L’après présidentielle : chronique d’un Coup d’Etat annoncé ?
« Ouvrons les yeux : l'orientation politique générale imposée avec obstination par Nicolas Sarkozy depuis cinq ans a très peu à voir avec
Agnès Antoine, philosophe, psychanalyste, EHESS, "
[1] Agnès Antoine,"
N’ayons aucune crainte.
Il lui importe préalablement de franchir et surmonter l’obstacle de l’après présidentielle, période très probablement difficile qui va se jouer sur le triple terrain économique, social et politique.
-Economique, tout d’abord, en raison du choc probable d’une résistance de la finance à une nouvelle équipe gouvernementale perçue comme étant en porte-à-faux avec une idéologie obsolète et une mondialisation orientée « croissance » à laquelle elle est étrangère, sauf à renier ses idéaux.
-Social, ensuite, en raison de la résistance d’une partie de la population à l’alternance au pouvoir (fidèle à une Droite qui se recompose déjà sur les prochains décombres de la coalition UMP), et du refus de tout le monde, face à une généralisation de la crise, d’en accepter les conséquences matérielles dans le quotidien lorsqu’elles deviendront plus visibles.
-Politique, enfin, en raison de l’inadéquation entre une représentation parlementaire et une équipe gouvernementale qui, quelle qu’elle soit, bien qu’elles sachent sans doute qu’elles sont toutes deux condamnées à une perte rapide et entière de légitimité, n’ont peut-être pas encore réalisé qu’elles seront balayées par une nouvelle forme de coup d’Etat jusqu’à ce jour inédite.
C’est qu’en effet nous avons assisté, tout au long du quinquennat qui s’achève et plus particulièrement dans les derniers mois d’accentuation de la crise financière internationale en générale, européenne en particulier, à la mise en place et au développement d’une nouvelle technique de coup d’Etat.
Certes, il ne s’agit plus du modèle malapartien de coup d’Etat « old school » avec junte militaire, lunettes noires, casquettes à fronton, auto blindées et chars postés nuitamment à tous les carrefours, communiqués martiaux et bulletins d’information, interruption des communications et prise de contrôle des points névralgiques que constituent la radiodiffusion, l’usine électrique, les gares et aéroports et la banque centrale. Quoique, précisément, sur ce point, le fil rouge permet précisément de discerner une évolution du dispositif et des méthodes.
Ce nouveau Coup d’Etat dont nous vivons les premiers développements est d’un tout nouveau genre. Il s’agit d’un coup d’Etat que nous proposons de qualifier de post-moderne, dirons-nous, à l’image du président post-moderne qu’auront été Nicolas Sarkozy en France et les nouvelles autorités installées dans les pays de l’UE au nom des mesures d’urgence économique qu’imposerait la situation de leurs pays respectifs (Grèce, Portugal, Italie, Espagne, pour commencer) entrés successivement dans la zone des cyclones. Voyez ici : http://www.pauljorion.com/blog/?cat=1
« Certes, comme l’écrit fort justement Julia Cagé, [1]Standard & Poor’s, Moody’s et Fitch ne feront pas tomber le gouvernement français avant les élections du mois d’avril comme elles ont déjà renversé – coups d’Etat postmodernes, économiques et non plus militaires – les gouvernements irlandais, grec et italien.
Certes, Standard & Poor’s, Moody’s et Fitch ne condamneront pas à la défaite le gouvernement actuel comme elles ont inexorablement condamné à la défaite le successeur au sein du parti socialiste espagnol de José Luis Rodriguez Zapatero. »
Parlons clair : s’il est élu, ou M. Hollande se soumet, ou il se prépare un avenir qui, poussé à l’extrême, serait celui d’une « spirale »[4] identique dans son essence à cet enchaînement qui a conduit à ce type d’interruption brutale d’un processus démocratique que connaît parfois la vie politique. S'il est réélu, M. Sarkozy s'expose à une stratégie de confrontation avec une société dont l'engagement politique traduira une réaction de rejet qui ira en s'accentuant, nourrissant l'exacerbation assurée d'un conflit politique que viendra attiser la phase à venir de la crise économique dans laquelle la France est désormais entrée. http://www.publicsenat.fr/lcp/politique/plans-sociaux-l-p-e-damocl-s-futur-pr-sident-246638
« Contre la solidarité supposée ou réelle des gouvernements conservateurs en Europe, l’arrivée au pouvoir en France d’un gouvernement social-démocrate ouvrirait effectivement un conflit de pouvoir entre le système financier et les gouvernements démocratiques. De fait, il n’est pas dans l’intérêt du système financier, des banques et des gouvernements conservateurs, y compris des Etats-Unis, qu’un tel conflit éclate au grand jour des médias et des opinions publiques. Un conflit ouvert apporterait la preuve que nos sociétés sont désormais au-delà de la démocratie. »[5]
[1] Julia Cagé pour Cartes sur Table, Acte III : La victoire citoyenne : bientôt le printemps, lundi 05 mars 2012, Non Fiction, http://www.nonfiction.fr/article-5547-acte_iii__la_victoire_citoyenne__bientot_le_printemps.htm
[2] http://fr.wikipedia.org/wiki/La_Strat%C3%A9gie_du_choc, ainsi que
http://cdurable.info/La-strategie-du-choc-Naomi-Klein-La-montee-du-capitalisme-du-desastre,1010.html
[4] La Spirale, http://www.internationalnews.fr/article-la-spirale-film-sur-le-coup-d-etat-au-chili-par-armand-mattelart-2h18-sous-titres-espagnols-
[5] La stratégie du trou noir est-elle démocratique ? Alain-Marc Rieu P. 5
http://www.scribd.com/doc/90034923/Strategie-du-trou-noir
Alain-Marc Rieu, professeur, Faculté de Philosophie, Université de Lyon-Jean Moulin Institut d’Asie Orientale ENS Lyon : http://www.scribd.com/doc/90034923/Strategie-du-trou-noir
[6] LA MONNAIE REFONDÉE SUR LE CAPITAL DES DROITS HUMAINS, par Pierre Sarton du Jonchay
Notes complémentaires :
Samedi 14 avril 2012 :
http://www.pauljorion.com/blog/?p=35925
Zone euro : la fin des illusions, par Jacques Sapir, économiste.
« Si l’on ne veut pas que cette crise emporte avec elle tous les acquis sociaux de ces cinquante dernières années et plonge l’Europe dans la misère et le désespoir, il ne nous reste que deux solutions :
- soit on peut renégocier en profondeur, et non à la marge, le Pacte budgétaire, mais il convient de le faire sur la base de mesures unilatérales et en assumant le risque d’une rupture au sein des pays de la zone euro ;
- soit il faudra déconstruire cette dernière, et le plus vite sera le mieux.
Ni François Hollande, ni Nicolas Sarkozy ne sont prêts à l’une ou à l’autre de ces options. L’avenir de
http://www.marianne2.fr/Zone-euro-la-fin-des-illusions_a216961.html
http://jacquesgenereux.fr/news/le-mes-n-est-pas-un-mecanisme-de-solidarite-europeen
http://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/les-15-propositions-decentes-de-la-114633
http://www.marianne2.fr/Un-chroniqueur-du-Guardian-defend-Melenchon_a216959.html?com#comments
On se reportera aussi avec intérêt aux contributions collationnées sur Agoravox :
http://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/campagne-presidentielle-l-absence-114700
http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/non-a-l-epee-de-damocles-placee-114681
73 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON