tous !
Les Accords de Camp David.
La naissance de l’État d’Israël.
Massacre à Gaza.
Tentative de paix en 1996.
Un géant à Jérusalem.
L'un des derniers Sages d'Israël.
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Yitzhak Rabin.
Le Président Peres.
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Ehud Olmert.
Benyamin Netanyahou III.
Yasser Arafat.
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